MON AGENDA DE LA PLÉİADE
(2011)

28/03

J’aimerais bien connaître un sujet à propos duquel Michel Onfray n’aurait pas une opinion supérieure à la mienne*.

* marche aussi avec Daniel Pennac, mais dans un autre genre

21/03

Il y a une vingtaine d’années, j’avais déjà remarqué les immenses possibilités délirantes de Danielle Sallenave, à l’époque, largement inférieures, certes, à celles de Marguerite Duras, mais assez prometteuses tout de même pour que je me réjouisse aujourd’hui d’y avoir placé mes espoirs. L’agrégée de l’Université, Prix Renaudot, grand prix de l’Académie française, jurée Fémina, candidate à l’Académie française à lunettes s’est chargée de l’éditorial du Libération « Spécial Ecrivains » (un numéro tellement original qu’on le dirait rédigé par des stagiaires issus de l’IUT de Talence)… ce qui la frappe surtout, c’est la ressemblance entre Fukushima et Fukuyama… sur sa lancée, elle profite de cette homophonie approximative pour pousser un petit couplet approximatif sur la fin de la planète qui serait à l’ordre du jour davantage que la fin de l’histoire ou la fin de l’orthographe et de la grammaire qui l’a toujours préoccupée.
C’est vrai, Fukushima et Fukuyama, ça se ressemble… mais pas plus que Fukushima et Hiroshima, Fukuyama et Fuji Yama ou Sallenave et sale nave !
Fuck Oshima ! dirait le cinéphile…

Fukushima, mon amour

17/03

Au Salon du livre, ils ont eu beau élargir les allées, rameuter les écrivains du bassin du Congo et brader les stands, la halle est si peu occupée qu’il faut traverser un no man’s land désolé pour aller pisser.

Ça sent le roussi !

15/03

Nicolas Fargues remercie de son choix
la rédaction de Télérama au grand complet

Ecœuré, Mathieu Lindon leur tourne le dos

HARD BRAIN/BRAIN HARD

Les I remember de Joe Brainard, c’est bien*,
mais que de répétitions !

* mieux que les Je me souviens de Perec où les répétitions ne manquent pas non plus.

04/03

Ci-dessous, réaction* d’un internaute anonyme (« destartares » !) à un article de Claire Devarrieux (Libération) sur La délicatesse de David Foenkinos (Gallimard).

*Cela m’évitera
 – histoire de vérifier qu’il est vraiment aussi nul que je l’avais constaté en lisant sa « bio » de Lennon –
de lire un Foenkinos supplémentaire.

DAVID MA TUER

Fausse monnaie

Résumons.
Donc la meuf.
Nathalie qu’elle s’appelle (j’ai malheureusement peur que ce soit un hommage à Gilbert Bécaud). Jeune, fine, sensible, classe, réservée, intelligente, super canon (un cul magnifique et des nichons d’enfer, se déplace exclusivement en talons aiguilles : je n’invente rien). The fantasme d’ado ou de mec pas trop mûr dans sa cabessa ou de clampin qui s’est fait trop grave tèj dans sa life poubelle de plouc méga-minable, au choix, de toute façon c’est du pareil au même.

On lui colle une première histoire d’amour avec un gonze quelconque, une belle histoire d’amour, avec hasard miraculeux de la rencontre et coup de foudre à Nothing Hill, s’en suit un poil de préchauffage à vide puis le mec meurt passkon est super malin, ben oui, préparer la vraie histoire d’amour, celle qui va forcément suivre (meurt en faisant son jogging écrasé par la camionnette d’une fleuriste, j’ai malheureusement peur que l’hommage à Francis Blanche, « Pas d’orchidées pour ma fleuriste, elle a le rhume des foins », soit totalement involontaire).

Nat bien sûr hyper malheureuse en profondeur inouïe de candeur cabossée façon déréliction de fin intellectuel, passke, savez-vous, on ne plaisante pas avec la muerte et encore moins avec le sentiment du coeur qui saigne. Cétalor que le beau patron de la boîte ousque bosse Nathalie qu’en pince à donf pour elle c’est pour ça qu’il l’a engagée bien késsoi super compétente en plus qu’elle est trop belle, même qu’il est prêt à quitter sa femme qu’est rien qu’une grosse vache comme il le lui a dit pendant un dîner aux chandelles dans le resto super chic que elle elle s’en fout rapport à tout son malheur, ben on se dit ça y est Jeannot, t’as toutes tes chances, ben pas du tout, et vlatipa que la Nat, attention, après le temps du deuil et de la décence et du retour à la vie qu’est très long mais qu’on peut torcher en quelques pages, c’est ça la magie de l’écriture romanesque, ben elle roule une pelle, comme ça, au débotté, à l’impromptu, au plus moche et terne des garçons du bureau sous ses ordres.

N’hésitez pas une seconde à y voir une projection du David Foenkinos himself, qu’est vilain comme tout, et finalement un gros pédé, vu que son truc c’est quand même de se faire violer un tout petit minimum, donc plus fait pour les backrooms du Marais que pour les romans à l’eau de rose, oui, je sais, c’est pas incompatible, c’est même cohérent.

Puis quoi, ben voilà, évidemment que la Nat elle couche pas tout de suite mais bien sûr ça vient et kom le David il est pas gore pour un sou ben au lieu comme tout le monde d’enfin s’éclater lubriquement, il nous conclut page 200 un « Il était émouvant d’imaginer la femme âgée qu’elle serait » qui nous laisse bouche bée tellement c’est trop sensible. C’est donc ça la Délicatesse, penser épargne retraite avant de tirer un coup.

Voilà : de la littérature d’attaché de presse de l’édition.
Tu l’imagines, le Foenkinos, penché sur son ordi, langue pendante et sueur au front, à torcher des jolies phrases, économes, bien tournées, à la manière de, en se disant putain ce coup-là je sors the big thing, ça va déchirer grave.

Le pire c’est que c’est vrai, ça marche, c’est tout simplement honteux, d’un cynisme commercial confondant (personne n’a perdu de vue dans l’opération que deux tiers des lecteurs de roman sont des lectrices), et au delà même du simple mercantilisme éditorial, s’il l’on s’en tient au texte, à ce qu’il en reste, absolument répugnant : tu vois en direct live ce couillon d’attaché de presse promotionné auteur, perché sur les talonnettes de son absence de toute aptitude littéraire, synthétiser une fausse monnaie à laquelle les couinements médiatiques vont donner cours légal.

Certes on s’en tape allègrement.
Enfin pas complètement, tant la certaine idée de la meuf ici à l’oeuvre, ce clichetonnage chick lit misérable en dépouillement total de la moindre humanité, est quelque part profondément écoeurant : indigne.

FUCKINOS M’A ACHEVER

02/03

PRIX FRANCE CULTURE – TELERAMA

Ça barde entre Marine Landrot
(Minuit)
et Caroline Brouard
(POL)

27/02

Les éditeurs (et ils sont nombreux) qui se lamentent du goût pervers du public pour les mauvais livres qu’ils éditent (par force ?) me font penser à un gérant de McDo qui se plaindrait du goût de merde de ses clients.

Femme à lunettes,
femme à dînettes

« S’il pouvait arriver que mon père, qui avait été emprisonné pendant la guerre, comme le trafiquant qu’il était, fréquente après-guerre, en dehors de ses connaissances habituelles, aussi bien un gitan* qu’il avait fait libérer en 42 (comment ? peut-être grâce à l’intervention de mon parrain qui était officier dans l’armée italienne, mais pourquoi ?) qu’un vague cousin communiste, compagnon de la Libération (comment pouvaient-ils se parler, sachant ce qu’ils savaient l’un de l’autre ? Mystère), une princesse russe** (les chiens) qu’une ancienne surréaliste lesbienne (l’écologie) – je me souviens même avoir déjeuné à la fin des années 60 avec Michèle Alliot-Marie (et ses parents, je crois) qui voulait à toute force un bull-terrier issu de celui que possédait mon père (je l’avais trouvée charmante, ce qui veut dire que ne doutant de rien tout comme mes parents, j’aurais bien tenté de l’attraper si j’en avais eu l’occasion) -, on aurait pu penser que ma mère aurait été plus conventionnelle dans ses fréquentations, moins adepte du grand écart, il n’en était rien, ses meilleurs copains étaient un dentiste et une charcutière.« 

 gitan, espagnol et républicain pour tout arranger.
** sans doute (peut-être), Béatrice, la deuxième femme de Gainsbourg (divorcée du Prince Galitzine), d’où le bull-terrier.

Et mon fils avec moi n’apprendra qu’à pleurer, Le Livre de Poche, page 235

Le bull-terrier est un chien si design que le nôtre s’appelait Togo

Chez Stock, les réunions des représentants
sont toujours l’occasion d’heureuses surprises

Yves Michaud trouve Céline surévalué… pourquoi pas ! Ce n’est pas un jugement, mais une opinion comme une autre. Bayon, il y a quelques années avait écrit des choses assez intelligentes sur le sujet, mais là où l’on ne comprend plus très bien c’est lorsque Michaud (qui a un avis indiscutable sur à peu près tout ce dont il faut douter) pour appuyer son opinion ajoute que Céline n’est tout de même pas Joyce, Faulkner ou Dos Passos !  Ben, non ! Au cas où il ne l’aurait pas remarqué, Céline n’est pas traduit en français, il écrit en français.
Le propos d’Yves Michaud est symptomatique de ce que le combat est (déjà) perdu dans les têtes avant de l’être dans les vestiaires, et bientôt sur le ring ; pour « prouver » que Céline dont tout le souci a été d’écrire un « nouveau français » et qui se méfiait comme la peste de l’anglais (qu’il parlait couramment, mais considérait comme un patois) dont il avait senti les « visées impérialistes », il ne trouve à lui opposer que des écrivains anglo-saxons…
Che fare ?

Ferdi passe une sacrée droite à James Baldwin

16/02

Moi aussi, je me souviens de François Nourissier : en 1996, il m’avait téléphoné pour me dire qu’il avait trouvé « formidable » le manuscrit de Mal de père que je lui avais adressé et que le livre allait donc être publié chez Grasset… Manuel Carcassonne me téléphonera quelques minutes plus tard pour prendre rendez-vous avec moi, quelques jours plus tard il me rappellerait pour me dire que, finalement, Grasset ne publierait pas Mal de père, quelques années plus tard, lorsque Carcassonne deviendrait mon « éditeur » chez Grasset, François Nourissier ne faisait plus partie de la maison.
Mal de père sera publié chez Flammarion par François Bourin qui a fait ses premières armes chez Grasset et avec qui, avant-hier, j’ai eu une conversation sur ce qui resterait ou pas de François Nourissier (j’étais plus optimiste que lui).

15/02

EN DIRECT DES COULISSES

Philippe Sollers refuse de quitter le devant de la scène

L’un n’exclut pas l’autre

08/02

Six ans bras droit de Laurence Parisot, DRH de l’Institut français d’opinion publique (IFOP), Philippe Besson a signé en 2007 avec 150 autres enculés connards un appel à voter Ségolène Royal,  » contre une droite d’arrogance », pour « une gauche d’espérances ».
Ce n’est un secret pour personne, pas même pour Wikipédia…
Il est gentil Philippe Besson, la preuve ? tout le monde le trouve gentil.

A l’heure du déjeuner, sur France Culture (la bien nommée), j’entends un critique (irlandais) dont je n’ai pas entendu le nom déclarer à propos du dernier livre de James Ellroy que sa traduction en français est meilleure* que la version originale !
Je conseille pour ma part la lecture de Proust en farsi, celle de Faulkner en bambara et celle de Gombrowicz en braille.
Quelques minutes auparavant un critique (français) avait avancé qu’Ellroy était le dernier des Elisabéthains et qu’il partageait avec Céline le fait d’avoir créé une langue « venue de rien »… une espèce de Shakespeare venu de nulle part, je suppose.
Faut choisir, on avance dans la confusion ou bien la confusion avance… ou : « Enfin, on est SUR autre chose, effectivement, voilà ! « 

* puisque elle annihile les effets de style** recherchés par Ellroy…

**minables en anglais comme en français !

« La française n’oublie jamais qu’elle est une femme et n’a aucun problème avec ça »

Nelly Kapriélian (Vogue)

27/01

Dommage, vraiment, que cette commémoration de la mort de Céline n’ait pas eu lieu : parcours ludique ET interactif entre le Passage Choiseul, le Vel d’Hiv’ et la Route des Gardes avec installations de Christian Boltanski, Daniel Buren et Sophie Calle ; textes de Philippe SollersMarc-Edouard Nabe et Yann Moix dits par Fabrice Lucchini, Grand Corps Malade et Pierre Arditi, on se serait régalés ! Vraiment… dommage !

PPDA, il recopierait Don Quichotte mot pour mot, il n’en serait pas Cervantès pour autant (ni Pierre Ménard).