MON AGENDA DE LA PLÉİADE
(2013)
Tu l’as dit, bouffi !
Fin décembre
Trois mois et rien à (en) dire… si… peut-être… il a fait beau… très beau… Deux retraités de l’éducation nationale lisant des livres susceptibles d’obtenir un prix littéraire, allant voir des films de qualité moyenne… C’est fou comme une météo favorable et une alimentation de qualité inclinent à la bienveillance…
Il n’y aura eu que Faber de Tristan Garcia pour me faire sortir de mes « gongs » (j’introduis les pataquès à venir), et encore… plutôt les dithyrambes sous lesquels le « surdoué » a été enseveli davantage que l’insigne médiocrité de son livre (ses nouvelles sur le sport étaient déjà gratinées alors que je crois me souvenir que son premier livre était plutôt correct). Morceaux choisis : « Il grouinait comme un cochon » ; « Anxieuse, elle a claqué la porte du véhicule » (pas de la voiture, hein ! non, du « véhicule ») et « enfilé un bouton supplémentaire de son chemisier » ; le héros dormait « sous les véhicules motorisés » (pas des bagnoles, hein ! non, des « véhicules motorisés » même lorsque leur garde au sol interdit l’exercice… essayez donc de vous glisser sous une « ZX à l’arrêt »… on est d’ailleurs reconnaissant à l’auteur de cette précision technique, si elle avait été en mouvement, ça nous aurait mis la puce à l’oreille) ; on écoute une « radio d’information continue » (France Info, je suppose) ; on sent « de vieux boutons de fièvre palpiter sous l’épiderme de sa joue » ; on « avait envie de pisser à cause de toute cette eau qui était tombée ; à l’école primaire, « son sang était épais, sombre et lent (il aurait dû faire un accident vasculaire cérébral en Terminale, mais il était trop occupé à prêcher l’émeute, le cul assis sur les grilles du lycée) ; on croise une « silhouette déjà fuligineuse » (on imagine le destin de celui à qui elle appartient…) ; on a « le sourire tranché jusqu’aux oreilles » (Gwynplaine à Mornay… plaine !) ; « choquée par la scène, elle a porté la main à la bouche » (tu m’étonnes !) ; « le cendrier s’était éteint » (on l’a échappé belle, il ne manquait plus que les mégots fuliginent) ; « le houppier des grands arbres » ; « Oh ! Foutredieu ! je me suis foulé la cheville ! » s’exclame un second rôle. Le correcteur de chez Gallimard n’a pas dû se fouler grand-chose pour laisser passer ça et tout le reste. En ce qui nous concerne, nous passerons sur l’ineptie du propos, fort réactionnaire par ailleurs et les incohérences, inexactitudes, approximations (un personnage se glisse dans le placard à balais et ressort des cabinets, un fusil de chasse Beretta semi-automatique devient une carabine 22 long rifle la page d’après, il y a des cerises en mars en Ariège alors que le sol est couvert de « feuilles pourissantes », une bouteille de gaz est « presque ouverte », etc…) le tout m’a fait penser à Gilbert Cesbron (Chiens perdus sans collier)…
« Rien n’est humiliant comme de voir les sots réussir dans les entreprises où l’on échoue », (Gustave Flaubert, lettre à Louise Colet, je crois).
J’ai aussi appris que Puertolas était… flic ! Il est donc logique qu’il fasse boyauter la Principauté en son ensemble, j’ai corrigé les épreuves de La classe et les vertus qui paraît le 15 janvier 2014 et j’approche des quatre-vingt dix kilogrammes.
Je dois bien oublier deux, trois trucs…
Allez ! A l’année prochaine.
06/09
Soi-disant que L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea est très drôle. En fait, il n’y a que le titre qui est drôle (et encore), le reste ne l’est pas, le procédé fait penser à ces bandes-annonces où tous les gags du film sont montés cut, sauf qu’en l’occurrence toute la drôlerie du livre est contenue dans le titre.
L’idée est amusante, mais l’auteur n’a pas compris que la cocasserie perpétuelle tue la cocasserie, sans parler de la niaiserie bien-pensante qui débute aux alentours de la centième page lorsque l’intérêt commence à faiblir et l’intrigue à patauger.
On est très très loin de Tom Sharpe qui, je le pense, a été le modèle de Romain Puertolas.
C’est tout juste du niveau du livre pour jeunes ados, il y a des adultes qui trouvent ça formidable. Ce sont de grands enfants.
26/08
RENTREE LITTERAIRE
C’EST PARTI !
En gros, ça donne ça : « Les écrivains proposent toujours des périples fascinants, le temps d’un entr’acte les artistes veulent offrir la paix à leur pays, une belle utopie pour un texte magistral, un roman qui réussit l’alliage périlleux du romanesque et de l’humour, une réflexion sur l’écriture, une très belle fresque d’une grande virtuosité, un très grand cru impressionnant, une peinture de l’arène médiatique souriante et pleine d’émotion à découvrir d’urgence, un manège suprêmement pervers, une plongée au cœur des ténèbres d’une psyché dévastée jusqu’à la fin épouvantable et stupéfiante, une fresque outrancière et gonflée, une polyphonie familiale se doublant d’un roman d’investigation, une superbe réflexion, éminemment romanesque, sur la fabrique d’un mythe littéraire à travers l’histoire, l’un des temps fort de la rentrée qui marquera au fer rouge les cœurs. C’est aussi un grand roman sur la passion amoureuse qui nous laisse admiratifs, un roman fort bourré d’humanisme, un roman qui déjoue tous les pièges de son sujet et en épingle avec un humour discret les tocades, les tics de langage et les travers, un beau roman à la grâce inquiétante, un livre foisonnant où l’histoire défile comme les paysages, une peinture corrosive du pouvoir et de ses abus, une fiction sous tension portée par une écriture toute en ruptures. Passionnant, sensuellement transgressif, on adore ! »
Where ?
En demi-gros : « l’Amérique demeure le continent à mythe pour une partie de la littérature française » (Transfuge), mais il semblerait que l’on puisse ne jamais citer quelques-uns de mes livres à ce propos sans être considéré comme amnésique pour autant. Nathalie Crom qui ne savait pas sur quel pied danser à propos de l’Hiver indien publie dans Télérama une critique dithyrambique de Faillir être flingué de Céline Minard. On en déduira que Crom est longue à la détente ou bien que Minard est un génie.
Who ?
En détail : je ne sais pas pourquoi mais L’invention de nos vies (Grasset) de Karine Tuil m’a tout de suite fait penser à Ring (Grasset) ; peut être à cause du héros Samir qui devient Samuel (Sam) alors que, dans Ring, Malika devenait Marlène puis Marie. Du coup, lorsque je suis tombé sur un entretien croisé Marc Weitzmann/Karine Tuil dans Madame Figaro, j’ai été plus attentif que je ne le suis d’ordinaire lorsque je lis un article de Madame Figaro (sauf ceux qui sont l’œuvre de Nicolas Bourriaud, mon critique d’art préféré).
Ça commence sur les chameaux debout, Tuil : « Samir Tahar est un quadragénaire né en France et d’origine musulmane* »!
Un peu plus avant, Weitzmann voit dans « l’idée de performance liée à l’art contemporain » l’une des raisons du succès de l’autofiction alors que, d’autre part, il trouve qu’il y a dans l’affaire DSK une « matière extraordinaire où le réel dépassait la fiction » !!
Karine Tuil en remet une couche dans le genre : « Je dis des mots avec ma bouche, pour ce qu’ils veulent dire, on verra plus tard » ; elle constate que l’on peut « se créer une identité propre, d’autant qu’aujourd’hui on en a les moyens avec les réseaux sociaux » […] « On a vu ça dans l’actualité avec le grand rabbin Gilles Bernheim et l’affaire Jérôme Cahuzac » !!!
*un peu comme moi qui suis de religion béarnaise
What ?
Il faudrait, aussi, se demander pourquoi Marie Darrieusecq qui écrit en patois de Balichon est considérée comme une styliste d’exception, mais je n’ai pas trop de temps à perdre non plus. Je préfère perdre mon temps à perdre mon temps.
14/08
Dernière baignade
La rime plus qu’approximative de la chanson il n’y a pas* d’après à Saint-Germain des Prés, qu’il fallait stupidement prononcer près, lui avait toujours porté sur les nerfs. Il aurait peut-être pu contenir son agacement si la robe d’Ophélie n’avait pas été aussi quelconque, d’une couleur tergiversant entre un rose timide et un beige éteint, ou si son chant avait eu quelque chose de particulier – il lui indifférait qu’il se fût agi d’accents enchanteurs ou d’une suite de notes discordantes. Son épouse possédait une beauté sans exubérance, une grâce qui n’était à l’évidence que le fruit d’une vigilance affectée ; elle était de plus de ces gens qui ignorent le genre du mot « après-midi », simplement parce que « matin » est masculin et « soirée » féminin, et utilisent donc l’un et l’autre à tour de rôle, sans parvenir à se fixer en définitive.
– « Tais-toi un peu, Ophélie, intima-t-il froidement.
Elle s’exécuta aussitôt, baissant le regard d’un air contrit. Loin de l’apaiser, cette soumission immédiate exacerba son irritation. Elle n’agissait pas par respect conjugal, il le savait : la tendresse et l’admiration qu’elle lui portait avait été une évidence bien avant leur mariage. Cependant, si cette situation lui avait semblé à son avantage dans les premiers temps – la fréquentation à outrance des cercles mondains, leurs trois voitures étincelantes, la propriété luxueuse dans laquelle le couple séjournait alors -, il commençait à entrevoir les inconvénients d’une telle alliance. Tromper son ennui en trompant sa femme lui était en effet impossible dans cette demeure isolée, et feindre d’estimer cette fade créature se révélait être un combat de chaque instant.
– Le soleil se couche déjà, mon chéri. Nous pourrions nous baigner une dernière fois, proposa-t-elle d’un ton excessivement enjoué.
La platitude affligeante de sa première réflexion empêcha presque son époux de saisir ce que lui suggérait la seconde. Une dernière baignade ? Cette perspective était pour le moins attrayante. Après tout, on ne met fin au bourdonnement insidieux d’un insecte qu’en l’écrasant. Il voyait déjà les hurlements misérables, l’explosion de désespoir foudroyant qu’il manifesterait en annonçant aux domestiques désemparés la mort de sa femme. Tout s’était passé si vite qu’il n’avait rien pu faire, il avait été réveillé d’un léger assoupissement par des cris étranglés, il avait vu son épouse se débattre au milieu du lac, s’était naturellement précipité au secours de sa douce, de sa tendre Ophélie, brassant l’eau sombre avec une force furieuse, mais avant qu’il ait pu parvenir à sa hauteur – ô supplice !, Dieu avait déjà rappelé à lui celle qui avait été sa plus délicate, sa plus admirable création… Il médita un instant le degré de pathos qu’il convenait d’adopter afin d’éviter les soupçons. Mais après tout, qui pouvait comprendre le déchirement d’un être séparé de l’unique amour de sa vie?
– Quelle délicieuse idée, mon aimée, je te rejoins dans un instant.
Elle s’empourpra comme une adolescente et se dirigea docilement vers la pièce d’eau céladon. Il la regarda s’y plonger d’un air qui se voulait détaché, mais en vérité sa nuque ne lui avait jamais semblé si élégamment dessinée, ses épaules ruisselantes si claires, et il songea que le lac était le digne écrin d’une chose aussi ornementale et insignifiante. Il ne la voyait déjà plus comme une source constante d’irritation ; la sachant bientôt au terme de son existence insipide, il pouvait s’autoriser comme un soupçon de clémence à son égard. Il ôta sa chemise avec une lenteur délibérée et entreprit de la rejoindre sans précipitation. Elle n’avait déjà plus pied, quand ses clavicules à lui étaient encore sèches. Elle frissonna quand il posa une main sur son dos, et son gloussement de plaisir se transforma en un hoquet étouffé quand il referma ses mains sur son cou. Presque aussitôt, le jaune auréolin de sa chevelure fut entièrement immergé dans le prasin du lac. Il la maintint fermement quelques secondes, mais elle se débattit bientôt avec la force instinctive, impérieuse, que donne la lutte pour la vie. Avec la tranquille résolution de celui qui regarde sa victime mourir, il raffermit sa prise jusqu’à ce qu’elle cesse de gesticuler inutilement. Le corps qui remonta à la surface lui apparut comme un pantin grotesque, désarticulé.
– « La blanche Ophélia flotte comme un grand lys », cita-t-il avec un rictus sardonique.
Il ne manquait plus à son œuvre que le dernier acte, où le parterre aveugle acclame la tirade de l’amant éploré. Cependant, l’acteur se réservait le droit de contempler l’obscurité et tout ce qu’il y avait au-delà avant de se lancer. Il fit ainsi quelques brasses, l’esprit déjà plein de sa liberté nouvelle. Il lui fallait certes respecter un temps de deuil respectable, mais ensuite, ensuite ! Ah, il pourrait emmener Armandine à l’opéra, Lily à l’hippodrome ; il éblouirait sans mal cette si jolie croupière du Casino…
Il interrompit subitement sa réflexion lorsqu’il réalisa qu’il avait le souffle court. Sa nage avait été bien plus vive qu’il ne l’avait voulu, mais ses mouvements fiévreux ne devaient rien à l’exaltation : il s’était simplement détourné du cadavre avec une promptitude qu’il ne s’expliquait pas, et qu’il jugea absurde. Il chercha nerveusement du regard l’endroit où il avait laissé la morte. La surface du lac était sereine, à peine troublée par le vent. Était-il possible que le cadavre gorgé d’eau se soit abîmé de lui-même ?
– Pourquoi m’as-tu tuée, mon amour ?
L’aquilon qui tourmentait les roseaux de temps à autres produisait un murmure agaçant. Il décida qu’il ferait couper ces longues tiges impertinentes.
– Pourquoi ? Pourquoi ?, répétait le saule accusé d’avoir engendré le lac à force de larmes.
Pour faire bonne mesure, l’arbre serait également abattu.
– Tu disais que tu m’aimerais jusque dans la mort…
Il se décida à rejoindre la rive : à l’évidence, l’effort troublait son esprit et déroutait ses sens. Il lui semblait entendre les gémissements de la défunte, qu’un écho sépulcral imbibait d’accents alanguis et létaux.
– Je viens te chercher, mon bien-aimé. Je serai toute à toi dans l’éternité.
Son imagination adoptait d’elle-même l’expression plate et convenue qui avait été celle d’Ophélie. Cela devenait ridicule. Il tenta vainement de penser à autre chose, à n’importe quoi, aux bonds d’ivresse de la boule des tables vertes du Casino, à l’impulsion nerveuse du départ des courses de l’hippodrome, aux feulements rauques de sa dernière maîtresse dans le plaisir ; mais se rappelait toujours à lui l’impression, non, la certitude, que quelque chose approchait, que les ombres odieuses qui nageaient dans le lac se glissaient insidieusement vers lui, voulaient le saisir, l’entraîner dans les profondeurs. Il sentit soudain la main verte et visqueuse du macchabée le saisir par la cheville, l’enchaîner à l’horreur de la mort dans le lac glacé ; le poids de l’eau souillée écrasait ses poumons, la lumière qui filtrait par la surface trouble s’affaiblissait… Et s’évanouit finalement tout à fait.
Radieuse quoique détrempée, Ophélie émergea du feuillage du saule pleureur, qui s’était présenté comme cachette providentielle, et se dirigea vers l’eau en apostrophant son mari :
– Chéri ? Chéri ? Sois prudent, surtout, tu sais bien que ce côté du lac est plein d’algues. Oh, cette petite improvisation était désopilante ! J’avoue avoir été surprise au début, d’autant que je pensais que tu avais oublié ta promesse de m’aider pour mes leçons de théâtre. Molly ne me croira jamais ! Je suis prête à entendre toutes tes critiques quant à ma performance. C’est si gentil à toi de m’aider à travailler ma spontanéité ! Mon amour, je t’en prie, remonte, cela peut être dangereux de rester si longtemps sans oxygène. Mon chéri ?
Ses appels restèrent sans réponse : elle réalisa que sa réplique n’avait été qu’un monologue.
Pauline Lambron
Lycée Henri IV
* je crois qu’il s’agit de : « il n’y a plus d’après »…
d’une sonorité plus élégante,
mais on a de l’oreille ou l’on n’en a pas
Si cette ravissante composition française (qui méritait bien mieux qu’un premier prix ex æquo) est l’œuvre de la fille de Marc « Punk » Lambron, cela confirmerait que les chiens ne font pas des chattes, que le talent est héréditaire tout comme la grammaire et le vocabulaire et que Philippe « Rock » Djian a de belles indignations devant lui.
Prends garde, blanche Ophélia,
les algues coagulent et le gazon prolifère
02/08
LA VIE DES LETTRES
Gîte rural ?
Non, résidence d’écriture.
L’un des bénéficiaires de cette résidence d’écriture située à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) la décrit ainsi (dans le même style impayable du propriétaire proposant son gîte à la location) : Connexion Internet 15 Mbps avec wifi, imprimante laser, chauffage électrique, machine à laver, en tout quatre pièces dont une grande salle à manger bureau. Également beaucoup d’oiseaux devant la porte-fenêtre et un jardin qui commence à fleurir (les jonquilles sont arrivées), bref des conditions parfaites de travail pour un écrivain.
Le CV de l’écrivain en question (peu importe son nom, ce sont tous les mêmes) est édifiant : études de droit, se consacre à l’écriture, dix ans de RMI, croise Philippe Sollers et François Bon.
En 2005 : bourse découverte (CNL) ; en 2009 : bourse de création (CNL) ; juin 2011 : résidence à la Villa Marguerite Yourcenar (Saint-Jean-Cappels, Nord) ; mars-avril 2012 : mission Stendhal au Japon (Le Mont Fuji est magnifique, sa sérénité impressionne et suscite le respect. Je l’ai écrit dans le carnet au soir de sa découverte le long de la voie de Shinkansen : le Fuji ressemble à un immense Bouddha qui se serait assis au milieu de la plaine. Ce n’est pas une montagne, c’est un homme, le plus grand, le plus sage, qui a atteint une telle sérénité qu’il est devenu une montagne. Maintenant, il va falloir commencer à suivre son exemple.) ; avril 2013 résidence à Brive (I) ; mai : séjour au Mexique dans le cadre d’un programme de « Soutien à la mobilité internationale des artistes et écrivains de la région Aquitaine » (Ville assez incroyable, très bruyante, très speedée, remplie de voitures et de taxis à la conduite sportive (mais pas trop d’embouteillages monstres dans le centre). Architecture mélangée, coloniale et XXe siècle. Grande quantité de forces de sécurité, gardes privés devant chaque magasin, policiers de différentes unités un peu partout, tous armés et revêtus de gilets pare-balles. Autour de la cathédrale les étals de marché des indiens et les danseurs aztèques. La nuit le bruit des sonos des restaurants jusqu’à 4h du matin (la ville dort peu), les déjeuners et dîners à l’heure latino (15h, 23h). Et aussi, du moins en ce qui me concerne : l’puisement presque permanent dû à l’altitude (2500 mètres) et à la pollution. À suivre…) ; juin-juillet : résidence d’auteur à Brive (II) ; à venir en septembre : résidence d’auteur au Châlet Mauriac à Saint Symphorien (Gironde).
La vraie vie est là, calme et tranquille, assortie à des conditions parfaites de travail, pourvu que l’altitude soit raisonnable, que demander de mieux ?
On peut, aussi, lire, Contes de la littérature ordinaire (Mille et une nuits), c’est poilant !
01/08
« Et pourquoi donc faudrait-il s’encombrer l’esprit avec l’étude, par exemple, des modes du verbe, dont les grammairiens répétaient depuis l’Antiquité qu’ils servent à marquer des « dispositions de l’âme » quand on dispose sur son clavier d’émoticons, pictogrammes obtenus par simple combinaison de touches et permettant d’indiquer très vite et sans nuances inutiles à ses correspondants électroniques quelle est son humeur ou son état d’esprit* » (Jaime Semprun, Défense et illustration de la novlangue française, Editions de l’encyclopédie des nuisances) que je rapprocherai pour ma part des règles à suivre édictées par la Banque publique d’investissement qui veulent qu’il faille désormais écrire « bpifrance« , en bas de casse et idéalement en gras.
Coincée entre les smileys de la technosphère et les exigences du grand capital, l’écriture a quelques beaux jours devant elle.
* puis-je faire remarquer qu’il existait, au siècle censé être l’acmé de la langue française,
un point d’ironie, disparu depuis qui remplissait cette tâche ; il est devenu, aujourd’hui, le logo d’une maison de confection
30/07
A ce propos… enfin, au propos de Houellebecq, qui fait perdre l’entendement à ses fans, j’ai entendu récemment (à son sujet ou plutôt au sujet de son œuvre) : « Il appelle une chatte, une chatte et une bite, une bite. Personne n’avait fait cela avant lui »… Je crois quand même que… si, et qu’ils étaient même plusieurs.
Il y a un bon moment, j’avais entendu à propos de ses Poésies (qui sont indigentes, c’est là que réside tout leur intérêt), Marc Weitzmann les comparer à celles de Baudelaire (!) et donner comme exemple de la platitude de Baudelaire : « Le ciel comme un couvercle… » ce qui est, pour ceux qui ont étudié Baudelaire ailleurs que dans un numéro spécial des Inrockuptibles sur Patti Smith, une citation tronquée et/ou fautive.
Pour mémoire : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle… »
Ça fait une (grosse) différence, la différence entre la poésie que Marc Weitzman comprend et celle qu’il ne peut pas comprendre : une espèce de gouffre !
26/07
LA VIE DES LETTRES
Les frères Bogdanov nous préparent une surprise pour la rentrée
A la foire de Francfort, Teresa Cremisi a fait d’excellentes affaires
LAMPE DE CHEVET
Côté prostate, tout va bien ?
Elle est phosphorescente !
21/07
La semaine prochaine, 20 heures, sur France Culture,
Carte blanche à Christine Angot
11/07
En apercevant Tanguy Viel à la télévision, j’ai compris pourquoi il avait raté la cible en publiant La Disparition de Jim Sullivan et pourquoi il raterait les suivantes. Comme disait ma grand-mère : « Il a un œil qui dit merde à l’autre ! »
06/07
Quelle que soit notre opinion au regard de la culpabilité de DSK
toute cette histoire ressemble plus à un roman qu’à une histoire vraie.
Marcela Iacub (romancière), Le Point, 26 mai 2011