AU JOUR LE JOUR
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2007

Piscem natare doces

7/03

BONNE ANNEE DERNIERE

Fabrice Hyber déclare (in Metro) : « Artiste c’est un engagement total, c’est risquer sa vie, se mettre en danger, pour rendre visible… l’invisible ! Je suis entre les ”choses“, je suis un guerrier sans conflit. je suis surtout un extra… terrien ! »
De semblables déclarations font froid dans le dos.

C’est une bonne idée d’enfermer des enfants à Izieu.

6/03

Jean Baudrillard n’a pas existé.

5/03

Entendu sur France Culture (il fait vraiment écouter France Culture pour se rendre compte de l’état de la culture française), le directeur du Printemps des poétes se flatter de « faire circuler les poétes », il donnait l’exemple de l’importation récente de poétes natifs du Bahrein et de l’exportation permanente de poétes français sous différentes latitudes.
C’est une idée fort poétique de faire circuler les poétes comme  des machines à coudre, des parapluies ou des tables de dissection.

Poètes subventionnés en route pour l’étranger

Selon un « sondage », Charlotte Gainsbourg serait la chanteuse « francophone » la plus présente sur les ondes avec son titre : « The Songs that we Sing »… J’en reviens pas !

4/03

Lu dans Le Monde que Raymond Barre interviewé sur France Culture avait assuré ne pas regretter d’avoir nommé Maurice Papon, ministre du budget (secrétaire d’état plutôt)  dans son gouvernement et autres fantaisies fort instructives. Nul doute que le journaliste ignare dont il est question plus haut (27 février)  demandera prochainement à Raymond Barre s’il a ETE à l’enterrement de ce « très courageux » « grand commis de l’Etat » qui a « payé surtout à cause de Charonne » et a été un « bouc émissaire ». Comme personne ne comprendrait pourquoi il le lui demande, il a une bonne excuse pour s’abstenir.

3 mars

Amusante inversion de photographies dans Art Press n° 328, c’est la photo de Marcelin Pleynet qui se retrouve au dessus de la critique de, Comment reconnaître un ami d’un grand singe de Will Cuppy et la photo de ce dernier enlacé avec un chimpanzé qui surmonte celle de Cézanne marginal de Marcelin Pleynet. Je ne sais pas pourquoi cela me fait penser à la querelle Guy Scarpetta/Jacques Henric, peut-être parce qu’il est impossible de distinguer l’un de l’autre, à moins qu’ils ne soient interchangeables.

Vendredi 2 mars

Penser à écrire « Jubilation de l’échec » avant d’avoir du succès.

27

Aperçu un journaliste au zapping de Canal + demander à Jean-Marie Le Pen s’il se rendrait à l’enterrement de Maurice Papon, le leader du Front National lui répond dans un premier temps : « Et ta sœur ! », devant l’insistance du « journaliste » il finit par lui expliquer qu’il n’a jamais été du même bord politique que Maurice Papon, qu’il ferait mieux d’interroger sur le même sujet ceux qui l’ont été et qui n’ont jamais été gêné de gouverner à ses côtés, en bref, donne une leçon d’histoire à celui qui se croyait malin et qui aurait mieux fait de fermer sa gueule.

26

Entendu sur France Culture Eric Trycon affirmer que, à son avis, il n’existe qu’un seul artiste pouvant « parler » comme Marcel Duchamp… Bertrand Lavier ! Surprenant puisque Bertrand Lavier parle comme Jean d’Ormesson. Aussi gai, spirituel, amusant, bien élevé que l’académicien. Le problème, pour l’un comme pour l’autre, étant, d’ailleurs, le même : l’œuvre (il est vrai que c’était, aussi, un problème pour Duchamp, mais pas le même).

« C’est très important l’humour en politique, ça permet de prendre de la distance ». Ségolène Royal, candidate à la présidence de la République.

« Je veux faire revenir la matière grise en France ». Ségolène Royal, humoriste.

25

Entendu Régis Jauffret affirmer que notre époque était si violente qu’un individu venu du moyen-âge (une espèce de Jacquouille) ne tiendrait pas trois jours en notre siècle, je crois, surtout, que Régis Jauffret ne tiendrait pas trois minutes au moyen-âge.

24

Dans le Figaro Economie, du 3 février, lorsque le journaliste évoque le cachet de 2 millions de dollars que Uma Thurman aurait perçu pour le tournage d’un clip publicitaire pour Pirelli, après un préalable : « Je n’aime pas trop parler d’argent » (c’est vrai que, paradoxalement, les pauvres ont beaucoup plus de facilité pour le faire), l’actrice finit par s’expliquer :  » Il faut que je pense à mes deux enfants, qui ont 5 et 9 ans. Depuis mon divorce, je suis une mère célibataire et je dois gagner ma vie ». Je ne suis qu’en partie rassuré à son sujet, mais je ne suis pas mécontent de penser qu’en achetant des pneus italiens, je nourris des petits américains dans le besoin.

23

Il semblerait que les artistes aujourd’hui soient surtout spécialisés en tramways (« Aimez-vous Trams? »).

22

Dans le numéro 253 du Journal des Arts, plus précisément dans un article intitulé : « Les urgences de l’art contemporain », je relève cette déclaration d’Olivier Kaeppelin (poète un jour, poète toujours !), délégué aux arts plastiques de profession : « Les moments de changement donnent libre cours à tous les imaginaires ». On imagine à cette aune ce à quoi doit ressembler le sien, et puis on se dit que l’on ne voit pas non plus pourquoi tous les imaginaires ne se donneraient pas libre cours lorsque RIEN ne change, pour en conclure que la phrase d’Olivier Kaeppelin (fonctionnaire un jour, fonctionnaire toujours !) ne veut RIEN dire du tout.

18

Ce matin, je me suis réveillé de bonne humeur sans raison. Je vais acheter le journal et j’apprends que Maurice Papon est mort et Juliette Benzazon toujours vivante. Tout s’explique.

L’invité du premier dimanche du mois de Daniel Picouly (au Hyatt Regency Paris-Madeleine, 55 euros le brunch, tous les premiers dimanches du mois) était Florian Zeller. Il y a des rencontres dont on se dit qu’elles avaient  trop tardé.

Pendant que les scientifiques s’interrogent sur la réalité du réchauffement, les rhododendrons et les magnolias qui fleurissaient fin mars fleurissent mi-février. D’où les expressions : « con comme un rhododendron ! » ; « niais comme un tulipier ! »

15

Il est temps d’aller plus avant sur la voie de la parité, il faut l’exiger dans tous les secteurs, y compris ceux où elle n’est pas appliquée systématiquement :  bénéficiaires du RMI, SDF,  etc. L’égalité bien comprise est à ce prix. Le jour où les femmes pourront souffrir d’un cancer de la prostate et les hommes d’un cancer de l’utérus, elle sera, enfin, réalisée. Il me tarde.


13

Physiquement, Yves Simon ressemble de plus en plus à Pierre Péan. Sur le plan du style, on ne peut décider quel est le meilleur.

7

Appris ce matin à la radio qu’être médecin « généraliste » était désormais considéré comme une « spécialité ».

Reçu dans ma boîte à lettres un catalogue des magasins Carrefour sous-titré : « Dépenser moins/Vivre mieux/La qualité pour tous ». En quatrième de couverture, Carrefour propose un lot de 10 outils électriques (meuleuse d’angle, perceuse sans fil, tournevis sans fil, rabot, ponceuse vibrante, ponceuse delta, perceuse à percussion, scie sauteuse, scie circulaire, décapeur thermique) pour 82 euros. Sachant qu’un seul de ces outils s’il « marchait » coûterait au moins ce prix, on se demande si le taux d’inflation et l’indice des prix ne sont pas calculés sur d’aussi invraisemblables saloperies. A l’intérieur, il est proposé aux clients une opération Poche (le livre à partir de 2 euros). Mes mauvaises pensées de Nina Bouraoui ; La tragédie du Président de Franz-Olivier Giesbert ; Rien ne vaut la douceur du foyer de Mary Higgins Clark et Innocent d’Harlan Coben servent d’exemples et de produits d’appel. Au lieu d’être garantis deux ans comme les outils électriques dont ils sont l’équivalent « littéraire », on peut se les faire rembourser pendant quinze jours (sont exclus les livres des éditions Harlequin qui, évidemment, ne peuvent qu’apporter la satisfaction que l’on en attend).

4

Expo au Palais de Tokyo, James Coleman et Michel Blazy parfaits. Sans tomber dans la nostalgie, je ferai remarquer à David Ancelin que, si l’on remplace le motoculteur par une tondeuse à gazon et les carreaux par des feuilles mortes, sa pièce, Avis de grand frais (un motoculteur et des carreaux), est absolument identique au Neveu de Rameau (une tondeuse à gazon et des feuilles mortes) de Présence Panchounette (1985, sans doute).
Appris que le père de Jeff Koons était décorateur d’intérieur… tout s’explique !
Le numéro 1 du magazine du Palais de Tokyo promet que « des zombies à la théorie des ondes, de l’occultisme à Mike Tyson […] ce numéro 1 parle d’art », en le feuilletant, on s’aperçoit qu’il est question de Mike Tyson fort anecdotiquement : une photo de son combat contre François Botha, un point c’est tout ! Pour ce qui est  de la théorie des ondes, je ne me prononcerai pas, mais j’ai des doutes ; le quatrième de couverture est une publicité pour Hermès, on peut donc avantageusement feuilleter cette revue à l’envers.
Déjeuner au restaurant rempli jusqu’à la mezzanine d’intellectuels d’ameublement et d’ambidextres contrariés sans compter leur nombreuse progéniture laissé à l’abandon, le risotto est infect et le poulet dégueulasse, mais le serveur d’allure patibulaire s’avère charmant à l’usage. Comme quoi, il ne faut désespérer de rien, surtout pas de l’humanité. On évitera cependant quelque temps les lieux culturels.

3

Hommes entre eux (L’Olivier) de Jean-Paul Dubois (Jean-Paul Dubois serait à Jim Harrison ce que Francis Cabrel est à Townes Van Zandt) est presque aussi tordant que Kung Fu de François Armanet (Grasset). Je peux pas tout faire (je souffre des mêmes troubles de l’andropause que ces deux post-adolescents), mais il faudra un jour leur signaler que l’on n’écrit pas avec du jus de couilles clair.


Vendredi 2

Eté voir Rocky Balboa au mk2 Bibliothèque. Je traîne à la boutique Dvd, on y recommande Benoît Jacquot, Claire Denis, Arnaud Desplechin, Bruno Podalydès. On a les cuisses propres ! En devanture de la librairie, un assortiment de livres de Caroline Eliacheff. Renseignement pris, c’est la fille de Françoise Giroud et la femme du patron. Pour tout arranger, avant le film passe une chanson de Jacques Higelin. Du coup, j’ai tendance à trouver le film de Stallone (qui se prend pour Eastwood qui se prend pour Dreyer) meilleur qu’il ne l’est.

Jeudi 1 février

Booba (rappeur de son état) déclare à Aujourd’hui : « Je suis juste un métis de banlieue qui n’avait pas envie de s’intégrer dans la société et qui, finalement, s’en est plutôt bien sorti. Et puis j’ai très envie de faire du cinéma. Je suis d’ailleurs en train d’écrire un scénario. » Je suis d’accord avec lui, moi, c’est un peu pareil, j’ai besoin d’argent et je ne déteste pas les négrillonnes cambrées, je vais faire du rap.

Leçon n° 3

Rester calme

26

Entendu dans le métro (ligne 6, station Bir-Hakeim) l’expression la plus parfaite du désarroi contemporain : « J’sais trop trop pas quoi faire ! » Il est vrai que les analyses politiques de Guy Birenbaum, universitaire et éditeur ne peuvent guère inciter à l’optimisme, à l’issue de sa chronique dans Métro (le journal) sur les futures élections présidentielles, il conclut : « Patience. Nous en saurons sans doute bientôt beaucoup plus. » Je l’espère, mais, en attendant, je ne sais trop trop pas quoi faire non plus (sauf que pour Balard, faut changer à La Motte-Piquet-Grenelle).


22

La génération qui a été majeure en 1968 a d’abord cru à la bêtise de l’utopie pour, ensuite, abandonner l’utopie. Que lui reste-t-il donc ?

20

Dans un article fort intéressant à mon propos (« Chien Roux au jeu de quilles » in Art Press 2 n° 3) sur lequel il me faudra revenir (bien qu’il en dise davantage sur l’ovin que sur le canin), Joseph Mouton explique nos différends actuels par le fait que je préférerais Elvis Presley aux branleurs de l’art contemporain. Pour aggraver mon cas, j’affirmerai, sans provocation aucune, que je préfère Dolly Parton à Louise Bourgeois et même Nicole Croisille à Gloria Friedmann.

Leçon N° 2

Peser le pour et le contre

Leçon n° 1

Envisager toutes les possibilités

19

La tache qui rit.

16

« Ségolène, elle est bio… elle est hallal, même ! » (Lakhdar Belaïd, ouvrier municipal)

Lundi 15

Si l’on excepte le train fantôme, on ne peut guère imaginer plus effroyable que le ricanement d’Arnaud Viviant.

Dimanche 14 janvier

Ne pas oublier de se souvenir qu’il y a vingt ans le plus grand écrivain français était Cyril Collard.


Samedi 13 janvier 2007

Revu avec une jubilation sans mélange  La rivière, le court-métrage de Michel Houellebecq, le premier film de l’histoire du cinéma qui fait sentir « physiquement » que la pellicule est faite de gélatine.