MON AGENDA DE LA PLÉİADE
(2022)

27/12/2022

Et toujours rien à la télé

26/12/2022

Manquait plus que ça !

Il y aurait eu des esclaves BLANCS !

Allez ! on nettoie ce qui traînait (il en reste un stère) : Le Souverain poncif de Morgan Sportès (Balland, 1986), c’est très marrant vingt pages, puis, c’est marrant et puis, c’est plus marrant du tout, 170 pages d’exercices de (non-)style, c’est beaucoup trop long. Les plaisanteries les plus courtes (air connu…). Ça va mal finir, François Léotard (Grasset, 2008)… ça commence pareil et ça continue pareil… mal ! Vive l’enfer, Christophe Bataille, Grasset (1999), mais qu’est-ce qui lui a pris ? Je reste roi de mes chagrins (Gallimard, 2019), je n’ai aucune sympathie pour Philippe Forest (je crois que ça remonte à une espèce de table ronde où nous étions côte à côte et où il s’était montré parfaitement désagréable et de la plus insupportable mauvaise foi), mais chaque fois que je le lis, mes préventions tombent, celui-là n’est pas son meilleur, mais ça vaut largement 90% de la production actuelle. Une histoire de France de Joffrine Donnadieu (Gallimard, 2019), épouvantable ; Pensez avant de parler Lisez avant de penser, Fran Lebowitz (Pauvert, 2022), réfléchir avant d’éditer serait pas mal non plus ; Livre d’histoire, René Belletto, 2011), imbitable ; Children’s Corner, Jacques Drillon (Gallimard, 1997), même les bons ont leurs faiblesses. En toute innocence, Catherine Cusset (Gallimard, 1995), on s’en branle ! L’autre qu’on adorait (Gallimard, 2016), pareil ! Génie du confinement (Les liens qui libèrent, 2021) du frangin (François), pas un pour sauver l’autre ; Le démon de la colline aux loups, Dimitri Rouchon-Borie (Le Tripode, 2021) ; Insoupçonnable, Tanguy Viel (Minuit, 2006)… boîte à livres, direct ! Christian Oster, Loin d’Odile (une mouche), Minuit, 2001, à dégager ! Lucius Burckhardt, Le design au-delà du visible (Les essais, Centre Georges Pompidou, 1991)… et les idées en deça du lisible, Week-end de chasse à la mère, Geneviève Brisac (L’Olivier 1996, Prix Fémina), effarant.

Je jure de pas recommencer trop souvent

« Le vrai problème, c’est de ne pas s’en prendre aux autres, c’est de ne se pas s’en prendre aussi à soi. C’est le minimum si on descend dans l’arène. Il faut se voir dans le tableau. Il faut s’y mettre.

Grégoire Bouillier,
Le dossier M (Livre 2).

La dialectique n’est plus ce qu’elle était

24/12/2022

Le Monde des livres, daté d’hier, page 7, Sports de combat/Essais & littérature : il y est question de Voyage au pays des boxeurs de Loïc Wacquant ; Poids plume de Mick Kitson ; La Printanière de Michel Quint, Riposte de Louisa Reid et de Le champion du quartier. Se faire un nom dans la lutte sénégalaise de Julien Bonhomme.

Et toujours rien à la télé

23/12/2022

Physiquement il y a un genre de types que je ne supporte pas, c’est les clones de Clooney, mais je sais pourquoi : ils ont des tifs plein le front et moi, plus bésef. En revanche, je ne suis jaloux d’aucun écrivain de nationalité française.

Pour ne pas faire de jaloux,
j’ai choisi un artiste : Rodney Graham

22/12/2022

Gilbert Lascault est mort, il faisait partie du jury de thèse de Jacques Soulillou à la Sorbonne. Ensuite, nous avions été dîner au Gastroquet, rue Desnouettes (du temps de Dany Bulot), D s’était chargée de retenir la table, pour lui faire honneur, elle avait enfilé le T shirt que Paul Fournel avait sorti à l’occasion de la publication chez Seghers d’un petit livre délicieux, Le Petit chaperon rouge partout ; le loup n’avait pas cessé de regarder les seins du Petit chaperon rouge (pas encore grand-mère, mais presque) tout le long du repas.

21/12/2022

Peut-être que l’on comprendra mieux ce qui a suivi en lisant ce qui a précédé, en l’occurrence cet entretien avec Stanislas Rigot in Page des libraires  à l’occasion de la publication d’Alias Ali (Fayard, 2013).

Moi, j’ai l’impression que c’est clair, mais ça ne l’est peut-être pas pour tout le monde.

PAGE — Pourquoi avez-vous choisi Ali, légende et personnage maintes fois abordés ?

Frédéric Roux — Pourquoi choisir Ali ? Drôle de question… mais parce que c’est le plus grand et que, comme tout un chacun, les stars m’intéressent, surtout celles qui deviennent des légendes. Pourquoi ? Il faudrait bien plus de 600 pages pour que je comprenne qu’il n’y a rien à comprendre et que je le fasse comprendre à ceux qui le savent déjà… Pourquoi Marilyn avec son gros pif et sa poitrine minable est une légende ? Parce que c’est comme ça, Bardot plus jolie et mieux foutue, c’est miss Languedoc. Pourquoi Elvis est une légende alors qu’à côté de Roy Orbison il chante comme une casserole ? Parce que c’est comme ça, Roy ne sera jamais le King que pour les snobs et les happy few. Pourquoi Andy Warhol, qui n’était pas très malin, a produit une œuvre aussi « conceptuelle » que celle de Marcel Duchamp qui était l’intelligence même ? Parce que c’est comme ça, les historiens de l’art et les critiques n’y peuvent pas grand-chose. Il n’y a que les questions qui n’ont pas de réponse qui m’intéressent… Tout cela sans compter qu’Ali a un avantage non négligeable sur toutes les icônes du passé proche, il est encore vivant. Il n’est pas en très bon état, loin de là, mais il est vivant ; presque oublié par les jeunes générations, il est toujours considéré comme le plus grand sportif de tous les temps. Ali est plus intéressant que les légendes colportées à son sujet… l’adoration pédérastique, la guimauve saint-sulpicienne remâchée jusqu’à la nausée ! Il vaut mieux que l’idolâtrie sans recul dont il est l’objet. Ce sont ces manques qui m’ont excité, les insuffisances, les trous noirs, les zones d’ombre, les paradoxes, les contradictions… Il est construit sur des lieux communs, des clichés, des mensonges, des demi-vérités, il appartient tout entier aux commentaires, son côté obscur est esquivé sans cesse, il était donc peut-être temps d’aller y voir d’un peu plus près. Ce qui m’intéressait aussi, c’est le côté physique du défi. Boxer avec Ali, ne serait-ce qu’en écrivant à son sujet, n’est pas à la portée du premier amateur venu, il faut plus que de l’inspiration pour cela, il faut du métier. Cette période m’a permis de renouer avec la peur des vestiaires, j’ai hésité pas moins de neuf ans avant d’ouvrir la porte et de grimper sur le ring.

PAGE — Votre roman déborde très vite du strict cadre sportif.

F. R. —  Je pense que l’on peut lire l’histoire des États-Unis dans le destin des champions du monde poids lourd : Jack Johnson, Joe Louis, Rocky Marciano, Sonny Liston, Mike Tyson… Ali à lui tout seul est l’Amérique des années 1960 et 1970. L’insouciance, la gaieté, les émeutes raciales, Dallas, Memphis, la guerre du Vietnam, la lutte pour les droits civiques ; cette naïveté qui confinait, parfois, à la bêtise, qui faisait croire que tout était possible, même les rêves. Il incarne tout ça mieux que personne.

PAGE — Qu’est-ce qui vous a amené à utiliser cette forme si originale et, en même temps, si risquée ?

F. R. —  Écrire une bio conventionnelle m’ennuyait, paraphraser la légende d’Ali ne m’intéressait pas. Toutes les « bios » que j’admire, Blonde de Joyce Carol Oates, Danseur de Colum McCann, ne sont pas des bios, mais elles appartiennent à la littérature. Que la fiction soit plus vraie que nature, cela suffit à me faire avancer ! J’ai mis longtemps à trouver comment j’allais m’y prendre… neuf ans ! Et finalement, c’est en revenant à ce que je sais le mieux faire : monter/démonter, copier/coller, que j’ai trouvé la solution. Mon premier livre écrit à la fin des années 1970 était la tentative, un peu foirée, de réaliser le projet de Gustave Flaubert à propos de Bouvard et Pécuchet : « Il faudrait que, dans tout le cours du livre, il n’y eût pas un mot de mon cru ». Refusé par toutes les maisons d’édition de France et de Navarre, Copié/Collé a été publié en 2005 par le Mamco de Genève. D’Alias Ali, si la chose est réussie, il faudrait dire : « Ceci n’est pas une biographie, ceci n’est pas un roman, mais ceci est une œuvre d’art ! » ou bien : « Frédéric Roux n’a pas écrit une seule ligne de ce livre et tout ce livre est de Frédéric Roux ».

PAGE — Comment avez-vous organisé ce travail d’écriture si particulier ?

F. R. —  Alias Ali ressort plus ou moins de la littérature à contrainte. La première que je me suis fixée : Ali ne devait pas prononcer un seul mot, ses propos ne devaient pas être rapportés. Le défi était de taille dans la mesure où la parole d’Ali était, du temps où il pouvait parler, aussi brillante que son style sur le ring. Son portrait est donc brossé en défonce ; difficulté supplémentaire : l’« auteur » devait changer à chaque paragraphe. Et tout ça en racontant une histoire avec un début, un milieu et une fin, tout en faisant en sorte qu’elle réserve quelques révélations inédites et qu’elle soit le plus fluide possible, sans oublier les quelques flash-back nécessaires pour secouer la monotonie. Comme je ne fais jamais de plan, que je ne sais pas la veille ce que je vais écrire le lendemain, que c’est le texte qui me commande plus que je ne commande au texte, les autres contraintes se sont imposées toutes seules. Après, une fois la méthode choisie, c’est comme remonter une cuisine Ikea avec un mode d’emploi écrit en coréen. On est doué ou on ne l’est pas, c’est comme avoir le sens de l’orientation ! Il se trouve que, je ne sais pour quelle raison, je suis plus doué que d’autres pour ce genre de bricolage, que je peux retrouver mon chemin là où d’autres s’égarent. Peut être parce que j’ai été un cancre et que les cancres doivent se débrouiller avec ce qu’ils savent… pas grand-chose. Prendre les textes par la bande, ça me demande moins d’efforts qu’à d’autres, même si, l’air de rien, ce n’est pas à la portée du premier venu.

PAGE — Comment définiriez-vous le résultat obtenu, cet agrégat fascinant de citations et de fiction ?

F. R. —  Avoir écrit « roman » sur la couverture de ce texte n’est pas seulement un leurre destiné à ce que les libraires ne classent pas Alias Alientre les mémoires de Guy Forget et les aphorismes de Didier Deschamps, ce n’est pas uniquement un énième affront à la forme la plus ductile qui soit, c’est aussi la vérité. L’ensemble des figures utilisées pour Alias Ali appartient au répertoire de la fiction ; la décision d’alterner cinq parties et quatre blocs de textes récités par deux hommes et deux femmes… la première et la dernière, de terminer par un épilogue, clin d’œil à Fat City de John Huston, additionnés, ça fait 10… comme le compte de l’arbitre, c’est de la littérature. Monter à quelques lignes d’écart des affirmations contradictoires, c’est du roman ; surprendre le lecteur par des citations de témoins qui n’en sont pas, c’est du roman, mais aussi un hommage au Ali Shuffle, ce pas de danse qui ne sert à rien sauf à frimer. Alias Ali est un roman différent de ce qu’aujourd’hui on qualifie paresseusement de tel, qui se confond avec le feuilleton à l’eau de rose, un roman qui prend en compte les grandes ruptures de l’histoire : Lautréamont, Dada, le surréalisme, Gil Wolman et Guy Debord aussi bien que les habitudes actuelles de lecture sur écran. Le cinéma est passé par-là, bien sûr, mais aussi le clip, la bande-annonce, la performance, Wikipédia, le sampling, les blogs, le Web, le ralenti et le replay. Ce ne sont pas forcément les formes que je préfère, j’évite même de les fréquenter, mais ce sont celles avec lesquelles un écrivain d’aujourd’hui doit se battre.

Stanislas Rigot

(Librairie Lamartine, Paris)

20/12/2022

Chauffe Marcel !

19/12/2022

Vous, j’sais pas, mais moi les dadais,
je les chope avec des chips et du Brouilly !

18/12/2022

Chez Hachette, c’est les grandes manœuvres

Moi, j’suis rock & scroll’

“Il faut que les endroits faibles d’un livre soient mieux écrits que les autres”, Flaubert. J’suis bien d’accord Tatave, l’idéal étant donc que l’ensemble du livre soit faible. Ça peut se tenter.

16/12/2022

La terre ne ment pas

15/12/2022

Très honoré !

Go Gus ! Go !

Lipstick traces

Et encore une qui a un petit air !

14/12/2022

Les p’tits papiers (de brouillon)

Etre épaté par une “écriture” comme on l’est par un mouvement de mèche.

L’écrivain, s’il n’est pas introduit,
il faut l’introduire.

C’est bien le moins qu’on lui doive.

13/12/2022

JEU CONCOURS

Une phrase d’Edmond Jabès et une autre de Philippe Forest sont dissimulées dans cet entretien. 
Les trois premières personnes à les découvrir recevront un exemplaire PAPIER de Lève ton gauche suivi de P.-S. (Gallimard, 1995).
Adressez vos réponses aux Editions ¡ Anda ! 14, rue Alexander-Taylor, 64000 Pau

12/12/2022

Les touristes qui se prennent pour des explorateurs.

Les éditeurs courageux avec les auteurs morts.

Festina lente

11/12/2022

C’est pas la plage, c’est dimanche…

alors, surtout, qu’il ne se passe rien.

Tranquille Emile !

10/12/2022

Bon ! Annie Ernaux, ce n’est, peut-être, pas formidable, mais J.M.G Le Clézio et Patrick Modiano, c’était pas terrible non plus. Depuis Sully Prud’homme, la France ne brille pas chez les Nobel’s.

Comme

le livre papier ne mourra jamais,

on remet ça bientôt

09/12/2022

Il y a les artistes pour artistes, les écrivains pour écrivains, personnellement, je suis artiste pour écrivains et écrivain pour artistes.

Et puis, il y a Anne Sexton* sur la plage

* à l’usage de ceux qui croient savoir qu’il n’y a que
les femmes avec des nichons qui m’intéressent

08/12/2022

Abandon est la première entrée du Livre des Mille et une reprises, j’y posais une question :

Pourquoi un boxeur n’abandonne pas alors qu’il a toute les raisons de le faire ? il n’a plus aucune chance de gagner, s’il tue le type en face, il fait match nul… et il continue ! J’ai toujours attendu que mon entraîneur jette l’éponge pour « abandonner », sans lui, je retournais me faire massacrer, sans beaucoup d’entrain, certes, mais j’y retournais. La bêtise y est pour une part, l’entêtement, l’orgueil mal placé (la vertu des abrutis), la honte de sembler lâche à ses yeux et à ceux de témoins, les cordes, peut-être, et le public, sans doute ; sûrement pas le courage que l’on se sent obligé de convoquer à ce propos. Aux grands mots, les grands sentiments ! mais comment peut-on imaginer qu’un type sonné puisse faire preuve de courage ?

Jean-Paul Mari qui n’a pas fait un seul combat, mais en a couvert beaucoup, a trouvé la réponse (in Oublier la nuit, Buchet-Chastel) : “Parce que renoncer n’est pas se préserver, mais se condamner à la relégation de soi.”
J’avoue que je n’y avais pas pensé… ni sur le moment ni après.

Et toujours rien à la télé

07/12/2022

Anne SEXton

« All night, alone, I marry the bed »

Même les punks font des brouillons…

Stéphane, n’en parlons pas !

06/12/2022

Je ne suis pas certain que l’on lisait beaucoup Marcel Moreau de son vivant, je suis à peu près certain que l’on ne le lit plus du tout. C’est dommage, Le chant des paroxysmes, par exemple, ça vaut largement les œuvres complètes de Michel Onfray et de Michel Houellebecq réuni(e)s.

Faut dire, au premier abord,
ça fait un peu brouillon !

Et toujours rien à la télé !

05/12/2022

Siloé de Paul Gadenne… interminable !

C’est une opinion comme une autre…

03/12/2022

Hans Magnus Enzensberger est mort, son Bref été de l’anarchie m’avait servi de point d’appui pour Alias Ali, je crois bien que, comme personne ne s’en est aperçu, je n’ai pas eu besoin de m’en expliquer.

02/12/2022

« N’ayez pas peur d’échouer »

(Michelle Obama)

01/12/2022

Cet hiver, Manuel Carcassonne
en aurait chopé une comack !

Le livre papier est immortel…
ses lecteurs, c’est moins sûr.

30/11/2022

Brigitte Giraud se remet*
de son Goncourt

* difficilement

29/11/2022

“Il pensait à d’autres êtres, à ceux qui semblaient avoir été créés, eux, non pour la gloire et pour la grâce, mais pour la disgrâce et la damnation, et qui dès à présent vivaient leur damnation. Il pensait à ces êtres dévorés d’envie, incapables de grandeur, aveugles à toute beauté, éternellement tournés vers la laideur du monde, la vivant, la créant – en dépit d’eux-mêmes –, à  ces êtres frustrés dans le divin partage et que la vie entraînait en ce moment même tous près de lui vers leur destin sans lumière […] Les êtres qui avilissent tout ce qu’ils touchent. Ceux qui nient, par désespoir, tout ce qu’ils ne comprennent pas. Ceux qui insultent à tout ce qui ne leur est pas donné. Ceux qui cherchent leur joies « à ras de terre […] Ceux à qui le désir d’une femme voile le reste de l’univers. Ceux qui se jouent des passions qu’ils soulèvent et pour qui les autres êtres ne comptent qu’en fonction d’eux-mêmes… Ceux qui étaient faits pour aimer et que trahissent les imperfections de leur corps…”

Paul GadenneSiloé

Et puis tous ceux qui ne se rendent pas compte
puisqu’ils ignorent tout et qu’ils ne savent rien…

28/11/2022

« Finalement, j’ai su trouver mes propres limites »

(Michelle Obama, Cette lumière en nous, Flammarion)

24/11/2022

On jauge la camelote au nombre d’adjectifs.

23/11/2022

Un autre plaisir perdu : les courriers des éditeurs, les pantoufles de l’intelligence entravées dans la carpette de l’incohérence.

Je vous y verrais, vous !

J’sais pas quoi dire,
mais faut que je le dise !

22/11/2022

“Les médiocres sont très utiles,
pourvu qu’ils sachent se tenir dans l’ombre”
Paul Masson

21/11/2022

“Poitiers, le cul de sac universel”, Pierre Michon.

Ma grand-mère disait la même chose,
mais elle était persuadée d’avoir mauvais goût
(ce en quoi, elle n’avait pas tort)

Je me souvenais de la voix insupportable de François Chalais et de ses questions désagréables*, mais alors Les chocolats de l’entracte (Stock, 1972), c’est le bouquet !

* c’était peut-être l’inverse…

20/11/2022

Des fois, je me dis… j’ai du pot,
on vit une époque formidable !

19/11/2022

C’est ma devise !

18/11/2022

Plus d’aphorismes, des punchlines.

Yves Ravey repart à Besançon
(enfin, c’est, peut-être, Grégoire Bouillier)

Antoine Gallimard fait ses comptes
(Karina Hocine les vérifiera ensuite)

17/11/2022

L’homme n’est qu’un Roubaud […]
mais c’est un Roubaud pensif.

Long time ago…

Le Figaro littéraire du 28 août 2003, premiers romanciers de la rentrée : Xavier Bazot, Mathieu Belezi, Laurent Buisson, Marc Durin-Valois, Dominique Dussidour, Christian Ganachaud, Martine Mairal, Renaud Meyer, Alain Monnier, Thibault de Montaigu, Cyril Montana, Zaghioul Morsy, Caroline Pascal, Thomas Pavel, Eric Pelsy, Robert Perz, François Prunier, Virginie Reisz, Didier Romagny, Thierry Séchan, Yasmina Traboulsi, Jean-Félix de La Ville, Diane Meur, Sébastien Ortiz, Cédrick Potiron, Philippe Poudroux, Elisabeth Quin, Ludovic Roudaubi, Philippe Ségur, Raphaëlle Vidaling et sans doute quelques autres (je crois que j’ai perdu une page).
Cette année-là, Jacques Pierre Amette (critique littéraire au Point) remportait le Goncourt pour La Maîtresse de Brecht (Albin-Michel)… je répète : Jacques Pierre Amette… La Maîtresse de Brecht (Albin-Michel). Faites comme vous l’entendez, vous ne risquez plus grand-chose, désormais, c’est 1 euro chez n’importe quel bouquiniste ou gratuit dans une boîte à livres..

Mais où sont les peignes d’antan ?

16/11/2022

L’inconvénient d’avoir mis ma carrière littéraire en stand-by est de ne plus recevoir des courriers « anonymes » de ce genre.

Reconnaître une bienfaitrice que l’on ne connaît pas
présente quelques difficultés, mais sait-on jamais…
cette lettre “anonyme” est bien signée.

Editeur harmonisant les “thèmes” de la rentrée

15/11/2022

Manuscrit

Le ravissement de Lol V Stein
Marguerite Duras

14/11/2022

“Ce roman par lequel j’ai pris conscience pour la première fois de ce que signifiait le mot style. Lu à 17 ans, je ne m’en suis jamais remis.” Nicolas Mathieu à propos du Voyage au bout de la nuit in Télérama (5 au 11/11/2022).
Sur Instagram, Nicolas Mathieu joue un autre air.

Et c’est là qu’il y a problème et c’est là que le problème renvoie non seulement à Nicolas Mathieu, à sa génération, mais aussi à Instagram.
Il semblerait que Nicolas Mathieu, suivant l’endroit “d’où il parle”, tienne deux discours, l’un purement admiratif destiné aux lecteurs de Télérama et l’autre critique à destination de ceux qui le suivent et l’admirent sans retenue sur Instagram.
Double discours = légère incohérence.
Mettons !
Sur Instagram donc, Nicolas Mathieu revient sur son jugement téléramesque en émettant quelques réserves sur ses premières impressions ; ce qui est tout à fait logique, on ne lit pas de la même manière à 17 ans et plus tard. Je le comprends d’autant mieux qu’à peu près au même âge, moi aussi, j’ai été “ébloui” par le Voyage avant de m’apercevoir au fur et à mesure de mes (re)lectures que ce livre n’était pas, “techniquement” parlant, une rupture absolue avec le roman conventionnel (la vraie rupture se produira à partir de Mort à crédit) et que le style du Céline débutant n’était pas dépourvu de quelques facilités ni de quelques complaisances qui, d’ailleurs, iront en s’accentuant tout au long de sa carrière jusqu’à devenir non seulement voyantes, mais aussi, quelquefois, gênantes.
Le problème c’est que ce “révisionnisme” est, pour l’essentiel, d’ordre moral. Comment peut-on admirer un auteur en sachant ce que l’on sait de lui et de ses prises de position ultérieures ? Ignobles forcément ignobles. Il n’y a pas trente-six solutions, soit on passe outre, quelquefois en adoptant même l’idéologie qui s’y traîne, soit on freine des quatre fers et l’on refuse son admiration à celui qui la réclame avec avidité et l’obtenait auparavant sans discussion possible. On adhère ou l’on n’adhère pas, en faisant, à chaque fois, l’impasse sur l’adret ou sur l’ubac des textes. Le plus souvent violemment à la mesure de l’admiration que l’on a porté à son auteur. Dans cette mesure, on peut dénoncer la “petitesse”, la “mesquinerie”, “l’orgueil enfantin” de celui dont on admirait le génie visionnaire devenu – soudain – “un gavroche véhément et saccageur” nous infligeant son “emphase”, sa “fausse “modestie”, sa mauvaise foi” (c’est mal ?). On oublie un peu vite que Céline sauvait de l’ordure les innocents et les danseuses et que, surtout, sa vision du monde avait été, à la manière du visage des gueules cassées, définitivement défigurée par l’Histoire qu’il avait traversée (18 millions de morts pour la der des der’ ; 60 à 70 pour la suivante… “la vie réduite à un pet”, c’est là qu’elle se trouve et dans les manuels d’histoire). Grande histoire difficile à imaginer pour des générations dont le sang n’a pas coulé et n’ayant connu qu’un monde plus ou moins pacifié d’où l’Histoire s’est évaporée (bien que pas finie pour autant).
C’est ce que j’ai essayé de faire comprendre (trop violemment, sans doute, ils sont chochottes les jeunes !) à Nicolas Mathieu et à son fan-club sur un réseau social presque entièrement dévolu au narcissisme adolescent. Réaction du sujet : blocage ! Tout comme l’aurait fait un “petit garçon colérique”.

13/11/2022

Le 13/11, on y voit mieux que le 06/10

12/11/2022

D’après Simon Liberati himself, cette fois, c’est son livre et non lui-même (ou bien son éditeur) qui a eu le prix Renaudot.
A 61 ans, tant de fraîcheur encourage l’absorption régulière de toxiques et ce dès le plus jeune âge.

10/11/2022

En cherchant autre chose, je suis tombé là-dessus : Au jour le jour, 29/05/2014 !

Stade du Heysel
(29/05/1985)

Ma position a toujours été contre le boycott.
Je pense qu’il vaut mieux que les sportifs se rendent sur place et expriment leur sentiment.

Michel Platini in Les Inrockuptibles à propos de la Coupe du monde au Brésil

09/11/2022

Jazz à l’âme, William Melvin Kelley (10/18, 2020), très bien traduit par Eric Moreau, bizarrement, ça ne m’a pas vraiment intéressé.

08/11/2022

Des fois, on se prend à regretter Françoise Verny

07/11/2022

Au Fémina, on ne plaisante pas
avec la limite d’âge !

Repéré dans Le cœur ne cède pas une contrepèterie, page 325,  : “L’abîme qui les habite”. Il doit y en avoir d’autres.

Comme Clarice Lispector est, à mon goût, l’une des plus belles femmes du monde, j’avais toujours – par une appréhension assez stupide – évité de la lire. Avant-hier, j’ai acheté (un euro) à Saint-Jean-de-Luz La femme qui tuait les poissons (Ramsay – de Cortanze, 1990) dans un vide-grenier. Annoncé comme un “roman”, c’est un livre pour enfants (pas formidable, d’ailleurs) ! A refaire…

Cécile Guilbert peut aller se remaquiller !

06/11/2022

Je radote parce que personne m’écoute.
Vivre vite
 de Brigitte Giraud avait été tiré à 25 000 exemplaires (Mazette ! De l’audace ! toujours de l’audace ! Chez Flammarion, on avait mis le pacson) ; avant le prix Goncourt, il s’en était vendu 7 661, ce qui est bien, mais pas exceptionnel non plus*. Cela signifiait, à coup sûr, que si le livre n’obtenait pas le Goncourt, Flammarion s’en prendrait à peu près 10 000 exemplaires dans les mandibules. En revanche, Goncourt in the pocket, Flammarion a réimprimé à… 400 000 exemplaires avec une bonne chance de recommencer en cours de route.

* pour donner un ordre d’idée, c’est à peu près le niveau des ventes de L’Hiver indien qui avait été mis en place à beaucoup moins.
Ce qui m’avait valu une conversation édifiante avec Olivier Nora qui, après m’avoir expliqué que, mis en place en deçà de 5 000 exemplaires,
un livre était invisible, m’avait informé que le mien (en lequel il croyait énormément) l’avait été à 3 500…
Muni d’un sourire satisfait (c’est l’une de ses expressions préférées), il avait quêté mon approbation … “Pas mal, non ?”
Dans ce genre de circonstances, je voudrais vous y voir ! Coup de boule ou coup de blues ?

L’Hiver indien c’était
– pourtant –du cousu-main…
du tout-cuit…
du sur-mesure !

05/11/2022

Tous ensemble ! Tous ensemble !

Allez ! un petit coup d’œil en arrière ne fait jamais de mal…
on peut toujours apercevoir – dans l’angle mort –
quelques enculés d’envergure.

04/11/2022

L’Histoire n’est plus, depuis longtemps, l’affaire des Français (Dacia – plancha – Cora), alors ses “élites” (qui ont déserté depuis presque un siècle) les confortent dans ce choix de l’intime rebattu trente et six fois, si en plus cela leur permet de rester entre eux (Brigitte Giraud, nommée au Wepler, Goncourt de la nouvelle, prix Jean Giono a été – auparavant – libraire avant d’être… éditrice), bien au chaud, de continuer la sieste après un déjeuner à rallonge, c’est parfait !
C’était hier l’occasion de vérifier la différence entre Annie Ernaux et Svetlana Alexievitch.

Le problème, c’est quand la pyramide de Ponzi va vraiment se casser la gueule, processus largement entamé soigneusement dissimulé : Performance de Liberati (Flore – Fémina) culminait à 1 793 exemplaires avant le Renaudot, Guillaume Durand avait vendu moins de mille exemplaires de son Déjeunons sur l’herbe ;évidemment la récompense va donner un sursaut aux batraciens, mais ce ne sera pas toujours le cas (l’Interallié ne rapporte déjà plus grand chose), peut-être même pas longtemps et ce jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un seul prix (au hasard, le Goncourt  gérant sa position dominante à la perfection) qui soit prescripteur. De toutes les manières, les Français lisent-ils plus d’un livre par an ? alors pourquoi en achèteraient-ils trois ou quatre ? L’inflation des titres et le système des offices permet de faire charger la cavalerie, la multiplication des hochets permet de rapetasser la solidarité du milieu, mais masque le phénomène de fond… toutes ces conneries n’intéressent pas le public.
Je l’ai expérimenté moi-même il y a déjà un bon moment… franchement, qu’est ce que des lecteurs de Télérama, des auditeurs de France Culture en ont à branler d’une biographie de Muhammad Ali ?
RIEN.
Qu’est-ce que vous voulez qu’ils en aient à branler de Manet ou des vapeurs d’un boomer décati ?
RIEN.

Et quand y en a plus y en a encore !

Dans trois mois, les mêmes arrivent

03/11/2022

Hachette & Madrigall
ont fait le plein

Monica Sabolo
rentre aux stands

Les masses ont le goût du marché, non pas l’inverse.

Me too

02/11/2022

Marie Darrieusecq & Arnaud Viviant, écrivains
ET
“psychanalystes”,
prient pour que leurs clients ne portent pas plainte

D’après ce qu’il cite de sa poésie, Norman Rosten semble être un poète épouvantable, mais son livre sur Marilyn Monroe : Marilyn, An Untold Story, en français : Marilyn, Ombre et lumière, traduit par François Guérif (Seghers, 2022), est juste, charmant et délicat.

01/11/2022

Et moi, je me demande si Panisse coupe à cœur !

31/10/2022

Waitin’ for the money

Les dirigeants de Madrigall et ceux de Hachette
attendent sereinement le résultat des prix.

30/10/2022

La semaine dernière le Service comptabilité auteurs des établissements Gallimard m’a envoyé mon relevé de droits pour Lève ton gauche ! Publié en 1995, ce livre n’est plus à leur catalogue depuis longtemps, j’ai récupéré mes droits depuis perpète, il a même été réédité par l’Arbre vengeur en 2020. Cerise sur le gâteau, il est libellé comme si les francs étaient des euros, je suis donc censé leur devoir beaucoup plus d’argent que je ne leur en dois réellement (pas mal quand même).

La nouvelle comptable s’initie
au nouveau logiciel comptable

En arrière-plan, l’auteur et son éditrice
vérifient l’exactitude des retenues

29/10/2022

Pédophile avéré

The Killer is dead

Il n’y plus aucune excuse à faire l’impasse sur son extraordinaire biographie, Hellfire, Nick Tosches (Allia, 2001).26/10

Rentrée littéraire de février

La critique travaille

Anne-Marie fait sa ménopause, elle retrouve une amie d’enfance dont le mari vient de décéder d’une encéphalopathie spongiforme*, elles prennent la route à la recherche de la fille d’Anne-Marie partie vendre de la drogue à Aurillac.
Coup de cœur !
Hélène s’est foulé la cheville en faisant du hula-hoop, elle contemple le jardin de son voisin en regardant la pluie tomber. Imaginez la suite !
Depuis quelque temps, son mari la trompe avec sa meilleure amie. Que passe-t-il page 150 ?

Coup de cœur !
Pierre est financier (professeur d’université, producteur dans l’audiovisuel), il habite dans le Val d’Oise. Un soir d’hiver, il découvre en travers de son paillasson le corps étendu de Nina, une jeune prostituée roumaine (serbe, croate). Imaginez des dialogues enjoués entre Pierre et Nina. L’irruption de Nina dans la vie de Pierre va-t-elle changer son existence de privilégié ?
Coup de cœur !
Au début des années 50, Jacques, frère de Paul, une figure de la résistance locale, a épousé Thérèse, une femme tondue à la Libération. Leur fille, Emma, part en vacances dans l’étrange manoir de son oncle, un soir de grève générale, elle découvrira qu’elle est la fille de Paul et que Thérèse a couché avec l’officier SS qui torturait Jacques pour lui faire avouer que Paul était juif.
Coup de cœur !
Les implants mammaires d’Irène ont éclaté, elle raconte la suite avec humour.
Bernard est anorexique, son calvaire va le persuader de passer son baccalauréat.
Karim va gravir une à une les marches qui mènent au pouvoir, il y perdra son âme.
Constance tombera amoureuse d’un vieillard alcoolique, ça finira mal.
Eliette se lamente en vers libres d’être plus niaise que son paternel pas bien malin pourtant.
Amanda fouille l’armoire aux souvenirs, elle découvre un sextoy sans les piles, quelle est sa réaction ?
Bertrand a perdu son épouse partie faire du trekking au Népal, la retrouvera-t-il ?
Sophie est victime d’une série de mini-hallucinations, sont-ce vraiment des hallucinations ?
Arnaud est un petit salopard, est-ce qu’il va changer ou devenir pire encore, une terrible crotte ?
Irène assiste à un dîner d’anniversaire qui va se terminer en pugilat.
Un détective amnésique est chargé par une mystérieuse sourde et muette d’enquêter sur la disparition de l’inconscient.
Le capitaine Lagorce, ancienne victime de la barbarie nazie, deviendra bourreau à son tour en torturant Loucif avec lequel il a grandi dan les faubourgs d’Oran.
Lors d’un séjour à la Villa Médicis, Eric surprend une SDF bulgare (ukrainienne, tamoule) en train de fouiller ses poubelles pour en tirer des installations surprenantes qui la mèneront jusqu’aux galeries branchées de New York.

aujourd’hui, du Covid.

Eloge du mauvais goût, éditions du Rocher, 2011 (épuisé)

25/10/2022

Ce n’est pour l’instant qu’un friselis à la surface de l’étant, pas encore une tendance de fond, mais je remarque que Virginie Despentes crée sa maison d’édition, que Laurent Chalumeau publie Jolène, t’es gouine ? grâce à une plateforme de crowfunding et que, bien sûr, je publie Mille et une reprises sur Internet. Accessoirement, on peut noter que les auteurs en question (désormais éditeurs) étaient tous les trois plus ou moins protégés par Jean Claude Fasquelle, aujourd’hui décédé.
Une différence essentielle, pourtant, la légende vendra des livres papier, Jolène t’es gouine ? est un livre papier, Mille et une reprises est disponible sur le Net et, la maison ne reculant devant aucun sacrifice  en accès libre… en françois véhiculaire : gratos !

Une histoire de France, Joffrine Donnadieu (Gallimard, 2022), ahurissant !

24/10/2022

Valérie Ton Cuong faisait partie de la “Nouvelle génération” publiée chez J’ai lu dans les années 2000, mais que sont devenus :  Renaud Ambite, Karin Bernfeld, Bessora, Valérie Clo, Florent Couao-Zotti, Dominique Cozette, Rochelle Fack, Emmanuel Fille, Tibor Fisher, Claire Frédéric, Denis Lachaud, Fouad Laroui, Pascal Ligari, Jean-Marc Ligny, Patricia Mélo, Francis Mizio, Hélène Monette, Maxime-Olivier Moutier, Corinne Rousset, Minna Sif, Alain Turgeon, Louis-Stéphane Ulysse, Cécile Vargaftig, Alain Wegschneider, etc. ?

Sujet pour un auteur de science-fiction : une Apocalypse survenant alors qu’il fait toujours beau (parce qu’il fait toujours beau) et que tout le monde en est satisfait.
Incipit : “Il faisait beau quand je me suis levé(e). Hier, il faisait déjà beau, inutile de consulter les sites météo, demain, il fera encore beau. Il fait toujours beau. Que ce soit ici ou bien ailleurs, il fait beau. Cela dure maintenant depuis des mois et tout le monde s’en réjouit.”

23/10/2022

Le Goncourt des détenus, les Nuits de la lecture, le Livre sur la place, Agir pour le vivant, Partir en livre, Le Livrodrome, le Livromathon, Mon sac de livres, le Livre sur la vague, etc., etc., etc., toutes ces saletés.

Où je suis, Valérie Tong Cuong (J’ai lu, 2006)… effarant (de nullité) !

Torché Le cœur ne cède pas avant-hier, malgré quelques dégagements amusants sur tout et n’importe quoi (et Philippe Jaenada en guest-star), mon impression générale ne change pas : ce n’est pas seulement ennuyeux (ce n’est pas grave), c’est vain (et un peu creux). Dommage ! Je précise que D aime beaucoup, trouve ça très amusant (elle adore l’agence B More et Penny, l’assistante) et ne partage aucune de mes réserves… 55 ans de mariage ! Tant que nous sommes d’accord sur la cuisson de l’omelette, je n’en ferai pas un sujet de divorce.

Crétin Crétine

22/10/2022

“On connaît l’“argument du singe” souvent avancé dans les débats autour de l’évolution. La probabilité pour qu’un singe, tapant sur le clavier d’une machine à écrire, produise un vers de Shakespeare est infiniment faible – mais non nulle ; la probabilité pour que soit ainsi produite toute une pièce, et a fortiori toute l’œuvre, de Shakespeare, est encore infiniment plus faible – mais toujours non nulle.” Thierry Hoquet, Les biotechnologies ou l’espérance de la mutation (Critique n° 709 – 710, juin – juillet 2006).
En survolant la production romanesque actuelle, toute occupée à produire du même, on peut en déduire que les chances du singe ont nettement augmenté.

Encore un peu de patience, et tout finira mal
                                                               (Catulle)


21/10/2022

“J’ai l’habitude de regarder les choses en face”, Annie Ernaux, la Nobelle fait ce qu’elle veut, mais moi, je les regarde de travers.

Comme quoi…

chaque couillon a sa ruse

Je savais bien que l’intelligence artificielle était pas con


20/10/2022

On pourrait également dire qu’avant “d’enrichir le palmarès”, Emmanuel Carrère s’est enrichi de 50 000 euros (ça tombe bien, il est fauché).

C’est Pinault qui paye…
Château Latour pour tout le monde !

Chez Flammarion

On procède aux derniers réglages du best-seller de Michelle O
avant de s’occuper de celui de Virginie Grimaldi

19/10/2022

Je suis toujours navré lorsqu’un écrivain dont j’ai (beaucoup) aimé un livre (Le dossier M, tome 1) en écrit un moins bon.C’était déjà le cas du tome 2 du dossier M malgré d’excellents passages drôlatiques, mais Le cœur ne cède pas (Flammarion) m’ennuie terriblement (entamé il y a deux mois, j’en suis à la page 749 et je me demande tous les soirs quand ça va bien vouloir venir et s’il ne serait pas préférable que j’arrête les frais).L’effet “bout d’ficelle – selle de ch’val – ch’val de course…”  apparaît comme le moyen économique de tirer à la ligne, mais, surtout, Grégoire Bouillier n’est pas Philippe Jaenada, il a plus de talent(s) que ce dernier, mais il n’a pas son talent. Dommage ! Evidemment,  Bouillier ne semble pas mal placé dans la course aux prix, ce ne serait pas la première fois qu’un auteur se verrait récompensé pour son plus mauvais livre… c’est la vie des lettres qui veut ça, on peut le déplorermais, c’est la vie, si ça peut inciter le public à lire Le dossier M (Tome 1) tant mieux, mais je crois que ce ne sera malheureusement pas le cas.

10/10/2022

Le 20/08, je citais Simon Liberati : “Vouloir du ressemblant c’est déjà abdiquer toute vérité”, avant-hier, j’apprends qu’il vient de publier Performance (Grasset), l’histoire d’un type de son âge (un peu alcoolo et les dents gâtées) parti avec son ex-belle-fille (mannequin anorexique) beaucoup plus jeune que lui… un peu son histoire, quoi !enfin, ça y ressemble drôlement, les protagonistes aussi ; la phrase, elle, est toujours exacte, elle peut servir à d’autres.

08/10/2022

Le jeudi 15 septembre, Libération publiait Deux écrits à la pesée traitant de Voyage au pays des boxeurs de Loïc Wacquant (La Découverte) et de façon très surprenante de Mille et une reprises (éditions ¡anda!). J’avais pas choisi mon adversaire, si je l’avais choisi, je l’aurais choisi meilleur, mais Jake LaMotta m’a appris un truc : il y a des combats qu’il faut perdre si l’on veut gagner le suivant… sans Wacquant, pas de Roux, alors allons-y gaiement ! L’élève de Bourdieu a eu droit aux photos, à deux bons tiers de l’article, et alors ? je n’ai pas à me plaindre pour autant, Mille et une reprises obtient une visibilité à laquelle 90% des livres publiés cet automne n’ont pas eu droit, c’est, indéniablement, une reconnaissance étonnante, presque un exploit.

Je ne m’occupe même pas de savoir si le livre de Wacquant est bon ou mauvais, je m’en fous ! il boxe dans son coin devant son public… qu’il y reste ! je fais mon petit tour sous les lampadaires alors que j’aurais dû rester dans l’ombre.… Youpi !
Tout le monde est content ou plutôt… aurait dû être content.

Celles qui n’étaient pas contentes c’étaient les attachées de presse de La Découverte (ex-Maspéro), ce qu’elles auraient voulu c’est que Loïc Palooka ait droit aux deux pages entières (elles n’auraient pas vu d’un mauvais œil qu’il fasse la couv’), en tous les cas, elles ne voyaient pas très bien ce que je foutais dans le carré de lumière, j’étais qui ? un aptère ! j’étais quoi ? moins que rien ! Quantité négligeable… Est-ce que, au moins, j’étais de gauche ? Je ne sais pas si elles se sont renseignées bien loin et bien longtemps, en tous les cas, le résultat de leurs recherches, si recherches il y eut, ne leur est pas apparu bien conwacqant. En voiture Simone ! elles ont donc eu recours à la bonne vieille méthode stalinienne… la censure franche et loyale, le genre que l’on évite aujourd’hui … quand ça se voit trop, c’est pas bon pour l’image, pour peu que ça se sache, ça peut se retourner contre vous, mais à petite dose, ça se tente et puis, elles n’ont pas pu se retenir, la culture d’entreprise doit y être pour quelque chose ; dans les années gauchistes, “maspériser” désignait tout ce qui se rapportait à ce genre de manigances pas vraiment malhonnêtes, mais presque. Pour leur part, les attachées de presse de La Découverte se sont contentées de déposer le livre de Loïc Palooka sur ce qui, dans l’article, se rapportait à Mille et une reprises. C’est pas bien malin, c’est même un peu con, mais bon ! avec un peu de pot, dans un cercle si étroit, ça peut passer inaperçu, prises la main dans le sac, elles pourront même plaider l’inadvertance… “On l’a pas fait exprès ! c’est tombé comme ça !” Et puis, quand on veut gagner, la méthode importe peu.

Retour à l’envoyeur !
une espèce de “contre”

Comme je n’aime pas – toujours – perdre, j’ajouterai que, même question “reconnaissance symbolique”, Loïc  faisait pas le poids ! En réalité, il aurait même dû être content de servir de faire-valoir à Raoul.

A la pesée déjà…

y avait quand même une grosse différence.

Et tout ça va m’obliger à lire son livre.

07/10/2022

“Un prix de français décerné par des Suédois, vous croyez que ça vaut le coup ?” Marcel Pagnol.

Bourdieu pour les nouilles
Mallarmé pour les autres

Ma mère, en  revanche, qui a quitté l’école à douze ans
pour fabriquer des parapluies à domicile,
a vraiment vengé sa race !
Et en dix lignes.

06/10/2022

Le document est de mauvaise qualité, mais on peut, tout de même y reconnaître un type (mézigue) qui baille derrière un prix Nobel.

Eva Ionesco m’intéresse depuis très longtemps, j’aime beaucoup son compte Instagram, il est parfait dans le genre. En revanche, je viens de lire : Les Enfants de la nuit (Grasset)… épouvantable ! Le problème n’est pas tant que ce livre soit épouvantable, ils sont légion, c’est qu’Instagram soit un “genre” qui ne se transfère pas forcément tel quel et qu’aucun éditeur ne se soit rendu compte que, dans ce cas précis, c’était une fausse bonne idée.

Dossier du Libération d’hier : le monde du cinéma s’inquiète (plus personne va au cinoche ou alors, quatre fois par an, voir des blockbusters), il demande la tenue d’états généraux, je ne vois pas très bien à quoi ils pourraient servir ? A ramener les gens dans les salles ? S’ils sont partis, c’est pas pour revenir. La seule avancée imaginable : l’octroi de subventions ! C’est à dire, cataplasme sur une jambe de bois. Dans quelque temps, le monde du livre demandera la même chose… sans plus de résultats.

Chez Flammarion

On met la dernière main au blockbuster* de Michelle O

* le prochain pourrait être les mémoires du Prince Harry (20 millions de dollars d’à-valoir)

04/10/2022

L’une des raisons pour lesquelles je ne m’aigris pas (maigrir, c’est autre chose), c’est lorsque je compare mon sort à celui que, par exemple, l’édition française réserve à Morley Callaghan. Cela fait des années maintenant que j’essaie de faire traduire That Summer in Paris* et je n’y arrive pas alors que le moindre salsifis Made in USA (le Montana ? Gallmeister ; Manhattan ? L’Olivier…) traduit par une machine a les honneurs des critiques les plus élogieuses. Les retours que j’ai eu sont “emblématiques” de la situation parisienne donc française, certains trouvent ça très bien, mais voudraient savoir si le reste l’est aussi (sic), d’autres ne l’ont visiblement pas lu (le pompon aux établissements Grasset dont le “lecteur” ne s’est pas rendu compte que je leur avais confié une édition universitaire et donc que le dossier pédagogique ne faisait pas partie de l’œuvre !) et ne sont pas décidés à le faire (“Et puis quoi aussi ?”). S’il fallait s’énerver à son propos plus qu’au mien, je conclurais de la sorte : “C’est tous des cons !et les inviterais à aller se faire enculer (c’est ce qu’ils font, mais entre eux) !
Ci-dessous, l’entrée Callaghan in Librairie, à paraître in Le Livre des Mille et une reprises.

* A mon avis, bien supérieur à Paris est une fête

Callaghan (Morley)

« Tant que Morley me fera mal,
je serai son ami. »
Ernest Hemingway

Plus connu pour avoir boxé avec Hemingway que pour ce a qu’il a écrit, Morley Callaghan est ignoré en France où il n’a pas été traduit, et sous-estimé au Canada où il est né ; Edmund Wilson qui le comparait à Tchekov et à Tourgueniev regrettait d’ailleurs le peu de considération dont il était l’objet.
. À la fin des années 20, Morley Callaghan a longtemps séjourné en France, fréquenté La Coupole, Francis Scott Fitzgerald, Le Select, Ernest Hemingway, Le Dôme, James Joyce et La Closerie des lilas. Il a tiré de ce séjour That Summer In Paris (Exile Editions, 1963), même époque, mêmes décors, mêmes personnages que Paris est une fête. Il y revient sur l’épisode qui lui vaut les honneurs de la petite histoire littéraire : il a envoyé Hemingway sur le cul en présence de Fitzgerald et il se montre navré qu’un tel enfantillage ait pu mettre fin à leur amitié.

God save the Roy

“Je suis peut-être une légende vivante,
mais je vous assure que cela
ne m’est d’aucune utilité
si je dois changer un pneu crevé.”

02/10/2022

La critique est unanime

C’est un chef-d’œuvre !

ArtPress n° 503

01/10/2022

Prix Goncourt 2022

Notre correspondant sur place nous informe :
“Ils peuvent tous aller se rhabiller !”

30/09/2022

Mauvaise nouvelle pour Yves Harté, il ne figure pas sur la liste de l’Interallié !

Femme à lunettes, femme à…

C’est bizarre, mais moi je la trouve plutôt sexy Sandrine

un peu moins sans lunettes, mais quand même… sexy !

Ce n’est donc pas Jean-Luc Godard qui a fait la couv’ de l’Obs la semaine dernière (il ne pouvait décemment pas illustrer le “Spécial Immobilier”, l’une des meilleures ventes de l’hebdo). En revanche, il fait celle des Inrocks… l’honneur de la presse est sauf.

Michel Onfray ne sait plus
où il a foutu la dialectique

29/09/2022

Même pas peur

D’après l’ExpressLa vie clandestine de Monica Sabolo aurait été tiré à 30 000 exemplaires, d’après Edistat, il en a été vendu un peu plus de 2 000 (malgré un passage à la Grande librairie… 500 000 spectateurs quand même, dont quelques-uns doivent être motivés). Où sont ceux qui manquent ? chez l’imprimeur ? sur les étagères des libraires ? dans les caves du distributeur ? dans les placards de Monica ? Mystère ! En tous les cas, y en a qui doivent se faire du souci (8 tonnes dans le cornet) et d’autres se frotter les menottes.

Les voies du succès sont impénétrables

28/09/2022

En vue de la rentrée de janvier

Constance Debré a mis le turbo

Quant à moi, j’ai entamé
ma conversion bio

27/09/2022

– C’est du Carrère…
– Ou peut-être du Rolin.
– En tous cas, c’est fade.
– Ça pourrait être de l’Echenoz.
– J’y avais pensé, figurez-vous.
– Pas de goût, c’est pas décisif, non plus.
– Faudrait poivrer.
– Saler aussi.
– En tous cas, c’est sûr, c’est pas très bon
– On peut pas dire ça, non plus… ça n’a pas de goût.
– C’est ça… c’est du Carolinoz !

26/09/2022

Sachant que l’intelligence n’est pas renouvelable et la bêtise souvent bio, mais pas dégradable, combien de livres vont se ramasser à la pelle cet automne ?

TOUS

SAUF
Le Livre des Mille et une reprises

Seuls apparaissent dans les 200 meilleures ventes à ce jour (source Edistat), les livres de : Virginie Despentes (2), Amélie Nothomb (7), Emmanuel Carrère (48), Lola Lafon (70) et Monica Sabolo (126).
Sachant que Monica Sabolo a vendu 2 200 exemplaires depuis la parution de La vie clandestine (en lice pour le Goncourt et le Renaudot) et qu’elle figure aussi sur la liste du Médicis où elle devance d’un souffle Emmanuelle Bayamack Tan (2 187 exemplaires), mais où elle est distancée par Catherine Millet (2 317) et que, pour sa part, Blandine Rinkel a remporté, fin août, le premier prix littéraire de la saison, le Prix… Méduse ! et a – depuis – vendu 2 533 exemplaires de Vers la violence (Fayard), qui gagnera au tirage et qui perdra au grattage ?
Dans la même catégorie “on sait jamais, avec un peu de pot, ça peut claquer à la loterie”, les garçons accusent un certain retard, Grégoire Bouillier est pointé à 1 636, Yves Harté plafonne à moins de 1 000 exemplaires (un seul espoir… l’Interallié !) tandis qu’Anthony Passeron (THE révélation de la rentrée) crée la surprise avec 4 680 exemplaires au compteur et pointe son nez dans les classements.
Pour l’instant, tout ce cirque (Les enfants endormis exclu) ne rembourse pas les frais de (dé)placement… vivement les Prix !

24/09/2022

23/09/2022

Ceux qui ont du courage, mais une bonne assurance.
Les téméraires qui ont un plan B.
Les cons comme mézigue.

Et puis les filles avec des couilles !

21/09/2022

La “déconstruction” serait l’œuvre “d’intellectruelles”… ça se tient.

Moins j’écris, plus c’est le bordel !

20/09/2022

Evidemment !

On ne change pas une équipe qui a gagné
(cf ci-dessous)

19/09/2022

Ah ! quand même…

En vue du prix Renaudot et de ses retombées marchandes, Monica Sabolo garde un œil sur Emma Becker.

On ne sait jamais !

Je ne sais plus où j’ai foutu cette punchline misogyne forcément misogyne : “Si les hommes accouchaient, l’avortement serait discipline olympique.”

Sans doute là…

ou dans le fond du disque dur*

en fait non, sous un autre nom et sur Instagram

18/09/2022

A propos de “On se lève et on se casse !” (cf le 16/09), il suffirait qu’une seule “star” refuse de jouer au Qatar pour sauver l’honneur et, peut-être, fasse réfléchir la communauté des “fans” dont la conscience politique est proche de celle du pangolin.

Coca, no ! Qatar, si !

17/09/2022

Dans le cadre de la collection Ma nuit au musée (Stock), Lola Lafon s’est volontairement enfermée dans l’Annexe, l’endroit (qui se visite !) où Anne Frank a vécu “enfermée” pour de bon. Tout le monde vante la sensibilité de Quand tu écouteras cette chanson, personne, à ma connaissance, n’a fait remarquer l’obscénité de ce choix ; il aurait, peut-être, fallu que Lola Lafon se fasse enfermer dans un baraquement de Bergen-Belsen où Anne Frank est morte pour que la sensibilité des critiques tique et que l’opinion tressaille.
Peut-être – aussi – que je suis un peu chochotte.

“Je n’aime ni admirer ni être admirée, je préfère la notion d’estime”, Irène Papas

Pas mieux !

Good night Irene

16/09/2022

Le problème lorsque l’on est célèbre plus d’un quart d’heure, c’est que l’on vous demande votre avis sur tout et sur n’importe quoi (les incendies dans le Sud-Ouest, la hausse de l’immobilier à Mirande, la gestion du covid long en Lozère, l’arrêt de la carrière de Serge Lama, l’invasion des ronds-points, le kouign-amann allégé) et que vous avez tendance à savoir ou tout au moins à professer une “opinion” sur ces sujets auxquels vous ne connaissez pas beaucoup plus que les piliers de comptoir, c’est-à-dire que dalle !

Vive le beurre !

C’est ce qui arrive en ce moment à cette pauvre Virginie Despentes, interrogée par le magazine So Foot, elle se réjouit – certes – que la balle au pied soit davantage pratiquée que la main au panier, surtout par les “gouines”. J’approuve de la braguette, je la suivrai un peu moins sur son abasourdissante dénonciation de l’obscène Coupe du monde au Qatar dont elle semble ignorer (elle serait, sinon, décontenancée encore davantage) qu’il est le premier actionnaire du groupe Hachette (Grasset, Fayard, Stock, Lattès, Calmann-Lévy, le Livre de poche, etc) dont il paraîtrait qu’il vend beaucoup de ses livres.

Alors ?

On se lève et on se casse ?

Cette semaine, dans Le Point, interview exclusive de l’émir du Qatar : la couv’ + 10 pages.
Comme les deux journalistes (Luc de Barochez & Etienne Gernelle) qui l’interrogent sont du genre agressif, vers la fin de l’entretien,
ils interrompent Tamim bin Ahmad Al Thani pour lui demander ce qu’il en est de cette histoire de chantier mortifère.
Le type se dégonfle pas : tout va bien désormais (Tu m’étonnes John ! les travaux achevés, les cadavres enterrés),
il est maintenant interdit de faire subir des mauvais traitements aux ouvriers (les femmes de ménage, on verra plus tard).
Quant à ceux qui continuent à remettre le sujet sur le tapis volant,
ils font partie d’une seconde catégorie de critiques (la première étant composée de ceux qui ne le sont pas) :
“celles qui se poursuivent quoi que nous fassions. Ce sont des gens qui n’acceptent pas qu’un pays arabe musulman
comme le Qatar accueille la Coupe du Monde. Ceux-là trouveront n’importe quel prétexte (6 500 cadavres par exemple) pour nous dénigrer”.
Emballé c’est pesé ! Passez Muscade ! Circulez, il n’y a rien à voir ! Le syndicat d’initiative… L’attaché de presse… Les mille et une nuits…

15/09/2022

Essayé, essayé vraiment de regarder (en différé) le premier numéro de La Grande Librairie, j’ai tenu dix minutes… mais qui sont ces gens ? et qui peut écouter ce qu’ils ont à dire sans casser le poste ou bien s’endormir ?

L’esclave libre de Robert Penn Warren, c’est un peu Angélique chez les Confédérés. Déception.

14/09/2022

La mort de Godard, c’est la couv’ toute trouvée de l’Obs pour peu que Brigitte Bardot ne casse pas sa pipe !

13/09/2022

Un ami m’a conseillé cet article paru dans le  dernier numéro de M, le magazine du Monde.
Très intéressant, lorsque je dis la même chose, on m’accuse d’être hystérique, en l’occurrence, je ne le suis pas vraiment, plutôt modéré même. Les chiffres sont effarants, la SODIS “récupère” 42 229 tonnes d’invendus par an auxquels il faut  ajouter ceux des autres distributeurs (la SODIS n’étant que la troisième entreprise du secteur).
Ce qui demanderait à être précisé, c’est la destination de tout ces rebuts, en effet, 5% seraient “réintégrés” dans le circuit (soldes, etc., je suppose) et 13,2% iraient au pilon. Quid des 81,8% restants ?
Plus intéressant encore si l’on fait un peu d’arithmétique de base, s’il faut 500 litres d’eau pour produire un kilo de papier, cela signifie que, rien que pour les bouquins récupérés par la SODIS (42 229 000 kilos), il a été dépensé 42 229 000 X 500 = 21.114.500.000 litres d’eau ! C’est à dire : 
21.114.500 mètres cube, pour donner une idée, un foyer français consommant environ 120 mètres cube/an, c’est l’équivalent du dixième de la consommation annuelle de Paris.
De quoi faire réfléchir à deux fois, je le suppose, tous les écologistes convaincus voulant publier, chez des éditeurs dont l’actionnaire principal est le Qatar où il pleut peu, des ouvrages dénonçant le gaspillage et appelant aux vertus de la décroissance…

Si l’on remonte vers l’amont, il est paru 500 livres à la rentrée dite “littéraire”, tirés à 2 000 exemplaires (à la louche) et pesant 350 grammes chacun (en moyenne), on obtient donc une masse de : 500 X 2 000 X 350 = 350.000.000 grammes… soit 350 tonnes de merde (ça fait peu comparé aux chiffres avancés par l’article… j’ai dû me planter dans les zéros) !
350 tonnes qu’il sera, de toutes les manières, difficile d’évacuer dans la mesure, où (exemple tiré au hasard) un livre comme La main sur le cœur d’Yves Harté (Le cherche-midi éditeur) ayant obtenu une plutôt bonne presse (l’Obsle Masque et la plumeLe MondeLireSud-Ouest-Dimanche, etc) s’est vendu à ce jour à 509 exemplaires !

12/09/2022

En classant la “bibliothèque” de la grange, j’ai trouvé Eureka Street de McLiam Wilson (Christian Bourgois) que je n’avais pas lu, j’entendais dire partout que c’était un chef-d’œuvre… mouais ! C’est sympa, quelquefois drôle, mais c’est aussi très convenu, on sait ce qui va se passer 20 pages avant que ça se passe, les situations ne sont pas très crédibles, les personnages réduits à des silhouettes, les ficelles épaisses comme des cordes, politiquement, je ne peux pas juger si c’est très affuté ou plutôt épais comme du Bayrou (la violence, c’est mal ! si tous les gars du monde, etc. J’en parle à l’aise, j’ai jamais foutu les pieds à Belfast). Bon, bref, c’est pas un chef-d’œuvre, mais ça passe le temps agréablement, ce qui n’est déjà pas si mal.
Le type est joli garçon, il a l’air très sympa, ce qui ne peut pas nuire, j’ai failli choisir de titrer L’Hiver indien “Les Dépossédés” (mais je pensais à Fiodor D, pas à lui)… voilà !

11/09/2022

TWIN POWER

10/09/2022

Bobby Sands
(1954 – 1981)

En ces temps d’effarante queenmania, je tiens à clarifier mes positions à ce propos : la seule Windsor qui vaille considération à mes yeux (comme la Princesse Margaret, toxicomane et nymphomane, en son temps), c’est la Princesse Anne, la seule capable de chanter Flowers of Scotlandd’encourager les Écossais (putain, le galure et la redingote !), la seule à avoir des couilles (Charles, pédé ! les rejetons, tapettes !).

Des couilles, et en prime :

une sacrée paire de nichons !

09/09/2022

Voir une palanquée de médiacrates s’indigner de se voir désignés comme les VRP de ce qu’ils sont en train de vendre (avec pas mal de retard d’ailleurs) est un spectacle grandiose.


Soupçonner ceux qui n’aiment pas la came qu’ils fourguent de ne pas l’avoir avalée voudrait-il dire qu’il est interdit d’être d’un avis différent, cela sans compter que ceux qui la vantent (vendent), ne l’ont, peut-être, même pas goûtée du bout des lèvres ?

Balmoral 06/09/2022

Les bibliothèques/médiathèques désherbent (comme ils disent)… bien ! Je demande à l’une des employées (je la dérange un brin, je compatis, elle a deux cagettes-plastique à transférer d’un point à un autre distant de trois mètres pour un salaire de merde) quels sont les critères de mise au rebut… ils ne sont pas/plus empruntés (pourquoi les avoir achetés ?), ils sont sales (pourquoi ne pas les nettoyer ?), y a plus de place (qu’ils en fassent !). Je ne vais pas me lancer dans un débat sans queue ni tête, mais je trouve assez absurde de mettre en vente des livres que personne n’emprunte gratos, pourquoi ne pas carrément les dispatcher dans les boîtes à livres où ils ne seront pas lus davantage, mais où ils auront au moins une chance de l’être.
C’est moins drôle, mais je déduis de tout ça que les bibliothèques ne sont plus que très vaguement patrimoniales (Gombrowicz et Nabokov, par exemple, sont introuvables dans l’établissement que je fréquente alors que l’écume des rentrées littéraires est assez bien représentée ; qu’elles fonctionnent comme des librairies… qu’elles ne se distinguent en rien des structures commerciales et – pire – de la logique culturelle marchande. Je ne me faisais pas trop d’illusions à leur sujet, mais je vérifie et je m’attriste.

Nabokov, ça commence par N, bourrique !

08/09/2022

Secret de Polichinelle, la littérature ne se vend pas, Nelly Kaprielian (des Inrockuptibles) constate (in Les Inrockuptibles) que les livres qu’ils aiment (aux Inrockuptibles) sont de plus en plus souvent écrits par des femmes.
Ce qui est surprenant c’est que Nelly Kaprielian (des Inrockuptibles) ne voie pas le rapport.

MEN IN BLACK

Rien dans les mains.
Rien dans les poches.
La meuf au turbin !

Punk is not dead (PIND), groupe de recherche sur l’histoire du punk est financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR)

Je graffe sous sub’ !

03/09/2022

Onze pleines pages de L’Obs + la couv’,
c’est, peut-être, un peu juste pour écrabouiller la concurrence*.

* Grégoire Bouillier, par exemple…

Et toujours rien à la télévision

C’est vrai que, une fois imprimé,
ça peut faire peur aux peureux

Combat de rentrée
(d’ordinaire facile)

Mille et une reprises (éditions ¡ anda !)
vs
Le Dictionnaire du corps (CNRS éditions)
149 auteurs, 500 pages, 200 articles, 12 €

Toujours rien à la télévision

On prend les mêmes et l’on recommence

Changeons la forme pour ne pas changer le fond

02/09/2022

Earnie Shavers
(1944 – 2022)

RIP

« Si quelqu’un frappe plus fort que Shavers, je le flingue ! »
Tex Cobb
.
« Seul Dieu frappe plus que moi. »
Earnie Shavers

Reconnu à l’unanimité de ses adversaires comme le plus gros frappeur de tous les temps. « Il frappe si fort qu’il a renvoyé ma famille en Afrique ! » (Muhammad Ali) ; « Être frappé par Tyson, c’est être frappé par une Ferrari, être frappé par Shavers, c’est être frappé par un Mack (Larry Holmes) ; « Il frappe plus que Foreman ! » (Ron Lyle) ; « Il frappe si fort qu’il peut transformer de la pisse d’âne en kérosène » (James Tillis). Jerry Izenberg a résumé l’avis général :  « Shavers est le genre de type qui peut vous casser une cheville en vous serrant la main ».
.           « The Acorn » comptabilise 68 victoires avant la limite (dont 23 au premier round) sur les 74 qu’il a remportées. Il faudra que le public attende son quarantième combat pour voir l’un de ses adversaires (Vicente Rondon) terminer debout. Beaucoup d’entre eux ont arrêté les frais après avoir rencontré le « Black Destroyer » et Muhammad Ali aurait été bien inspiré de le faire.
            Shavers a disputé deux championnats du monde qu’il a perdus, le premier contre « The Greatest » qui, de l’avis de beaucoup, a été déclaré vainqueur ce soir-là parce qu’il s’appelait Muhammad Ali, le deuxième contre Larry Holmes, qu’il a perdu avant la limite non sans avoir expédié le champion au tapis sur une des droites les plus fantastiques de l’histoire (à se demander comment Holmes a pu se relever)…
.           « J’aimais beaucoup Earnie, il a travaillé dur pour y arriver, il a ramassé le coton, il a travaillé pour les chemins de fer, il a travaillé à la chaîne chez General Motors… au septième, j’ai vu qu’il était crevé. Franchement, ça servait à quoi de le laisser continuer… qu’on lui laisse prendre ses 300 000 dollars et qu’on le laisse rentrer à la maison ! Je lui dis : “Arrête les frais, Earnie… t’en prends trop !” et là, je vois un éclair… j’étais au tapis en train d’essayer de me relever ! »
            Sylvester Stallone voulait l’engager pour tenir le rôle de Clubber Lang dans Rocky 3. En guise d’audition, les deux hommes ont mis les gants, Earnie – sympa – y allait cool, Sly – crétin – l’encourageait à y aller pour de bon : « Vas-y, montre un peu ce que tu as dans les mains ! » Le « Black Destroyer » a fini par appuyer un peu… « Je lui en ai collé une là où les boxeurs ont le foie… je suppose que les acteurs l’ont au même endroit ». Sûrement… Sly est parti vomir tripes et boyaux (peut-être même un morceau de son foie) dans les toilettes. « Je suppose que c’était une audition et que je l’ai foirée », a conclu Shavers, philosophe.
            Il fera une brève réapparition au début des années 90, inspiré sans doute par le come-back réussi de George Foreman, mais surtout attiré par l’odeur de la montagne de dollars qu’il pourrait se faire si la rencontre avec Big George avait pu être organisée (« Alors, c’est qui qui frappe le plus ? »), avant de perdre son dernier combat contre Brian Yates par K.-O. à la deuxième reprise.
.           – Ils m’ont dit que c’était une chèvre, mais ils ont oublié de le prévenir.
            En vérité, Brian Yates était vraiment une chèvre, il perdra 70 des 78 combats qu’il disputera ensuite. « The Black Destroyer » souffrait de ce terrible défaut des puncheurs, il était fragile, tout cela sans compter qu’il avait cinquante ans, et qu’à cet âge on l’est davantage encore.
            « The Acorn », marié cinq fois, neuf enfants, douze petits-enfants, a tout perdu ou à peu près : son argent, sa Rolls-Royce, sa maison, son réseau de filles d’un soir, mais opéré assez tôt et avec succès d’un décollement de la rétine, Earnie Shavers est plutôt en bonne forme.
.           Il vit à Moreton, dans la banlieue de Liverpool où il est pasteur de l’église évangéliste du coin.

Cache-toi vieillard !

Crève salope !

Franchement, qu’est-ce que vous voulez faire contre ces Lola, Chloé, Séverine, Tanguy, Daphné, Vinciane, Delphine, Izé, Isolde, Oscar, Corentin, Basile, Emeline, Emilie, Jean-Emmanuel, Emmanuèle, Pacôme, François-Henri, Olivia, Tiphaine, Blandine, Jocelyn, Félicité, Colin, Julie, Oriane, Pauline, Mimosa, Hadrien, Bérangère, Joffrine, Tristan, Nicolas, Mathieu, Maylis, Lilyane, Alexandrine, Alexandra ?

Manuscrit James Joyce

Le problème, c’est quand même tous ces personnages qui parlent comme l’auteur.

Différents mais semblables

01/09/2022

Être écrivain(e) aujourd’hui, c’est pas de la tarte, si l’on n’a pas été violé(e), au moins une fois, par un tonton saligaud (celui qui fume des cigarillos), c’est pas la peine de rêver, même si l’on est cousin(e) germain(e) d’un(e) directeur (trice) de collection. Et encore, il y a des degrés dans l’infamie prostitutionnelle, ainsi, moi-même (tous les défauts possibles & imaginables : 75 ans, blanc, de sexe masculin, hétérosexuel, j’en passe et des meilleures), si je déclarais que j’avais été violé par mon oncle Asperger, de comportement zoophile, accessoirement équipé d’un micro-kiki, je ne pense pas que je serais considéré comme écrivain pour autant.

31/08/2022

Manuscrit Marguerite Duras

26/08/2022

Sale type, fort avec les faibles, faible avec les forts, arbitre des élégances plouc, Nourissier de sous-préfecture, j’écrivais une littérature sans couilles et sans menton, perpétuellement flanqué d’un nain de cour, j’errais dans la fosse commune de l’oubli, il me fallait un tombeau. Qui suis-je ?

Le Callas & La Pasolini

25/08/2022

Je déboise plus, mais je dégoise toujours autant.

Ce qui serait intéressant c’est d’adresser aux critiques les livres sans nom d’auteur, comme les dégustations de vins à l’aveugle, cela réserverait quelques jolies surprises.

À l’heure de la « rentrée », les critiques ont lu 5% de la production, si l’on y ajoute les 5% des « coups de cœur » des libraires (souvent les mêmes), cela détermine assez précisément le pourcentage d’ouvrages qui finiront au pilon.
Et si l’édition n’était qu’une branche (négligeable) de l’industrie de la pâte à papier derrière les emballages de biscuits secs et les posologies d’anti-dépresseurs ? Cela ramènerait tout ce bastringue à de plus justes proportions.

Manuscrit Pierre Guyotat

21/08/2022

« Le chapitre réservé aux femmes nous a amenés, entre autres, à cette curieuse découverte sémantique que dire d’une femme « c’est une crétine » n’a pas, mystérieusement, la même signification globale et irrévocable que dire d’un homme « c’est un crétin ». C’est peut-être que les femmes bien plus intéressées aux histoires particulières qu’à l’Histoire avec majuscule, se sont moins laissées prendre au rythme abêtissant du Progrès », préface de La prédominance du crétin (Fruttero & Lucentini, arléa, 1988), toujours aussi amusant à la relecture, mais que le « progrès » a non seulement réalisé, mais aussi dépassé.

GO GIRL ! GO !

« Pour définir les imbéciles, qui n’étaient certainement pas plus rares en ces temps-là, les vieux Piémontais utilisaient un vivace assemblage de mots ; celui-ci, disaient-ils, c’est une fiera ciula, un fier connard. Ou « fier » signifiant « considérable », « exceptionnel », « admirable dans son genre », selon les définitions du dictionnaire de Tommaseo. Personne ne pouvait imaginer qu’avec le temps allait croître une variété de ciula, de connard, littéralement, impudiquement, désastreusement fier de l’être. » Fruttero & Lucentini toujours, toujours in La prédominance du crétin.

20/08/2022

« Vouloir du ressemblant c’est déjà abdiquer toute vérité », Simon Liberati

« Quiconque travaillera autant que moi fera aussi bien », Jean-Sébastien Bach

Primo-romancière dans l’attente
de son quart-de-page de gloire

19/08/2022

La fiabilité des algorithmes remise en cause…

en fait, les libraires pataugent

18/08/2022

La rentrée, c’est déjà mort
et presque enterré

Les éditions ¡anda!
font chauffer la colle

17/08/2022

Hier, c’était l’anniversaire de la mort d’Elvis Presley et celui de la naissance de Charles Bukowski ; aujourd’hui, Cher connard paraît, et je me demande quel éditeur courageux (Olivier Nora, peut-être…) consentirait à publier un livre intitulé : « Chère connasse » ?

Que l’on peut résumer ainsi :

connard, oui – connasse, non !

« Quant à la boxe, là c’est un monde dingue, superbe. 
Si en plus tu es quelqu’un qui écrit, tôt ou tard, tu y viens.« 
Alessandro Barrico

ENFIN !

Le livre des Mille et une reprises, mode d’emploi : cliquez sur les lettres : A – B ou C ainsi que sur les rubriques Bibliographie et/ou Cinoche

https://fredericroux.fr/anda/le-livre-des-mille-et-une-reprises/

Et n’oubliez pas !

« Roland Barthes a bien évoqué le plaisir de l’écriture en fragments, plaisir perpétuel, et que l’on espère contagieux, de multiplier les débuts et les fins, de commencer ici, de s’interrompre quelque part et de reprendre ailleurs, d’ouvrir et de fermer sans cesse les vannes de l’écriture, sans mesurer d’avance l’espace qu’on lui accorde et la respiration qu’elle impose. Par rapport à ce premier parti de fragmentation, le choix supplémentaire de l’ordre alphabétique comporte un inconvénient dont il m’est arrivé de souffrir : celui d’imposer une adresse, et donc un semblant de titre à un élément qui aurait préféré s’en passer. Mais, comme l’ont illustré entre autres Pierre Bayle, Voltaire ou les auteurs de l’Encyclopédie, l’avantage de la fragmentation en abécédaire d’un propos qui ne se soumet pas non plus à la finalité didactique du dictionnaire, c’est d’embarquer le lecteur dans un parcours en zigzag qui tient moins du sentier balisé que du labyrinthe, du jeu de piste à leurres et à pièges et du billard à trois ou quatre bandes. »

Gérard Genette (Bardadrac)

         © Steve Shapiro

15/08/2022

Je crois que Bret Easton Ellis a beaucoup écouté Joan Didion écrire.

Relu Mauvais joueurs (Grasset, 2018) réédition de Marie avec et sans rien (Julliard, 1973/Robert Laffont, 2007) ; la traduction de Jean Rosenthal est plutôt bonne avec des détails curieux : « Cadillac l’Eldorado » au lieu de Cadillac Eldorado, « Les Sands », « César’s », « disques Capitol », ainsi de suite. À croire qu’en culture américaine, il n’y connaît que pouic.

Le personnel de Flammarion fête l’arrivée
de Sophie de Closets au Bourget

Alors que Karima Hocine s’est retrouvée
bloquée au détecteur de métaux

Depuis  sa mort, j’entends tellement de dithyrambes à propos d’Eric Holder qu’il me tarde de passer l’arme à gauche pour avoir droit aux mêmes.

Un ami m’a dit que j’étais le pire ennemi de ce que j’écrivais, je suis assez d’accord avec lui.

14/08/2022

Le cycle vertueux est amorcé, rentrée littéraire d’automne : 490 titres annoncés, c’est à dire 450 au pilon direct et Virginie Despentes qui kidnappe la bourriche.

Nice job !

Je me souviens d’un ancien article de Bernard Pivot dans le Figaro littéraire, il se plaignait du déluge de livres publiés à l’automne… 150  ! C’était, il est vrai, il y a un demi-siècle. Comme, depuis, les lecteurs ont disparu, il est logique d’en publier trois fois plus à l’usage de celles qui s’acharnent (enseignantes à la retraite pour la plupart).

11/08/2022

Quelques voix se font jour au sein du Fémina :
le temps des livres serait-il dépassé ?

Ce n’est pourtant pas la faute des nouvelles venues

Anne Akrich (Gallimard) a déclaré au Monde des livres : « C’est épuisant de passer trois ans, comme je l’ai fait pour Le Sexe des femmes, à se regarder*« .
Je la comprends, je viens de passer le double, essentiellement avec des brutes et des abrutis, et je me sens un brin courbatu.

* se regarder quoi ? C’est une autre question.

08/08/2022

« Le froid a lâché ses cheveux dans le vent », Sylvain Tesson.

« Grenoble, l’une des villes les plus saccagées depuis des décennies », Juan Asensio.

29/07/2022

Extraordinaire effet Vache qui rit, le « biopic »  de Netflix sur la vie de Marilyn Monroe est écrit d’après Blonde de Joyce Carol Oates ! Blonde est un livre extraordinaire, le biopic semble d’un tarte achevé… ça ressemble comme on dit, ce qui n’a strictement aucun intérêt.

Certains me demandent à qui s’adresse Le livre des Mille et une reprises. La réponse ci-dessous.

Et ça fait du monde

28/07/2022

« Ce serait une erreur considérable que de chercher dans ces pages un traité relatif aux pratiques du bouddhisme zen orthodoxe. »
Ne pas y chercher davantage « les éléments d’un ouvrage sérieusement documenté sur les motocyclettes. »

Robert M. Pirsig
à propos du Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes.

Incipit pour roman noir « woke » à destination d’une clientèle principalement (pour ne pas dire exclusivement) féminine : « On savait de suite que ce qu’elle savait le mieux faire, c’était tailler des pipes, ce n’est pas pour ça qu’elle aimait être abordée sans ménagement. »

Fuck You All !

27/07/2022

¡ANDA!

Encore une critique littéraire foudroyée à la lecture du
Livre des Mille et une reprises

24/07/2022

La suppression de la taxe (faussement) dite de la redevance sur l’audiovisuel me semble une victoire beaucoup plus importante des Bolloré & consorts que les chamailleries « éditoriales » tournant (pour l’instant) au désavantage médiatique du « milliardaire breton ».

22/07/2022

On peut toujours mener un cheval à la rivière,
mais on ne peut pas l’obliger à admirer la vue.
                                                             Norman Rush

13/07/2022

Feuilleté Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu (Actes Sud), c’est de la littérature jeunesse mise à la portée des adultes avec quelques fines notations behavioristes pour espanter les amateurs de poésie scolaire (niveau CE 1) : « un rire encombré », « une voix grumeleuse », des « seins involontaires », « un abcès de vent et d’éclairs », « des tressaillements circonflexes », « des gamines aérodynamiques », « une voix de basse inductive et ourlée » et des images fulgurantes : « Antony se sentait enfermé dehors » tandis que son « scooter émit une plainte nasale » et qu’avec ses potes « ils s’adonnèrent à de significatives poignées de main ».
Dans ces conditions, le Goncourt semblait inévitable.

02/07/2022

S’est tenu récemment un « parc d’attractions » littéraire avec karaoké, voyant et même des livres, le journaliste (de France Culture) qui en rendait compte trouvait l’initiative « rassurante ».
« C’est son droit » comme disait ma grand-mère qui, pour une bonne espagnole n’ayant jamais été à l’école, était très démocrate.

Et toujours rien à la télé

01/07/2022

On attend toujours que les éditions Hachette publient un livre sur la Coupe du monde de football 2022. Peut-être faut-il attendre que Bolloré, l’ennemi liberticide breton de la diversité, prenne le manche !

Pour se rincer la bouche et se changer les idées, les éditions ¡ anda ! mettront prochainement en ligne (gratos) P.-S. publié par les éditions Gallimard à la suite de Lèveton gauche ! (1995).

¡ Anda !

« Vite, c’est bien, juste, c’est mieux ! »
(Wyatt Earp)

Pour se laisser aller à l’autocélébration, la chronique consacrée par Antoine Faure aux deux livres ci-dessous sur son blog 130 livres.
En librairie, il faut les demander un peu comme l’on demandait du beurre à un épicier pendant la guerre, mais il n’est pas interdit de tenter le coup.

« C’est super Fréjus, 40° C, 10 000 moustiques et des nuées de réacs », Claro.

30/06/2022

Il faudrait un réanimateur au chevet de la littérature, on lui propose d’aller chez le pharmacien ! Un peu comme si, pour soulager un cancer de la gorge, l’on proposait des pastilles Valda aux valétudinaires.
Le résultat peut faire penser aux éditions Derrière la salle de bains dans un emballage plus vulgaire, tout cela sans compter que Marie-Laure Dagoit publie de la littérature ; ni Sthers – ni Foenkinos – ni Beigbeder – ni Dombasle & Cie, mais Tosches – Dalton – Vaché – Crevel & (princes) consorts.

Comme soins palliatifs, on peut trouver mieux

29/06/2022

Véronique Ovaldé a obtenu le Prix France Culture/Télérama 2009 pour Véra Candida (L’Olivier) en lieu et place de L’hiver indien (Grasset), elle donne, désormais, des cours en ligne sur l’édition

C’est normal Brigitte !

28/06/2022

Curieux de constater que les nostalgiques du « livre-papier » ne  lisent quasiment plus que sur écran.

27/06/2022

Si j’étais un auteur Minuit (ou POL ou Verticales), je proposerais à mon éditeur un livre intitulé L’îlot central.

Le feuilleton Bolloré/Hachette/Editis/deClosets/Sarkozy/Lagardère/Saporta est, certes, passionnant (un peu long peut-être), mais il a tendance à tourner en rond dans la casserole au risque d’attacher au fond, tout cela sans compter qu’il n’est qu’un leurre.
À qui va-t-on faire croire que le « milliardaire breton » va bouleverser le monde de l’édition ? Il va le droitiser comme TOUT se droitise, y faire régner l’ordre nouveau que la situation exige.
On ne peut pas dire que les « auteurs » qui fuient Fayard soient incompatibles avec Bolloré, le Quatar ou n’importe quel fonds de pension, serait-il bizarre (l’Université de Cornell n’est-elle pas actionnaire de Pornhub et de Youporn) ; Attali, Grimaldi sont compatibles avec TOUT, quant aux journalistes de soi-disant investigation (et leurs indics mieux raqués que la plupart des auteurs) fabriquant des best-sellers de 300 pages avec ce qui pourrait tenir en dix feuillets, ils iront où on leur offrira le plus gros à-valoir ; les managers et les DRH, pour leur part, négocieront des salaires plus élevés à l’occasion de chacun de leur transfert (chaises musicales – coussin péteur)… point-barre ! La reconfiguration terminée, tout repartira comme en 14.
L’édition comme négoce se cassera la gueule pour d’autres raisons que tout le monde se refuse d’examiner alors que chacun les connaît : aucun produit dont la demande s’amenuise ne peut survivre à une augmentation de l’offre, c’est la réalité du marché.
« Après nous le déluge ! Profiteroles à gogo ! Champomy pour tout le monde ! »

Les loups – sournois –
ne se mangent pas entre eux.

26/06/2022

De retour de l’altitude partagée avec mes amies les vaches, je suis retombé – à peine la plaine atteinte – dans le casuel, dans le vulgaire… le tapioca !Terrible scandale : les candidats du baccalauréat français ont eu droit à un texte de Sylvie Germain, comme ils n’y ont rien compris, ils ont pourri l’auteur grâce à leur gidouille portable.
J’ai lu le texte, j’ai parcouru les messages touités, je les ai trouvés plutôt marrants, en tous les cas… vivants alors que le texte de Sylvie Germain parle d’un monde qui n’existe plus dans une langue morte.
Au fait, si les lycéens d’aujourd’hui ne peuvent pas comprendre un texte d’avant-hier, c’est la faute à qui ? à pas de chance ? (« Putain ! pas de pot, j’suis tombé sur Baudelaire ! » pouvait-on entendre il y a 50 ans, au sortir des épreuves de français) ; aux profs ? aux parents ? aux smartphones ? au con qui a choisi ce texte au lieu d’un chef d’œuvre signé Daniel Picouly ? aux conditions post-modernes de la représentation ?
Je crois, surtout, que les auteurs d’un soi-disant cyber-harcèlement ont choisi de faire les malins (ils le sont et la connerie peut être drôle) avant de se rabattre sur les autres sujets proposés… personnellement, c’est ce que j’aurais fait (en 1966).

Et nous, on nage !

16/06/2022

Il n’y a pas si longtemps l’Académie française, c’était la honte (un peu comme la Légion d’honneur) et les académiciens considérés comme les occupants d’une espèce d’EHPAD grotesque, il semblerait que, désormais, ce soit la gloire et que les meilleurs (Ruffin, Makine, Lambron, Orsenna, Fernandez, Maalouf, Sallenave & compagnie)s’y bousculent. J’éviterai les glapissements hystériques (Cadavres ! Cadavres !) pour en rester aux définitions de l’adjectif académique : « Propre à une académie, Style académique, où l’art se fait trop sentir. Pose académique, prétentieuse », Petit Larousse Illustré (1906).

Ou bien sous-louer des friches désertes
Ou bien squatter des boulevards périphériques
Ou bien décorer des intelligences négligées,
des principautés ignorées,
la vacuité des no man’s land
Ou bien stationner sur des parkings délaissés

Ou bien épater des académistes veules
Ou bien… ou bien… ou bien…
Ou mal, peut-être !
Faire des phrases, surtout, comme les marins d’Audiard
(souvenons du sort que leur réservait Lino Ventura).

15/06/2022

Parcouru Monument national de Julia Deck (Minuit, 2022), prix Jean Freustié, en fait, j’ai compris : ce n’est pas mal écrit (en fait, si et pas qu’un peu, on a quand même droit à un « sourire démantibulé », à une porte qui se ferme « avec un claquement décisif », aux fumées qui « s’élevaient en panaches bleus sur le sable de l’allée » tandis qu’au sol « prospéraient la poussière et les insectes morts »), c’est drôle ! mais de la drôlerie de Les Nuls, le genre de drôlerie que je ne trouve pas drôle.
Chacun son sale goût comme disait ma grand-mère.

80% des lecteurs sont des lectrices, 80% des salariés de l’édition sont des salariées, 20 livres = 80% des livres vendus (source Claro).
La pyramide tient sur la pointe.

Y a le feu au lac !

Karina Hocine abrège ses vacances.

14/06/2022

J’ai feuilleté la publication ci-dessous au Carrefour de Saint-Lary, une queue considérable s’était formée derrière moi, ils étaient une palanquée d’indigènes pyrénéens piaffant d’impatience à l’idée d’enfin savoir comment il fallait procéder pour voir leur journal de confinement sous la neige publié. Je n’ai donc pas pu élaguer le marronnier à fond, mais j’ai parcouru une interview de Juliette Joste, employée des établissements Grasset (mais ça aurait pu être n’importe quel autre éditeur de n’importe quelle maison), avant de me faire lyncher par celles et ceux qui trépignaient. Lorsque Juliliette reçoit un manuscrit (par la Poste, évidemment, par la Poste presque toujours !), ce qui la captive d’entrée c’est la voix, la voix originale, celle d’Isabelle Carré par exemple ou bien celle d’Émilie Colombani à moins que ce soit celle de Clémentine Autain.
Ce qui est terrible ce n’est pas que Juliette Joste (n’importe qui travaillant n’importe où) raconte des conneries, celles que croient les benêts (même pas sûr d’ailleurs !), mais qu’elle renchérisse par ce qu’elle sait être un mensonge sur une supercherie générale falsifiant le langage à la base jusqu’à ce que les mots ne veuillent plus rien dire. La politique en est morte, l’édition en crève.

13/06/2022

Le week-end dernier avait lieu à Paris le Festival Mot pour motsEntre autres initiatives, on pouvait passer un quart d’heure « avec son autrice ou auteur favori » (un coup vite fait entre deux portes) et Folio vous proposait « un conseil personnalisé en fonction de vos goûts de lecture avec un professionnel du livre. »

Dans un genre pas très éloigné, j’ai eu connaissance d’un Cyclo-Biblio Tour ! Cette initiative finlandaise est censée faire découvrir les bibliothèques et les bibliothécaires aux populations accourues au bord des routes (en shorts, Crocs et bobs) !

Ça s’enlise !

Je crois que je vais avoir du mal !

12/06/2022

Chez Hachette, ça va catcher !

Bolloré a engagé de
nouveaux éditeurs

11/06/2022

la concurrence fait rage

10/06/2022

Ça fait longtemps que j’ai constaté que les « éditeurs » sont en réalité, les « écrivains » ; ça se confirme, d’après des lettres plus ou moins confidentielles, Sophie de Closets va publier chez Gallimard son « très vaste carnet d’adresses »… en plusieurs tomes, je suppose.

Sérieusement, ce qui sera intéressant à suivre, si elle a lieu, c’est la bagarre Closets vs Hocine. Les paris sont ouverts (enfin, pas encore, mais il me tarde).

07/06/2022

Ecrire moins, c’est lire davantage avec quelquefois d’heureuses surprises, Robert Penn Warren bien sûr et puis tout récemment Accouplement de Norman Rush (malgré d’inévitables tunnels d’ennui et quelques embardées kitsch)… quant aux dernières pages, elles sont épouvantablement chiantes.

Jamais à l’abri

28/05/2022

HAIKU DU WEEK-END

Le requin rôde

Andy aspire

Tout roule

27/05/2022

Quelques lignes, quelquefois, suffisent à déclencher des réactions multiples et souvent croisées : toux, palpitations, essoufflement, tachycardie, transpiration excessive, céphalées, baisse de la libido, démangeaisons, rougeurs. Cela aurait pu être le cas de cette information passée trop inaperçue : « Patti Smith a été décorée de la Légion d’honneur », mais l’organisme post-moderne est habitué à ce genre de distribution diplomatique (les Américains sont de grands enfants, ils adorent les décorations et les régouins) ; il y a eu pire récipiendaire (Orlan ! Orlan !)… alors, whynot. En revanche, qu’un artiste s’en félicite et qualifie Patti Smith d’immenserimbaldienne, on en a les amygdales qui verdoient et les hémorroïdes qui poudroient !

Et bientôt… Lady Gaga, cette surréaliste de la première heure !

24/05/2022

Back is back (24/02 au 09/05/2004) Mamco Genève

De Grasset à Grasset, j’en ai même fait une œuvre (cf le 20/05)

23/05/2022

Only the lonely

Quelle coïncidence !

Il a fallu qu’ils s’y mettent à 149 pour aller d’abandon à zoo humain, mais enfin, ils y sont arrivés.

21/05/2022

La littérature industrielle (surtout, le roman dit noir) a une vertu parégorique, me faisant ainsi regretter l’élixir du même nom (Putain de tox !).

Et toujours rien à la télé !

Les guerres ont toujours été la matrice des fantasmes des hommes, c’est en leur sein qu’ils se réalisent le mieux. Chaque civilisation produit la forme imaginaire et technologique de guerre qu’elle mérite.

Frédéric (« L’Enfonceur de portes ouvertes ») Roux
Le Désir de guerre (1999 – 2014)

20/05/2022

Jean-Louis Comolli est mort, personne en parle, c’est dommage ! cela aurait pu être l’occasion de le lire.

Entendu Pierre Jourde se vanter d’être l’écrivain ayant essuyé le plus de refus en 23 ans… moi, ça fait 44 ans que j’en essuie et, sans doute, de bien plus nombreux que lui ; à ce jour, 69 éditeurs différents (dont certains plusieurs fois) et je dois en oublier.

Non, mais !

De quoi il se plaint, le gonze ?

S’il faut en croire le quatrième de couverture de Une littérature sans écrivains (Léon Scheer), Basile Panurgias se préoccupe de « ce que deviendront les écrivains dans un monde qui ne veut plus d’eux ». La réponse est facile : ils animeront des stages d’écriture (en entreprise comme en milieu carcéral), ils participeront à des tables rondes radiophoniques et à des colloques universitaires ayant pour sujet : « pourquoi l’édition va mal ? », ils animeront des ateliers d’écriture financés par un Conseil régional, ils signeront des livres en librairie à sept retraitées déménagées de l’Ehpad mitoyenne, ils répondront à ceux qui les suivent sur les réseaux sociaux, ils seront invités à expliquer, dans des collèges périphériques à des jeunes gens qui ne lisent pas pourquoi ils ont tort de ne pas essayer, ils « likeront » l’Instagram de leurs collègues, ils demanderont des subventions, ils prendront part à des « maraudes littéraires » avec le SAMU social, ils signeront des pétitions, ils obtiendront des bourses. En gros et en détail, ils continueront à faire ce qu’ils font aujourd’hui, sans avoir le souci d’écrire, ce qui est plutôt confortable.

19/05/2022

Des guerres traditionnelles nous ne sommes pas à l’abri, le passé proche sur des terres voisines nous l’a bien montré. Ce ne sont, peut-être, que des ajustements locaux à la modernité nullement susceptibles de dégénérer en conflit généralisé, des abcès de fixation tels qu’il en suppure aux quatre coins du globe.
Tant mieux !

Le désir de guerre (première édition, le cherche-midi, 1999)

[…] le minable continue – il n’a pas beaucoup d’ambition le pauvre ! –
de rêver qu’on va l’autorise à être heureux, baiser sa femme lorsqu’il en a envie,
boire à sa soif, manger à sa faim et se réveiller lorsqu’il n’aura plus sommeil.
Lui foutre enfin  la paix !

Le désir de guerre (réédition, L’arbre vengeur, 2014)

18/05/2022

Les chrétiens ont remis ça

J’en reviens toujours pas !

Trouvé dans une boîte à livres du Centre Leclerc de Pau, Oscar avait vingt ans de Gaspard Koenig (Grasset, 2004), un jour prochain, sans doute, Gaspard Koenig sera suffisamment intelligent pour se rendre compte du ridicule, mais, entre-temps, on aura beaucoup ri à ses dépens.

Annie Ernaux est à la littérature ce que Dacia est à l’automobile.

Il suffit qu’elle s’achète un soutif
pour que l’armature la gêne

17/05/2022

Au secours, Ernaux revient !

16/05/2022

« Je pense qu’il y aura des choses beaucoup plus intéressantes qui se passeront au carrefour du papier, de l’image, du texte et du son. Ce qui est frappant aujourd’hui, c’est que chaque fois que l’on voit des produits de ce type, ils ne recherchent que leurs propres prouesses technologiques, mais ils ne sont pas plus que la somme des technologies qui leur ont permis d’advenir. On n’a pas encore les créateurs* qui sont capables de mettre en résonance ces quatre univers là, images, images animées, son, texte, dans un objet qui sera ni complétement un livre, ni complétement un disque, ni complétement un film, qui apportera plus que ces médias là. Ça c’est très intéressant, ça va arriver et on est avide** de voir ça arriver. »
Autrement dit, c’est pas le moment de dire que l’on a fait des erreurs, c’est le moment de continuer à en faire.

* Ah, bon !
** « avide », vraiment ?

Il est où l’auteur ? Il est où ?

Olivier Nora

Conférence à l’Ecole alsacienne
27 janvier 2014

15/05/2022

C’est bizarre, mais si je me souviens bien ni Fayard ni Flammarion n’ont de patron(ne) et ça continue à tournerma voiture, t’enlèves la batterie, elle démarre pas !

L’inflation ne passera pas !

14/05/2022

« […] l’écrivain ne considère pas ses travaux comme un moyen. Ils sont des buts en soi, ils sont si peu un moyen pour-lui-même et pour les autres qu’il sacrifie au besoin son existence à leur existence », Karl Marx, repris par Jorge Semprun in la préface de Nous autres d’Evgueni Zamiatine : « L’œuvre n’est jamais un moyen, mais un but en soi. Elle ne peut pas être instrumentalisée ; elle ne peut être conçue comme un`moyen mis au service d’une cause ; elle ne peut donc pas être jugée en fonction de son adéquation ou inadéquation à la ligne dominante du développement politique et social. »
Etrange tout de même l’idéalisme de ces deux matérialistes ! A moins qu’ils ne considèrent  comme « écrivains » que les écrivains et non pas les employés de l’industrie culturelle.

13/05/2022

Le sexe des femmes*, Anne Akrich (Gallimard), consternant !

* si j’avais su que c’était une telle poubelle et, accessoirement, un cendrier,
je n’aurais pas été y jeter un œil (et le reste)… c’est dire !

Et si, à l’occasion de la formation du nouveau gouvernement, on entendait reparler de Sophie de Closets ! Ça étonnerait qui ?En tous les cas, pas moi.

12/05/2022
 
Ecrire comme j’écris, faut pas croire, ce n’est pas facile, même moi, quelquefois, j’ai du mal.

09/05/2022

Julia Deck vient d’obtenir le Prix Jean Freustié présidé par mon ami Olivier Mony, pour Monument national (Minuit). Toutes mes félicitations à l’heureuse récipiendaire (Putain ! 25 000 euros dans le nourin, c’est pas rien). Il se trouve que j’étais en train de lire Propriété privée de la même aux mêmes éditions et que j’en avais tiré quelques réflexions pas vraiment favorables à son égard. Les éditions de Minuit ont toujours eu un « style », c’est indéniable, le plus souvent le style chiant qui se la pète, il y  une clientèle pour ça (travaillant souvent et cela de manière étonnante, dans le domaine du confort psychologique). Il serait injuste d’affirmer qu’il a toujours été le même depuis la joyeuse époque du « nouveau roman » ; sans bouger de ses fondamentaux : « chiant un jour/chiant toujours ! », le style pratiqué par les auteurs Minuit a notablement évolué. Julia Deck en est un bon exemple, sans doute influencée par Jean Echenoz qui a été l’un des premiers à pratiquer la növlangue désormais en usage rue Bernard Palissy.
Ce n’est pas tout à fait du français à moins que l’on considère que c’est un français particulier, une sorte de patois professionnel à l’usage des bibliothécaires anciennes et des libraires débutants (ceux qui sautent directement du manga à POL après une étape polar). Ce n’est pas toujours incorrect, mais ça l’est souvent, assez contraint, maladroit, le choix des mots précautionneux est un peu déplacé. Ce qui semble important c’est que ça boite !
Exemples* : « pendant que le percolateur glougloutait sur le gaz » (glougloutait ? un percolateur sur le gaz ?) ; « Ainsi pouvait-on croire que, moi aussi, je fomentais des apéritifs » (fomentait, c’est sûr ?) ; « un vent fourbe s’abattait sur la ville » (fourbe, vraiment ?) ; « […] « aux vitres scarifiées par des centaines d’ongles acharnés, suintant l’haleine de toutes les bouches qui s’étaient tendues en vain l’une vers l’autre pour ne rencontrer qu »un mur de glace » (on s’y croirait, c’est une parloir de prison) ; « une brise agitait les détritus au fond de la tranchée » (si c’est une brise et si les détritus sont au fond de la tranchée, ça ne semble pas trop évident) ; « Nul ne pouvait s’en délecter à moins d’être ivre ou animé d’une motivation ultérieure » (What ?) ; « je me rappelais aussi toutes les fois où les Lecoq avaient enfreint notre espace vital, miné notre territoire » (enfreint ? miné ?) ; « il semblait endurer le poulet basquaise comme on purge une peine carcérale » (Waf ! Waf !).
Tout est comme ça (laissons de côté l’intrigue façon « rompol » abandonnée en cours de route), aussi pénible que d’écouter un chanteur au timbre désagréable alignant de perpétuelles fausses notes, mais, visiblement, nous ne sommes pas beaucoup à être dérangés ni même à le remarquer… peut-être l’obtention d’une scolarité  conventionnelle ? la propriété d’une oreille fonctionnelle ?

* les exemples n’ont pas été choisis avec soin, il est trop facile de massacrer un livre
avec les deux ou trois faiblesses qui traînent, mais
il s’agit là de prélèvements aléatoires censés rendre compte de l’ensemble.

08/05/2022

C’est déjà bizarre, mais alors chez un bouquiniste
d’Arcizan-Dessus (65400), c’est carrément inouï.

A l’usage d’un romancier genre Minuit… en cas de refus, on pourra toujours tenter Le Dilettante.
Comme titre, je suggère : La vie de plain-pied ou bien Pavillon mitoyen.
Les conditions sont à négocier.

« Je lui avais dit de ne pas en prendre un trop musclé. S’ils sont trop musclés, ils passent leur temps à pousser de la fonte devant une glace dans un local à dominante orange et pour repeindre les plinthes, il ne faut pas y compter, ils récupèrent. Evidemment, elle ne m’a pas cru et elle est revenue avec un colosse. Il s’est fait une entorse du genou en posant une étagère dans la salle de bains. »

07/05/2022

Chez Hachette, côté Qatar, toujours rien !

06/05/2022

Il n’y a vraiment qu’un américain (feuilletez ! feuilletez !) pour écrire aussi bien sur New York… enfin ! ce n’est pas pour me vanter, mais la traduction n’est pas mauvaise, même Olivier Cohen l’a reconnu : « Pastiche éblouissant de ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans la littérature américaine » (en évitant, évidemment, de la publier).
Si j’avais été moins paresseux, j’aurais traduit les deux suivantsl’un où les Muscle Cars occupent le devant de la scène et l’autre sur l’après-11 septembre.
Evidemment, que Jacques Binsztok lâche l’affaire m’a conforté dans le confort de l’inaction.

Only the lonely

USH ! USH !

05/05/2022

D avait acheté L’Ombilic des limbes pour la photo d’Artaud en couverture, je me demande si je ne vais pas emprunter un livre d’Anne Sexton… pour voir !

John Prine est à la chanson ce qu’Henri Calet est au récit.

« Le théâtre n’est pas un instrument révolutionnaire comme les autres… Il faut bien, en effet, constater que le théâtre qui se présente d’emblée comme révolutionnaire, qui culbute l’ordre des mots et celui des idées reçues d’une façon directement provocatrice, échoue dans son projet, par le simple fait que le public le refuse. Et qui ne refuserait d’entrer en relation avec celui qui s’approche en manifestant une intention d’agression caractérisée ? Le théâtre qui se présente sous les espèces du scandale est un théâtre vain parce qu’il s’enlève le moyen de toucher. » Michel Vinaver

Pareil pour la littérature et les Laura Vasquez, Guillaume Basquin, B.S. Johnson, Rolf Dieter Bruckman & Cieleurs intentions sont excellentes, sauf que la réalisation est chiante à mourir.
Chiant à mourir aussi Les jours enfuis de Jay McInerney (L’Olivier, 2016), franchement, je ne vois pas bien la différence avec Guillaume Musso, Harlequin ou un navet de Woody Allen… guère plus de goût quand on le vomit que lorsqu’on l’avale… chromos sculptés à la cuillère à soupe dans les rillettes du Mans (industrielles) ! Ne parlons pas de La fille de son père d’Anne Berest (Le Seuil, 2010) qui n’existe carrément pas (mais alors, côté carte, elle en a les mains pleines et, ce qui ne gâche rien, elle est très jolie). Comme le polar me gonfle copieux, il ne me reste pas grand chose… écouter John Prine et encore, comme j’ai oublié à peu près tout mon anglais, il faut que je cherche les paroles sur le Net.

STRIKE !

03/05/2022

Le savoir c’est le pouvoir

Le pouvoir est dans la rue
(ou, plutôt, à la rue)


01/05/2022

Pour ce jour anniversaire de la Fête du Travail où personne travaille, j’offre deux débuts de romans pouvant obtenir un certain succès si ce n’est un succès certain pour peu que ce ne soit pas moi qui les continue (ce à quoi je m’engage solennellement). N’importe qui peut s’en servir pour soutirer un à-valoir à un éditeur sans que je ne lui réclame  rien… un geste étant, tout de même, le bienvenu.

Nature writing

    – Je crois que les sangliers sont passés cette nuit.
    Elle n’a pas répondu. Le dos tourné, elle regardait le café passer.
    – Près du sapin, je sais pas pourquoi, ils aiment cet endroit.
    Il faut croire que les sangliers étaient casaniers comme eux-même l’étaient.
    – Je vais aller voir.
    Elle n’a rien dit. Il a mis ses bottes et il est sorti. Les dégâts n’étaient pas énormes. Il avait encore une bonne vue, quelquefois une ombre noire passait sur le côté de son œil gauche avant de disparaître, mais il pensait que c’était dû à une ancienne blessure. Quand il est rentré, elle faisait une réussite sur la table de la cuisine. Ensuite seulement, elle s’habillerait. Il s’est versé un bol de café, elle n’avait jamais su le faire, mais elle ne supportait pas qu’il touche à ses affaires et la cafetière en faisait partie. Quand il avait envie d’un bon café, il allait au bar où il n’était pas fameux non plus. Il avait pensé se mettre au thé, mais il n’aimait vraiment pas ça et il aurait fallu qu’il lui explique pourquoi il arrêtait de boire du café alors que ça faisait plus de vingt ans qu’il en buvait.

Secret de famille

La première fois que mon père m’a enfilé, j’avais huit ans. C’était rude. En orthographe, en revanche, je touchais ma bille. Tout à l’instinct. Les règles, je ne les connaissais pas vraiment ou alors très vaguement, mais l’orthographe, je maîtrisais à la perfection.

Les deux faisant la paire

La paire, y’en a pas deux

Comme seul le projet compte, pour une somme modique, je suis à la disposition de tout un chacun désirant publier pour fournir les accessoires nécessaires et suffisants : titre, sujet, plan, premières pages, etc…

29/04/2022

En fait, ce prix France-Culture-Télérama, je ne le sentais pas, quand Elisabeth Samama (mon éditrice chez Fayard… virée depuis) m’a téléphoné pour m’annoncer que j’avais décroché le cocotier, j’ai répondu : « Merde » ! Seulement, vous savez ce que c’est… l’appât du gain… valet tournant, ça se refuse pas. Je me suis rendu compte plus tard que les 5 000 euros, c’était pour solde de tout compte ; le reste : les discours, le champagne, c’était la canne à pêche et le vélo électrique que l’on offre au type qui part à la retraite.

L’ambiance aurait dû me mettre la puce à l’oreille

Pour Mailer, je savais pas, mais bon…

28/04/2022

Tout est relatif ! Comme on dit…

3,12 millions de dollars

un peu moins.

Et bien…

Voilà ! Voilà !

27/04/2022

Enfin !

J’y cours ! J’y vole ! J’y bondis !

22/04/2022

Et voilà !

L’une des deux maisons d’édition chez qui
j’aurais été fier de publier ferme l’ombrelle !

21/04/2022

Nous sommes bien d’accord,

mais la disparition de la langue dans laquelle
Gilles Deleuze s’exprime, c’est le signe de quoi ?

Pensez avant de parler/Lisez avant de penser (Pauvert) de Fran Lebowitz, c’est aussi drôle que les sketches de Blanche Gardin, je doute cependant que les textes de Blanche Gardin soient, un jour ou l’autre, publiés aux Etats Unis.

20/04/2022

La devise des éditions ¡Anda!
« Vite, c’est bien, juste, c’est mieux. »
(Wyatt Earp)

15/04/2022

Des fois, quand même, on se dit
qu’il y en a qui en prennent de la bonne

14/04/2022

A quoi rêvent les jeunes filles ?

Auteurs = clochards

Les éditions ¡Anda!

DIRECT
du producteur au consommateur

11/04/2022

Tout ça pour ça !

Jusqu’il y a peu, la part de l’auteur était égale à 10% du prix HT, il semblerait que ce ne soit, désormais, plus le cas. Curieux de constater que ceux qui créent la richesse sont ceux qui prennent 20% dans les gencives (sans sourciller) !

10/04/2022

Caïn ! Caïn !

J’ai l’algorythme dans la peau

Il n’y a plus de secrétaires de rédaction dans la presse, plus de correcteurs dans l’édition, les traducteurs utilisent des logiciels de traduction automatique ; c’est pas la peine de faire les malins, les machines ont gagné, nul doute qu’un jour, avec l’aide de Wikipédia, elles pourront écrire un livre de la première à la dernière ligne sans que les éditeurs aient besoin d’avoir recours à des auteurs en chair et en os. Dès à présent, ces derniers semblent avoir été clonés (ils ont souvent fait les mêmes études et sont presque toujours issus de la même classe sociale), sans surprise, ils produisent des livres qui se ressemblent comme deux boites de Campbell Soup.
Je me suis dernièrement obligé à finir Le voyant d’Etampes (Les éditions de l’Observatoire) que j’avais laissé tomber à sa parution et ce dès les premières pages (déjà lu cent fois… merde !). Ce livre a obtenu un succès notable, il a remporté le Prix de Flore et celui de la Maison rouge (cela semble naturel dans la mesure où les membres de ces deux institutions que l’on peut physiquement assez mal distinguer de leurs lauréats sont parfaitement interchangeables intellectuellement), il me semble l’exemple même de l’artefact reproductible sans beaucoup de difficultés par une machine. L’Houellebecq et son usage des adverbes ne doit pas être trop difficile à mettre en abscisses et en ordonnées, pour le sujet, les unes des hebdomadaires polychromes suffisent amplement et les clichés journalistiques à propos de ce qui a occupé l’opinion quelques semaines pourront être reproduits après que l’on ait étudié à quelle catégorie de population le produit est censé s’adresser. Comme les hebdomadaires à destination des touaregs d’open-space ne sont pas très éloignés ni dans leur style ni dans les opinions qu’ils véhiculent, le logiciel pourra alterner les quelques différences qui subsistent comme le tartre au fond du beaujo’-bio afin d’intéresser aussi bien le prof de fac à l’approche de la retraite (Mélenchon) que le coach d’entreprise débutant (Macron). A chaque « changement » de direction du texte, on se reportera aux pages de Wikipédia adéquates en essayant de les recopier soigneusement et en les parsemant des quelques phares et balises à la Easton Ellis censés capturer l’esprit de l’époque.
Comme Abel Quentin n’est pas aussi parfait qu’un réplicant et qu’il n’a pas été relu attentivement par un logiciel haut-de-gamme, il lui arrive de faire quelques erreurs (John Lydon, le chanteur de Sex Pistols n’est pas mort, c’est Sid Vicious, le bassiste qui a passé l’arme à gauche), quelques approximations (James Baldwin a certes été approché par Elijah Muhammad, mais il n’a jamais été membre de la Nation of Islam, il s’en est expliqué dans un très long article paru dans le New Yorker du 9 novembre 1962 :  Letter from a region in my mind ; il faudrait vérifier que Malcom X a personnellement « invité » des membres du parti nazi américain à l’un de ses meetings), quelques inexactitudes (« Red Hot Chilly Peppers »), quelques négligences (« la petite Twingo », « la consommation de viandes carnées »), mais il n’empêche  qu’il est sur la bonne voie, même si l’intrigue est faible (à peu près du niveau des Paul Kenny de chez Emmaüs), c’est de peu d’importance puisque l’absence d’originalité de sa narration est tout à fait assurée et qu’il montre déjà une qualité essentielle : il parle la même langue que ses collègues (comme il n’en parle pas d’autre, il fait parler à ses personnages le même espéranto émaillé de quelques tics censés être ceux de leur catégorie sociologique). En guise de bonus, son appartenance sociale (avocat d’affaires) a été adoubée par le milieu d’autant plus volontiers qu’il est l’époux de l’une des sœurs Berest, les rivales des Tuil et consorts.
Comme on dit, il coche toutes cases (ou pas loin).

MAIS

Et, c’est bien là où les athéniens s’atteignent et les croisés passent par la fenêtre, tous ces livres dérivés de la sociologie la plus crétine sont les surgeons actuels du bon vieux roman à thèse… du réalisme-capitaliste… de l’André Stil revisité ! Il suffit de remplacer la loco par l’IPad™, le charbon par l’éolienne, le docker par le manager, la grève par le woke, Staline par Obama et Fougeron par Kader Attia pour tomber sur le même feuilleton taillé pour le Reader’s Digest.

05/04/2022

Retrouvé Bienvenue dans un monde inutile de Philippe Nassif (Denoël, 2002), c’est « daté » (forcément), mais ça se relit avec plaisir, ça vaut largement Pensez avant de parler Lisez avant de penser de Fran Lebowitz (Pauvert, 2022) dont on nous fait tout un foin.

01/04/2022

La marité étant trop belle…

La parité ne passera pas !

Pour une plus « large » audience…

écartez vos cuisses davantage.
(cf le 18/04/2021)

C’est la panique chez Editis

Chez ¡Anda!, c’est calme.

31/03/2022

Merci pour les licencié(es), pour les découragé(e)s
et puis, surtout, merci de nous laisser dans la merde !

Je vais la leur mettre jusqu’à la garde

Yo también

30/03/2022

Rentrée littéraire 2022

C’est parti !

Papa est mort, Maman a le cancer (du sein), le chômage menace, l’EHPAD approche, l’IPad est en carafe, l’analyste rôde, l’immigré s’infiltre, Chloé fait son coming-out et Bébert se drogue !

29/03/2022

Chez Hachette, on panique !

Chez ¡Anda!

On reste calme

26/03/2022

Et 10 de rab’

pour les immortels

25/03/2022

Les édition ¡Anda!
Toujours à l’équilibre
(forcément, c’est gratuit)

Ce qui est difficile à faire comprendre aux gens pas très doués en arithmétique c’est qu’un best-seller peut faire perdre de l’argent à un éditeur (celui qui l’a payé trop cher par exemple).
C’est la formule que l’on apprend en CM 1 : PV – PA = B (ou P, c’est selon). PV, c’est le prix de vente, PA, le prix d’achat, B, c’est le bénéfice, P, les pertes.

Personnellement, j’m’en fous !
T’as vu le cul de ma meuf ?

Ceux qui croient écrire et qui sont écrits.

24/03/2022

Rendez-vous en 2023

Cette année encore, ils ne (me) font pas vraiment envie…
je passe !

21/03/2022

Philippe Nassif s’est donné la mort (comme si on pouvait se la prêter) vendredi. Il avait l’âge de mes enfants, il était même plus jeune que mon fils aîné, il faisait partie de cette génération (Allary, Braunstein, Pépin, Sebban) qui – fin du siècle dernier – cherchait des plans et a fini par trouver des combines en-deça de ses rêves. Il était très doux, un peu perché, il s’intéressait à des choses n’ayant aucun rapport les unes avec les autres en essayant de les faire tenir ensemble comme un enfant construit une tour en cubes… jusqu’à ce qu’elle s’écroule et que ça le fasse rire et battre des mains et recommencer, je l’avais croisé quelques fois lorsqu’il travaillait à Technikart, il avait défendu Ring face à Constance Chaillet et Jean-François Kervéan lors d’une émission de télévision sur Paris Première, c’était comme si on avait lâché un labrador en face de deux pit-bulls, il m’avait dit avoir regretté son manque d’agressivité, je lui avais dit qu’il ne fallait pas. C’est peu, mais sa mort me touche davantage.

D’autres ont trouvé le moyen de faire tenir leur
Tour de Babil droite… il n’est pas dit – pour autant –
qu’ils soient de bien meilleurs architectes

18/03/2022

Propagande vs propagande, on verra qui vaincra, ce qui est sûr, c’est que Marina les a bien accrochées et que Frédéric Beigbeder est notre nouveau Jean-Paul Sartre (et ce n’est pas rassurant).

Kerouac sans le folklore et sa belle gueule, c’est vraiment pas grand-chose. Enfin… il est né à Lowell (Massachusetts) comme Micky Ward… alors, dans ces conditions, revenons à nos moutons !

Ward (Micky)

Micky Ward n’a jamais été un boxeur très brillant, c’était un Diesel, lent à démarrer, mais il était solide (comme un Diesel d’antan), vaillant au-delà de ce qui est permis, opiniâtre avec l’un des meilleurs crochets gauches au corps capable de stopper un 30 tonnes (Diesel) lancé à pleine vitesse.
            Sa carrière commence plutôt bien, il gagne ses quatorze premiers combats et puis la machine s’enraye (l’injecteur), sa carrière s’enlise (la vanne EGR), mais à force de volonté, motivé par son demi-frère, il repart à la guerre, il perd, il saigne, il gagne, il saigne. Il avance même sans donner de coups, mais il avance, de quoi décourager les esprits les plus faibles et pour les autres : crochet du gauche au corps !
            Archi-dominé par Zab Judah bien trop bon boxeur pour lui… « Mais pourquoi ce type veut pas se battre ? » Ward restera dans l’histoire pour les trois combats qui l’opposeront à son « double », Arturo Gatti… « J’ai toujours rêvé de boxer mon frère jumeau, je l’ai trouvé ! » dira de lui l’Italo-Canadien. Ward gagnera leur première rencontre après une féroce bataille qui les conduira directement à l’hôpital (consignés dans la même chambre, ils déconnent ensemble comme des mômes en colonie de vacances). D’après Emanuel Steward, le « round du siècle » pourrait bien être le 9e round de ce combat, Jim Lampley ira encore plus loin : « Ce combat peut prétendre être le combat de l’année*, mais je ne sais pas s’il ne peut pas prétendre être le combat du siècle ! » Arturo Gatti gagnera nettement les deux suivants aux points, le dernier sera lui aussi nommé combat de l’année par Ring Magazine ; Micky Ward sera donc le seul boxeur à l’affiche de trois combats de l’année de suite puisque sa rencontre avec Emanuel Augustus avait été distinguée en 2001.
            Micky Ward habite toujours à Lowell (la ville où est né Jack Kerouac) où il s’occupe d’un gymnase et d’une patinoire, il est toujours marié avec Charlene Fleming, son premier amour, ils ont un pékinois, un saint-bernard, un mastiff anglais et vivent avec Kasie, l’une de sœurs de Micky… Même le joint de culasse coulé, le Diesel n’a pas perdu son sens de l’humour : « J’veux bien faire don de mon cerveau à la science… il est tout neuf… j’m’en suis jamais servi ! »

* Il le sera et le 9e round sera le round de l’année.

Quoi ma gueule ?
Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?

17/03/2022

On accole toujours « breton » à Vincent Bolloré (l’homme d’affaires breton, le capitaliste breton, le milliardaire breton) comme si son origine rendait « l’ogre Bolloré » plus menaçant encore alors que l’on se soucie peu de ce que le Qatar soit le premier actionnaire d’Hachette. Cela devrait pourtant inquiéter les fanatiques de la liberté d’expression, peu de chances, par exemple, de voir publier chez Marabout, Larousse, Armand Colin, Stock, Jean-Claude Lattès, Hatier, Grasset, Fayard, Dunod, Calmann-Lévy, Mille et une nuits, etc un livre « critique » sur la prochaine coupe du monde de football qui se jouera sur des pelouses enrichies de cadavres.

Ni breton
Ni qatari

15/03/2022

Au bout du tunnel, la lumière !

14/03/2022

Pour se rincer la bouche, on relit Artaud (Antonin) : « Toute l’écriture est de la cochonnerie. Les gens qui sortent du vague pour essayer de préciser quoi que ce soit de ce qui se passe dans leurs pensées sont des cochons. Toute la gent littéraire est cochonne, et spécialement celle de ce temps-ci » (Le Pèse-Nerfs, 1925).

Il ne connaissait pas celle de ce temps-là

12/03/2022

Hier, je me faisais une joie d’assister à la présentation du dernier livre* de Frédéric Beigbeder à l’espace Cultura de Pau. Un type qui se prend pour Mallarmé depuis qu’il a découvert le double interlignage et le retour à la ligne et compare Benoît Bartherotte (quelques milliers de type au chômage après sa reprise des chantiers de La Ciotat et 15 ans d’interdiction de gérer une entreprise) à Marc Aurèle m’intéresse énormément, surtout s’il a publié entre temps une formidable tribune (Adresse à mes amis oligarques russes) à propos du conflit russo-ukrainien (en gros, c’était quand même plus sympa quand on pouvait se taper des putes tous ensemble) dans La Règle du Jeu dont j’ai toujours aimé l’élégance.
A peine installé, je ne me sens pas très bien, mal au ventre, sueurs froides, je suis obligé de sortir et je m’en vais vomir (ça faisait bien un demi-siècle que je n’avais pas vomi) dans une poubelle du centre commercial. Je suis rentré chez moi en marchant comme un vieillard tout en regrettant d’avoir, encore, raté un geste qui m’aurait rendu semi-célèbre : vomir sur les genoux de Frédéric Beigbeder.
Evidemment ni Beigbeder ni la littérature ne sont la cause de ce malaise (peut-être une coquille Saint-Jacques pas fraîche), mais j’ai tendance à y voir comme un signe.

Un barrage contre l’Atlantique (Grasset), celui dressé à la pointe du Cap Ferret
par Benoît Bartherotte pour défendre ses cabanes louées 10 000 euros la semaine,
Beigbeder, qui n’en rate pas une, compare son domaine à un « camp de réfugiés politiques ».

Y’a un truc qui passe pas !

Mieux que l’Imodium
 les éditions ¡ Anda !
suppriment instantanément
nausées  & diarrhées

11/03/2022

Depuis longtemps, je me demande quelle lâcheté a bien pu commettre Régis Debray pour réclamer à ceux qui ont encore la patience de l’écouter l’exercice du courage qu’il s’attribue.

Le fils Bolloré a décidé de ratisser large

mais il n’aura pas les éditions ¡ Anda !

10/03/2022

L’intellectuel a tendance à mettre la main sur le ballon
[Bourdieu (Pierre) – Roux (Frédéric)]
sans qu’on ne lui ait rien demandé

09/03/2022

Au lieu de se laisser bercer (berner) par les uns et par les autres, il serait sans doute temps de relire La fin de l’homme rouge de Svetlana Alexievitch (Actes Sud), ne serait-ce que pour comprendre qu’il y a des fins qui ne sont pas LA fin.

Bientôt sur vos écrans
les éditions ¡ ANDA !

08/03/2022

Je me souviens avoir été « l’invité-surprise » de Ça balance pas mal à Paris pour La classe et les vertus, Christophe Bourseiller avait intelligemment parlé à ce propos de L’éclat et la blancheur de Walter Lewino (coupé au montage) ; Arnaud Viviant avait prudemment fermé sa gueule ; Géraldine Maillet, aussi (elle ne l’avait, soi-disant, pas lu) ; Gaël Tchakaloff était chargée du dézinguage. Quelque chose me fascinait en elle : sa ressemblance avec Marion Maréchal-Le Pen (j’ai une tendance à trouver des ressemblances que personne trouve évidentes). A la fin de la séquence, je l’ai longuement prise dans mes bras, elle m’a laissé faire (à ce que j’ai pu en juger, elle n’avait pas l’air contre), j’avais décidé de lui rouler une pelle, mais je me suis dégonflé.

A la prochaine…

07/03/2022

Bientôt sur vos écrans
les éditions ¡ ANDA !


06/03/2022

J’ai, récemment, appris la mort de Serge Lentz, c’est à dire tardivement, visiblement un peu comme tout le monde. Je le connaissais vaguement, il m’avait écrit une lettre d’admiration après que j’ai publié Lève ton gauche ! D’après lui, j’étais un écrivain (et des meilleurs) alors qu’il n’était qu’un raconteur d’histoires. « Raconteur d’histoires », je veux bien le croire, « écrivain »… comparé aux collègues, c’est sûr, considéré, on verra ! Nous nous sommes vus plusieurs fois ensuite, mais je crois que ma désinvolture le décevait, je ne comprenais pas vraiment l’intérêt qu’il me portait, chacun ennuyait l’autre. J’ai déjeuné chez lui, l’avocat était congelé, la crevette comme un arrière-goût, Il est venu dîner rue Saint Charles, il faisait un froid de canard dans l’atelier, pour un natif de l’Est, il semblait frileux ; j’ai fait l’effort de lui téléphoner lorsque je me suis retrouvé sur la liste de l’Interallié, il ne m’a pas semblé très décidé à m’appuyer et je n’étais pas persuadé que cela changerait quoi que ce soit à la décision du jury qui devait déjà être acquise. Le tour suivant, j’avais disparu et – maintenant – lui aussi.

05/03/2022

Ego sum qui sum

Je me souviens avoir dédié Ring (Grasset, 2004)
AuxModern Lovers, aux femâles et à Stéphanie de Monaco.

Impavidum ferient ruinæ

04/03/2022

Reçu par la Poste…

c’est vite dit !

03/03/2022

LE SIGNAL

J’ai écrit le texte ci-dessous sous le pseudonyme de Smokin’ « Red » Napoléon à l’occasion d’une exposition de Présence Panchounette à Sète, il a été publié en octobre 1989 dans un numéro spécial du Supplément culturel d’un journal qui n’existe pas (éditions Galerie de Paris)

RESTE*

• La plus faible partie par rapport à un tout
• La plus grande partie à l’exclusion d’une petite quantité
• Ce qui est en surplus
• Ce qui subsiste

Le moi est haïssable… mais il s’agit de celui des autres.
Paul Valér

Lorsque l’on a fait faillite, quand sa femme est morte, on déménage. Ça n’est pas un déménagement ordinaire comme lorsque l’on quitte un appartement pour en prendre un autre, c’est le dernier. On part en maison de retraite ou chez ses enfants qui habitent à Grenoble.
On vide tout, soigneusement, il faut laisser la place nette et tout emporter ou tout vendre. Les meubles et la vaisselle emballés, jusqu’au blaireau qui perd ses poils et au produit vaisselle entamé, on trie les papiers, les bulletins de salaire du temps où l’on était en usine, les avis de l’URSSAF, les quittances. Le ferrailleur est passé, pour deux cents francs il a emporté un vieux buffet dont la belle-fille n’avait pas l’utilité, un édredon avec des marques de cigarette, une horloge, une collection complète de Science et Vie, un lampadaire avec un abat-jour en parchemin que l’on avait acheté au marché aux puces, des bouteilles vides, les unes avec étoiles, les autres sans, et un sèche-bouteilles.
Dans le fond du tiroir d’une commode il y a sous des bouts de ficelle et un écheveau de fil de pêche les photos dans une boîte de petits-beurre nantais. On les laisse tomber comme les cartes que l’on compte, la grand-tante avec les bœufs et le joug, le jour où l’on avait pris une daurade comack, une première communion, un mariage, ceux qui vous ont quitté, ceux que l’on a perdus de vue, Henri qui faisait le malin avec une moustache en varech. Le couvercle de la boîte joint mal. Il faut fermer le compteur et revenir demain faire le ménage pour la jeune fille de l’agence qui l’a demandé. On vous attend dans la voiture, le coffre est plein de saloperies et il y a juste la place à vos pieds pour la boîte en fer.
Il reste dans le désert ce dont personne n’a voulu, des éclats de bois, de la poussière et les étiquettes en plastique des cigarettes, les Balto, les Week-End, les Marigny, les Parisiennes, les Viceroy qui ne se vendaient pas et toutes les autres avec les prix imprimés grenat sur jaune qu’il fallait changer en permanence.

On ne reviendra pas demain, pour ne pas voir les voisins, pour éviter les questions et les sous-entendus ou parce que l’on a la flemme et il restera ces quelques ruines terribles dont personne n’a voulu car on ne pouvait pas même en tirer vingt ronds, ce sont des ordures propres, des choses sans intérêt. Ou bien si l’on revient pour dire au-revoir à la voisine que l’on regardait il y a quarante ans en combinaison en se disant qu’elle devait avoir une sacrée paire de nichons et qui n’a plus que deux bosses juste au-dessus des poches de son tablier, on contemple le résultat, ce qui reste de soi. Tout ce que l’on a emporté, à peu de choses près, la qualité, la quantité, d’autres auraient pu l’emporter, ça n’est rien.
Ce que l’on ne peut pas emporter est là, prisonnier entre un panneau d’Isorel, du papier peint qui fout le camp, et deux étagères déglinguées. C’est de l’air, des souvenirs et des débris minuscules le long des plinthes, la crasse des choses, l’air que l’on ne respirait que là, les relents de la cour compris. On a tout pu emporter et tout reste, l’endroit où l’on mettait sa chaise que deux marques dans le lino signalent, celui des cartons de gauloises qui, à force, à plié les liteaux de l’échafaudage de fortune.
Ce qui est de trop dans cet endroit c’est son squelette, ses mains ouvertes sur le pantalon et son air ahuri à découvrir ce cagibi si vaste. Le balai on le laisse, l’agence s’arrangera, on part crever dans le Nord, raconter à des types sur des bancs la sardine et le turbot.
Ce qui restera, c’est trois fois rien, le voisin à qui manque le tireur pour les boules, qui par réflexe pousse la porte pour acheter les Malabar au neveu. « Merde ! ça doit lui faire un drôle d’effet la montagne, lui qui pouvait pas monter la rue », « Il ne s’habituera pas ». Des propos comme ça.
Les décombres de sa vie partiront après lui, avec les gravats, le sel des murs et l’évier.
Ce qui ferait une bonne chute à l’histoire c’est que des gens de Grenoble viennent passer leurs vacances la première année et que ça leur plaise le studio équipé, bien que ça soit un peu éloigné des commerces et que les prix… d’accord ! Le chien, lui, aboie. Il crèvera aussi.

02/03/2022


Bientôt sur vos écrans
les éditions ¡ ANDA !

¡ Adelante !


23/02/2022

Ça n’a rien à foutre là, c’était enfoui jusqu’à présent dans la rubrique Inédits, mais je ne résiste pas au plaisir de ressortir du placard ce texte écrit il y a vingt ans.

LES DESCHIENS SONT LACHES, IL FAUT LES BOIRE !

En tant que membre de la lumpen intelligentsia et donc à la lisière de la reconnaissance (artiste dilettante, auteur incertain, journaliste à temps perdu, anciennement licencié sans cause réelle ni sérieuse par un hebdomadaire de gauche et récemment licencié par un conseil d’administration socialiste), je ne peux qu’être tenté de joindre mon filet de voix au concert tonitruant donné par les vingt millions d’analystes politiques dont nous avons hérité au soir du 21 avril.
J’admets volontiers que ceux qui se sont le plus lourdement trompés hier sont qualifiés d’office pour être les plus écoutés aujourd’hui, et je n’ignore pas que la rengaine que l’on veut entendre est la plus mélodieuse ; j’essaierai donc, en toute modestie, de prendre le risque de la plus extrême modération et même celui du bon sens, ce qui sera, en cette période où l’intelligence critique est aussi troublée que ses repères, pris pour une grinçante cacophonie.
La plus grande tentation de la démocratie est de ne pas l’être (démocratique) ; des effets fort peu démocratiques peuvent survenir d’une consultation démocratique ; sont-ce des raisons suffisantes pour vouloir dissoudre le peuple chaque fois que son vote déplaît aux élites qui le consultent ?
Culpabiliser tous ceux qui se sont abstenus, tous ceux qui ont voté Atchoum, Grincheux, Simplette, Dur de mèche ou Buste à pattes est coupable ; suivant le stupide principe démocratique  qu’il faut de tout pour faire un monde, que chacun a ses raisons que la raison ne connaît pas, et que tous les goûts sont dans la nature, il y aura toujours des nostalgiques de la schlague, de Staline (surtout les Trotskistes) et de l’encre violette, des fervents du Mandarom et des amateurs de boniments pour ne pas voter comme il faut. Il faut sinon revenir au candidat unique.
Avoir honte de la France ne veut pas dire grand-chose (Qui c’est la France ?).
S’imaginer que deux personnes que l’on croise sur dix ont voté Front national est stupide : deux dixièmes de chaque électeur ont voté Front national, exceptionnellement moins pour certains qui ont pourtant voté Front national et souvent davantage pour d’autres qui n’ont pas voté Front national.
Se laver les mains dans l’ignominie supposée des autres pour oublier la sienne est ignoble ; l’emploi de vocables grandiloquents, grotesque, et la convocation de situations passées douloureuses, indécente.
Il n’y a pas très longtemps encore, il était d’usage de penser chez des gens fort instruits que Mitterrand était socialiste, Bernard Tapie plutôt honnête, que Chirac allait réduire la fracture sociale, Christian Blanc sauver l’emploi des cadres moyens et même que Jack Lang, secondé par Patrick Bouchain, allait apprendre à lire aux enfants en leur faisant construire des cabanes dans les cours de récréation, pourquoi donc reprocherait-on aux ignorants de voter pour un démagogue qui va faire augmenter le prix de la barrette et du pack de douze ?
Les gens qui ont voté Le Pen n’ont pas voté Le Pen pour ne pas voter Le Pen ; ils ont juste voté Le Pen.
Jean Marie Le Pen est le seul homme public qui parle politiquement de la réalité telle que le vulgaire peut l’appréhender vulgairement, mais aussi telle qu’elle existe réellement, et qui lui promette un avenir qui lui semble envisageable.
Jean Marie Le Pen n’a jamais été invité par Ardisson, Drucker et consorts pour communiquer au peuple son avis sur la fellation et la sodomie (on peut juste supposer qu’il est pour sa pratique en privé, mais qu’il s’y déclarerait opposé en public), il ne communique donc que du politique, contrairement à d’autres qui ne communiquent que de la communication. On peut comparer l’efficacité des deux méthodes.
Que ceux qui ne sont pas imposables voient comme une mesure positive la suppression de l’impôt sur le revenu en dit long sur la rationalité de leur vote, qu’on ne leur explique pas que cela les appauvrira automatiquement en dit long sur la confiance que l’on place en leur raison.
Jean Marie Le Pen a fait une très bonne campagne au premier tour.
On peut perdre par KO, aux points, mais aussi par abandon, Jacques Chirac a donc perdu son débat contre Jean Marie Le Pen par abandon.
Les médias font monter la cote de Jean Marie Le Pen à proportion des efforts qu’ils déploient pour la faire baisser.
Les médias font de gros efforts pour faire baisser la cote de Jean Marie Le Pen, jusqu’à diffuser des sondages qu’ils savent faux.
Bien que n’étant pas un candidat de second tour, Jean Marie Le Pen fera un bien meilleur score que ceux dont il est crédité par les sondages. Ça fera une «grosse surprise » pour le soir du second tour, et bicher tous ceux dont le phantasme est qu’il arrive en tête.
Jane Birkin agrippée à une pancarte agace le métallo qui n’arrive pas non plus à croire que Mazarine Pingeot et Pierre Bergé veulent son bien.
Il ne faudrait pas en déduire que le métallo est nécessairement limité intellectuellement.
Le mépris pour ceux qui ne maîtrisent pas la dernière version de Word, qui ne savent pas ce que veut dire « start-up », qui n’ont pas les mêmes goûts littéraires qu’Arnaud Viviant, ne se chaussent pas chez Prada et n’en ont pas l’intention même s’ils gagnent au Loto, dont les enfants ont les dents en mauvais état et de la cellulite à l’intérieur des cuisses, dont la voiture ne démarre pas le matin, qui ne comprennent pas pourquoi Guillaume Dustan porte sa perruque de traviole, qui ne savent pas à quoi ressemble agnès b., c’est la haine de classe.
Les pauvres, on les hait parce qu’ils sont laids.
Les racistes qui ont un Arabe comme voisin de palier sont moins racistes que les anti-racistes.
Le prolétariat, rendu invisible aux pas très bien voyants par ceux qui avaient quelque intérêt à dissimuler sa présence, a refait son apparition… chez les contre-révolutionnaires ! Ça lui est déjà arrivé, et ça ne lui a pas porté bonheur, pas plus d’ailleurs que de pencher de l’autre bord, mais comme le prolétariat est joueur, il veut jouer encore.
Pour tout cela, et parce que placer Chirac, qui n’en a pas l’envergure, en position gaullienne est un problème d’importance, que la classe politique n’a toujours rien compris, contrairement à ce que voudrait faire croire son hypocrite contrition publique, puisque les abonnés de la gamelle, qui préféreront toujours leur intérêt à leur honneur, se frottent déjà les menottes à l’idée des futures triangulaires, après m’être abstenu au premier tour, je voterai Christiane Taubira au second tour.
Tous les citoyens responsables en feront autant.

TROP DE BOLLORE
PAS ASSEZ DE PAPIER

Les manars d’Emmaüs sont plus au fait
de la réalité que les Bolloré & consorts

14/01/2022

De gauche à droite
Fabienne Pascaud (Télérama)
MOI
Sandrine Treiner (France-Culture)
Olivier Nora (Grasset Fayard)

En juillet 2018, France Culture consacrait une Grande Traversée à Muhammad Ali. Quelques années auparavant Sandrine Treiner m’avait remis le Prix France Culture/Télérama pour Alias Ali (comme son nom ne l’indique pas, une biographie de Muhammad Ali) ; il n’a pas semblé bon à la directrice de France Culture de m’informer de ses intentions (elle n’était pas obligée de le faire), elle a préféré s’adresser à Judith Perrignon qui, a priori, n’y connaissait que dalle, en l’occurrence, son ignorance la rendait parfaitement légitime et mes connaissances totalement rédhibitoires.
Why not ?

Un peu vexé sans doute, j’ai écrit un petit texte (cf ci-dessous Mycologie) sur cette Grande Traversée, par ailleurs sans grand intérêt. Il m’a semblé avoir pris l’affaire avec le sourire (certains ont trouvé que ce n’était pas le cas), toujours est-il que je n’avais rien à reprocher à cette brave Judith Perrignon : je ne vois pas au nom de quoi cette journaliste aurait refusé le chantier dont elle s’était sortie comme elle avait pu (mal) ; si j’avais eu des reproches à adresser, cela aurait plutôt été à Sandrine Treiner qui en avait eu l’idée, et l’idée de le lui proposer, mais peut-être un jour décrochera-t-elle son téléphone pour me proposer un sujet sur la guerre du Liban, la déforestation en Amazonie ou le recul des glaciers dans les Alpes, alors… prudence !
Toujours est-il que cette Grande Traversée a semblé si formidable à Christophe Bataille (qui s’y connaît en boxe comme moi en Khmer rouge) qu’il a proposé à Judith Perrignon (la drôlesse a le cul bordé de médailles et sa sœur travaille chez… Grasset !) d’en faire un livre chez… Grasset : L’Insoumis. Là encore, personne n’a trouvé utile de m’informer.
Why not ?
Personne n’est obligé d’être poli et c’est un type élevé par un berger allemand de la Wehrmacht qui vous le dit.
Signé chez Grasset, Alias Ali avait été publié chez Fayard (cf le 10/01), on aurait – pourtant – pu penser que… eh bien, non !
Si L’Insoumis (paru fin 2019) n’est pas beaucoup plus intéressant que la Grande Traversée, il m’intéressait, tout de même, au premier chef : j’avais écrit un livre sur le même sujet.
Le livre de Judith Perrignon est plutôt médiocre, il reprend tous les clichés possibles et imaginables sur Ali, ce qui a suffi à déclencher l’admiration des admirateurs automatiques, ce n’est pas très grave, ce qui l’est davantage, c’est la suite ; que Judith Perrignon ne soit pas un très bon écrivain… on ne le lui demande pas, elle n’écrit pas, elle tape à la machine comme aurait dit l’autre ; qu’elle ne soit pas une bonne journaliste, c’est ennuyeux lorsque l’on en fait office. Pour faire ce travail (historien, un peu, documentaliste, davantage) correctement, il suffit de respecter quelques principes de base : croiser les infos par exemple et ne pas croire ceux que l’on rencontre et qui ont tout intérêt à mentir.
La bibliographie de L’Insoumis compte six ouvrages (la bibliographie de La boxe mode d’emploi compte 300 entrées) dont un ouvrage de propagande de la Nation de l’Islam (sic), et c’est là où le bât blesse : L’Insoumis entérine plus ou moins la version de l’assassinat de Malcom X racontée par les assassins de Malcom X. Voir publiée par Grasset une version révisionniste de l’affaire par des anti-sémites notoires est plutôt croquignolet, surtout si l’on pense que cela aurait pu être évité en se référant à un livre publié quelques années plus tôt par une maison dirigée par la même personne, en l’occurrence, Olivier Nora, très choqué que mon épouse traite Judith Perrignon de « connasse » dans Mycologie, mais pas tellement qu’on lui fourgue un texte pour le moins discutable…

Et Moix !
Et Moix !
Et Moix !

En cadeau Bonux, pour changer un peu du reportage à la guimauve tiède diffusé par Arte ces derniers jours, j’ai joint l’article publié par l’Equipe Magazine à la mort de Muhammad Ali. Il a été publié intégralement, exception faite de la citation de Joyce Carol Oates… on se demande bien pourquoi.

Mycologie

« Expédiez-le au tapis autant de fois que vous voulez,
il se relèvera, chaque fois, avec cette lueur dans les yeux
qui signifie que le combat vient juste de commencer. »

Norman Mailer

Cet été-là, il avait beaucoup plu, Macho Man a planté sa Jaguar dans un tas de gravier guère plus haut qu’un château de sable et Judith Perrignon a réalisé pour France Culture cinq émissions de deux heures sur Muhammad Ali.

Quelques années auparavant, Macho Man avait écrit un gros livre sur le « Greatest », il s’en sentait, depuis, sinon le propriétaire, du moins le spécialiste in-con-tour-nable, comme dans ces eaux-là, la concurrence n’était pas pléthorique, s’il y avait un domaine – il n’y en avait pas tant – où il pouvait se sentir légitime, c’était bien celui-là. À la mort d’Ali, le rédacteur en chef de l’Équipe Magazine l’avait poursuivi trois jours durant pour qu’il écrive douze feuillets dans son journal… « Deux ou trois choses que je n’ai pas dites sur Ali », un papier dont sa vanité* avait été satisfaite. Quand il avait appris que ce n’était pas lui qui se chargerait dix heures durant de « brosser un portrait (subtil et fascinant) du boxeur star aussi adulé que détesté », il l’avait pris comme un affront, une bonne droite sur le côté du crâne, du genre qui vexe d’abord (il aurait pu faire gaffe !) et dont on a du mal à se remettre ensuite. Pour tout arranger, l’autre était UNE autre, pas vraiment connue comme spécialiste du « noble art », il avait donc pris la droite d’un amateur, en l’occurrence d’UNE amatrice, lui qui se targuait d’être UN professionnel. Tout cela sans compter que ses proches ne manquaient pas de lui rappeler qu’il s’était fait baiser la gueule et qu’il n’aimait pas ça, il n’aimait pas non plus l’idée de s’être fait subtiliser ce qu’il imaginait être une fortune… son côté « Maître Folace » sans doute.

  Au début de sa carrière, Macho Man avait été considéré comme doté d’une jolie frappe, quarante ans plus tard, il s’était rendu compte qu’il était surtout doué pour encaisser, les encaisseurs sont têtus et il l’était, peut-être même au point d’être stupide comme le sont les encaisseurs qui ne comprennent pas, alors le lendemain, habitué à prendre des coups comme il était, il n’avait même pas mal à la tête. Avant de s’endormir (très tard), il s’était souvenu de la rencontre entre Budd Schulberg et Ernest Hemingway et de « Papa », l’ombilic belliqueux en train d’entonner sa rengaine favorite : « Pour l’amour du Ciel, qu’est-ce que vous pouvez bien connaître à la boxe ! » qui pouvait s’énoncer aussi, suivant l’interlocuteur auquel il s’adressait : « Pour l’amour du Ciel, qu’est-ce que vous pouvez bien connaître à la corrida ! au Bloody Mary ! à la pêche au gros ! à Cuba ! à la chasse ! à la libération de Paris ! à l’Afrique ! à la guerre ! à l’hémochromatose ! » Macho Man avait toujours trouvé ce genre de simagrées ridicules et il ne se voyait pas défier à grands coups de nombril une jeune fille qui ne connaissait rien au sujet, qui n’avait peut-être même jamais vu un combat de boxe de sa vie en lui demandant : « Pour l’amour du Ciel, qu’est-ce que vous pouvez bien connaître à Muhammad Ali ? »
.          Contre foudroyant…
.          « Et vous alors, elle aurait pu lui répondre… qu’est-ce que vous connaissez vraiment ? »
.          K.-O. !
.          Pour bien plus que le compte.
.          « Ferme ta gueule vieux con ! »
.          Fred avait fait un peu de boxe quand il était jeune, il était d’accord avec Norman, il n’y avait pas de sport où l’on risque autant l’humiliation, il avait eu son compte sur le ring et en dehors et pas envie de recommencer par plaisir. Il avait perdu ce combat, il n’y avait pas à y revenir.
.          Depuis qu’il s’était installé dans le Sud avec Madame Roux, il passait de plus en plus de temps dans La tanière de l’ours, une grange à 1 200 mètres d’altitude, le village le plus proche (19 habitants/19 lampadaires) était à une demi-heure à pied, pas d’eau, pas d’électricité, Walden ! Pas de types avec des tatouages à la con à l’horizon, pas de filles avec des tatouages à la con non plus, Macho Man ne supportait ni les tatouages à la con (sauf ceux d’Amy Winehouse qui avait le droit de faire n’importe quoi) ni les téléphones intelligents. Le lendemain de leur arrivée, ils ont croisé Hélène, 74 ans et la masse graisseuse d’un isard anorexique, de temps en temps, elle accompagne des groupes en montagne et comme elle a du mal à ne pas les semer quand la pente devient plus difficile, elle marche à reculons en leur racontant des légendes locales. Madame a parlé de météo, de champignons et de leurs enfants avec Hélène et puis celle-ci s’est tournée vers Macho Man et elle lui a dit : « T’es au courant ? y a une fille sur France Culture qui s’occupe de ton boxeur… » Il lui a répondu : « Il m’appartient pas. »
             Depuis qu’il avait récupéré de sa déception, c’était sa seconde ligne de défense, il fallait qu’il recule en se couvrant et qu’il laisse passer l’orage, après tout si une jeune femmme pouvait parler dix heures durant de ce à quoi elle connaissait que dalle, il avait, par là même, le droit de parler à la place d’une femme alors qu’il n’avait jamais eu ses règles et qu’il était certain de ne les avoir jamais. Il n’aurait pas supporté qu’on lui interdise de parler à la place d’une femme quel que soit son âge, il ne s’était, d’ailleurs, pas privé de le faire dans son gros bouquin sur Ali dédicacé à Sonji Roi, la première épouse d’Ali qu’il adorait presque autant qu’Amy Winehouse. De toutes les manières, en idole virile, il n’était pas vraiment très crédible non plus, il s’était saoulé au mauvais riesling avant de conduire Madame se faire avorter par une faiseuse d’anges, il lui était arrivé de ne pas être très brillant la bite à la main et sa Jaguar, perchée sur un tas de gravier, avait pris un angle bizarre, autant donc se réserver le droit de faire le délicat pour émouvoir ses supposées lectrices ultérieures.
              Sur le chemin du retour, ils ont croisé Jeannot le Lapin, plus qu’octogénaire, l’œil vif et le mollet alerte, impossible de trouver un seul champignon dans le coin s’il avait ouvert sa grange, et il y vivait quasiment en permanence. « T’es au courant, il m’a dit, y a une fille à la radio qui parle d’Ali ».
             Dans la vallée, on capte deux stations : France culture et RFM… le meilleur de la musique ! Daniel Balavoine, Jean-Jacques Goldman, Céline Dion en boucle.
.          – Ouais, ouais, lui a dit le spécialiste, je l’écoute.
.          Et c’était vrai, il l’écoutait avec un stylo à la main, son sens critique aux aguets, sa mauvaise foi en éveil, pour guetter les erreurs, les inexactitudes, les pataquès, avant de se trouver stupide de le faire. En vérité, il n’y avait pas beaucoup d’erreurs, pas vraiment d’inexactitudes, c’était juste une émission sinistre où de vieilles personnes parlaient d’un mort qui, en réalité, n’intéresse plus grand monde. Beaucoup de gens de la culture et des médias ne se rendent pas compte que beaucoup de gens se sont aperçus que Marilyn Monroe était un boudin, qu’il n’y a plus grand monde pour s’enfiler le sirop Presley à la cuillère à café ou bien regarder 
À bout de souffle en noir et blanc, que Kennedy, Abraham Lincoln, Staline, Napoléon, Fidel Castro, les Chats sauvages, Bertrand Lavier, Jacques Anquetil, Bernard Tapie, l’Ange blanc, Joe Louis ou Louis XIV, c’est la même limonade… de la drouille qui trouverait pas preneur sur le Bon Coin, que, pour se lamenter de la disparition de l’histoire et en avoir quelque chose à branler, il n’y a plus que les historiens salariés + Régis Debray, trop fier de ses prix d’excellence d’antan et de son excellente mémoire morte.
            Macho Man se rendait compte que Judith Perrignon, hors de son élément, n’était pas à l’aise, dans une interview à 
Télérama, elle avouait ne pas « particulièrement » connaître Muhammad Ali, c’est-à-dire pas du tout, il comprenait ce qu’elle avait voulu faire pour réintégrer sa zone de confort : fuir l’insignifiant (Ali en boxeur !) ou ce qu’elle croyait tel, se réfugier dans le « signifiant » (Ali en symbole) qu’elle pensait savoir maîtriser à l’abri d’une bande-son 
arty et de l’énonciation régulière des rapports du FBI pour faire sérieux. Il voyait, surtout, qu’elle se faisait manipuler par ses interlocuteurs, les repentis retors… « On assassinait un brin, mais on a changé depuis ! on aurait pas dû, on recommencera pas ! »

Ali akhbar !

.      Joyce Carol Oates a écrit dans On Boxing que les femmes ont tendance à prendre le parti du boxeur blessé alors que les hommes se rangent du côté du vainqueur ; lorsqu’il avait lu ça, Macho Man s’était demandé s’il ne s’agissait pas de manichéisme à la truelle (homme = testostérone = violence aveugle) et à la tyrolienne (femme = œstrogènes = délicatesse et compassion) que l’on faisait semblant de ne pas remarquer sous prétexte que Carol Oates était une femme et qu’elle risquait un jour d’avoir le prix Nobel. À l’inverse des territoires désolés où les présupposés de Carol Oates auraient dû l’amener, Macho Man explorait des oasis plus charitables, il avait désormais tendance à plaindre Judith Perrignon et à en avoir même un peu pitié comme il avait pitié des boxeurs dépassés engagés dans des combats que leurs managers n’auraient jamais dû signer alors que Madame Roux lui demandait comment il pouvait bien faire pour écouter patiemment une connasse pareille. Monsieur Roux lui parlait de conscience professionnelle, mais il commençait à se lasser aussi, cette « Grande Traversée » n’en finissait pas d’être interminable, elle ressemblait de plus en plus aux reportages animaliers d’Arte où l’on se lamente de la disparition imminente des rhinocéros albinos ou de la complainte dite de Thalassa où les filets de pêche ne remontent plus que des calicobas à moitié crevés. Où était la gaité ? ou était l’énergie ? où était le rythm’ & blues ? où était la Soul ? Alors quand Madame lui a dit que jeudi matin, c’était marché, il s’est dit qu’il écouterait la rediffusion prévue dans la soirée.
.      Il a d’abord fallu qu’il dégage la XJ 8 du tas de gravier sur lequel il l’avait perchée, sa roue arrière gauche ne touchait pas le sol, il avait oublié que c’était une propulsion. Dans la pente, il a mis l’autoradio, la réception n’était pas excellente, Madame lui a demandé si le type qui n’arrêtait pas de rigoler y connaissait vraiment quelque chose.
.      – Il a pas l’air, si ?
.      – C’est le père de Tony Yoka… au moins, il se marre, ça change des autres croque-morts ! il lui a répondu.
.      En bas du col, les gendarmes les attendaient, ils lui ont fait signe de s’arrêter, cela devait faire vingt ans qu’il ne s’était pas fait arrêter, et il n’avait pas ses papiers. Celui qui avait les Ray Ban au bout du nez et la main sur l’ordinateur n’a pas réussi à trouver trace de lui dans son bidule informatique, mais il les a laissés repartir avec un grand sourire sans que Madame soit obligée de lui faire du charme. Deux vieillards dans une Sovereign sur le chemin du marché, ce n’était pas l’idée qu’il se faisait du terrorisme et des terroristes.
.      – T’as vu s’il était beau ? a demandé Madame.
.      – Et les dents qu’il avait ce con !
.      – Aussi beau que mon pompier.
.      Elle avait une référence esthétique absolue, hormis Alain Delon jeune, le pompier qui l’avait ramassée alors qu’elle venait de se prendre un K.-O. place Clichy, il y avait de cela vingt ans.
.      – Plus beau encore… celui-là fait pas pédé !
.      – Mon pompier, non plus.
.      – Tu plaisantes ?
.      – Ce que je crois, c’est qu’ils nous ont arrêtés pour regarder la voiture.
.      – Sans doute…
.      – Ce qui est marrant, c’est que tu sois pas dans leur ordi, non ?
.      – J’ai beaucoup de talent pour disparaître.
.      – C’est vrai que tu perds tout.
.      – Et qu’on m’oublie…
.      Chez le bouquiniste du marché, Macho Man a acheté un vieil exemplaire des 
Neiges du Kilimandjaro au Livre de poche (n° 301), il s’est dit que, tant qu’à faire, il préférait boxer avec Papa qu’avec Judith Perrignon, la rencontre serait plus équilibrée.
        Le soir, il n’a pas allumé la radio, il s’est couché, il a ouvert les 
Neiges du Kilimandjaro au hasard, il est tombé sur « Trois jours de tourmente » et il a lu : « Il mit les chaussettes, s’affala en arrière dans le fauteuil et posa ses pieds nus sur la grille devant le feu. » Macho Man s’est dit qu’en français Papa boxait avec des gros gants, des 18 onces au moins, ceux avec lesquels Tommy Hearns avait brisé la mâchoire de Marlon Starling, des gants comme des oreillers et qu’il ne risquait pas grand-chose à faire quelques rounds avec lui.
.      C’est le moment que Madame a choisi pour lui dire : « En fait… je sais pas comment j’ai fait pour me souvenir de toi », et elle lui a souhaité bonne nuit !
.      Le lendemain, elle était toujours à côté de lui.
.      Il faisait beau.
.      Jeannot le Lapin avait fermé sa grange.
.      Si la vie avait été bien faite, il y aurait eu des girolles.
.      Et des cèpes.

* Qui n’était pas petite, il se croyait tout à fait capable de plier
en deux phrases la plupart des « contenders » de la scène littéraire.

Deux ou trois choses que je n’avais pas dites sur Ali

« Pour la femme, l’homme est insaisissable. L’homme est l’autre, à domestiquer ; la femme est domestication.
Joyce Carol Oates

En ces temps-là, où les images avaient triomphé sur toute l’étendue de la terre, le visage de Muhammad Ali était familier aux Bambaras comme aux Tchétchènes, aux Farsis comme aux Yoras.
.          A peu près à cette époque les Beatles avaient déclenché un scandale en déclarant qu’ils étaient plus célèbres que le Christ.
.          Ali était encore plus célèbre que les Beatles.
.          Il était donc naturel de les faire se rencontrer.
           En février 1965, Ali s’appelait encore Cassius Clay (plus pour très longtemps), il préparait son premier championnat du monde contre Sonny Liston, et les Beatles entamaient leur première tournée aux USA. La séance photo, dirigée par Harry Benson, aura lieu à Miami dans le gymnase d’Angelo Dundee où Cassius s’entraînait. Il ne pouvait pas y avoir deux soleils à ses yeux, il était encore moins question qu’il partage sa gloire naissante avec quatre Anglais taillés comme des ablettes et coiffés comme des bobtails, alors le futur Muhammad Ali se frappera la poitrine comme King Kong, poursuivra les Beatles aux quatre coins du ring, les fera s’agenouiller, se rouler par terre et brandir des pancartes à sa gloire.
.          Dix minutes après que les Fab’ Four aient mis les voiles, alors qu’il avait été traité de « cinquième Beatles, la niaiserie en prime » par Jimmy Cannon (du New York Post), Ali passera un coup de fil à Robert Lipsyte (du New York Times) pour lui demander qui étaient ces « tafioles » ?
.          Ali préférait Sam Cooke.  
.          John Lennon se rendra compte le premier que Clay les avait fait tourner en bourrique ; en guise de représailles, les Beatles n’adresseront plus la parole au photographe qui avait été chargé d’immortaliser la scène.
.          Plutôt qu’avec ce jeune nègre hystérique, les Beatles auraient préféré poser avec le champion du monde en titre sur la victoire duquel ils avaient parié, comme tout le monde. Hormis le pari qu’ils auraient perdu, comme presque tout le monde, cela aurait, sans doute, été une plus mauvaise idée encore. Quelques jours plus tôt, quand les Beatles ont commencé à chanter lors du Ed Sullivan Show où il était lui-même invité, Liston avait demandé à Harold Conrad (le promoteur du combat) : « C’est pour ces quatre connards qu’ils gueulent comme des veaux ? » avant de conclure : « Mon chien joue mieux de la batterie que le type avec le gros pif ! »
.          Sonny n’était pas une tafiole, il n’aimait que le rythm and blues, et sauter à la corde sur Night Train.
.          Trois ans plus tôt, Steve Schapiro avait réalisé une série de photos sur Cassius Clay, Verona Way (Louisville), là où vivaient ses parents et où le jeune homme revenait souvent.
.          Il reste encore aujourd’hui à Louisville quelques souvenirs du temps où la limonade était servie sur la pelouse sous le saule pleureur par des domestiques noirs, du temps où tous les Noirs étaient domestiques et où personne de sensé n’aurait seulement pu imaginer qu’un métis serait élu président.
.          Si Ali n’en était pas le sujet, les photographies de Schapiro pourraient faire partie d’un reportage sur la classe moyenne noire des années 60 : les rues bordées d’arbres pas trop grands où chaque maison de bois a son perron de briques rouges surmonté d’un toit en auvent et son morne jardin de la surface d’un court de tennis. Un peu partout, sur les poteaux de téléphone, des affichettes écrites à la main décrivant des chats et des chiens perdus et, devant les garages, les vaisseaux V 8 de la General Motors passés au polish jusqu’à ce que l’on puisse se repeigner dans le reflet de leurs ailerons aussi bien que dans celui du chrome de leurs pare-chocs.
.          Derrière les rideaux de nylon, on aperçoit, rutilante, la table basse en faux acajou, le poste de télévision de la taille d’un buffet, les abat-jour recouverts de papier cristal, les napperons, le canapé où l’on ne s’assoit pas pour ne pas le salir… et au mur, les tableaux où des chevaux courent sous un ciel d’orage et les portraits de clowns.
.          Tout est clair, convenable, d’une propreté méticuleuse, les femmes noires sont des as de la lessive et du ménage, ce sont des professionnelles, et ce depuis l’époque de l’esclavage. La race dont on craint que la saleté déteigne, on l’emploie – évidemment – pour blanchir ce qui doit l’être.
.          Odessa Clay, la mère de Cassius Marcellus Jr et de son frère, Rudolph Arnette (dit Rudolph Valentino), faisait ça pour les familles blanches d’Indian Hill et de Mockinbird Valley, les quartiers chics de Louisville.
.          Pour quatre dollars par jour.
.          — Odessa est tellement chou… depuis le temps, elle fait vraiment partie de la famille ! 
.          Les hommes noirs, c’est une autre paire de manches, ils boivent comme des trous, ils jouent aux dés, ils fument, ils se battent comme des chiens et ils ne pensent qu’à baiser la femme de leur voisin. Cassius Marcellus Clay Sr était comme ça. Les flics avaient l’habitude de l’arrêter quand il zigzaguait trop et trop vite pour rentrer au bercail, le plastron de sa chemise éclaboussé de sang, à moins qu’ils ne le ramassent rond comme une queue de pelle s’il avait perdu les clés de sa bagnole.
.          Ali et son frère sont nés pas très loin, 3302, Grand Avenue.
.          Ces trois jours-là, Ali a posé avec ses parents dans son polo bien repassé et ses chaussures bien cirées ; il a boxé dans le vide entre la table basse et le poste de télévision ; il s’est mis torse nu et puis, surtout, il a joué avec les gosses parce que c’était ce qu’il préférait. Les gamins avaient tous le même âge que lui, huit, neuf, dix ans. Pas davantage. Il leur a fait des grimaces, montré ses muscles, il a fait du vélo avec eux dans les allées (et l’on se rend compte que, depuis qu’on lui avait piqué le sien, il avait oublié d’en faire).
.          Il fait beau, ils s’amusent. Ali arbore une chemisette blanche à manches courtes et un nœud papillon saugrenu, le même – déjà – que celui des membres de la Nation of Islam.
.          Et puis…
.          Et puis, il s’est assis sur les marches qui mènent au perron. Les vélos sont renversés dans l’herbe, les sept gamins sont autour de lui. Ils ont les mêmes cheveux que lui et à peu près la même coupe, ils gesticulent, ils rigolent… entre eux. Ils ont compris que leur tour est passé, qu’Ali, désormais, ne s’intéresse plus à eux, mais à une petite fille de cinq ans et demi.
.          Elle est petite, plus petite que le plus petit des garçons, et pourtant c’est elle le centre de l’image.
.          Et pas seulement de l’image.
.          Le centre de l’attention d’Ali.
.          L’une des raisons, la plus surprenante peut-être (mais pas tant que cela, Ali lui-même n’est pas si noir que ça, sa mère encore moins, et il a toujours été plus proche des Blancs qu’il ne le laissait entendre), c’est que la petite fille est claire de peau… presque blanche. Si blanche qu’elle a des taches de rousseur comme il arrive parfois aux Afro-Américains lorsque le blanc est à fleur de leur peau. Ses cheveux ne sont pas lisses, mais ils ne sont pas crépus pour autant, ils bouclent.
.          Elle s’appelle Yolanda Williams, tout le monde l’appelle Lonnie, sa mère est l’une des meilleures amies d’Odessa Clay. Lonnie a d’abord pleuré quand Ali lui a demandé d’approcher : il a beau lui sourire, il est plutôt impressionnant, ne serait-ce que par sa taille (un mètre 91) et son âge (vingt ans). Elle n’a pas encore six ans, elle porte l’uniforme de son école (une jupe avec des bretelles, un chemisier blanc), mais son geste, les deux bras levés, est celui d’une femme et le regard qu’elle pose sur Ali est – aussi – celui d’une femme, mieux encore, celui de Salomé.
.          Yolanda Williams dit qu’elle est tombée amoureuse d’Ali à dix-sept ans, mais depuis ce jour où, en face de ce grand jeune homme bientôt champion du monde, elle se tortille en minaudant, elle aura l’œil sur lui. Avant de l’épouser et qu’elle soit sa veuve, il se mariera trois fois. Avec Sonji Roi, la femme pop (celle que je préfère et à qui Alias Ali est dédié), Belinda Boyd, la femme-jumelle dont la ressemblance finit par vous être un reproche, Veronica Porsche, la femme-trophée plus narcissique encore que vous ne l’êtes.
.          La quatrième sera la « bonne », la femme d’intérieur idéale qui a déclaré un jour : « Maintenant, Muhammad Ali, c’est moi ».
.          Toute la dernière partie de sa vie, Muhammad Ali a donc été une bourgeoise afro-américaine, diplômée de l’UCLA, religieuse, mais plutôt tolérante, patriote, mais assez libérale sur certains sujets (l’égalité), mais pas tellement sur quantité d’autres (la famille).
.          Du temps où il était vivant, Ali faisait tout ce qu’il ne fallait pas faire ; du temps où il a été muet, Lonnie lui fera dire tout ce qu’il faut dire.
.          Il faut que les champions meurent en public au moins une fois (lors de leur dernier combat, souvent une défaite) ; lorsque ce sont de grands champions, on leur permet de mourir une fois supplémentaire (des types avec la gueule cabossée et la cloison nasale de traviole portent le cercueil) ; lorsque ce sont des champions exceptionnels, ils meurent chaque fois qu’on leur demande de le faire. Ainsi a-t-on pu voir Ali, hébété par la maladie de Parkinson, allumer en tremblant la flamme des Jeux olympiques d’Atlanta et de Coca Cola réunis ; le même genre de traîtrise qu’Elvis Presley, raide défoncé, serrant la main de Richard Nixon dans le bureau ovale après lui avoir proposé de lutter contre la drogue et les drogués.
.          Deux parjures par fidélité à une cause qui les dépasse… les anneaux olympiques, la bannière étoilée !
.          Deux parjures murés dans leur pyramide.
.          Le Graceland de Muhammad Ali est situé pas très loin des rives de l’Ohio et de l’Interstate 64.
            Le Muhammad Ali Museum a coûté plusieurs millions de dollars financés entre autres par Microsoft, Coca Cola, Lennox Lewis, Delta Airlines, Angelina Jolie, Kodak, la Chase Foundation, la Princesse Haya Bint Al Hussein, General Electric et Adidas… jusqu’à ce que s’élève, 144 North Sixième Rue entre River Road et Main Street, le genre de bâtiment d’un modernisme de bon aloi susceptible d’être détruit sans que personne ne s’en aperçoive. En prévision des foules prévues, l’entrée est de la taille d’un hall d’aéroport. Le guichet d’entrée jouxte la boutique où se vendent les produits dérivés capables de vous transformer en homme-sandwich à des prix défiant toute concurrence.
.          C’est un musée d’un genre ordinaire aujourd’hui où les musées sont consacrés à tout ce qui est susceptible de se définir comme « culturel » : activités surannées, objets désormais sans emploi, événements historiques oubliés, mais aussi personnages hors du commun dont Muhammad Ali fait, indéniablement, partie.
.          Une fois sa place payée, il n’y a guère moyen d’échapper au sens obligatoire du parcours. Première station : une employée du musée vous fait prendre la pose devant un fond prévu à cet effet. Si vous restez interloqué, elle mime la pose que vous devez prendre : celle des vieux boxeurs sonnés, celle qu’Ali prenait automatiquement. Le temps de développer le cliché, votre photographie réapparaîtra l’étage au-dessus et l’on vous proposera de l’acheter en différents formats.
.          Comme chez Walt Disney !
.          Puisqu’il s’agit avant tout de célébrer un culte et de donner une image d’Ali d’où toute violence est exclue, les informations sont toutes données (en Amérique, on ne ment pas), en glissant sur certaines et en insistant sur les plus édifiantes. L’accent (grave) est mis sur le parcours de celui qui est devenu la figure d’un culte New Age crétin, pour ce faire, les bons sentiments interactifs sont filmés comme un soap opera… flous.
.          L’intention est affichée sans détours : « promouvoir les valeurs profondes véhiculées par Ali : la paix, l’engagement social, le respect et le développement personnel », et célébrer son influence universelle. Le but avéré étant de communiquer ces valeurs au public.
.          Au quatrième étage, on vous propose de trouver votre voie comme Ali a trouvé la sienne (« Lighting the Way »), de découvrir vos forces personnelles (« Walk with Ali »), et l’on termine par un Mur de l’espoir et du rêve (« Global Voices ») : 5 000 dessins d’enfants de 141 pays.
.          Au cinquième, vous pouvez lire quelques poésies d’Ali, prendre connaissance des idéaux qui resteront comme son héritage : « respect, confiance en soi, conviction, générosité et spiritualité ».
.          Il manque à tout cela l’électricité, la foule, le bruit, l’odeur, la passion, l’excès.
.          Le grand absent, c’est Ali lui-même.
.          Avoir un musée de son vivant, c’est mourir un peu, le risque encouru : y être enterré de son vivant.
.          Ce qui ne manque pas.
.          Pour écrire sa « biographie » (il n’a même pas lu celle écrite en son nom par Richard Durham), j’ai passé pas mal de temps avec Ali, j’ai lu à peu près tout ce qui a été écrit sur lui, j’ai longtemps craint qu’il meure lorsque j’aurais fini de l’écrire, et retardé d’autant sa publication. Cela ne me confère aucune légitimité, mais lorsqu’il a fallu choisir, j’ai choisi de ne rien écrire sur les années où il n’allait faire que survivre. Sa fin, qui allait durer plus de trente ans, j’ai décidé de l’ignorer.
.          Souffrant, pourtant, Ali aurait pu m’intéresser. Qu’il n’ait pu presque plus parler, que son corps glorieux n’ait plus été qu’un lointain souvenir, que sa parole si vive ait été désormais empêchée, que son regard ne se soit plus éclairé que rarement, que ce qui lui est arrivé soit en réalité si tragique qu’il est possible, sans beaucoup d’effets, de tirer au lecteur des torrents de larmes…

Cry me a river
Cry me a river
I cried a river
Over you

.          Que ce qui lui est arrivé : mourir au ralenti devant nous tous, soit si humain que cela nous concerne tous et devrait tous nous intéresser.
.          Certes, mais…
.          Si Ali prisonnier de Parkinson m’intéresse et m’émeut, Ali n’était pas seulement prisonnier de Parkinson.
.          Ali était essentiellement prisonnier de Lonnie.
.          La prison parfois protège, la prison parfois épargne.
.          Lonnie a protégé Ali de tout ce qui pouvait lui arriver de mal, elle lui a épargné le reste, comme une mère interdit les mauvaises fréquentations à ses enfants… alors ses copains (les sales types et les dingues) ont disparu et les filles ont cessé d’attendre sagement leur tour dans les couloirs des motels.
.          Les comptes ont été tenus à jour, il n’a plus été question de balancer l’argent par les fenêtres, mais de faire prospérer une image noyée dans les bons sentiments et le politiquement correct. D’un has been un peu sonné qui répondait présent chaque fois qu’un producteur télé lui proposait de venir faire le pitre, elle a fait un Bouddah bienveillant.
.          C’est un chef-d’œuvre, mais c’est un chef-d’œuvre commercial.    
.          Adieu la jeunesse ! Adieu la folie ! Adieu la vie !
.          Les derniers temps, Ali regardait toute la journée les vidéos de ses anciens combats. Il regardait donc défiler sa vie toute la journée et, de temps en temps, il se tournait vers Lonnie (la seule à le comprendre encore) qui ne le quittait pas des yeux et il lui demandait : « J’étais dingue, non ? », elle lui répondait : « Oui ».
.          Et maintenant ?
.          Maintenant, Muhammad Ali n’est plus fou, il est MORT.
.          Comme presque tous ses adversaires et l’idée qu’un autre monde est possible.

13/01/2022

Fuck l’édition et les éditeurs !

Allez ! demain : quelques lignes sur Alias Ali, une nouvelle inédite (à propos de l’Insoumis de Judith Perrignon) et j’arrête un peu cet agenda.

Ça va pas être triste !

Depuis l’année dernière, Olivier Mony ne tarit pas d’éloges sur les livres publiés rue des Saints-Pères (qui paie ses dettes s’enrichit) ; il est également assez dithyrambique sur la production des éditions Jean-Claude Lattès (Adnane Tragha, Florence Adler, Isabelle Sorente, Diadie Dembele et, à plusieurs reprises, Jacques Ravenne). Cela semble être un investissement judicieux puisque les établissements Lattès, sans doute encouragés par le succès de son roman précédent, publient le 13 avril Séjour Villa Chagrinà bisto de nas, un roman basco-moudianesque.

Ce que l’on ne sait pas
Ce que l’on ne voit pas

Ce qui explique tout (hélas !), c’est la réalité !

12/01/2022

Et mon cul, c’est du poulet ?

Maigres ou gras
même combat !

« Gabrielle Léditrice, écrivain chez Gallimard »
déplore la situation actuelle
non sans faire remarquer
le parfait professionnalisme
de son employeur
(dont je ne doute pas une seconde)


11/01/2022

C’est sûr Vincent Bolloré doit préférer Pascal Quignol à Marcel Pagnard, mais moi aussi… alors !

Si j’ai bien compris le dernier livre de Houellebecq, c’est comme dîner dans un resto où le potage serait infect, les hors-d’œuvre médiocres, le plat dégueulasse, les fromages immangeables, mais où les desserts seraient super. Autant se taper – direct – un Opéra de chez Picard… non ?

Toujours à propos du chef-d’œuvre, Flammarion nous a fait tout un foin de la couverture rigide, Monsieur Toussaint Louverture a fait de même pour Tu ne désireras pas* de Jonathan Miles et ce n’est pas le seul ; la référence à l’album blanc des Beatles ne tient pas debout… l’album des Beatles était… blanc sur blanc ; Houellebecq a tenu à ce que la capitale du titre (en rouge comme son nom et celui de l’éditeur) soit abaissée, depuis tous les critiques l’écrivent Anéantir.

* entre parenthèses : (je me demande qui peut se taper une daube pareille)

10/01/2022

ALIAS ALI
LA STORY

LES ACTEURS

LE SCENARIO

Remise du manuscrit d’Alias Ali à Olivier Nora (Grasset)
Lecture du manuscrit par Jeanne Garcin (Grasset)
Lecture des observations de l’éditrice par l’auteur
Courriel de l’auteur à Olivier Nora (voir ci-dessous)
Réponse d’Olivier Nora à l’auteur (voir ci-dessous)
L’auteur propose de confier le manuscrit à Elisabeth Samama (Fayard)
Elisabeth Samama le trouve « génial »
Publication d’Alias Ali (Fayard)

Le 16 août 2012 à 21:18, Frederic Roux <freddomroux@orange.fr> a écrit :

O.N,


En fait, je ne comprends toujours pas comment un texte ni revu par mes soins ni corrigé par mon épouse, qui était donc uniquement destiné à vous rendre compte de son avancement, peut se retrouver comme un document de travail entre les mains de l’une de vos employées.
Comme je ne suis pas l’ennemi des jeunes filles et que l’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, j’ai donc pris connaissance des « corrections » de Jeanne Garcin. Je dois avouer que j’en suis sorti légèrement perplexe, je me suis demandé tout d’abord si ce n’était pas une plaisanterie (mais je n’ai pas réussi à repérer la caméra cachée) ou alors un châtiment du genre que l’on inflige aux taureaux (je suis né le 25 avril) pour leur faire baisser la tête (mais je n’ai senti aucun élancement au niveau du morillo). 
Une certaine distraction ? Un bref instant d’égarement ? Le manque de personnel qualifié ? Que sais-je et peu m’importe.
Tout y est.
L’invraisemblable aplomb de son âge (« J’ai bon goût ! »), l’arrogance de sa caste (notre Gordon Lish en jupons propose de sabrer une soixantaine de pages sur 400… « Pas mal pour un cheval ! » dirait Daddy) ; la pénétration psychologique inouïe (d’après elle, Ali est… autiste !) ; l’étonnement que le nègre illettré fasse un usage fautif du subjonctif ; la chasse maniaque à la répétition (il est vrai que les propriétaires de 300 mots de vocabulaire se répètent peu, que le blues est connu pour la richesse de son vocabulaire et que le prêcheur ne scande pas) ;  la ponctuation réduite au point et à la virgule (elle veut « discipliner » la discipline), d’après notre Vaugelas miniature, l’exclamative employée de manière « abusive » (c’est-à-dire dans les phrases exclamatives) n’a plus « aucune valeur » (il faudrait aussi, si l’on suit son raisonnement, supprimer le point d’interrogation à la fin des interrogatives) ; l’emploi à tort (souvent) et en travers du mot « redondant » (ce qui introduit une information nouvelle ne peut pas être qualifié de redondant)…  j’en passe et des meilleures ! 
Le bouquet étant, tout de même : « marques trop insistantes d’oralité qui ne passent pas la barrière écrite » ! à propos d’un texte où l’oralité est omniprésente et d’un auteur à qui on reconnaît à l’unanimité moins quelques voix un « sens du dialogue » rare sous nos latitudes et dont le souci, pour être plus modeste, est de « faire passer à l’écrit l’émotion du langage parlé ». 
Je compte pour du beurre : « beaucoup de noms qui peuvent s’avérer étrangers » (« Tu m’étonnes, John ! »), qui me semble d’une rare pénétration et d’un sens de l’observation hors-norme.
Peu importe. 
C’est son problème et le vôtre, pas le mien.
Ce n’est pas à moi de valider son stage.
C’est à vous de lui expliquer qu’elle n’est pas encore à la hauteur de la tâche. 
Je vous fais confiance, vous ferez ça très bien.
Pour ma part, je m’engage à terminer ce texte, ce qui ne saurait tarder, à le revoir entièrement et à vous le livrer à la fin du mois d’octobre (je vous rappelle que je suis absent de France de la mi-septembre à la mi-octobre). Il suffira de le soumettre ensuite à un correcteur (celui de Ring était excellent) ou, pourquoi pas, à une collaboration extérieure (Elsa G ?).
Suivant les décisions que vous prendrez, l’éventail des possibilités va du pire (on arrête les frais et je rembourse) au meilleur dont je suis persuadé que vous me réservez la surprise.

Bien à vous.

King of the Apes

PS : il faut que je vous l’avoue, j’ai aussi beaucoup ri en la lisant.

Evidemment, ces différents épisodes auront quelques conséquences en dehors de la publication avec le succès que l’on sait d’Alias Ali chez Fayard ; ce livre sera particulièrement soigné à L’Obs (RIEN) où Jérôme Garcin dirige le service culturel (une fois que le livre aura obtenu le prix France Culture/Télérama, il en sera tout de même question dans Bibliobs) ; quelque temps plus tard, Olivier Nora se passera des services de la fille du producteur du Masque et la plume. Jeanne Garcin se reconvertira dans la vente de chapeaux.
La suite sera pire… c’est aujourd’hui.

09/01/2022

Sur l’Instagram de Lou Doillon, 13 445 personnes « likent » son hommage à Joan Didion… ça fait beaucoup, non ?

Quand Lamartine mourra, les compteurs vont péter !

« Un récit autobiographique sensible et émouvant » de Frédéric Beigbeder (Un barrage au Cap-Ferret, un bouchon à Claouey, Grasset), s’il faut en croire Olivier Mony (Grasset).

Allez ! demain, pour changer de sujet, je raconte la genèse d’Alias Ali, signé chez Grasset, publié chez Fayard.

Ce qui nous promet…

08/01/2022

Si mettons… Harry Crews est un génie ou Hughes Pagan « un immense écrivain », Witold Gombrowicz, c’est quoi ?

07/01/2022

A peine avais-je attribué à Virginia Woolf : « Aucun d’entre nous n’est complet en lui seul » que je (re)lisais (dans) Pourquoi être heureux quand on peut être normal (« Fucking Book ! ») : « Nul homme n’est une île complète en elle-même » que Jeanette Winterson attribue à John Donne (1572 – 1631).

Il y a peu, la dénommée Jeanette Winterson (« Fucking Writer ! ») a été mêlée à une polémique style contemporain : elle a brûlé SES livres et publié la vidéo sur Internet.

Elle avait ses raisons, elle les a expliquées, sous la pression de l’opinion, elle a été obligée de revenir en arrière, de faire amende honorable et même de donner toutes les preuves de la bien-pensance-bio à l’ordre du jour, ce qui me déçoit un peu, elle m’avait semblé beaucoup plus couillue que ça, en tous les cas pas du genre à s’écraser, à s’excuser ni à se conformer.

Ce qui m’a le plus intéressé, ce n’est pas la polémique, c’est la reproduction : la mère (adoptive) de Jeanette Winterson avait brûlé, en son temps, les livres que sa fille cachait sous son matelas :

    « Un soir en entrant dans ma chambre, elle a vu le coin d’un livre qui dépassait de sous le matelas. Elle l’a extirpé de sa cachette et l’a examiné avec sa lampe de poche. Mauvaise pioche : D.H. Lawrence, Femmes amoureuses.
    Mrs Winterson, pour qui Lawrence était un sataniste doublée d’un pornographe, a jeté le livre par la fenêtre, puis s’est mise à fouiller et fourrager tant et si bien que j’en suis tombée du lit alors qu’elle envoyait livre après livre dans l’arrière-cour. J’attrapais ce que je pouvais, tentais de le cacher, la chienne courrait après les livres, et mon père assistait à ce spectacle en pyjama, impuissant.
    Quand elle a eu terminé, elle a pris le petit réchaud dont on se servait pour chauffer la salle  de bains, est sortie dans le jardin, a versé le pétrole sur les livres et y a mis le feu.
    Je les ai regardés flamber et flamber et je me souviens de la chaleur qu’ils dégageaient, de la lumière vive sur la nuit de janvier saturnienne et glaciale. Pour moi, les livres ont toujours représenté la lumière et la chaleur. »

06/01/2022

On s’en branle !

05/01/2022

Dans l’Equipe Mag, Jean-Christophe Rufin nous apprend qu’il se serait fracturé le col du fémur en écrivant son premier livre, en revanche, pas une seule pensée pour ceux à qui il a cassé les couilles.

04/01

C’est la rentrée ! Dans Livres Hebdo, Olivier Mony (Grasset) recommande chaudement un « récit d’initiation doux-amer et parcouru de la lumière pâle de la nostalgie », La vie plus douce (Grasset) de Fabrice Gaignault qui, en son temps (il y a longtemps), m’avait qualifié de « grand écrivain* » (rien que ça !) pour Lève ton gauche !.

* « A quoi reconnaît-on un grand écrivain ?
A sa façon de boxer seul dans sa catégorie, avec son style bien à lui,
une vision de l’existence et un univers immédiatement identifiables,
et des dialogues qui claquent comme des gauches bien envoyés. »

03/01/2022

Pour le prix, c’est donné !
(moins cher que le stationnement à Biarritz)

L’annonce est écrite dans un français hésitant : « une progression réelle et dans la durée » ?
Sauf que, « sous la direction d’un des auteurs les plus doués de sa génération », les résultats ne se feront pas attendre.

02/01/2022

Olivier Nora a mis fin à la collection « blanche » de Grasset, personnellement, je lui conseillerai de mettre fin à la collection « Le Courage ».

On n’est jamais assez prudent

01/01/2022

Ne pleurniche pas,
ne te plains jamais,
travaille davantage,
passe plus de temps seul.

Yes, Madam !