MON AGENDA DE LA PLEIADE
(2023)

Copyright Christophe Beauregard

30/11

Maylis de Kérangal et Lydie Salvayre, officiers de l’Ordre national du mérite.

Marguerite hésite

29/11

« Ce que j’ai écrit ne vaut rien […] des succès bidons et des critiques de complaisance », un éclair de lucidité de Philippe Labro in Tomber sept fois, se relever huit dont je n’ai toujours pas compris la logique arithmétique.

Clichés sur clichés = succès !

Et de la prose qui va avec…

28/11

Le petit Raymond rêvasse en classe

26/11

Le seul éditeur à ne m’avoir jamais versé un rond ? Sens & Tonka. On peut donc, assez logiquement, en déduire que Sens & Tonka = voleurs !

Et avec les nouveaux casques,

ça rentre crème sans crème !

24/11

Lu, par acquit de conscience, Ali, une vie de Jonathan Eig (Marabout, 2018, 695 pages, pas très bien traduites par Laurent Bury). J’ai été vite (je connais l’histoire), tout y est, rien à redire, la seule différence avec les biographies précédentes, dont celle de Thomas Hauser est le modèle difficilement dépassable, c’est le sexe ! Le non-dit, c’est fini ! Etant donné l’ampleur du phénomène, on se demande comment il a pu être si longtemps tenu secret : Ali était un fou du cul, il a été bigame, trigame et davantage si l’occasion se présentait ; l’hernie inguinale qui a retardé le combat retour contre Sonny LIston, c’est au lit avec Sonji Roi qu’il se l’est faite ; une petite pipe dans les vestiaires ? pourquoi pas ; dix minutes avant son combat contre Ken Norton (Ken Norton !), il était au pieu avec deux putes ; Deer Lake, son camp d’entraînement, était un bordel à ciel ouvert ; il a semé des gosses dans tous les coins et il ne les a pas tous reconnus (il ne reconnaissait pas ceux qui ne lui ressemblaient pas). Leon Muhammad (de la mosquée de Philadelphie) résume tout ça très bien : « La faiblesse d’Ali, c’était la chatte ! »

Il m’en manque deux pour finir la soirée !

21/11

D’après Kurt Vonnegut, Bob Dylan est le plus mauvais poète vivant, ce n’est pas faux, on ne peut pas dire que ce soit un très bon chanteur non plus, et bien, ça ne m’empêche pas d’aimer Bob Dylan (et Bob Dylan d’avoir beaucoup aimé Ali).

Just like a woman !

17/11

« En Ukraine, on parle de « roman de voix » pour qualifier le travail d’un ouvrage par des témoignages », Svetlana Alexievitch ; qualification qui semble, tout à fait, pouvoir s’appliquer à Alias Ali.

En 1975, Grasset commande à Monique Wittig un « dictionnaire du féminisme ». Wittig prend l’oseille et se tire en Grèce avec sa copine, Sande Zeig. Elles en reviendront bronzées avec un Brouillon pour un dictionnaire des amantes dénaturant la commande et – tout pour plaire et pour faire chier – inachevé. Comme à l’époque, rue des Saints-Pères, les hétérosexuels avaient des couilles, le livre est publié tel quel. Il a été réédité en 2011 dans la collection Cahiers rouges avec une préface d’Anne F. Garréta dont les réflexions sur le genre « dictionnaire » pourraient servir à Mille et une reprises.

Résultat

A la fab’, ils se mélangent un peu les pinceaux dans les genres

14/11

Guy rature (comme littérature).

11/11

J’avais voulu titrer ma contribution au Libé des écrivains d’il y a longtemps Aimez-vous Trams ? mais Libération a une cellule spécialisée en « titres », alors « écrivain » ou pas, j’avais eu droit à ce qu’ils avaient cru meilleur qui ne l’est pas vraiment.

Ce qui ce tram à Paris

Dans la jungle urbaine, notre reporter gonzo a expérimenté le moyen de transport à la mode.

par Frédéric Roux

publié le 20 mars 2013 à 21h46

Enfant, du temps où Bordeaux était un port, je me souviens avoir assisté, noyé dans la liesse populaire, au dernier trajet du tramway municipal. Chaban-Delmas était aux manettes, les badauds applaudissaient. Plus de tram, plus de wattman, les derniers rails disparaîtront dans les années 80, histoire que les cyclistes puissent se casser la gueule pour peu qu’ils y risquent une roue. Image d’un temps révolu en 1954, le tramway refera son apparition un demi-siècle plus tard, muni de tous les attributs de la cool modernité.

A Paris, ville ludique entre toutes, on fait faire un petit tour de manège aux indigènes ; s’ils sont sages, ils pourront attraper la queue du Mickey une fois Marne-la-Vallée en vue, ce qui ne saurait tarder vu les bénéfices envisagés. «Comble de la bêtise et de l’absurdité» en 1929, selon le Petit Parisien, le tramway aujourd’hui «améliore la mobilité urbaine, restructure et embellit le cadre de vie».

Valide. Roulez petits bolides ! Gonzo monte et valide. Ça démarre Pont-du-Garigliano, face au siège de France Télévisions tout le long du chantier du futur Pentagone français (Bouygues). Balard (Au clin d’œil). Desnouettes (le Temple de la sorcière). Porte-de-Versailles (Thyda Apsara) ; à l’aller comme au retour, ça se bouscule sec devant le Parc des expositions. Georges-Brassens (Sundance Spa). Brancion (Petit Chat). Porte-de-Vanves (Royal Food). Didot (Mei Mei). Porte-d’Orléans (Prox Nour) ; on se tasse. Montsouris (Bistrot 32). Cité-universitaire (la Fin de la faim) ; la clientèle prend un coup de jeune. Stade-Charléty (la caserne de la Garde républicaine d’un côté, Mondial Pare-brise de l’autre). Poterne des peupliers, RIEN. Porte d’Italie (Grill Agora). Porte-de-Choisy (c’est tout en chinois). Porte-d’Ivry («Spark réinvente les codes»). Maryse-Bastié et Avenue-de-France, les voix qui annoncent les stations se mélangent les pinceaux. Baron-Le Roy, deux affiches annoncent le Salon de l’érotisme du Bourget (16 euros l’entrée). Porte-de-Charenton, la voix synthétique tombe définitivement en carafe. Porte-Dorée (Pizza Cosi), Gonzo ne retrouve pas son ticket, s’ensuit une conversation sans grand intérêt avec trois contrôleurs bonasses. Montempoivre, deux corbeaux. Alexandra-David-Néel, pas un pékin ne descend, pas un Tibétain ne monte. Porte-de-Vincennes, terminus, tout le monde descend ! Sauf l’inévitable vieillard muni d’une poche des Hôpitaux de Paris.

Gonzo prend un café au Bar botté avant de repartir dans l’autre sens. Le retour durera un quart d’heure de moins que l’aller, Gonzo reste sagement assis à côté d’une créature à lèvres modifiées qui consulte sans arrêt son téléphone portable, le problème étant qu’elle n’a PAS de téléphone portable. Gonzo, songeur, en profite pour se désoler de l’architecture bordant le périphérique et s’émerveiller de la poésie des enseignes commerciales : Earthly Paradise, Queen of Nails, Zen Sushi, Touriscope, Chicken Grec ; une trouvaille le laissera perplexe : la découverte d’un «sublimatorium», station Jean-Moulin, dont on peut craindre qu’il se vante de sublimer ce qui ne peut l’être.

Si l’on tient à se réjouir, et pourquoi pas ? Toutes les personnes interrogées sont satisfaites, le tramway leur fait gagner du temps sur leurs trajets quotidiens ; et après tout, les transports en commun sont faits pour que ceux qui ont du travail arrivent à l’heure au boulot et rentrent vite chez eux reconstituer leur force de travail. Si l’on est de mauvaise foi, on peut se demander pourquoi le trajet du tramway double une frontière sociale comme les fortifs et les Maréchaux l’ont fait et, encore aujourd’hui, le périphérique perpétuellement embouteillé par des blondes chassant l’antilope au moyen de véhicules équipés de pare-buffles. On peut se demander pourquoi il n’a pas emprunté le trajet du chemin de fer de petite ceinture désaffecté qui semble dévolu aux activités festives à destination des Parisiens pouvant encore se loger intra muros. On peut s’interroger sur ce goût des urbanistes pour les clôtures concentriques qui enferment une ville qui se désertifie sous prétexte de se piétonniser et se gentrifie en prétextant un souci écologique.

Lorsque François Rebsamen, président du Grand Dijon, déclare que le tram n’est pas «l’effet d’une mode, mais un vrai choix politique», il oublie de préciser que les choix politiques sont souvent influencés par la mode. En 2015, la plupart des agglomérations françaises de plus de 200 000 habitants, depuis Brest (146 649 Bretons) jusqu’à Mulhouse (110 141 Alsaciens), devraient être équipées d’un tramway puisqu’il n’y a aucune raison que les politiques municipales ne soient pas régies par l’idéologie up-to-date imitée de la propulsion du dauphin en aquarium qui veut : «maîtriser les flux», «favoriser les déplacements doux», tout cela dans le «dialogue et la concertation». Pour les usagers, c’est une autre paire de nageoires, ils se contenteront d’aller où l’électricité les mène.

Chez Renaudot, c’est toujours pas Carglass

Renaudot essai : Jean Luc Barré (éditeur Bouquins)

Renaudot poche : Manuel Carcassonne (éditeur Stock)

10/11

07/11

SENSITIVE FUCKERS

Je dois avouer que la « censure » de nos jours revêt des formes étranges, ainsi Instagram m’a récemment bloqué (sans qu’il soit susceptible de communiquer avec « eux »… d’ailleurs et là réside une bonne partie du problème : qui c’est « eux » ?) pour une image repiquée sur… Instagram ! On s’indigne que je ne sais plus quel auteur ait utilisé l’appui de « sensitive readers » pour je ne sais plus quel livre, mais je me souviens, le siècle dernier, avoir dû remplacer « Naomi Campbell » par « une célèbre cover-girl noire » dans Mike Tyson, un cauchemar américain chez Grasset sous la pression des avocats du groupe craignant le procès alors même que la liaison de Mike et Naomi était de notoriété publique. La position de Nicolas Mathieu est encore plus paradoxale : il s’oppose vigoureusement à l’emploi des « sensitive readers » et même à toute censure, mais à propos de son site Instagram, il déclare : « Oui, je coupe, bloque (Je sais, ça m’est arrivé), évacue tout ce qui me contrarie ou me blesse (Chochotte, va !) […] Je ne vous dois rien (Moi non plus) […] Je suis ici chez moi (Avec mes chiens et ma clôture électrique). C’est à prendre ou à laisser (Je laisse) ».

06/11

Plongée ce w-e dans mes archives champêtres ! J’ai bien dû écrire une demi-douzaine de versions de Lève ton gauche ! ; la première était largement publiable, mais, grâce aux nombreux refus des éditeurs, la dernière était largement meilleure. De ces excursions sous-marines, on ramène toujours des poissons monstrueux venus des grandes profondeurs, en l’occurrence des poèmes (trois)… pas très bons (on pourrait même dire, franchement mauvais, plus ou moins inspirés par Garcia Lorca), typographiés à l’Onyx Marker sur du papier kraft (à l’époque, la collection Libertés de Pauvert était pour moi le must de la typo) ; je me souviens en avoir réalisé une douzaine (la plupart disparus) alors que nous habitions au-dessus des bureaux de la Mutuelle de la Police, 22, rue Rolland (où Mauriac a vécu), on peut donc les dater 68-69. Si je deviens très célèbre (après ma mort), ça vaudra très cher.

28/10

Retrouvé ce texte dans une version de Ring que je n’avais finalement pas retenue. Il en existe une version différente (assez semblable) publié dans la rubrique Inédits, où il n’est pas question de l’assassinat de Rabin, mais de la présence de Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Ce sont, l’un et l’autre, des « remix » d’un texte de Michaël Sebban (Djezer Zarka) publiée dans le numéro 1 de Remix (Hachette littérature, 2004). Le principe de cette revue était simple : une nouvelle originale remixée par deux écrivains différents. A cette occasion, je remixais Je te lâcherai pas, petit 16/9° de Philippe Nassif avec Guillaume Dustan (qui s’était pas cassé la nénette, il s’était contenté de changer le sexe d’un(e) des protagonistes… la fiancée était devenue le fiancé) !

Il m’a semblé qu’aujourd’hui ces quelques lignes avaient un écho étrange avec ce que certains appellent « l’actualité » qui, en fait, ressemble davantage à l’éternité, celle des vagues qui viennent se briser sans cesse à Djezer Zarka et ailleurs.

ELI

A tribute to Michaël Sebban

Tout le monde trouvait Eli sympa tout de suite, sauf les antisémites. Ce qui fait du monde.

Depuis qu’il faisait shabbat régulièrement, il avait trouvé son style : costar (Daniel Hechter), cigare (Vegas Robaïna) et Borsalino ; ça faisait mafieux à fond, mais sur lui, ça passait. Avec son nez et son chapeau, il ne pouvait pas cacher ce qu’il était, il ne voyait d’ailleurs pas pourquoi il l’aurait caché ; s’il avait été noir, il ne se serait pas senti obligé de dire qu’il ne l’était pas, pas plus que de se passer à l’eau de Javel. Il était juif, ça se voyait et basta !

Il avait fait des études de commerce parce qu’il fallait bien faire des études et que sa mère n’aurait pas compris qu’il n’en fasse pas, alors qu’il se croyait tout à fait capable de faire du commerce sans passer par une école (et, en réalité, il l’était). Le problème c’est qu’il n’avait pas envie de finir commercial, pas plus que dentiste (« Il va falloir envisager les implants, madame Benoliel ») ou assistant-réalisateur à la télé (« C’est quoi ton truc, Eli, du Nes’ ou quoi ? »). Il n’avait envie de rien en particulier, il avait envie de tout, mais l’époque n’était pas propice à des ambitions de ce genre. Alors, jusqu’à présent, il avait glandé, écrit quatre ou cinq nouvelles qu’il n’avait pas toutes terminées. Il en avait fait lire deux à une fille qu’il connaissait et qui travaillait, soi-disant, dans l’édition ; elle avait trouvé ça « pas mal » et puis, lorsqu’elle avait été embauchée comme intermittente du spectacle à M6, ils s’étaient perdus de vue. Il n’avait pas insisté, déçu que l’éditeur n’ait pas compris qu’il était le nouveau Djian, le futur Dustan et ne lui ait pas signé un contrat. Il avait acheté un sampler et fait un peu de musique, écrit trois chansons, acheté deux lithos de Speedy Graffito qu’il avait revendues deux fois leur prix, traîné dans les cocktails où il fallait traîner, défilé dans un hangar décoré par Jérôme Mesnager pour une fille qui sortait de Berçot, fait un peu de figuration, collectionné les Swatch et, surtout, beaucoup rêvassé. 

Il considérait que sa vie était plutôt satisfaisante parce qu’il n’avait pas de problème de fric et des tas de copains de son genre et dans sa situation avec lesquels il se marrait. Il buvait des coups, il fumait des joints, il sortait en boîte et il branchait des filles avec lesquelles il couchait même si, quelquefois, malencontreusement, elles avaient leurs règles. Il pensait que le monde était fait pour rire de l’existence et jouer avec. Sam, son meilleur ami, ne supportait rien et voulait tout faire sauter, lui, il s’en foutait. À force, d’ailleurs, de ne rien supporter, le monde avait trouvé Sam insupportable et l’avait mis à l’abri quelque temps de toute tentation de faire sauter quoi que ce soit. Eli n’avait pas trouvé la mesure injuste, il avait trouvé injuste qu’on le prive de son meilleur ami et compris qu’un jour ou l’autre, s’il continuait, il pourrait se retrouver dans la même situation. Il était retourné à la synagogue, il était allé voir le rabbin plus souvent, et puis il avait arrêté de fréquenter les lieux de perdition. Il faisait sa techouva tranquille ; au kiddoush, il buvait l’anisette avec des types qui avaient été punks et qui, après avoir craché sur le public qui les inondait de bière (c’était, parfois, l’inverse), jouaient maintenant de la musique hassidique dans les bar-mitsva, des types qui portaient la kippa srouga comme ils avaient porté la crête à la Kro quelques années plus tôt. À ce sujet, comme dans la vie de tous les jours, Eli avait un pied dedans, un pied dehors, il ne construirait jamais une cabane en automne, il avait un tas de bons copains goys avec lesquels il faisait du surf l’été sur la Côte basque. Avec la bouffe casher, il s’arrangeait comme il pouvait. 

Pour leur retraite, ses parents avaient acheté une villa à Hossegor, Eli y passait tout l’été et les week-ends chaque fois qu’il le pouvait. Il aimait tellement le surf que, s’il avait pu, il aurait surfé sur la Seine ou dans une piscine à vagues, mais il n’y avait pas moyen… Macache bono ! Waloo ! Pas la plus petite vague à hauteur du pont Neuf et il avait un mauvais souvenir des pédiluves des piscines municipales où, enfant, il s’était chopé une verrue plantaire sans compter qu’il s’était foutu sur la gueule avec deux Arabes l’été où il avait été maître-nageur à Aquaboulevard pour se faire un peu de tune, alors, aussitôt qu’il avait vidé la boîte à lettres et ouvert les volets de la villa de ses parents, il se précipitait à Guethary.

Eli avait tout en France, sa famille, ses habitudes, ses repères, les meilleures vagues étaient en France : à Lacanau, à Biarritz. Lorsqu’il était à Hossegor, il trouvait que les Basques et les Landais étaient des têtes de con, mais les types qu’il fréquentait là-bas n’étaient ni basques ni landais, ils étaient surfeurs avec de l’eau salée dans la tête et du shit plein les bronches. Lorsqu’il était à Paris, il était à Paris. Alors, pourquoi, un jour, a-t-il pensé qu’il fallait qu’il aille en Israël où il ne connaissait personne et où il n’y avait pas de vagues ? Mystère ! Eli cherchait quelque chose et il n’avait pas le tempérament à résister aux mystères. Ce qu’il cherchait, au moment où il avait pris la décision de partir, se trouvait en Israël. Point barre. Son père n’avait rien compris à ses explications (il n’y avait, d’ailleurs, rien à comprendre et son père n’essayait jamais de comprendre ce qu’il n’avait pas envie de comprendre), mais il lui a semblé qu’Eli devenait grand. Sa mère a pensé que, peut-être, en Israël il trouverait une femme et qu’elle lui plairait sûrement. Ils lui ont filé un peu de fric, de quoi tenir deux ou trois mois, le temps de se retourner ou de s’en retourner. De comprendre qu’il n’y avait rien à comprendre, de trouver qu’il n’y avait rien à chercher. Sauf le saint-béni-soit-son-nom et une femme juive.

Il n’était qu’un branché parisien comme un autre, pas si branché que ça, mais dès qu’il a posé le pied à Tel-Aviv, il s’est senti plus branché qu’il ne l’avait jamais été. La ville ne ressemblait à rien, les Israëliens étaient des ploucs en retard de deux ou trois vogues et qui ne s’en rendaient pas compte tout en souffrant de ne pas être à la mode. 

La plage était à moins d’un kilomètre de son hôtel, Eli est allé y jeter un coup d’œil, histoire de voir, il a pris sa combinaison et sa planche au cas où… « On ne sait jamais ! » Les vagues manquaient de consistance, elles étaient petites et vicieuses. Tous les défauts. Insurfables. Il y avait un seul type à l’eau, plutôt surpris de voir Eli ramer, il lui a demandé ce qu’il foutait là. Il a été encore plus surpris lorsqu’Eli lui a dit d’où il venait. Lorsqu’on avait la chance de pouvoir surfer de vraies vagues à Biarritz, on ne venait pas tremper son cul dans cette bassine. Eli n’était pas loin de le croire, il repartirait, bien sûr, d’Israël et sûrement sans avoir trouvé ce qu’il était venu y chercher, il reviendrait en France, mais jamais il n’avait été aussi près de le faire alors qu’il venait juste d’arriver.

Il a trouvé un boulot comme barman dans une boîte Tex-Mex (les Israëliens qui s’habillaient comme Tubbs et Crockett avaient découvert les tacos, le guacamole, Almodovar et Guy Debord, c’était leur Buena Vista Social Club à eux). Il faisait des mojitos toute la nuit pour des filles piercées de partout et des mecs qui adoraient dans le désordre David Bowie et les Smiths (les Walker Brothers, faudrait attendre un peu). Ils se méfiaient tous du rap, mais on sentait que ça frémissait, qu’il n’y en avait plus pour très longtemps avant qu’ils ne jurent plus que par Chuck.D. (qui, pour sa part, voulait couper les couilles à tous les circoncis de la planète). Victor, le type dont il avait fait connaissance dans les vagues, passait le voir régulièrement. Eli lui refilait en douce deux ou trois mojitos tombés du comptoir pendant la soirée. La première fois que la météo a annoncé du vent d’est, Victor lui a téléphoné pour qu’ils aillent surfer un spot qu’il connaissait, Djezer Zarka, un village arabe à dix kilomètres au nord de Natanya. Eli lui a demandé :

         — Un village arabe… ça craint pas ?

         — Tu rigoles ! Depuis Oslo, ça craint pas les villages arabes…

         — Y a des vagues ?

         — C’est pas Bali, mais s’il y a de la houle, y en a…

         — Des tubes ?

         — Tu verras…

         Victor s’est garé devant chez lui à cinq heures, sa planche était sanglée sur la galerie de son break Toyota qui avait des trous dans le bas des portières où l’on pouvait passer le poing. Un type était assis à la place du mort.

         — J’te présente Vladi, il fait son service militaire.

         — Tu fais du surf ? lui a demandé Eli.

         — J’sais pas nager, lui a répondu Vladi.

         — Tu vas t’emmerder, alors ?

         — Wallah ! T’inquiète, j’ai des cassettes et de la bière, lui a répondu le soldat en lui montrant deux caisses de Maccabi sur la banquette arrière et, pour signaler que, en ce qui le concernait, la conversation était terminée, il a rajusté les écouteurs de son walkman sur ses oreilles décollées. Bronzer sur la tourelle d’un tank des heures durant en fixant le désert et en écoutant Burning Spears ne l’avait pas rendu loquace.

Ils ont roulé deux heures. Vladi avait ouvert la vitre de son côté, il frappait la tôle de la portière en rythme en fredonnant entre ses dents ; il avait une adoration pour le reggae en général et pour Bob Marley en particulier. Il fumait des pétards à la cha$ine et, toutes les dix minutess, il demandait à Eli de lui ouvrir une bière. Il ne bronchait pas, ses pupilles avaient la taille d’un CD. Il faisait pas loin de deux mètres, plus de cent kilos, il touchait le toit du break, vues depuis la banquette arrière ses épaules bouchaient le paysage, sa nuque avait la forme d’un baril de pétrole, à côté de lui Victor bien bâti pourtant ressemblait à un adolescent anorexique. Vladi était le fils d’un Afrikaner et d’une Israëlienne, des yeux verts, le genre dont on doit se méfier dans un bar quand l’heure est venue de commencer à se foutre sur la gueule.

         — Tu lui as demandé de venir au cas où ça chaufferait ? a demandé Eli à Victor.

         — Pourquoi veux-tu que ça chauffe ? T’es parano ou quoi ? Il s’emmerdait, c’est tout ! Autant qu’il s’emmerde en regardant la mer… ça le changera.

         — Vu ce qu’il fume, j’crois plutôt qu’il va ronfler…

         — Ronflera pas… l’a des emmerdes, son père était un genre de vedette en Afrique du Sud, un présentateur télé ou un truc comme ça… ce genre-là, et puis, il est devenu pédé à cinquante balais…

         — Ça fait tard…

         — Trop tard ! L’analyse c’est avant quarante balais, pédé, c’est avant cinquante, sinon tu vas droit aux emmerdes… il s’est mis à boire de la vodka au petit déj’, l’eau de Cologne, le débouche-évier, tout ce qui lui tombait sous la main…

         — Et alors ?

         — Et alors, c’est lui qui s’en occupe… sa mère veut pas en entendre parler, elle est dans un plan froum. T’imagines ?

         — J’imagine ! Pas très bien, mais j’imagine… Tu crois que regarder la mer, ça va changer quelque chose pour lui ?

         — Ça changera rien, c’est sûr, mais c’est sûr que ça lui fera du bien. La mer ça calme, c’est bon pour tout si tu te noies pas dedans…

         — Y a des putains de vague en Afrique du Sud ! À Kalk Bay, à Muizenberg…

         — L’eau est à 10°C ! Y a des phoques !

         — Si y a des phoques, y a des requins !

         — Là où y a des juifs, y a des arabes !

         — Tu l’as dit bouffi… Kif-kif !

 Djeker Zarka est un petit bled arabe, un marché, quelques restaurants, la plage… il y a quelques années un promoteur avait pavé le bord de mer avant de disparaître avec la caisse. Les pavés étaient restés, la mer les avait recouverts et quand il y avait de la houle, la mer en frappant les pavés fabriquait des tubes à la pelle. Eli n’en croyait pas ses yeux… une droite d’un mètre cinquante sortie d’une vidéo et personne à l’eau. Inlassables, l’une après l’autre, à n’en plus finir. 

 Le surf permet ce genre de bonheur tranquille et juste. Eli ne marchait pas dans la combine minibus, Malibu 69, pétards à outrance, « No Nuke ! », drop out, satori et Cie, il aimait simplement être juste avec la vague, en suspens, vide et concentré à la fois et il aimait aussi se gaufrer quand il avait déconné. Dans un cas comme dans l’autre il y revenait en rigolant. Comme tout ce genre de trucs très simple, il est très compliqué de réussir et impossible d’expliquer pourquoi, mais ça vaut le coup d’essayer, sans même parler d’y arriver.

Cependant dans sa transmission la métaphore du surf mérite qu’on la rehausse à ce qu’elle implique effectivement. Politiquement, artistiquement, existentiellement, surfer un événement prévaut d’un entendement plus global de l’onde qui le porte à l’ouvrage. Fatalement, comme par une primauté de la mobilité incontournable des choses, l’intérêt à juste profiter de celui-ci s’efface alors, ou sinon, il est très vite pris à contre. En surf, ça ne loupe pas, c’est la vague d’après sur le coin de la figure ! Aussi l’opportuniste ne va jamais très loin, si habile soit-il à émailler son intérêt, des choses qui viennent à lui. À terme, les jointures craquellent, car justement l’action à l’œuvre n’a pas laissé glisser l’intégrité de l’échange en cours. Deuxième leçon de surf.

Gibus de Soultrait

Crash n° 18

Vladi qui était parti se balader dans le bled est revenu pendant qu’ils étaient en train d’enfiler leurs combinaisons.

         — Voulez du houmous ?

         — Tout à l’heure, ont répondu Eli et Victor.

         — Wallah ! Z’avez tort… l’est pas dégueulasse, il leur a fait en brandissant son assiette au-dessus de sa tête.

         — La vague n’attend pas, a fait Victor à Eli en ramant vers le large.

         — Tu l’as dit bouffi ! lui a répondu Eli.

Pour n’avoir jamais surfé que des vagues merdiques ou, peut-être, à cause de ça, Victor se débrouillait comme un chef. D’entrée, il a placé un tube parfait. Il s’était collé dans le creux de la vague, il avait appuyé sur l’arrière de la planche et disparu sous la lèvre. Eli a compté jusqu’à dix, et Victor est ressorti. Il n’aimait pas attendre trop longtemps avant de prendre une première vague, on pouvait si l’on attendait LA vague faire le bouchon des journées entières sur sa planche ;  il a pris la suivante qu’il a foirée en rigolant.

Ils étaient tous les deux ensemble à prendre leur pied comme des gamins, à regarder le ciel au travers du hublot du tube sans personne pour les emmerder sinon Vladi qui leur faisait des grands signes depuis la plage en gueulant un truc qu’ils n’entendaient pas.

         — Qu’est-ce qu’il dit ? a demandé Victor pendant qu’ils ramaient de concert.

         — J’sais pas, j’entends rien… il a trouvé une fève dans l’houmous !

         — C’est pas son genre de gueuler pour rien… Il fait chier, j’y vais !

         — Prends la dernière… on sait jamais, c’est peut-être une mauvaise nouvelle, lui a conseillé Eli.

         — Je reviens, t’inquiète !

 Victor s’est laissé glisser jusqu’au bord à plat ventre pendant qu’Eli repartait au pic. Arrivé sur la plage, il a posé sa planche contre son break.

         — Qu’est-ce que t’as à gueuler comme ça ? il a demandé à Vladi qui ne disait plus rien.

         — Y z’ont-z’ont tu-tu-tu-tué Ra-ra-rabin, a fini par réussir à articuler le soldat.

 Et Victor a hurlé en direction d’Eli : « Ils ont tué Rabin ! Sors de l’eau ! »

 Eli a vu ces deux types qui hurlaient et qui lui faisaient des signes, « Merde ! » il a fait entre ses dents, « Font chier ! » mais il est rentré.

 Victor avait monté le volume de Galèi Tsahal à fond. Un colon de Samarie avait tué Rabin la veille au soir à Tel Aviv pendant un meeting pour la paix. Victor et Vladi ne disaient rien, ils étaient assis à l’avant du break, les pieds sur le gravier du parking, les coudes appuyés sur les genoux, le menton entre les mains. Eli avait posé sa planche en travers du capot du Toyota.

Hey, look ! It’s the President

Hey ! Mister President

Bang ! Bang !

Hey ! They killed the President

         — Un Juif qui tue un autre Juif, c’est dingue, a fait Victor.

         — C’est pas la première fois, lui a répondu Vladi.

         — C’est pas la dernière fois non plus, a hasardé Eli.

         — Possible, mais cette fois, on est dans la merde, a laissé tomber Victor.

         — Qu’est-ce qu’on fait ? a demandé Eli aux deux Israëliens en pensant : Vous, qu’est-ce que vous comptez faire ? sous-entendu : Moi, je sais !

         — Wallah ! J’vais acheter du houmous et me faire un joint, lui a répondu Vladi.

         — Si c’est comme ça, je repars surfer, a fait Eli.

         — Tu repars surfer ? lui a demandé Victor, interloqué.

         — J’vais pas le ressusciter, hein ? Et j’ai pas eu ma vague…

         — C’est tout ce que ça te fait ?

         — Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ?

         — Il a raison, lui a fait Vladi. T’as intérêt à en profiter, c’est pas demain la veille qu’on revient ici.

         — Pense aux vagues de merde de Tel Aviv, a insisté Eli.

         — J’pense qu’à ça, a fini par lui répondre Victor après être resté silencieux un long moment. C’est les Arabes qui ont les vagues…

         — Et le houmous ! Le meilleur houmous du monde est en Syrie…

         — Wallah ! J’vais l’chercher !

         — Non, non, j’y vais, a fait Victor à Vladi, roule trois joints, pas un… TROIS !

Victor est sorti du break et il s’est dirigé vers le village, Vladi « Wallah » a mis une cassette dans l’autoradio et il a poussé le volume à fond. « Catch a fire » des Wailers… « Concrete jungle ». Eli a pensé que la jungle n’était plus très loin et que le houmous syrien attendrait, pas les vagues. Il a repris sa planche et il a nagé vers le large. S’il pouvait voler un moment de légèreté à ce pays, ce serait le premier depuis qu’il était arrivé et le dernier avant de repartir et de tirer un trait ; il avait suffisamment de rêves pour réaliser au moins l’un d’entre eux. Un jour, il le savait, il écrirait tout cela.

C’était ici la Terre promise, mais elle n’était pas pour encore.

23/10

« Voici le temps des Assassins. »

Arthur Rimbaud (Les Illuminations)

22/10

Lisa Lyon est morte, je le regrette. J’avais aperçu ses premières photos dans ArtForum, quelques années plus tard, j’avais suggéré aux établissements Grasset la photo ci-dessous pour servir de couverture à Ring, je m’étais même fendu d’un semblant de maquette ; bien-sûr, ils avaient glapi : « Les droits ! Les droits ! » avant de m’informer que la fondation Mapplethorpe (qu’ils avaient, sans doute, évité de contacter) avait refusé de les leur accorder.

Je profite de l’occasion pour mettre en ligne la liste des titres que j’avais envisagé à l’époque ; j’avais réussi à imposer Ring qui, pour moi (c’était une erreur funeste) se référait à La Ronde d’Arthur Schnitzler et non pas à une quelconque allusion à la boxe.

RING

MONDO CANE

PRETTY VACANT

LES FEMÂLES

AUJOURD’HUI PLUS QU’HIER ET BIEN MOINS QUE DEMAIN

LES INTERMITTENTS DU SPECTACLE

GANG BANG

CAPHARNAÜM

BATACLAN MOQUETTE

LES OMBRES ET LE CHAOS

DU CHAOS ET DES OMBRES

D’UN GHETTO L’AUTRE

NI DIEU NI MAÎTRE

BE CRUEL

DO IT

LA SOCIETE DU DECOR

LES ANNEES SPECTACLE

AU PLUS PRÈS DES OMBRES ET DU CHAOS

LES OBJETS DANS LE MIROIR PEUVENT ËTRE PLUS PRÈS QU’ILS N’APPARAISSENT

BACKSTAGE

HYMNES À LA JOIE

EN AVANT COMME AVANT !

L’OMBRE POUR LA PROIE

HIC ET NUNC

LES VINGT QUATRE HEURES DU MAL

LE CERCLE

UN MONDE ENCHANTE

LÀ OÙ NOUS VIVONS

ICI

LÀ, ICI ET MAINTENANT

OUTSIDERS

CARTES D’IDENTITES

CE QUI N’A NI DEBUT NI FIN

PRESQUE LA NUIT

TROMPE LA NUIT

QUE LE SPECTACLE CONTINUE

UN LOOK D’ENFER

ROUND

ROUND AROUND THE CLOCK

RUSHES

BREAK

AMEN

666

UN MONDE SANS PITIE

COMME DES BÊTES

X

DESESPERADOS

LOGO, SI

LA PEAU DES DENTS

LE CHEVAL ET SON CAVALIER

LES BANLIEUES DE L’HOMME

ZONER

LA VIE COMME LA BANLIEUE

LA DÉSAGRÉABLE OBLIGATION D’ÊTRE LIBRE

LA LIBERTÉ OBLIGATOIRE

L’OBLIGATION D’ÊTRE LIBRE

LA LIBERTE SERA OBLIGATOIRE OU NE SERA PAS

COUPS BAS

AVANT LA LIMITE

FAUTE DE FRAPPE

TILT

LE CLIENT EST ROI

LA DICTATURE DU SPECTATEUR

PLACEBO

TROP TARD, TOUT EST NORMAL

CREDIT EST MORT

VINGT QUATRE HEURES SUR VINGT QUATRE

ON DIRAIT LA NUIT

GTI

LE DECOMPTE DE FAITS

VINGT QUATRE CONTES DE FAITS

NOIR C’EST NOIR

YUPPICIDE

L’AIR DU TEMPS

ET MAINTENANT

CLINIQUE

RING RAP

LA VICTOIRE DES VAINCUS

LA DICTATURE DES VICTIMES

IMAGINE

A FLUX TENDU

ALLUMER LE FEU

SEUL LES SOLITAIRES

ARLEQUINS

SILHOUETTES DANS LA NUIT

DES DOMMAGES COLLATERAUX

FIGHTIN’ SPIRIT

LE COURS DES CHOSES

DANS LES DECORS

CLASH

BEST OF

PURPLE RING

LE PROLETARIAT ABOLI

UN RING, DES OMBRES

INSTALLATION

ACCROCHAGE

SHORT CUTS

21/10

Sans légende

20/10

 » […] il se trouve que je n’ai pas d’ambition au sens parisien que l’on donne à ce mot – et quant au quart d’heure de gloire promis à tout un chacun, je passe aussi mon tour », Eric Naulleau, Petit déjeuner chez Tyrannie (La fosse aux ours, 2003). A peu près à la même époque (Putain… vingt ans !), Dominique Gaultier du Dilettante me glissait (sur le ton de la confidence), mais comme une vague menace tout de même : « On n’est jamais à l’abri du succès ! ». Il faut croire que certains sont plus à l’abri que d’autres.

12/10

Feuilleté Encyclopédie capricieuse du tout et du rien de Charles Dantzig (Grasset, 2009), dans le genre tête à claques prétentieuse, difficile de s’aligner

On pourra toujours dire pis que pendre des livres de Colette, il est plus difficile de faire de même à propos de ses seins.

11/10

Appris dans Lignes de vie d’Etiemble (arléa, 1988) que les 500 premiers exemplaires des Nourritures terrestres avaient mis 25 ans à être vendus. Lignes de vie fourmille d’anecdotes amusantes, ce qui ne l’empêche pas d’être passablement emmerdant.

10/10

Chauffe Marcel !

08/10

Plon n’a pas édité que des dicos merdiques…

La preuve !

07/10

La pieuvre bretonne éclaire le monde

06/10

S’il faut reconnaitre une qualité à la production moudianesque, c’est la régularité, un livre de Moudiano (Patrick) c’est comme un bon vieux San Antonio de Gîte rural ou le dernier numéro du Canard enchaîné oublié aux chiottes… toujours pareil ! On l’a déjà lu avant d’avoir déchiffré le titre, si on s’emmerde, on peut y aller, ça berce ! Pour les amateurs du genre, c’est comme enfiler ses vieilles savates éculées où la mycose stagne ; on peut préférer les Lobb, c’est mieux, mais c’est plus cher.

HAPP(R)Y

Encore des heureux (expansifs de surcroît !)

En lisant Toute une vie de Jan Zabrana (Allia, 2006), je me disais que, certes, aujourd’hui personne ne pouvait être accusé d’avoir fait emprisonner ses collègues écrivains, cela ne m’empêche pas pour autant de penser que c’est juste l’occasion qui leur a manqué.

Et pendant ce temps là

Vivendi prépare la suite

05/10

On en apprend toujours de bonnes en feuilletant Le Point : d’après Patrick Besson, Jean-Loup Dabadie aurait été à l’origine de Tel Quel ! et, pour le 150ème anniversaire d’Une Saison en enfer, Patti Smith va « mettre en regard » des épisodes de sa vie avec les poèmes de Rimbaud (chez Gallimard).

Et avec le pognon de l’à-valoir,

je m’en vais me faire remonter tout ça !

et je fais réparer ma braguette

04/10

Le 18/05 de l’année dernière, j’écrivais :

Trouvé dans une boîte à livres du Centre Leclerc de Pau, Oscar avait vingt ans de Gaspard Koenig (Grasset, 2004), un jour prochain, sans doute, Gaspard Koenig sera suffisamment intelligent pour se rendre compte du ridicule, mais, entre-temps, on aura beaucoup ri à ses dépens.

Aujourd’hui (vingt ans après), le type est bien placé pour le Goncourt ! Faudrait que je ferme ma gueule… je leur porte chance.

03/10

Forcément, je n’ai pas pu m’empêcher de reprendre le Dictionnaire des écrivains contemporains de langue française par eux-mêmes (Mille et une nuits, 2004) ; Frédéric Beigbeder y figurait déjà, soi-disant (d’après ses propres dires, c’était la loi du genre) découpé par un scooter des mers le 12 août 1994, il concluait sa notice ainsi : « Depuis, un grotesque imposteur au physique repoussant se fait passer pour lui à la télévision et publie des livres absurdes qui rencontrent un succès inexplicable ». Rétrospectivement, la notice la plus drôle reste, toutefois, celle de Gabriel Matzneff : « Ses amantes les plus passionnées ont souvent des prénoms qui s’achèvent par un « a » : Francesca, Nadia, Maria, Zhora, Hadda, Vanessa […] Certaines d’entre elles ont, après sa mort, publié des souvenirs qui attestent qu’il a laissé dans leurs cœurs une trace lumineuse. »

Cachez-vous les prophètes !

Il y a des pauvres types qui croient abattre un travail « colossal » en colligeant (à l’ordinateur) un peu moins de 300 entrées et d’autres un peu plus de 1001 pour des dictionnaires sans intérêt et puis il y a Margaret Hamilton !

02/10

OUF !

Fausse alerte !

01/10

Samedi, gros coup de chaud en altitude (jour de marché = magazines du w-e), Frédéric Beigbeder sort un Dictionnaire amoureux des écrivains français d’aujourd’hui ! Comme je suis très snob et, en l’occurrence, 100% d’accord avec la maxime de Groucho Marx : « Jamais je ne voudrais faire partie d’un club qui accepterait de m’avoir pour membre », je crains le pire.

LISTES


« Rien au monde n’est assez unique pour ne pas pouvoir entrer dans une liste. »
Georges Perec

« Les listes participent d’un vice que j’ai, qui est d’aimer les catégories.
Un vice ou une panique, d’ailleurs, parce que cela rassure de classer. »
Patrick Lefebvre


Le public d’aujourd’hui adore ce genre d’exercice en forme d’inventaire (morbide ! forcément morbide !), ça le rassure : « Les 100 romans du Monde » (d’Angot, Christine à Zorn, Fritz) ; « Les 50 Français les plus influents du monde » d’après Vanity Fair (victoire au sprint de Christine and the Queens devant JR), Emmanuelle Haïm, chef d’orchestre, lanterne rouge derrière Sabrina Bedrani, (maquilleuse) ; « Les 45 mecs qui font bouger le monde et bousculent nos idées » d’après Grazia (pêle-mêle : Xavier Veilhan, Mathieu Pigasse, Edouard Louis et La Femme) ; « Les 50 types les plus élégants des 50 dernières années » d’après GQ : Marcello Mastroianni, mais aussi Björn Borg, Hubert de Givenchy, mais aussi Kurt Cobain, Brian Ferry, mais aussi André 3000, Sean Connery, mais aussi Bob Dylan, Gianni Agnelli, mais aussi Michael Jordan, Warren Beatty, mais aussi François Truffaut, Jean-Claude Killy, mais aussi George Best, Muhammad Ali, mais aussi Johnny Depp ; « Les 100 meilleurs livres de sport » selon Desports (sur la boîte : Le combat du siècle, Rouge ou mort et Le Football, ombre et lumière). Comme au marché aux puces, le badaud peut se réjouir : « Je l’ai (lu, écouté, vu, acheté) ! » ou se dire qu’il a encore du pain sur la planche, qu’il va falloir qu’il s’abonne à Netflix, qu’il continue de dériver sur Amazon, que le labyrinthe de la marchandise est sans issue… qu’on se fout de sa gueule !

26/09

Ohl (Michel)

(me) manque

Alors ? Cette rentrée, ça vient ?

Et pendant ce temps là,

les libraires s’enrhument

24/09

You know what ?

I’m happy !

15/09

Simone s’éclate !

14/09

Relu cet été une centaine de pages de L’Hiver indien (le désœuvrement mène à tout), c’est assez mariolle, mais c’est aussi assez bavard. Si j’avais écrit Gaz (Fayard), pour rectifier le tir, il aurait mieux valu que j’aille voir du côté d’Hemingway plutôt que de celui d’Harrison.

11/09

Que les membres de l’académie Goncourt soient maudits, ils n’ont pas retenu dans leur liste « Calimero » Chalandon (que les lycéens ne louperont pas au passage).

10/09

Panne sèche, Rob Roberge (Série Noire, 2006, traduction Nicolas Richard), parfaitement distrayant, bien écrit, bien traduit, l’intrigue est faiblarde, mais la bande-son est parfaite (« Incroyable que ce type ait réussi à gagner sa vie en chantant », à propos de la reprise de Green, Green Grass of Home par Tom Jones).

Sur un vieux numéro des Inrockuptibles (le premier revenant à la parution mensuelle), une critique du livre d’Alec MacGillis, Le Système Amazon (Seuil/Ed du sous-sol), on se doute bien que l’auteur n’est pas favorable au dit système et Yann Perreau des Inrocks non plus (quelle surprise !), je ne vois rien de sérieux à leur opposer. Cependant, pour illustrer les conditions de travail des employés au sein de la multinationale tentaculaire (jamais bon signe lorsque la pieuvre pointe le tentacule), l’auteur prend pour exemple les conditions financières faites à l’un de ses employés, un ancien ingénieur informatique tombé dans la panade (douze ans de chomdu), il travaille douze heures par jour, cinq jours par semaine comme manutentionnaire, il est payé 15,60 $ de l’heure. Je n’envie pas sa situation (peu enviable), mais si l’on fait le calcul (et si je ne me suis pas gourré dans les retenues), il touche 3 540 $ par mois, on comparera avec la « paie » d’un stagiaire dans une librairie de gauche.

Depuis qu’elle a été engagée chez Gallimard

Sandrine Treiner va chez le coiffeur

04/09

Faut tout refaire au propre

Le lecteur est débordé

Et toujours rien à la télé

03/09

02/09

Je vais tout de même étudier les règles du poker (le Draw, le Lowball, le Stud, le Limit Hold’em et leurs variantes exotiques pratiquées à Las Vegas) pour mieux apprécier Le plus gros jeu (cf le 10/08).

C’est pas moi !

Chef d’œuvre de Juan Tallòn (Le bruit du monde) n’est pas loin d’en être un dans un genre mineur, 38 tonnes de Richard Serra qui disparaissent du Musée Reina Sofia et plusieurs dizaines de textes qui en parlent de leurs différents points de vue forcément différents : passionnant ! Bien sûr le « dispositif » adopté m’intéresse (d’autant plus qu’il est parfaitement maîtrisé), mais le sujet m’intéresse davantage encore (quid d’une œuvre disparue ?), peut-être vais-je me pencher de plus près sur le vol du Vrai classique du vide parfait dans les réserves de la Fondation Cartier.

Mais où et en quel pays ?

01/09

Le texte (Les fétiches sont indiscutables) publié par Cosmopolitan dont il a été question la veille peut être consulté rubrique Anarchives, sous-rubrique Varia. Evidemment, il serait impubliable aujourd’hui dans n’importe quel magazine, ne serait-ce que du fait de sa longueur. Je me souviens encore de deux choses à son propos, j’y fait état de Fumel-Montsempron-Libos et il se trouve que Juliette Boisriveaud avait des attaches avec cette ville (je ne me souviens plus lesquelles, elle y était née ou son mari… un truc dans le genre ; je ne sais par quel biais, j’ai été prévenu de la publication de ce texte par Cosmo Japon, malgré l’avis dubitatif de la comptabilité d’Issy-les-Moulineaux (« Vous n’y arriverez jamais ! »), j’ai réussi à me faire payer (400 $, je crois) ; bien évidemment, mon texte a dû être publié par d’autres filiales du groupe, ce dont je n’ai, évidemment, jamais été prévenu.

31/08

Discrétion assurée, Marie-Odile Beauvais (melville/Edition Léo Scheer, 2003), Marie-Odile a des relations à n’en plus finir, elle dîne avec Bernard Frank, elle est à une poignée de main de Michel Tournier, de Jean-Pierre Le Dantec, d’Olivier Rolin, de René de Ceccaty, d’Olivier Nora, d’Eric Ollivier, elle est copine avec Bernard Heidsieck et finit par publier son premier livre (Les forêts les plus sombres) chez Grasset en 1996. Au début, c’est le paradis sur terre, son éditrice est fantastique, les compliments pleuvent, tout le monde l’aime, tout le monde l’adore avant qu’on lui préfère Yann Moix ; qu’elle découvre la brutalité et la vulgarité de la maison de la rue des Saints Pères et que son livre passe à la trappe, le sort banal de 99% des premiers romans. Comme elle est vaniteuse, Marie-Odile s’en plaint et récrimine ; bien consciente qu’elle est la dernière roue de la charrette, elle écrit des lettres furibardes qu’elle n’envoie pas, bizarrement, elle dissimule sous un pseudonyme son éditrice et son attachée de presse, précaution qu’elle n’utilise pas pour les autres protagonistes. Un peu perfide (tous ceux qui ne l’aiment pas ont droit à quelques lignes du genre « bien senties »), un peu naïve (elle invite ses éditeurs à dîner chez elle !), Marie-Odile, c’est Marie-Chantal à Saint-Germain-des-Prés, son livre est parfaitement dispensable, mais comme toujours, dans ce genre de bouquin pas très éloigné de Voici, il y a deux-trois anecdotes amusantes, pour peu que l’on ait fréquenté le milieu, on reconnaît un tel ou un quel, « tout ce qui grouille, grenouille et scribouille ». Je pourrais me sentir très proche de Marie-Odile : elle est née un 25 avril, j’en suis très éloigné : elle ne rencontrera jamais Jean-Claude Fasquelle (à partir du moment où elle n’a affaire qu’à ses sous-fifres, elle aurait dû se douter qu’elle n’irait pas très loin) alors qu’il a été celui qui m’a fait rentrer (et rester) chez Grasset… lorsqu’il est mort, j’en suis sorti.

Entendu hier Pascal Quignard faire l’éloge de « l’attaque » (sic), appris aujourd’hui que Juliette Boisrivaud était morte il y a deux semaines. J’ai eu affaire à elle lorsqu’il m’est arrivé d’écrire pour Cosmopolitan, elle aurait bien voulu que j’intégre le journal, d’après elle, il n’y avait que deux types capables d’écrire dans un magazine féminin, moi et Hervé Prudhon ; après avoir assisté à une conférence de rédaction, je n’ai pas donné suite (il y avait, tout de même, un peu trop de filles pour un seul homme). Je l’avais tout de suite beaucoup aimé et je regrette de l’avoir fréquenté si peu.

Very long time ago

25/08

Message personnel à destination des membres de l’Académie Goncourt : si, cette fois, vous pouviez filer votre prix à Sorj Chalandon qu’il arrête de nous casser les couilles tous les deux ans, je vous en serais éternellement reconnaissant. Merci d’avance.

Pourchet & Togo… la classe !

24/08

C’est la rentrée

Les critiques festoient

Les lecteurs se barrent

Mettons que je veuille publier chez Jean-Claude Lattès (comme mon idole, Olivier Mony), le Président Directeur Général de la maison est une Présidente Directrice Générale : Véronique Cardi, il me faudrait remettre mon manuscrit à Marietta qui le transmettrait à Clara Dupont-Monod, Constance Trapenard, Anne Sophie Stefanini ou Violaine Chivot… tout bien réfléchi, je vais continuer de ne rien remettre du tout, ni chez Lattès ni ailleurs ou alors, peut-être, aux Editions des femmes.

10/08

The biggest game in town d’Al Alvarez paru chez Métailié en 2023, maladroitement traduit Le plus gros jeu encombré d’un sous-titre publicitaire à rallonge : Une chronique éblouissante sur Las Vegas et ses joueurs de poker, c’est passionnant, même si l’on ne comprend rien au poker et à ses variantes, le Stud, le Hold’em, etc. Il a fallu quarante ans pour que l’on traduise Al Alvarez (n’exagérons pas, Offshore : un voyage en mer du Nord est paru chez Flammarion en 1987) alors que Gallmeister nous submerge sous d’effroyables daubes à peine sorties de chez l’imprimeur pourvu que l’on y aperçoive l’ombre (bio) d’un bison.

Comparaison n’est pas raison, mais les quelques lignes ci-dessous sur Alexis Vastine (Mille et une reprises) ont été vues plus de dix-mille fois (10 212 pour l’instant) en deux jours à partir de perdants magnifiques.

Il y a bien un moment où il va falloir se poser des questions… arrêter de merder et trouver des solutions.

09/08

Par curiosité, j’ai lu Lady in Satin, Billie Holiday, Portrait d’une diva par ses intimes de Julia Blackburn (Rivage rouge, 2015). Le livre était, soi-disant, construit comme Please Kill Me de Legs McNeil & Gilliam McCain (Allia, 2006) qui est un chef d’œuvre. En l’occurrence, ce n’est pas le cas, même si, dans le genre instructif, Lady in Satin est un plutôt bon livre ; quant à sa construction, elle est très différente de Please Kill Me.

08/08

Philippe Curval est mort, il s’appelait Tronche comme Anne avec laquelle il était marié. Il avait écrit un texte pour Présence Panchounette (Anne lui avait un peu forcé la main), autant qu’il m’en souvienne dans Opus (ou peut-être Kanal)… faudrait que je vérifie.

07/08

L’air de rien, chez Bolloré

on surveille la fermentation de la fiction…

04/08

La pie agasse, le hibou bouboule, le butor butit, le moineau chuchète, la cigogne claquette, le coucou coucoule, le corbeau croaille, le geai frigulote, le pinson fringote, l’alouette grisolle, le pigeon jabote, la caille margotte, la buse miaule, la perdrix pirouitte, l’étourneau pisote, le pic pleupleute, la huppe pupute, l’écrivain radote, la mésange titine, l’aigle trompette, l’hirondelle truisotte, le pitpit turlute, la fauvette zinzinule (le roitelet aussi).

Même les yankees s’en rendent compte !

Pour la rentrée de septembre, essayez la poésie : Le livre des poèmes express de Lucien Suel (éditions dernier télégramme), par exemple ; ça vous rincera la bouche.

Thank’s Gene !

En arrière plan, les livres qui ont le plus compté pour moi,

ceux qui m’ont formé et déformé.

03/08

Gallimard : Projetée au cœur du système capitaliste désincarné, Eléonore découvre la cruauté d’une société qui a oublié l’intime et l’importance des idéaux. C’est alors que surgit l’amour, tout droit sorti du passé. Bigre !

Et toujours rien à la télé !

02/08

Stock : La relation au père, l’acceptation de son homosexualité et la dépression s’enchevêtrent ici dans un violent passage à l’âge adulte. Mais la lumière en sort toujours, d’un regard, d’une façon d’observer le quotidien avec autant de tendresse et d’humour que de clairvoyance. Sapristi !

01/08

Grasset : Cette mère difficile à cerner sur son lit de mort, cette fille qui se sent perdue, ce frère faussement parfait, des personnages dont on ne se lasse pas. Foutre !

Stagiaire

Pour les stagiaires, les mauvais jours approchent

29/07

Hugo… hélas !

28/07

Quelqu’un (un éditeur, par exemple ou même un correcteur) aurait pu dire à Arnaud Cathrine (la route de midland, Verticales, 2001) qu’il n’y avait pas de Mobylette au Texas, qu’en règle générale les putes se faisaient payer avant de tailler une pipe, etc, etc, etc. Il aurait pu, lui-même, se renseigner sur le combat-retour Joe Louis/Max Schmeling, ce qui lui aurait évité de dire des conneries. A part ça ? ça part dans tous les sens (polyphonique !) pour faire moderne alors que c’est juste arrogant et, surtout, crétin. Comme la suffisance éblouit parfois, on a tiré un film de cette daube… why not.

Barbey d’Aurevilly

aimait « décorer » ses brouillons

(qui lui donnerait tort… si ce n’est les typos !)

Amy Winehouse, c’était quand même autre chose que Christine Angot, non ?

16/07

Il m’étonne beaucoup, lorsqu’il est question de littérature et d’intelligence artificielle, de ne voir jamais citer Copié/Collé (Mamco) et Alias Ali (Fayard).

Et toujours rien à la télé !

15/07

Brad, Frédéric Mitterrand

1526 exemplaires vendus

14/07

Rose nuit (Grasset, 2023) d’Oscar Coop-Phane m’a tout l’air de reprendre le dispositif adopté par Lætitia Colombani in La tresse (Grasset, 2017) en remplaçant la tresse de cheveux par un bouquet de roses. Pour ma part (et la prochaine rentrée littéraire), je propose Capote : récolte du caoutchouc dans une plantation d’hévéas, fabrication de préservatifs dans une usine chinoise, utilisation de l’engin par un couple séropositif !

« Des remords ? A la première, mais pas à la sixième », Michel Fourniret.

Comme le Tour est chiant et que ceux qui le racontent n’ont pas beaucoup de talent, relire Bartali sans ses clopes de Michaël Perruchoud (L’Age d’homme, 2008).

Gruppettto

08/07

Gérard de Nerval

« Trop ne vaut rien »

Où sont les femmes ?

07/07

« Dans tous les pays et dans tous les siècles, la classe la plus rampante fut celle des poètes », L’Abbé Grégoire.

03/07

« Un polar sans morale, c’est une soupe sans moustache, c’est de la soupe », Jean-Patrick Manchette.

A propos du roman policier, je me demande s’il ne faudrait pas en revenir à ce qu’en disait Edmund Wilson : « La lecture de romans policiers n’est qu’une espèce de vice qui, par sa bêtise et sa capacité de nuire sur un mode mineur, trouve sa place quelque part entre les mots croisés et le tabac. »

« Le milan étend l’aile et le vent le transporte », Carlo Emilio Gadda…

Pour prendre de la hauteur, je pars pour un mois en altitude avec la collection complète de la revue DERNIER CARRE de Baudoin de Bodinat

24/06

Je ne connais d’intelligence qu’artificielle.

23/06

Appelez-moi par mon prénom (Stock, 2008), elle est jolie Nina Bouraoui, mais à ce point, j’aurais jamais cru.

C’est vrai – aussi –

qu’elle coche pas mal de cases

21/06

MAIS TOUJOURS RIEN A LA TELE

20/06

LORCA/CORSO/LORCA/CORSO/LORCA

CORSO/LORCA/CORSO/LORCA/CORSO

19/06

A vingt ans, j’aurais certainement lu Les Javanais de Jean Malaquais (prix Renaudot 1939, Phébus libretto, 1995) avec beaucoup de plaisir, aujourd’hui (plus d’un demi-siècle plus tard, il est vrai), ça ne m’intéresse plus de le faire… quoi qu’il en soit : je comprends que l’on parle de Céline à son propos alors que… rien à voir ! les faiblesses de Céline, on les repère facilement chez des auteurs (je me souviens de Daniel Apruz, bien oublié pourtant) que l’on compare abusivement à… Céline !

Pour les scénars, on pouvait faire confiance à Prévert

18/06

Ce que je ne veux pas savoir, Deborah Levy (Editions du sous-sol), je vois pas trop le chef-d’œuvre, juste un livre passable (au mieux). Pour ne pas être déçu davantage, j’en resterai à la déclaration qu’elle a faite à Télérama : « Je trouve un peu vulgaire de parler de son sens de l’humour ».

Et  je vous emmerde !

17/06

[…] la Monoforme est la structure narrative hollywoodienne reposant sur un montage rapide et une construction rigide et fermée. Cette forme narrative cinématographique, avec sa structure d’une rigidité étouffante et ses innombrables astuces pour retenir l’attention du spectateur, contamine 95% du cinéma actuel […]  La télévision a imposé des structures narratives totalitaires à la société sans que nul ait eu le temps de réagir, à cause de sa rapidité, de son arrogance et de son côté mystérieux. C’est ça la Monoforme : un torrent d’images et de sons, assemblés et montés de façon rapide et dense, une structure fragmentée mais qui donne l’impression d’être lisse. », Peter Watkins.
Il me semble que la Monoforme, la forme narrative que Peter Watkins débusque au cinéma est encore plus voyante en littérature où elle contamine la presque totalité de la production éditoriale, je lui sais gré, en tous les cas, d’avoir mis un mot sur la chose.

Les partisans de formes différentes se réunissent en secret

16/06

Je connais un type (ancien trois-quart centre de la Section paloise) qui a expliqué le cadrage débordement à Fred Vargas, je ne sais pas si elle a compris la manœuvre, mais ça l’a beaucoup intéressé

« Arrête les conneries », Le passager, page 220. D’accord.

Et toujours rien à la télé !

14/06

J’ai poursuivi ma chasse aux indices dans Le passager de McCarthy : « Vous vous foutez de ma gueule ? », page 107, « Qu’est-ce que c’est cette connerie ? », page 198 et puis, il est mort.

Et, cette fois, pas de poires au sirop
pour lui sauver la mise

13/06

La critique et facile, mais l’art est difficile », heureusement, quelquefois (c’est exceptionnel) l’un et l’autre fusionnent tout en flamboyances tropicales au delà des écueils circum-polaires et des marécages glauques d’où s’exhalent les vapeurs méphitiques de la sécheresse banale des qualitatifs imprécis comme la prose collégiale ordinaire balayée par les vents d’autan du tout-venant éditorial… Exemple : « Son écriture s’est aguerrie, acérée comme sous un vent piquant, son souffle a pris, dans la bourrasque d’un imaginaire modelé par une solide documentation, une puissance remarquable »…

Ça vous la coupe, hein !

L’œil était dans la tombe et regardait Chloé

12/06

Le Passager de Cormac McCarthy (L’Olivier), page 15 : « Tout ça, c’est du charabia » ; page 32 : « Y’a rien là-dedans qui sonne juste ». Je poursuis vaillamment à la recherche d’autres indices.

Attentif, ensemble

11/06

Ian, c’était pas la joie !

Ferdinand, n’en parlons pas !

C’est pas moi qui le dit,
c’est Jean-Paul Demoule

Et toujours rien à la télé !

10/06

« Un combat de boxe commence comme un rêve et s’achève comme un roman », je suis sûr que c’est la déformation de propos tenus par Martin Amis (Le Point du 30/05/2013), le problème étant que je ne sais plus ce que j’ai « déformé » ! Peut-être (c’est plausible) « roman » a remplacé « cauchemar »…

Ecrire avec sa bite, c’est pas facile à cause des pleins et des déliés.

Jean-Luc !

Chez Hachette, on s’en souvient…

09/06

« Une Madame de Sévigné qui a pris le thé chez Dada », Picabia sur Aragon.

Le seul livre qui manque à la liste ?
Celui que je préfère (le meilleur) :
Toutes les femmes sauf une
(Fayard/Pauvert, 2018)

08/06

Quand on ne peut plus rien dire,

on peut toujours dire :

Pour Aragon (Louis), trois lignes de Saint-Simon valaient trois tomes de Proust (Marcel)… entre parenthèses (le genre de truc que l’on ne peut plus dire).

Guillaume, c’était la couv’ qu’il
ne voulait pas voir assassinée !

07/06

De la même manière qu’il ne faut pas penser que les gens baisent sous prétexte qu’ils en ont l’occasion (sous le fallacieux prétexte qu’ils sont mariés, par exemple), il ne faut pas croire que les gens lisent les livres qu’on leur offre… 80% des achats en librairie sont des « cadeaux » et l’on connaît le sort réservé à ces derniers une fois la soirée achevée, la porte refermée ; comme le Saint Honoré flapi, les fonds de bouteilles… la gêne occasionnée : « Qu’est ce qu’on va foutre de cette merde ! », les réflexions bienveillantes à propos des généreux donateurs (« Ils peuvent toujours attendre qu’on les réinvite ! »)… les mêmes que celles des invités dans le taxi : « Mais quel dîner naze ! Plus jamais ! T’as vu l’appart’… non, mais t’as bien vu ce que j’ai vu ? Quel connard ce type ! Et elle ? Le pompon ! ».

« Et sa femme… non, mais t’as entendu ce qu’elle a dit ? »

04/06

On peut ci-dessous se rendre compte de ce que « critique » littéraire veut, désormais, dire : RIEN ! Aucun jugement, aucune opinion même…Peu importe le sujet (en l’occurrence Fille en colère sur un banc de pierre), peu importe l’auteur (en l’occurrence Véronique Ovaldé), la seule chose qui importe au yeux… aux yeux de qui, d’ailleurs ? peut-être de l’éditeur, c’est la surface obtenue par l’attachée de presse dans un média d’importance. Le lecteur (dont on fait, soi-disant, grand cas), en réalité, on s’en contrebranle ; il y a, d’ailleurs, peu de moyens de le captiver… à moins que sa cousine germaine s’appelle Aïda, que Mimi soit le nom de son chat ou qu’il ait ait roulé des pelles à un type (brun, bouclé, genre gondolier) sur l’ïle de Iazza. Au hasard Balthazar ! Sait-on jamais… vogue la galère !

Et rien à la télé non plus !

26/05

Michel ?

Anéanti !

Orsenna ? Pennac ?

J’hésite.

Et Balzac ?

Il travaille

25/05

TOUS AUX ABRIS !

De la même manière que Bruce Springsteen me fait penser à Franz von Suppé, Garcia Marquez et le réalisme magique me rappellent El condor pasa massacré à la flûte de Pan dans les couloirs de Montparnasse Bienvenüe… todos pète-cojones !

Boum-badaboum-boum-boum !

Et pour changer des Quignardises…

Les Bigardises !

– Quel connard !

– Nasse.

– Quoi « nasse » ?

– Connasse, il a fini sa transition, il y a trois semaines.

– Manquait plus que ça… tu vas voir qu’elle va nous poser un congé maternité ce week-end.

Et toujours rien à la télé !

24/05

Le Petit Larousse
&
Le Gros Roux

23/05

Passable le Ducasse !
(comme mézigue)

Et toujours rien à la télé !

22/05

La rentrée de septembre, c’est parti (c’est pas trop tôt, on s’emmerdait ferme), les critiques font pointer leur nez (teasing) à celles et ceux dont ils feront l’éloge dans quelques mois : Eric Reinhardt, Maria Pourchet… on prend les mêmes et on recommence !

A fond la forme

Les libraires, eux, s’émerveillent
des images style calendrier des postes

A propos de Philippe Sollers et de la suite de sa fin : je suis tombé sur une émission de France Culture (au fait, Sandrine Treiner* a retrouvé du taf’, elle travaille pour Le Journal de Laurent Joffrin et de mon copain Jean-Paul Mari dont je me souviens qu’il s’était courageusement opposé à mon licenciement du Nouvel Observateur) dédiée à sa gloire désormais posthume ; tout ce soin à faire vrombir son intelligence faisait penser aux kékés faisant patiner l’embrayage de leur GTI aux feux rouges et à Huc, un pote de mon père : « Il passait en seconde dans la ligne droite des tribunes ! »… plutôt que de la conduire lui-même, mon père préférait louer sa voiture  (Grand Prix de Pau, années 50) au risque qu’on la lui casse.

1100 centimètres cube Fiat
(comme la Cisitalia)
carrosserie dural

Sujet : « Je ne conçois guère un type de beauté où il n’y ait du malheur. »

19/05

Se souvenir de Gilles Châtelet
(que l’on a tendance à oublier)

Ce n’aurait pas été de refus,
mais j’peux pas, j’ai partouze !

18/05

En 2004, j’étais sur la liste du Prix de Flore, plutôt bien placé d’ailleurs, Arnaud Viviant a renversé la vapeur en ma défaveur lorsqu’il a apostrophé ses collègues : « Alors, on va élire un vieux ! », l’année précédente, Bruce Benderson l’avait emporté alors qu’il est plus vieux que moi… c’est vrai, deux quinquas, deux ans de suite, le Flore allait finir hospice ; le choix du jury s’est donc porté sur Joy Sorman (qui est plus jeune que mes fils). C’est un souvenir comme un autre qui n’a pas grand intérêt, d’autant plus que j’avais passé une excellente soirée à m’empiffrer de pata negra (c’était, peut-être, du bellota bellota, en tous les cas, c’était du bon) et à écluser deux ou trois bouteilles de champ’ (c’était du bon aussi) ; que j’étais accompagné par une véritable bombe, collègue de D (« Il est peut-être plus très jeune le gonze, mais question meuf, il se fait pas chier ! ») ; que Mazarine Pingeot m’avait félicité pour mon livre et que je ne sais plus quel membre du jury m’avait glissé que, cette année là, il leur fallait une fille… tout allait bien à Saint Germain ! et moi ? pareil ! pas besoin d’être consolé, un peu gris, certes, mais tout à la joy d’avoir esquivé la perruque verte, hommage à Dustan. Non, c’est juste que je viens de me rendre compte qu’aujourd’hui, Arnaud Viviant a trois ans de plus que moi, hier, et qu’il vient de sortir un bouquin sur la critique adoubé par la critique : ne pas élire un « vieux » étant, à mon sens, un argument particulièrement brillant, j’espère que ce vieux con définitif se réclame encore de la pertinence de son jugement, mieux, qu’il se vante de sa finesse !

Joy couronnée

17/05

Bernard assure un max

Rue des Saints-Pères, on contrôle.

Tout le discours autour de la gaieté de Sollers m’est toujours apparu comme un mensonge éhonté à l’usage des gobe-lunes, rien d’autre qu’une fumisterie alimentée par ses soins ; je suis persuadé que Sollers était profondément malheureux et sans pouvoir dire pourquoi… « La peau sur la table », il ne voulait pas la mettre (je ne le lui reprocherais pas, moi, la douleur, je respecte).

Et toujours rien à la télé !

16/05

Florent vs Harry

Isabelle Saporta contre-attaque

15/05

Flaubert, c’est pas clair, non plus !

13/05

Attachée de presse donnant ses dernières instructions
à un auteur avant son passage à la Grande librairie

12/05

Les éditions Tristram viennent de re-rééditer De la boxe (initialement paru chez eux en 2012 après l’avoir été chez Stock en 1988), je ne sais pas si le livre se vend vraiment (apparemment, si), en revanche, il est toujours l’occasion de compte-rendus critiques élogieux (c’est toujours ça de pris). Comme ne pas lire fait, désormais, partie du travail des critiques littéraires, je ne m’en étonne point, mais comme je suis obstiné, je publie ci-dessous les deux entrées de Mille et une reprises où il est question de Joyce Carol Oates et, plus important, de la trahison de On Boxing. C’est pisser dans un violon, comme de répéter à qui veut bien l’entendre (personne) que L’Histoire de la boxe d’Alexis Philonenko est un ramassis d’âneries, mais qui se verra toujours citée comme « incontournable » par ceux qui ne l’ont pas ouverte, je m’en fous, je pisse (donc, j’essuie) !

Knock-Out on Heaven’s Door

Robert Zimmerman
au Madison Square Garden

OATES (JOYCE CAROL)

Annie Ernaux & Tony Yoka
aux Cahiers de Colette

« Aucun autre sujet n’est, pour l’écrivain,
aussi intensément personnel que la boxe. »
Joyce Carol Oates

J’ai lu De la boxe une demi-douzaine de fois et On Boxing deux ou trois, les traductions françaises étant tellement mauvaises que ce n’est pas tout à fait la même chose. La première édition française (Stock, 1988) comporte le seul texte « sur » la boxe avec les photographies originales, traduction Anne Rabinovitch ; la deuxième (Tristram, 2012) comprend les textes supplémentaires, mais pas les photos, traduction Anne Wicke. En réalité, VO ou VF, je ne sais toujours pas quoi penser de ce livre. Il ne faut pas se faire d’illusion, le fait que Carol Oates soit cette chouette anorexique à grosses lunettes et qu’elle écrive sur le sport le plus caricaturalement viril fausse le jugement ; on a naturellement tendance (surtout si l’on est un homme), soit à se demander de quoi elle se mêle, soit à être indulgent, c’est-à-dire à se demander de quoi elle se mêle d’une manière différente.
         Ce qui est tout à fait indiscutable, c’est que Carol Oates s’y connaît bien mieux que la plupart des spécialistes de sexe masculin, ce qui se joue et se rejoue dans les critiques sur OnBoxing n’est autre que le préjugé courant qui veut que quelqu’un ne puisse parler d’un quelconque sujet sans l’avoir éprouvé, préjugé complètement con, idéologie dominante à l’heure de la grande Restauration, pure et simple négation de la littérature…
.          ll te faudrait jeter, Nathanaël, les trois-quarts du livre que tu tiens entre tes mains !
.          En revanche, et si l’on prend les choses dans l’ordre, on ne peut pas dire que la forme prise par l’édition de On Boxing aide à la compréhension du fond. Au fur et à mesure que le temps passe et que les éditions augmentées se succèdent, des textes souvent publiés dans la presse (un sur Tyson, deux sur Ali, un autre sur Jack Johnson et le dernier sur le combat Louis/Schmeling) se rajoutent au texte assez court donnant son nom à ce qui se présente de plus en plus désormais comme un recueil ou un work in progress, à moins que ce ne soit une anthologie des textes sur la boxe écrits par Joyce Carol Oates, et qui a pour effet le plus évident de multiplier les répétitions et les redites.
.          Le texte proprement dit est un peu confus, les parties assez mal liées entre elles, ce qui étonne de la part de Oates, excellente technicienne d’ordinaire ; les informations sont quelquefois un peu approximatives, les opinions banales et les jugements discutables, mais – surtout – le texte s’aventure sur le terrain théorique et là, c’est pour le moins inégal. La principale objection que je ferais à Joyce Carol Oates étant que son affirmation princeps : « la boxe n’est pas une métaphore de la vie, mais un monde unique, clos et autoréférentiel » me semble du plus pur idéalisme, contredit par bon nombre de passages lumineux de son texte : « Dans ces moments de plus grande intensité, elle semble contenir une image si complète – de la vie, de la beauté, de la vulnérabilité, du désespoir, du courage sans limite et souvent autodestructeur de la vie – que la boxe, c’est en fait bien la vie » ; « Le combat de boxe est l’image même […] de l’agressivité collective de l’humanité, de sa folie historique constante. »
.          Si « l’image » (c’est moi qui souligne) n’est pas une métaphore, je veux bien m’inscrire à ses cours de littérature et si la boxe est un monde clos, comment Carol Oates peut-elle expliquer que la condition des Afro-Américains et d’autres damnés de la terre y soit si clairement visible ? ce qu’elle admet volontiers et qu’elle explique très bien. 
           Les pétitions de principe contradictoires de Carol Oates font quelquefois penser aux phrases définitives trouvées sur les étagères couvertes de poussière d’un drugstore désaffecté, prononcées d’un air pénétré par les héros de westerns, qui ne veulent, en réalité, strictement rien dire pour peu que l’on y prête une oreille attentive.

TRADUCTION

J’ai lu De la boxe une demi-douzaine de fois et On Boxing deux ou trois, les traductions françaises sont tellement mauvaises que ce n’est pas tout à fait la même chose. La traduction de la première édition française (Stock, 1988) est d’Anne Rabinovitch, traductrice de Saul Bellow, Norman Mailer, Joyce Carol Oates et James Salter ; la deuxième (Tristram, 2012) est l’œuvre d’Anne Wicke qui a traduit entre autres : Laura Kasischke, Toni Morrison, Susan Sontag et Virginia Woolf.
.        Les deux traductrices débutent en fanfare : le livre d’Oates est dédié aux contenders (que l’on peut « approximativement » traduire par « prétendants »), Anne Rabinovitch choisit « challengers » (challengers), Anne Wicke, « combattants » (fighters). Le reste est à l’avenant, mention spéciale à Anne Wicke (ou à son éditeur) qui, ayant la flemme de convertir les livres anglaises en kilogrammes, recopie le tableau des catégories de poids amateur ; oubliant les « paille », ajoutant les « super-lourds », traduisant super-welters par « moyens junior », j’en passe et des meilleures… un festival d’errata qui aurait pu être facilement esquivé. Ma préférée : « Marciano ne pourrait même pas me porter mon slip », « slip » pour jockstrap (coquille).
          Comme pour Bernard Cohen, l’inénarrable traducteur de La brûlure des cordes, je pourrais multiplier les exemples, comme l’entreprise serait plutôt vaine, je ne le ferai pas.

11/05

Dans la famille Gallimard, je ne connais que Simone (la sœur d’Antoine), je me souviens qu’au Mercure de France, elle avait deux petits Piffaretti accrochés derrière son bureau et qu’elle avait été étonnée (évidemment !) que je sache de quoi il retournait, Maud Simonnot, son assistante de l’époque a, depuis, tracé sa route jusqu’à être cheffe de la nrf (je lui ai proposé, sans succès, d’éditer That Summer in Paris de Morley Callaghan). Au Mercure, dans la collection « Le goût de », je devais écrire Le goût de la boxe. Je me suis rendu compte que, si on ne voulait pas saloper le taf, c’était beaucoup de travail pour pas beaucoup d’argent, je m’en suis lâchement débarrassé en passant le bébé à Raphaël Naklé (il ne m’a jamais remercié et il a fallu que je le lui fasse remarquer pour avoir droit à UN exemplaire), il est, désormais, libraire. Je devais, aussi, écrire Le goût de la tauromachie, je ne l’ai pas fait non plus. Dans le genre du type parti acheter des cigarettes et qui, de retour, dix ans plus tard, s’étonne que la soupe ne soit pas servie, longtemps après, j’ai relancé Simone, elle ne m’a jamais répondu. J’imagine qu’elle ne m’a pas trouvé très courtois, cela sans compter que le sujet est de moins en moins porteur. Dans une certaine mesure, tant mieux, il n’aurait plus manqué que cela… la tauromachie ! et puis quoi encore ? pourquoi pas la bite ?

Et toujours rien à la télé !

10/05

Darrieusecq, nous voici !

Faut quand même avoir de très gros problèmes
pour se faire analyser par Arnaud Viviant…

08/05

ME TOO

07/05

Bruno Corty a des insomnies

06/05

LE PARRAIN

 « Y a des footballeurs chrétiens, des cow-boys chrétiens,
des hommes politiques chrétiens, vous pouvez me dire
pourquoi y aurait pas des gangsters chrétiens ? »


Mickey Cohen

Son palmarès n’est pas très brillant : 7 victoires, 11 défaites, 1 match nul ; K.-O. face à « Chalky » Wright et même face à « Baby » Arizmendi qui ne frappait pas, encore heureux, Philippe Sollers, né le 4 septembre 1913 à Brownsville, le quartier de Brooklyn qui verra naître Mike Tyson, a eu une carrière criminelle d’une toute autre envergure.
           À 6 ans, Philippe Sollers vend des journaux au coin de Soto et de Brooklyn Avenue.
        À 9 ans, la famille s’installe à Los Angeles et Philippe Sollers, précoce, fait quelques séjours en maison de correction.
        À 15 ans, Philippe Sollers fait ses valises, direction Cleveland où il est recruté par Moe Dalitz qui sera surnommé plus tard « Monsieur Las Vegas ».
        Retour à New York où Philippe Sollers travaille pour une entreprise de racket avec Owney Madden, propriétaire du Cotton Club.
       Départ pour Chicago où il s’associe avec le frère d’Al Capone, Mattie. Accusé d’avoir flingué quelques collègues, Philippe Sollers est finalement relaxé, mais comme des rancuniers lui veulent du mal, il retourne à Cleveland où il se range sous la bannière de Meyer Lansky (de son vrai nom Maier Suchowljansky).
       Comme le travail vient à manquer, que le chômage menace, Philippe Sollers s’envole pour Las Vegas où il aide Bugsy Siegel à monter le Flamingo, tête de pont de l’industrie du Jeu au Nevada. « Bugsy » ayant un peu piqué dans la caisse, le Syndicat place un contrat sur sa tête… arrêt du cœur, mort naturelle ! Philippe Sollers, très en colère, se retrouve sans emploi avec deux cents costumes sur mesure dans son dressing, une Cadillac blindée dont l’embrayage patine et un garde du corps, Johnny Stompanato, qui ne trouve rien de mieux que de se faire trucider par Sheryl Crane, la fille de sa maîtresse, Lana Turner (anagramme : « Anal Return »). Comme la star refuse de régler l’enterrement de son gigolo, Philippe Sollers achète un cercueil bas de gamme à son porte-flingue et vend les lettres d’amour de Lana Turner à la presse. C’est pas une blonde qui va l’emmerder !
            En 1940, Philippe Sollers se marie avec Lavon Weaver (Simoni King), ancienne prostituée et tenancière de bordel.
            En 1950, le 6 février, sa maison, 513 Morino Drive, est détruite par une explosion.
         En 1951, Philippe Sollers prend quatre ans pour fraude fiscale, relâché en 1955, il s’occupe pour se distraire de stations-service, de casinos, de boîtes de nuit, d’une boutique de fleurs, d’une mercerie et même d’un camion vendant des glaces à Brentwood sur San Vicente Boulevard.
            En 1957, Philippe Sollers rencontre Billy Graham et se convertit au christianisme… Billy Graham est un mariolle et la Grâce ne regarde pas où elle tombe.
             En 1959, sa petite amie, Liz Renay (filmée en 1977 par John Waters) écope de trois ans de prison pour faux-témoignage. Philippe Sollers tombe amoureux de Candy Barr (Juanita Dale Slusher), prostituée à treize ans, mariée à quatorze avec un perceur de coffre-fort, strip-teaseuse, rôle principal dans le premier film pornographique clandestin, Smart Alec*, amie proche de Jack Ruby.
            En 1961, le Gouvernement lui retombe sur le râble pour une affaire de fraude fiscale. Philippe Sollers sera le seul prisonnier relâché d’Alcatraz grâce à un document signé par Earl Warren, mais son appel sera refusé. Emprisonné au pénitentier d’Atlanta, le 14 août 1963, un co-détenu, Burl Estes McDonald essaie de l’assassiner à coups de tuyau en plomb, mais n’arrive qu’à lui fracturer le crâne, que Sollers a solide.
             En 1972, libéré, Philippe Sollers part courir les émissions télévisées où ses anecdotes font recette et sa faconde aussi.
            En 1976, le 29 juillet, atteint d’un cancer de l’estomac (les soucis ! les persécutions perpétuelles !), Philippe Sollers meurt dans son sommeil.
            Depuis, Philippe Sollers continue de vivre dans la pop culture, il tient un rôle important dans trois des livres composant le Quatuor de Los Angeles de James Ellroy ; Harvey Keitel joue son rôle dans Bugsy et Sean Penn (consternant) dans Gangster Squad (affligeant) de Ruben Fleisher.
            Sa Cadillac 1950 noire fait le bonheur du musée de Paraparaumu en Nouvelle Zélande.
            Pas mal pour un boxeur minable.

* Elle roule des pelles et fait l’amour dans une chambre de motel avec un type
ressemblant vaguement à Jackson Pollock, mais comme elle n’est pas d’accord
pour lui tailler une pipe, elle téléphone à une copine qui s’en charge.
C’est en noir et blanc, ça dure 9 minutes 32 secondes,
c’est aussi troublant que de voir ses parents baiser.

05/05

C’est la saison !

Les marronniers sont en fleur.

Hier, parution du dossier plus ou moins bisannuel du Figaro littéraire sur « Boxe & littérature ». C’est Bruno Corty qui s’y est collé : Hemingway, Mailer…bla-bla-bla… Tosches, Toole, Ellroy… bla-bla-bla… Oates, Philonenko, Morand, Montherlant… bla-bla-bla… Cravan, Cocteau, Rondeau… bla-bla-bla…
Je progresse dans la hiérarchie puisque je suis cité deux fois (fort anecdotiquement) ; il y a trois ans (environ), c’était Sébastien Lapaque qui avait hérité du pensum, je ne l’avais été (fort anecdotiquement) qu’une seule avec : Hemingway, Mailer… bla-bla-bla… Tosches, Toole, Ellroy… bla-bla-bla… Oates, Philonenko, Morand, Montherlant… bla-bla-bla… Cravan, Cocteau, Rondeau… bla-bla-bla…
Comme, en réalité, je suis très bienveillant sous mes dehors revêches, je crains, qu’un jour ou l’autre, la direction du Figaro ne s’aperçoive que Corty, Lapaque et consorts peuvent être – avantageusement –  remplacés par un logiciel.

Et toujours rien à la télé !

04/05

Très intéressante interview de Pierre Leroy (PDG d’Hachette) dans les pages saumon du Figaro (29 – 30 avril). Tout va bien sur le front : Bolloré lui fait confiance ; le climat est paisible ; il ne faut plus raisonner seulement avec le livre imprimé ; il n’y a pas de craintes particulières sur une fuite des auteurs ; la véritable écriture est un art qui restera indispensable : l’IA, qui travaille sur les données passées, ne va pas créer de ruptures ou de transgressions comme l’art en a connu.
On peut affirmer le contraire sans crainte de se coller le doigt dans l’œil.

Rien, sans doute, ne peut compenser l’absence de talent,
si ce n’est la publication d’un premier livre
unanimement loué par la critique.

03/05

Le Festival du livre de Paris est gratuit pour les moins de 25 ans que le livre n’intéresse pas !

Le Monde daté du 29 avril fait état des difficultés d’Actes Sud (30 personnes au chômage à la clé). La maison, hormis le fait qu’elle est l’une des plus subventionnées par les institutions, n’aurait pas réussi de ventes spectaculaires depuis les deux derniers Goncourt (Eric Vuillard, Nicolas Mathieu) obtenus, je le rappelle, lorsque Françoise Nyssen était ministre de la culture (2017 – 2018). Je compatis.

Croyez-moi,

distinguer deux Goncourt à l’aveugle,
c’est cador !

19/04

Debriefing

« Personne n’a le temps de lire »
Quentin Tarantino

Alors, c’est fini ?

Il semblerait… enfin, pas vraiment, l’un des avantages de l’affaire, c’est que je peux encore intervenir. C’est l’une des supériorités du « dispositif », le papier, les corrections achevées, c’est terminé, noir sur blanc, définitif, là, si je veux, je peux.

C’est un désavantage aussi, non ?

Pourquoi ? Si j’ai fait une erreur, si l’actualité le veut, si un nouvel Ali surgit, il aura droit à son entrée, je peux ajouter, retrancher, je fais comme je l’entends.

Une sorte de work in progress en quelque sorte.

Si vous voulez.

Avez-vous déjà pu tirer quelques enseignements de la publication de Mille et une reprises ?

Quelques-uns. Le premier point, et il est positif, c’est que c’est, enfin, FINI et que le résultat me satisfait plutôt. Evidemment, j’aurais eu un graphiste à ma disposition, je saurais moi-même me servir des logiciels adéquats, ce serait encore plus satisfaisant, j’aurais pu varier les plaisirs au niveau de la mise en page, alors que là, c’est un peu sec, un peu raide, un peu trop proche du livre, pas assez « installation ». Le deuxième aspect positif, c’est la fréquentation, ce ne sont pas des dizaines de milliers de followers qui se sont précipités sur le site, mais suffisamment, beaucoup plus, sans doute, que de lecteurs qui auraient acheté le « livre » en librairie…

Si l’accès au site avait été payant, ce n’aurait  pas été la même chanson.

Sans doute, mais la gratuité faisait partie du geste. Pour la suite des opérations, on verra… 
pour que ce soit vaguement rentable, il faudrait que je mette sur place tout un appareillage technique, Playpal et compagnie, j’ai la flemme rien que d’y penser. N’oubliez pas que dans ce cas précis, j’avais touché 25 000 euros de Grasset, j’aurais touché des clopinettes, je ne me serais pas aventuré dans le labyrinthe, mais que Mille et une reprises soit disponible virtuellement n’a pas posé trop de problèmes. Evidemment, il y a des gens, 
la plupart lisant sur écran, pour regretter qu’il n’existe pas de version papier… Après tout, si scroller les fatigue, ils chargent tout sur une clé USB, ils font le deuil des liens et ils se font imprimer un livre sur mesure, ils pourront tout choisir, depuis le format, le papier jusqu’à la police de caractère et la couv’.

Alors, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible ?

Pas complètement. Le « virtuel » a des tas d’avantages, mais aussi quelques inconvénients, moi-même, comme les types de ma génération, j’ai une liseuse dont je ne me sers pas, sauf que, dans quelques années, le papier aura quasiment disparu comme le microsillon et le Cd, on ne va pas revenir là-dessus, 
Bret Easton Ellis est plus radical encore, quand on lui demande si les millenials liront encore des romans, il répond qu’ils ne lisent déjà plus. Je regrette 
autant que vous la disparition d’un monde ancien, celui où les Porsche avaient deux portes… ne vous méprenez pas, j’aime les livres, mais je ne m’apitoie pas, j’essaie de trouver des solutions, j’écris sur un ordinateur, je n’ai pas de smartphone, mais j’ai un appareil-photo numérique, je m’adapte… je préférais le son du vinyle à celui du Cd, mais quand les nouveautés ont cessé d’être éditées en vinyle, j’ai acheté un lecteur de Cd (dont je ne me sers plus), 
je fais pareil que Picasso : « Quand je n’ai plus de rouge, je mets du bleu. » 

Vous concédez qu’il y a quelques inconvénients sur la forme adoptée, il y en a-t-il d’autres ?

L’accueil critique, évidemment ! Si l’on excepte mes deux supporters Internet : Antoine Faure et 
Nicolas Zeisler qui avaient, déjà, chroniqué certains de mes livres et pas seulement ceux dont le sujet est leur centre d’intérêt : la boxe, 
Philippe Ducat dans Artpress et Guillaume Gendron dans Libération, walou ! nib de nib ! silence radio ! Bien sûr, je ne m’attendais pas à une pleine page du Monde (je l’ai déjà eue… un jour de grève !), ni à la couv’ de Télérama, ni au Figaro littéraire, ni à un dossier du Matricule des anges, ni aux hebdos polychromes, ni à être invité à la télé, à la radio et tout le toutim, mais RIEN, tout de même… surtout que, pour les critiques, il y avait deux angles possibles : le texte et le canal utilisé, en lieu et place, ils ont tiré à blanc… en plein milieu. Les médias « sportifs », c’est encore autre chose, j’aurais pu penser qu’ils allaient, au moins, faire passer l’info… que dalle ! Pravda ! camarilla stal et socio-cul ! le gâteau est tout petit, on le garde pour nouzigues, on s’empiffre et on se congratule. C’est vrai que les uns et les autres ne savent pas trop ce que je fabrique… biographe ? essayiste ? romancier ? 
artiste pour écrivains ? écrivain pour artistes ? et puis la boxe, merde à la fin ! Au coin l’auteur, privé de confiture ! Ils ne se sont pourtant pas privés de me traiter d’écrivain, « un poing, c’est tout » et même de « grand écrivain » tout court, comme je suis vaniteux, donc crédule, j’ai eu tendance à les croire, je pensais avoir une petite légitimité, il semblerait que non, à moins que la nouveauté du bastringue ne les ait estrancinés ou que ma réputation d’effroyable mauvais coucheur l’ait emporté sur la curiosité. Là aussi, d’ailleurs, c’est bizarre, je suis plutôt sympa comme type, non ?

Sympa n’est peut-être pas le terme exact, mais je ne suis pas très objective, au cas où vous l’auriez oublié, je vous rappelle que ça fait plus d’un demi-siècle que je couche avec vous.

C’est vrai.

Vous leur en voulez ?

Même pas, c’est leur problème plus que le mien. Je n’étais pas de leur monde, il semblerait que je ne le sois plus du tout. Cela fait déjà quelque temps que je parle de moi au passé.

Et maintenant ?

J’avais l’adaptation et le scénario de Lève ton gauche ! qui faisaient la sieste au fond de mon disque dur, je vais m’en occuper. J’avais envoyé le manuscrit de Lève ton gauche ! par la Poste, il a été réédité deux fois, alors le cinoche, les César, pourquoi pas ? on va voir le résultat…

entretien réalisé par Dominique Castéran
pour les éditions ¡ Anda !
https://fredericroux.fr/anda/le-livre-des-mille-et-une-reprises/
Pau, 18 avril 2023

18/04

« La décentralisation, de progrès revendiqué par la classe ouvrière elle-même, est devenue un moyen pour le capitalisme de rendre les luttes plus difficiles à mener. Eclatement qui verra son terme lorsque le travail à domicile sera la forme la plus  aboutie du travail. Où chacun rivalisera avec chacun, appartiendrait-il au même groupe social, cumulant les inconvénients du prolétariat avec ceux des professions libérales sans en avoir aucun des avantages, sous-traitant de son aliénation, gérant de sa misère, comptable de sa survie. »

Assez ! (Sens & Tonka, 2000)

16/04

Si j’avais su qu’il fallait que j’éclaire « les angles morts de l’âme humaine » (et sucer quelques bites aussi), je l’aurais fait, mais personne ne m’a rien dit.Le name doping, ça peut aider.

13/04

J’adore quand les institutions balancent le pognon par les fenêtres
(10 millions d’euros par an sur trois ans)

Sans la casquette, elle aurait pu se torcher !

Sarah Roux (fleuriste)
Docteur en Sciences politiques
(depuis hier)

Je suis physiquement allergique à Daniel Pennac. Je sais que c’est mal, mais je peux pas le voir.

12/04

Ante Tomic (croate) : Qu’est-ce qu’un homme sans moustache, Noir sur blanc, c’est du Kusturica (serbe), sacrément fendard.

Chez Hachette,

on vient d’entendre parler de Chat GTI
alors, on balance les manuscrits par les fenêtres

11/04

« Quand votre maison a été taguée
pendant que vos enfants dormaient à l’étage,
vous ne craignez plus rien. »

Frédéric Beigbeder (Le Figaro Magazine).

Debray, l’inimitable

10/04

Julien Gracq, c’est pas toujours très clair

Retrouvé ce texte commandé, puis refusé, en 2011, par Jean-Baptiste Stehli, à l’époque, rédacteur en chef de Madame Figaro ! Je me suis toujours demandé pourquoi…

Contrairement à l’abonné SFR et à la ménagère de moins de cinquante ans qui remontent à l’âge de pierre, le mauvais goût est d’extraction récente. En dépit des efforts voyants de Caligula et de ceux de Néron, l’Antiquité l’ignore, l’âge classique, quant à lui, ne connaît que la faute de goût qui ne se conçoit qu’entre gens du même monde alors que le mauvais goût est le fait de ceux qui ignorent même ce que bienséance peut bien signifier et ne peuvent donc y manquer.
    Les puissants étaient jadis « prescripteurs » (comme disent les publicitaires) par nature, le mauvais goût n’aurait su les atteindre. Le mauvais goût est l’apanage des nouveaux venus, des nouveaux riches, des parvenus ; le « bourgeois gentilhomme » (oxymoron et aporie liés) est sa première représentation culturelle et le ridicule son lot. Monsieur Jourdain croit que le goût peut s’acheter, ou même s’acquérir, alors que la noblesse sait qu’il est affaire de naissance. La Révolution française réservera un réveil difficile aux ar(t)istocrates, l’Ancien Régime prendra acte dans la douleur de ce que le peuple peut, lui aussi, avoir son goût… qui se révélera ne pas être du goût de tout le monde !
    Depuis cet épisode un tantinet brutal, le bon goût décrété, démocratiquement ou pas, est du côté du manche et de la marchandise, le mauvais goût, on ne sait trop où… il change tout le temps !
    Une fois les valeurs aristocratiques renversées, Baudelaire pourra avancer que « ce qu’il y a d’enivrant dans le mauvais goût, c’est le plaisir aristocratique de déplaire », ajoutons pour être un peu plus complet que faire l’éloge de Julio Iglesias au milieu d’un parterre d’adorateurs de Boulez, revendiquer son attirance pour les brunes avec des poils sous les bras dans un bar du Marais et faire l’apologie du fist-fucking à Saint-Nicolas-du-Chardonnet peuvent ne pas être mal non plus. A titre personnel et dans le même ordre d’idées (« A chacun son sale goût ! » comme disait ma grand-mère, bonne espagnole d’origine contrôlée), je trouve Modiano mou et Kundera kitsch, je pense que La Route est un livre bidon, Sur la route, aussi, et que bon nombre de crus réputés du Bordelais sont fabriqués sur le même modèle… tout comme des sodas ! Tout à la planche à bordeaux et au vernis à ongles…
    Il existe en réalité deux sortes de mauvais goût, celui de l’éternel petit bourgeois, éternel dominé de la mode, de l’air du temps et des magazines polychromes qui en font la réclame et celui de ceux qui prescrivent sans se préoccuper outre mesure de ce qu’ils prescrivent (Karl Lagerfeld ou Lady Gaga). Les premiers n’ont de cesse de poursuivre ce qui ne peut pas s’atteindre puisque ce qui est à la mode aujourd’hui ne le sera plus demain, les autres sont obligés d’aller toujours plus loin dans la surenchère jusqu’à passer pour le Grand Mamamouchi (« C’est-à-dire, en notre langue, paladin »).
    Quant au discours de celui qui prétend avoir du goût (Philou Sollers ou Fredo Beigbeder, c’est selon), c’est le discours de l’hystérique qui se cherche un maître pour le dominer.
    Alors que le mauvais goût s’en remet à un sentiment personnel d’une autorité simplette, que le bon goût a sans cesse besoin de se rassurer, de communiquer, la vraie puissance est au-delà du goût… bon ou mauvais ! Elle ne connaît que la vertu, celle des guerriers et des saints, dont on se moque de savoir quelle chemise ils peuvent bien porter, quel est le dernier film qu’ils ont adoré ou s’ils se sont offert une Patek Philippe pour leur cinquantième anniversaire.

Titre tout trouvé pour la future biographie (non autorisée) de Frédéric Beigbeder : Du caca’s club à l’Acacadémie.

07/04

J’peux pas, j’ai chasse à courre !

06/04

Cela fait déjà quelque temps que je ne parle plus de moi qu’au passé. Pour la postérité, c’est bon signe.

Et toujours rien à la télé !

05/04

« J’ai besoin de rites. J’ai besoin de chants. J’ai besoin d’uniformes », Frédéric Beigbeder (Le Figaro Magazine).

« J’en ai marre que l’hétérosexuel soit partout traité de connard, de beauf, de porc, de bourrin », Frédéric Beigbeder (Le Figaro Magazine) ; face à Martina Navratilova,  Roger Federer n’aurait jamais laissé le court aussi ouvert.

En réalité, elle n’en sait rien,
elle n’a jamais essayé l’autre méthode
(par La Poste).

03/04

J’étais barbier (stagiaire), ma copine serveuse à mi-temps chez Sushi Shop, au début, on a voulu prendre la gérance d’une boutique de CDB, finalement, on a préféré ouvrir une librairie.

Faut dire qu’on a été bien accueillis et bien conseillés

Je me demande si les profiteroles du Récamier ont augmenté aussi vite que le papier.

Hier, au Masque et l’enclume, les critiques ignoraient qu’Erik Orsenna a été l’employé de Bolloré alors que – fondamentalement – Orsenna est l »homme de ménage de celui qui le paie, un domestique.

02/04

OUF  !

A la mémoire de Jacques Drillon

et à celle de Gil Wolman.

Postface (en guise de) « Ce livre appartient donc globalement au genre connu depuis l’Antiquité, que le latin nommait satura […] et qui s’est aussi, plus ou moins, appelé un temps la fatrasie, pratique médiévale que mon confrère Petit Robert définit ainsi : “Poème d’un caractère incohérent ou absurde, formé de dictons, proverbes, etc. mis bout à bout et contenant des allusions satiriques”. Il relève aussi partiellement et dans le détail de quelques pratiques plus récentes, comme l’autobiographie, déjà évoquée, mais il s’y rattache par une relation de flirt, selon la définition ancienne de cette pratique, qui disait en d’autres termes que l’on tourne autour de la chose sans y entrer tout à fait. »

Gérard Genette

2556 jours de travail – 2 678 689 signes
1194 entrées – 3581 lecteurs

Frédéric Roux s/c éditions ¡ anda ! 14, rue Alexander-Taylor, 64000 Pau

editions.anda@orange.fr

L’envoi de Mille et une reprises étant trop lourd pour un certain nombre de messageries, toutes les entrées sont disponibles ci-dessous :

https://fredericroux.fr/anda/le-livre-des-mille-et-une-reprises/

Ces textes ont été revus et corrigés ; tous mes remerciements vont à Antoine Faure et à Dominique Roux

Et si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres.

Jeanne-Marie Labrador (feue ma grand-mère)

01/04

Violette Leduc

A table, Rintintin !

Sans même se donner la peine d’être un écrivain, JérômeGarcin est recouvert de colifichets domestiques : prix Roger Nimier ; prix Essai France Télévision ; prix Jean Freustié ; prix Prince Pierre de Monaco ; prix Duménil ; prix Marie-Claire ; prix Humanité et médecine ; prix Maurice Genevoix ; Prix Pégase Cadre noir ; Grand prix Henri-Gal de l’Institut de France ; prix François Mauriac ; prix Jean Carrière ; prix des romancières ; prix Médicis Essai ; Grand prix de la SGDL ; prix Pégase de la Fédération française d’Equitation ; prix littéraire de la ville de Caen ; prix Nice Baie des Anges ; Prix Relay des voyageurs ; prix d’une vie Parisien-Magazine ; prix Joseph des écrivains combattants ; prix Jean-Bernard de l’Académie nationale de médecins ; prix des Deux Magots… alors, pourquoi se casserait-il la nénette ?

Et…

toujours rien à la télé !

31/03

« J’incarne une forme de résistance », Frédéric Beigbeder (Le Figaro).

Un peu d’humilité ne nuit jamais

29/03

Offenses, Constance  Debré (Flammarion), chiqué !

Le Musée des redditions sans condition
, Dubravka Ugresic (Christian Bourgois), formidable ! Comment douter à sa lecture que le fragment ne soit pas UN ?

Eloge de la librairie avant qu’elle ne meure, Baptiste-Marrey (Le Temps qu’il fait, 1988)… et dire que je m’époumone aujourd’hui à dire la même chose : les français ne lisent pas parce qu’ils ne savent pas lire. J’ajoute que les écrivains français ne savent pas écrire, donnez un quatrième de couverture de chez Gallimard à Chat GTI, il écrira approximativement le même livre que celui qui a été imprimé. Inutile de préciser que l’intelligence dite « artificielle » (on pourrait dire « automatique ») peut se substituer avantageusement à n’importe quel éditorial et à n’importe quel discours politique, ce qui aurait pour avantage non négligeable de supprimer journalistes et politiciens.
Quant aux solutions technico-administratives avancées par Baptiste-Marrey, elles ont toutes été plus ou moins mises en place, ce qui n’a absolument rien changé à la situation actuelle qui s’est, vu les derniers développements de la technique, encore détériorée.

27/03

Le Musée des redditions sans condition, Dubravka Ugresic (Christian Bourgois), je ne sais pas où elle va, mais j’y vais avec elle.

22/03

Et si la critique s’intéressait à : https://onuma-nemon.net/
Ça changerait…

15/03

La ligne de courtoisie de Nicolas Fargue (POL, 2012) : ahurissant !

Extrait : « Elle rentrait de son cours de yoga sans avoir éprouvé la nécessité d’une douche transitoire, exacerbant par tous les pores de son derme cette odeur apocrine naturellement soufrée qui, jadis, m’avait fait tant hésiter à partager de nouveau son lit au terme de notre première copulation. Passé l’amour, j’avais d’ailleurs été tout autant refroidi par ses draps en fibre synthétique qui boulochaient très désagréablement avec l’usure,vous exfoliant jusqu’au sang le torse et les omoplates. »… on dirait une traduction made in Gallmeister alors que c’est censé être écrit – directement – en français.

Et toujours rien à la télé !

12/03

J’ai trouvé ce texte (que je ne connaissais pas) en fouillant les entrailles du Ouèbe à la recherche d’une photo (que je n’ai pas trouvée) de Joyce Carol Oates avec Mike Tyson, dommage qu’à l’époque, les critiques n’aient pas fait le même effort.

“Mike Tyson” de Frédéric N. Roux (1999)

Posted on March 7, 2015 by Focus Webzine

A la base simple commande de son éditeur, cette biographie atypique du phénomène Iron Mike permet à Frédéric Roux de dépasser son sujet afin d’y caser les éternelles obsessions qui parcourent son œuvre.

L’auteur s’appropriant à tel point son sujet que l’impitoyable autopsie de l’icône à laquelle il nous convie s’impose comme un travail aussi personnel que ses récits de fiction.

C’est qu’il connait, en bon fan de boxe, l’importance de la discipline comme symbole de son époque. Tyson, comme tout mythe qui se respecte, ayant incarné la sienne jusqu’à la caricature…

Le racisme, la peur, la mort, le sexe, la violence, le danger : tous les ingrédients d’un parfait récit à scandale inscrits dans un siècle d’Histoire américaine que Roux détaille en usant des longues digressions qu’il affectionne.

Sans pour autant jamais perdre de vue l’essentiel : ce fascinant anti-héros dont la trajectoire brisée recèle un mystère qui affleure peu à peu. Celui d’un individu appelé à briller, sans l’avoir vraiment voulu.                                                                          
Qui semble ne jamais s’être vraiment appartenu et a accompli quelque chose d’immense, presque malgré lui. Quelqu’un à qui on n’a pas laissé le choix, peut-être pour son propre bien…

Un destin hors-norme, étrangement émouvant, qui laisse penser que Roux, en s’en faisant le scribe avec une rare pertinence, a rédigé son Gatsby

Mais toujours rien à la télé !

08/03

En ce qui me concerne, je n’ai même pas à dire non, je ne suis jamais invité dans les raouts littéraires ni à causer de mon œuvre avec un « médiateur » ne l’ayant pas lue. Pour être totalement objectif (mon honnêteté me perdra), j’ai bien dû l’être un demi-douzaine de fois, en 40 ans de métier, on m’avouera que c’est peu.

Et toujours rien à la télé !

03/03

Le retour des retours

01/03

Les membres d’une académie se trompent rarement lorsqu’ils recrutent un nouveau membre, il a dû faire preuve d’académisme dans son œuvre ou, tout du moins, ne pas en être trop éloigné.

« déficient cognitif » = crétin en infra-patois.

Et toujours rien à la télé…

28/02

Fan de l’auteur faisant des pieds et des mains
pour lire la suite de Mille et une reprises avant les autres

26/02

Marc Pautrel

Je me demande si l’on n’aurait pas pu faire
l’économie d’un rapport.

Via Jean-Baptiste Bordas

Et toujours rien à la télé !

20/02

Double blind

Et toujours rien à la télé !

19/02

Tous les soirs, je lis quelque pages de La guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana Alexievitch (Presses de la Renaissance, 2004), dans mes rêves je patauge dans le sang.

Sandrine est méchante

13/02

D sur anéantir de Michel Houellebecq : « Il est gâteux ». En fait, elle a raison davantage que les critiques professionnels traitant sérieusement de l’œuvre de quelqu’un de visiblement diminué.

Valéry, c’est pas toujours très clair

Flaubert, non plus

Chaque fois que j’entends un critique parler de « lalangue », j’ai envie d’avaler la mienne.

J’ai longtemps hésité à lire Le lambeau de Philippe Lançon, j’ai eu tort.

Quand les lecteurs s’en mêlent

La vache Guy rit !

06/02

Le mauvais goût apprécié pour ce qu’il est

Le mauvais goût est d’extraction récente, l’Antiquité l’ignore, et l’âge classique ne connaît que la faute de goût, ce qui est très différent. La faute de goût opère entre gens du (même) monde ; le mauvais goût est le fait de « challengers » dont le Bourgeois gentilhomme est le précurseur naïf, qui croit que le (bon) goût peut s’acheter ou s’apprendre. Aux yeux de l’aristocratie persuadée que le goût est avant tout affaire de naissance, la Révolution française est un acte d’un mauvais goût insigne où désormais, il faut en prendre son parti, le peuple aura voix au chapitre du goût. Kant est le premier à thématiser ce droit de tout individu à affirmer son goût sans se soumettre à une autorité. Frédéric Roux ne fait pas mystère, dans son éloge, qu’il se situe du côté des challengers ; dans la parabole des grands-mères, il prend parti pour la bonne espagnole et son tonitruant : « À chacun son sale goût ! »

Ligne de fuite

Genre rhétorique par excellence, l’éloge a d’abord porté sur du positif : le courage, la vertu, etc. Une fois la rhétorique morte, l’indigne pouvait aussi être objet d’éloge, avec le paradoxe que plus il est réussi, plus on en oublie l’objet (la bêtise ou le mal, par exemple) pour ne retenir que le style. Toute revendication du mauvais goût suscite cependant la méfiance et alimente le soupçon de snobisme : « Il faut en finir avec les Pyrénées du goût ! S’il est une chose certaine, c’est qu’aujourd’hui personne n’a mauvais goût ; pire encore, jamais personne n’avouera avoir mauvais goût, serait-ce pour s’en vanter. En faire l’éloge est une provocation imbécile, un caprice puéril ; celui qui prend ce risque sombrera dans le ridicule. »
Il y a une forme de mauvais goût prise au sens absolu qui fascine en raison de son innocence, goût pour de toute stratégie, affirmation têtue qu’aucune raison ne peut faire changer d’avis. Ligne de fuite sur laquelle on est hors d’atteinte. Kant insiste beaucoup sur le fait que le goût doit communiquer, car le bon goût est anxieux de l’opinion d’autrui, il a besoin d’être rassuré ; le mauvais goût s’en soucie peu.
Dans la nomenclature des quatre discours de Jacques Lacan, le discours de celui qui prétend avoir du goût est le discours de l’hystérique, qui se cherche un maître. Ce maître est le prescripteur doué du pouvoir de convertir les signes en bons signes. Jadis les rois, les princes, les puissants étaient prescripteurs par nature. Le petit bourgeois est ainsi l’éternel dominé de la prescription, celui que ne perdent aucune occasion de stigmatiser ceux qui prescrivent sans avoir à justifier ce qu’ils prescrivent. Plus on gravit les échelons du pouvoir et de la célébrité et plus le mauvais goût perd de son sens : le roi n’a pas mauvais goût puisqu’il dit la norme, et Lady Gaga n’a cure qu’on la trouve de mauvais goût.
Si vous faites l’éloge sincère de Julio Iglesias devant un parterre d’amateurs d’opéra, vous risquez de faire un éloge de mauvais goût. Vous pouvez faire ce même éloge sachant qu’il va susciter la consternation de vos interlocuteurs, et en tirer une jouissance qui est de savoir qu’ils ne savent pas que vous savez qu’ils vous méprisent. « Ce qu’il y a d’enivrant dans le mauvais goût, c’est le plaisir aristocratique de déplaire », cette phrase de Baudelaire (que Nietzsche a fait sienne), Frédéric Roux la fait figurer en tête du premier chapitre de son livre. On pourrait appeler cela la dimension baroque du mauvais goût consistant à regarder dans un miroir le regard atterré que porte l’autre sur votre goût et s’en délecter

Ligne de partage

À côté de l’éloge naïf et faussement naïf, il y a une troisième forme d’éloge qui consiste à assumer de manière polémique un goût dont on sait qu’il suscite du dégoût chez l’autre. La combinaison simultanée de ces trois formes d’éloge du mauvais goût chez Présence Panchounette n’a pas peu contribué à jeter le trouble en son temps. Présence Panchounette (dont Frédéric Roux a été l’un des membres éminents) avait l’ambition déclarée de faire l’éloge du mauvais goût sans tomber dans la « distanciation » (fatalement du côté de la distinction). Même s’il peut écrire que « les goûts ne sont pas DANS la nature, et les dégoûts pas davantage, les goûts sont dans la culture et seulement dans la culture », Frédéric Roux ne partage pas la vision dialectique de ceux qui voudraient réduire la question du goût à une simple combinatoire de signes à la Baudrillard. Non, certains objets portent les stigmates du mauvais goût comme gravé au fer rouge : « Le mauvais goût contre le bon, c’est le pot de terre contre le pot de fer, Tartempion contre Mike Tyson. Ce qui est en haut est en haut, ce qui est en bas reste(ra) en bas, malgré les inquiétudes silencieuses des uns et les craintes proférées à tue-tête par les autres. » C’est la question du partage entre art populaire et art tout court. En dépit de tous les franchissements de lignes, la ligne de démarcation est toujours là, et pour longtemps.On ne ressort pas de la lecture d’Éloge du mauvais goût avec le sentiment d’en savoir davantage sur ce concept nébuleux. Il ne s’agit pas d’un traité de sociologie, même s’il cite souvent les magazines qui se veulent prescripteurs ; il s’agit plutôt d’un exercice de style éminemment drôle, sachant marier avec aisance la vulgarité et l’esprit, la confidence et l’invective, l’érudition et la trivialité.

Jacques Soulillou
ArtPress (avril 2012)

On pourra dire que j’ai bu
la couv’ jusqu’à l’hallali.

30/01

Assieds-toi au bord de l’oued,
tu verras passer le cadavre de ton ennemi

12 mai 2020

Sandrine Treiner,

En son temps, j’avais été un peu interloqué du choix de Judith Perrignon pour réaliser la Grande Traversée consacrée à Muhammad Ali… un peu comme si vous m’aviez proposé de me charger de celle que l’on pourrait consacrer à Marceline Loridan-Ivens.
Le résultat m’avait laissé dubitatif, mais vous savez comment sont les machos lorsqu’ils traitent des œuvres commises par des femmes ! J’avais d’ailleurs écrit, à ce propos, un texte (joint) où, d’après Olivier Nora, ma rancœur est évidente et mon manque d’humour patent. Vous jugerez.
J’ai, depuis, pris connaissance de la version papier parue chez Grasset et je dois avouer que je serai moins indulgent à propos de L’Insoumis. Tous les journalistes (qui n’y connaissent rien) ont loué le sérieux de l’enquête de Judith Perrignon (qui avouait, avant la Grande Traversée, ne rien connaître à son sujet). Ce n’est pas très sérieux ni très professionnel, pire, le résultat est très discutable.

S’appuyant sur une bibliographie comptant 6 (six !) ouvrages dont – certes – l’incontournable biographie de Thomas Hauser, mais aussi un libelle dévolu à la gloire d’Elijah Muhammad, le leader de la Nation of Islam, Judith Perrignon a entériné la version de l’assassinat de Malcom X donnée par Mohammed Siddeq, elle-même reprise de celle de Louis Farrakhan !
« Menée vers les bonnes personnes » par Karim Ben Ismail, journaliste à l’Equipe, Judith Perrignon n’a eu affaire qu’à de braves papis afro-américains innocents comme l’agneau venant de naître, en réalité, les mains pleines de sang. Mieux conseillée, elle aurait pu rencontrer, par exemple, William Bradley (Al-Mustafa Shabbaz), l’homme qui a tiré le premier sur Malcom X, qui vivait à Newark et n’a jamais été inquiété. C’était plus risqué.
Il n’était pas très difficile d’avoir une petite idée de la responsabilité de la Nation of Islam et de ses membres en consultant ce qui était imprimé à l’époque dans Muhammad Speaks, l’organe officiel des Black Muslims (« C’est un chien qui se vautre dans son vomi ») ou les déclarations d’Elijah Muhammad (« Cet hypocrite doit être banni de la face de la Terre ») et de Louis Farrakhan (« Sa tête roulera dans le caniveau », « Sa mort est programmée, Malcom ne pourra pas y échapper »).
Evidemment, l’affaire est encore plus complexe puisque FBI et CIA n’ont pas manqué de manipuler les uns et les autres ; rejeter l’entière responsabilité de l’assassinat de Malcom X sur les « Blancs » ou sur les « Noirs » dépend de quel côté du politiquement correct vous désirez vous situer.

Mohammed Siddeq et Al-Mustafa Shabbaz sont morts, mais vous auriez pu éviter à Judith Perrignon de se faire enfumer, jusqu’à publier chez Grasset un texte donnant sur une période clé l’éclairage d’anti-sémites notoires, en lui conseillant la lecture… d’Alias Ali, pour lequel vous m’aviez, quelques années plus tôt, remis le prix France Culture-Télérama, mais sans doute l’aviez-vous oublié.

C’est dommage, le dommage est fait.

Bien à vous.

J’avais trouvé Fief de David Lopez, tout à fait formidable, en revanche, Vivance (Le Seuil, 2022 ) est, à mon sens, totalement merdique, visiblement, pas pour tout le monde.

Il ne serait peut-être pas inutile de relire Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon (Stock, 2022) à la lumière de Nein, Nein, Nein ! de Jerry Stahl (Rivages).

And now, into the ring

The Gallimoches Bros
Aurélien Bellanger & Daniel Pennac

23/01

Bloy ! Bloy ! Bloy !

Nabe et Juan Asensio
sont d’accord sur tout

Un, deux, trois Vietnam !

Que cent fleurs éclosent…

Premiers romans
(Selon Le Figaro)

2005 :  Ame sœur, Yvan Améry (La Volte) ; Bleu de chauffe, Nan Aurousseau (Stock) ; Double foyer, Christine Avel (Le Dilettante) ; Mammo, Pascal Béjannin (Gallimard) ; Morsures, Hélène Bonafous-Murat (Le Passage) ; Demain, je m’enfuis de l’enfer, Jean-Marc Benedetti (Grasset) ; A ma sœur du bout du monde, Fanny Carel (Mercure de France) ; Ensuite, avenue d’Auteuil, Matthieu Garrigou-Lagrange (Albin-Michel) ; Waltenberg, Hédi Kaddour (Gallimard) ; Je m’appelle Jeanne Mass, Thomas Lélu (Léo Scheer) ; A ton image, Aurélie Zarka (Farrago)…

Orpheline de l’amour… vous feriez mieux de vous précipiter sur ce premier texte très beau, dur, pur et doux… on est tout simplement saisi par la beauté des mots, on s’envole avec eux… la fumette dans les yeux… le style est très estampé aussi… dans la fièvre du siècle…  belle prouesse… drôle et vivant, léger et finement découpé… premier de cornée… lettre à retardement… ne devrait pas passer inaperçu…

2006 : Les lacets rouges, Lucas Bernard (Le Seuil) ; Le Manuscrit de Portosera la rouge, Jean-François Dauven (Ramsay) ; Du côté où se lève le soleil, Anne-Sophie Jacouty (Philippe Rey) ; Août, Sophie Lasserre (Gallimard) ; Mallarmé et moi, Raphaël Meltz (Panama) ; Carnets de déroute, Michel Monnereau (La Table ronde)…

Petits crimes entre amants… un roman recommandé à ceux qui goûtent les mets délicats… on aime cette absence de retenue… coup de dé avec Mallarmé… si toutefois il ne se perd pas dans les méandres labyrinthiques…

2007  : Et toujours en été, Maïté Bernard (Le Passage) ; Je suis morte et je n’ai rien appris, Solenn Colléter (Albin Michel) ; Amende honorable, Julien Capron (Flammarion) ; Telle une abeille, Isabelle Girard (de Fallois) ; Hors jeu, Bertrand Guillot (Le Dilettante) ; Dans la gueule de la baleine guerre, Jean-François Haas ; Babel sur Zone, Alex D. Jestaire (Le Diable Vauvert) ; L’Obscur, Jeanne Labrune (Grasset) ; Le roi dAfghanistan ne nous a pas mariés, Ingrid Thobois (Phébus) ; L’armée des chenilles, Pierre Vinclair (Gallimard)…

C’est un livre en noir et blanc qui retrouve un peu de ses couleurs… un récit d’initiation savamment dosé… ce qui se ressent d’ailleurs dans son  écriture… malgré les naïvetés de style et de lourds clins d’œil… trop de mots parfois, trop d’intelligence et de jongleries… suspendu entre raison et folie… il porte haut la langue de Molière…

2013 : Loin du monde, Sébastien Ayreault (Le Diable Vauvert) ; Si j’y suis, Erwan Desplanques (L’Olivier) ; Les Riches heures, Claire Gallen (Le Rouergue) ; Les Noces clandestines, Claire-Lise Marguier (Le Rouergue) ; L’Hypothèse des saisons, Mathalie Nohant (Le Passage) ; Deuxième femme, Caroline Pochon (Buchet Chastel) ; Bérénice 34-44, Isabelle Stibbe (Serge Safran)…

Hortense a vingt-cinq ans, une sensibilité à fleur de peau, des kilos en trop… rien ne semble pouvoir arrêter l’ascension de l’incandescente comédienne…  la douceur des plages n’efface pas les étranges peines… loin du monde… c’est l’histoire livrée par bribes, des destins de guingois placés sus une étoile noire et obstinée…  tout en subtilité…

16/01

« J’ai accepté de tout perdre et j’ai tout perdu.« 

Hélie Denoix de Saint Marc

What’s the fuck !

Il y en avait UN bon, mais je sais pas où je l’ai foutu !
alors, je vais chroniquer un mauvais, comme d’hab !

Michel Houellebecq (Configuration du dernier rivage, Flammarion, 2013) est un grand poète… la preuve (entre autres) :

« Soutien-gorge du vide, lingerie du néant
Où sont les corps en vie qui s’agitaient dedans ? »

Tout est dit de la librairie

Faut que ça cogne !

On est là pour ça…

J’ai lu récemment votre interview sur Culture-Boxe et, comme d’habitude, je vous ai trouvé gonflé, convoquer le préfixe « trans » à propos de ce que vous écrivez, c’est gonflé !

Mais pas faux.

C’est ça le pire… on a le temps, on y reviendra, comme sur votre concept d’entreprose…

C’est la première fois que ça me frappe, ça ressemble à andropause, non ?

Un peu. On en reparlera plus tard, aujourd’hui, j’aimerais que l’on revienne à plus terre à terre… après tout, même si vous vous en défendez, la forme dont se rapproche le plus Mille et une reprises, c’est quand même celle d’un dictionnaire de la boxe, subjectif, critique, tout ce que vous voulez, mais dictionnaire de la boxe tout de même.

C’était le projet initial, il est logique qu’il en reste des traces. Quand on me commande quelque chose, en règle générale, je remplis mon contrat du mieux possible, en l’occurrence j’estime qu’il est rempli. Les amateurs, les fans, les passionnés en ont pour leur argent et même davantage… puisque c’est gratuit ! À ce jour, en français, c’est l’ouvrage le plus complet sur la boxe et les boxeurs avec des points forts : les poids lourds, les années 70-80, ce sur quoi et sur qui j’ai travaillé auparavant, et des manques criants : les petits poids, l’Asie, les boxeurs d’aujourd’hui, la rubrique « Excuses » doit comporter plus d’une centaine de noms et il en manque ! Mais là encore, j’effectue quelques pas de côté, des esquives laissant les conventions dans le vent. Pour en rester à ces entrées qui, mises bout à bout, feraient un dictionnaire « ordinaire », évidemment, les classiques : Robinson, Johnson, Tyson y figurent, mais y figurent aussi des types dont on entend rarement parler (Charley Burley, Ron Stander) ou carrément pas du tout  : Shazzon Bradley, Mustapha Mustaphaoui, Bob Omar, vous n’en trouverez jamais la trace. Et puis, il y a l’art et la manière : Al Brown, c’est une citation de Cocteau, Benny Kid Paret, Davey Moore, un lien vers You Tube, La Motta, un recueil de ses aphorismes, des champions formidables sont traités avec moins d’égards que des tocards d’envergure. Et puis, comme il faut que je fasse un peu l’important, figurent des types que j’ai croisés sur les rings ou à la salle, quelquefois dix minutes et d’autres fois quatre ou cinq ans : Rabah Khaloufi, Joël Narcam, Roger de Oliveira, Jean-Marc Phénieux, Edouard Saez, mon premier entraîneur qui n’arrêtait pas de me répéter que si je levais mon gauche, tous les espoirs m’étaient permis, Maurice Sandeyron qui trouvait  que mon cross du droit n’était pas loin de la perfection, etc. Et je compte pour du beurre les boxeurs de fiction qui ont fini par devenir plus réels que d’autres ayant bel et bien existé… Rocky Balboa, bien sûr, et tous ses petits copains. Si j’avais été cupide, j’achetais sur Amazon l’Historical Dictionary of Boxing de John Grasso chez Scarecrow Press, je faisais traduire les 500 pages par un étudiant, je rajoutais une douzaine de boxeurs français (à part Cerdan et Carpentier, Grasso fait l’impasse dessus), un an plus tard, j’avais l’ours sur mon disque dur, tout le monde  – ravi –  aurait hérité d’un livre dans la lignée des « Dictionnaires amoureux » ou, au mieux, un ouvrage de référence comme le Grasso qui, entre nous soit dit, ne mentionne ni Burley ni Stander, encore moins Rabah Khaloufi (310 combats, 285 victoires, huit fois champion de France), Edouard Saez (13 combats, 8 victoires dont une sur Sauveur Chiocca) ou Maurice Sandeyron (né à Sucy-en-Brie, 1mètre 55, champion d’Europe, poids mouche), mais, surtout, un machin impeccable dont personne n’a quelque chose à foutre sinon les trois pelés et les quatre tondus fondus du sujet avec leur goût puéril pour les albums Panini.

Justement… les Dictionnaires amoureux, c’est la collection à laquelle on pense tout de suite…

Si l’on veut se débarrasser de moi ! C’est celle à laquelle il ne faut surtout pas penser. Il suffit de se reporter à l’entrée « Amoureux » de Mille et une reprises : « Que cela soit clair, je ne suis amoureux ni de la boxe ni des boxeurs », c’est clair ! Si l’on n’a pas tout compris, on peut se reporter à l’entrée « Dictionnaire » où l’on peut lire : « Ceci n’est pas un dictionnaire ». J’avais pris mes précautions d’emblée ! Je n’ai rien de particulier contre les éditions Plon, mais j’ai cru comprendre qu’il y avait à leur tête deux filles qui s’étripaient, merci bien ! j’ai déjà donné, quant à la collection, elle a le petit côté ringard de la bonne idée qui s’épuise : l’amour en tranches, comme le saucisson… no way !

Bouquins ?

J’y avais pensé… j’ai essayé, mais, franchement, Jean-Luc Barré, c’est au-delà de mes forces, au-delà des siennes aussi, sans doute… des écrivains vivants, il n’en connaît pas bésef.

Vous n’êtes pas facile, non plus…

Ecoutez, on va pas revenir là-dessus, j’ai bientôt 76 balais, contrairement à mon épouvantable réputation, je suis plutôt bon zigue mais, franchement, je n’ai pas envie d’être jugé, soit par des gens habitués à travailler sur de la littérature régionale, soit ne comprenant rien à ce que je fabrique : « Pourquoi un format carré ? », « Et le titre, vous êtes sûr ? »,  « Vous trouvez pas qu’il y a trop d’expression orale dans vos dialogues ? »

La dernière, vous ne l’avez toujours pas digéré.

Franchement, cette affaire m’a toujours fait rire, sans compter qu’elle s’est bien terminée, et puis des jeunes femmes pistonnées, ça ne manque pas dans les entreprises, c’est pas vraiment leur faute si elles sont incompétentes. Qu’une pintade ne se rende pas compte qu’on lui a confié le manuscrit d’un « genre » inédit, la biographie orale, ce n’est pas grave, qu’une autre interdise dans les faits la diffusion d’Alias Ali, je trouve ça plus ennuyeux. Je veux pas me la péter, mais à ma connaissance, le seul écrivain français à avoir écrit une biographie orale (en anglais, oral biography), c’est mézigue et j’attends toujours la Légion d’honneur et la couverture du Matricule des anges.

À mon avis, vous pouvez attendre longtemps.

Je le crains.

Edgar Morin, la fin approche !

Et toujours rien à la télé

09/01

« Malheur à ceux qui n’ont jamais tort, ils n’ont jamais raison. »

Le Prince de Ligne

Il faudra bien un jour faire le procès de la famille Lindon.

Lydie Salvayre aurait écrit un pamphlet sur le milieu littéraire, comme le faisait remarquer les critiques du basque et de l’enclume, elle a bien fait de le publier après avoir obtenu le Prix Goncourt et puis… de toutes les manières, y’a pas les noms. Une femme courageuse, un livre inutile qui fera un succès chez ceux qui se reconnaîtront.

Chez Fayard,

depuis l’arrivée du Prince,
on dort sur ses deux oreilles.

Le Prince, lui, reste attentif.

Mais toujours rien à la télé

02/01

Je préviens mes « abonnés » et mon « fan-club » : les publications sur ce coin de site (le seul à être encore plus ou moins actif) vont se faire de plus en plus rares. Comme je déteste ne pas finir ce que j’ai commencé, je reprends un projet qui a déjà plusieurs années : Pièces jointes. Il a séduit plusieurs éditeurs à tel point que l’un d’entre eux m’a même versé un assez conséquent à-valoir (avant de se raviser sur la publication, mais – encore heureux – pas sur l’à-valoir) ; j’en suis à peu près au quart, j’espère l’avoir terminé à la fin de l’année. Rien ne dit que j’y arriverais.
Dans un genre approchant, je viens de finir Un Bouquet d’anecdotes ou Opus incertum d’Hans Magnus Enzensberger (Gallimard, 2022), après Un Bref été de l’anarchie (pour Alias Ali), il est étrange de me retrouver dans les pas d’un intellectuel allemand né en 1929 et dont l’œuvre n’a rien à voir avec la mienne ; en tous les cas, j’espère pouvoir faire aussi bien.

Fan sincèrement éplorée

01/01/2023

J’ai des doutes sur l’intelligence de ceux qui vitupèrent la bêtise.

Cou coupé court toujours

MON AGENDA DE LA PLÉİADE
(2022)

27/12

Et toujours rien à la télé

26/12

Manquait plus que ça !

Il y aurait eu des esclaves BLANCS !

Allez ! on nettoie ce qui traînait (il en reste un stère) : Le Souverain poncif de Morgan Sportès (Balland, 1986), c’est très marrant vingt pages, puis, c’est marrant et puis, c’est plus marrant du tout, 170 pages d’exercices de (non-)style, c’est beaucoup trop long. Les plaisanteries les plus courtes (air connu…). Ça va mal finir, François Léotard (Grasset, 2008)… ça commence pareil et ça continue pareil… mal ! Vive l’enfer, Christophe Bataille, Grasset (1999), mais qu’est-ce qui lui a pris ? Je reste roi de mes chagrins (Gallimard, 2019), je n’ai aucune sympathie pour Philippe Forest (je crois que ça remonte à une espèce de table ronde où nous étions côte à côte et où il s’était montré parfaitement désagréable et de la plus insupportable mauvaise foi), mais chaque fois que je le lis, mes préventions tombent, celui-là n’est pas son meilleur, mais ça vaut largement 90% de la production actuelle. Une histoire de France de Joffrine Donnadieu (Gallimard, 2019), épouvantable ; Pensez avant de parler Lisez avant de penser, Fran Lebowitz (Pauvert, 2022), réfléchir avant d’éditer serait pas mal non plus ; Livre d’histoire, René Belletto, 2011), imbitable ; Children’s Corner, Jacques Drillon (Gallimard, 1997), même les bons ont leurs faiblesses. En toute innocence, Catherine Cusset (Gallimard, 1995), on s’en branle ! L’autre qu’on adorait (Gallimard, 2016), pareil ! Génie du confinement (Les liens qui libèrent, 2021) du frangin (François), pas un pour sauver l’autre ; Le démon de la colline aux loups, Dimitri Rouchon-Borie (Le Tripode, 2021) ; Insoupçonnable, Tanguy Viel (Minuit, 2006)… boîte à livres, direct ! Christian Oster, Loin d’Odile (une mouche), Minuit, 2001, à dégager ! Lucius Burckhardt, Le design au-delà du visible (Les essais, Centre Georges Pompidou, 1991)… et les idées en deça du lisible, Week-end de chasse à la mère, Geneviève Brisac (L’Olivier 1996, Prix Fémina), effarant.

Je jure de pas recommencer trop souvent

« Le vrai problème, c’est de ne pas s’en prendre aux autres, c’est de ne se pas s’en prendre aussi à soi. C’est le minimum si on descend dans l’arène. Il faut se voir dans le tableau. Il faut s’y mettre.

Grégoire Bouillier,
Le dossier M (Livre 2).

La dialectique n’est plus ce qu’elle était

24/12

Le Monde des livres, daté d’hier, page 7, Sports de combat/Essais & littérature : il y est question de Voyage au pays des boxeurs de Loïc Wacquant ; Poids plume de Mick Kitson ; La Printanière de Michel Quint, Riposte de Louisa Reid et de Le champion du quartier. Se faire un nom dans la lutte sénégalaise de Julien Bonhomme.

Et toujours rien à la télé

23/12

Physiquement il y a un genre de types que je ne supporte pas, c’est les clones de Clooney, mais je sais pourquoi : ils ont des tifs plein le front et moi, plus bésef. En revanche, je ne suis jaloux d’aucun écrivain de nationalité française.

Pour ne pas faire de jaloux,
j’ai choisi un artiste : Rodney Graham

22/12

Gilbert Lascault est mort, il faisait partie du jury de thèse de Jacques Soulillou à la Sorbonne. Ensuite, nous avions été dîner au Gastroquet, rue Desnouettes (du temps de Dany Bulot), D s’était chargée de retenir la table, pour lui faire honneur, elle avait enfilé le T shirt que Paul Fournel avait sorti à l’occasion de la publication chez Seghers d’un petit livre délicieux, Le Petit chaperon rouge partout ; le loup n’avait pas cessé de regarder les seins du Petit chaperon rouge (pas encore grand-mère, mais presque) tout le long du repas.

21/12

Peut-être que l’on comprendra mieux ce qui a suivi en lisant ce qui a précédé, en l’occurrence cet entretien avec Stanislas Rigot in Page des libraires  à l’occasion de la publication d’Alias Ali (Fayard, 2013).

Moi, j’ai l’impression que c’est clair, mais ça ne l’est peut-être pas pour tout le monde.

PAGE — Pourquoi avez-vous choisi Ali, légende et personnage maintes fois abordés ?

Frédéric Roux — Pourquoi choisir Ali ? Drôle de question… mais parce que c’est le plus grand et que, comme tout un chacun, les stars m’intéressent, surtout celles qui deviennent des légendes. Pourquoi ? Il faudrait bien plus de 600 pages pour que je comprenne qu’il n’y a rien à comprendre et que je le fasse comprendre à ceux qui le savent déjà… Pourquoi Marilyn avec son gros pif et sa poitrine minable est une légende ? Parce que c’est comme ça, Bardot plus jolie et mieux foutue, c’est miss Languedoc. Pourquoi Elvis est une légende alors qu’à côté de Roy Orbison il chante comme une casserole ? Parce que c’est comme ça, Roy ne sera jamais le King que pour les snobs et les happy few. Pourquoi Andy Warhol, qui n’était pas très malin, a produit une œuvre aussi « conceptuelle » que celle de Marcel Duchamp qui était l’intelligence même ? Parce que c’est comme ça, les historiens de l’art et les critiques n’y peuvent pas grand-chose. Il n’y a que les questions qui n’ont pas de réponse qui m’intéressent… Tout cela sans compter qu’Ali a un avantage non négligeable sur toutes les icônes du passé proche, il est encore vivant. Il n’est pas en très bon état, loin de là, mais il est vivant ; presque oublié par les jeunes générations, il est toujours considéré comme le plus grand sportif de tous les temps. Ali est plus intéressant que les légendes colportées à son sujet… l’adoration pédérastique, la guimauve saint-sulpicienne remâchée jusqu’à la nausée ! Il vaut mieux que l’idolâtrie sans recul dont il est l’objet. Ce sont ces manques qui m’ont excité, les insuffisances, les trous noirs, les zones d’ombre, les paradoxes, les contradictions… Il est construit sur des lieux communs, des clichés, des mensonges, des demi-vérités, il appartient tout entier aux commentaires, son côté obscur est esquivé sans cesse, il était donc peut-être temps d’aller y voir d’un peu plus près. Ce qui m’intéressait aussi, c’est le côté physique du défi. Boxer avec Ali, ne serait-ce qu’en écrivant à son sujet, n’est pas à la portée du premier amateur venu, il faut plus que de l’inspiration pour cela, il faut du métier. Cette période m’a permis de renouer avec la peur des vestiaires, j’ai hésité pas moins de neuf ans avant d’ouvrir la porte et de grimper sur le ring.

PAGE — Votre roman déborde très vite du strict cadre sportif.

F. R. —  Je pense que l’on peut lire l’histoire des États-Unis dans le destin des champions du monde poids lourd : Jack Johnson, Joe Louis, Rocky Marciano, Sonny Liston, Mike Tyson… Ali à lui tout seul est l’Amérique des années 1960 et 1970. L’insouciance, la gaieté, les émeutes raciales, Dallas, Memphis, la guerre du Vietnam, la lutte pour les droits civiques ; cette naïveté qui confinait, parfois, à la bêtise, qui faisait croire que tout était possible, même les rêves. Il incarne tout ça mieux que personne.

PAGE — Qu’est-ce qui vous a amené à utiliser cette forme si originale et, en même temps, si risquée ?

F. R. —  Écrire une bio conventionnelle m’ennuyait, paraphraser la légende d’Ali ne m’intéressait pas. Toutes les « bios » que j’admire, Blonde de Joyce Carol Oates, Danseur de Colum McCann, ne sont pas des bios, mais elles appartiennent à la littérature. Que la fiction soit plus vraie que nature, cela suffit à me faire avancer ! J’ai mis longtemps à trouver comment j’allais m’y prendre… neuf ans ! Et finalement, c’est en revenant à ce que je sais le mieux faire : monter/démonter, copier/coller, que j’ai trouvé la solution. Mon premier livre écrit à la fin des années 1970 était la tentative, un peu foirée, de réaliser le projet de Gustave Flaubert à propos de Bouvard et Pécuchet : « Il faudrait que, dans tout le cours du livre, il n’y eût pas un mot de mon cru ». Refusé par toutes les maisons d’édition de France et de Navarre, Copié/Collé a été publié en 2005 par le Mamco de Genève. D’Alias Ali, si la chose est réussie, il faudrait dire : « Ceci n’est pas une biographie, ceci n’est pas un roman, mais ceci est une œuvre d’art ! » ou bien : « Frédéric Roux n’a pas écrit une seule ligne de ce livre et tout ce livre est de Frédéric Roux ».

PAGE — Comment avez-vous organisé ce travail d’écriture si particulier ?

F. R. —  Alias Ali ressort plus ou moins de la littérature à contrainte. La première que je me suis fixée : Ali ne devait pas prononcer un seul mot, ses propos ne devaient pas être rapportés. Le défi était de taille dans la mesure où la parole d’Ali était, du temps où il pouvait parler, aussi brillante que son style sur le ring. Son portrait est donc brossé en défonce ; difficulté supplémentaire : l’« auteur » devait changer à chaque paragraphe. Et tout ça en racontant une histoire avec un début, un milieu et une fin, tout en faisant en sorte qu’elle réserve quelques révélations inédites et qu’elle soit le plus fluide possible, sans oublier les quelques flash-back nécessaires pour secouer la monotonie. Comme je ne fais jamais de plan, que je ne sais pas la veille ce que je vais écrire le lendemain, que c’est le texte qui me commande plus que je ne commande au texte, les autres contraintes se sont imposées toutes seules. Après, une fois la méthode choisie, c’est comme remonter une cuisine Ikea avec un mode d’emploi écrit en coréen. On est doué ou on ne l’est pas, c’est comme avoir le sens de l’orientation ! Il se trouve que, je ne sais pour quelle raison, je suis plus doué que d’autres pour ce genre de bricolage, que je peux retrouver mon chemin là où d’autres s’égarent. Peut être parce que j’ai été un cancre et que les cancres doivent se débrouiller avec ce qu’ils savent… pas grand-chose. Prendre les textes par la bande, ça me demande moins d’efforts qu’à d’autres, même si, l’air de rien, ce n’est pas à la portée du premier venu.

PAGE — Comment définiriez-vous le résultat obtenu, cet agrégat fascinant de citations et de fiction ?

F. R. —  Avoir écrit « roman » sur la couverture de ce texte n’est pas seulement un leurre destiné à ce que les libraires ne classent pas Alias Alientre les mémoires de Guy Forget et les aphorismes de Didier Deschamps, ce n’est pas uniquement un énième affront à la forme la plus ductile qui soit, c’est aussi la vérité. L’ensemble des figures utilisées pour Alias Ali appartient au répertoire de la fiction ; la décision d’alterner cinq parties et quatre blocs de textes récités par deux hommes et deux femmes… la première et la dernière, de terminer par un épilogue, clin d’œil à Fat City de John Huston, additionnés, ça fait 10… comme le compte de l’arbitre, c’est de la littérature. Monter à quelques lignes d’écart des affirmations contradictoires, c’est du roman ; surprendre le lecteur par des citations de témoins qui n’en sont pas, c’est du roman, mais aussi un hommage au Ali Shuffle, ce pas de danse qui ne sert à rien sauf à frimer. Alias Ali est un roman différent de ce qu’aujourd’hui on qualifie paresseusement de tel, qui se confond avec le feuilleton à l’eau de rose, un roman qui prend en compte les grandes ruptures de l’histoire : Lautréamont, Dada, le surréalisme, Gil Wolman et Guy Debord aussi bien que les habitudes actuelles de lecture sur écran. Le cinéma est passé par-là, bien sûr, mais aussi le clip, la bande-annonce, la performance, Wikipédia, le sampling, les blogs, le Web, le ralenti et le replay. Ce ne sont pas forcément les formes que je préfère, j’évite même de les fréquenter, mais ce sont celles avec lesquelles un écrivain d’aujourd’hui doit se battre.

Stanislas Rigot

(Librairie Lamartine, Paris)

20/12

Chauffe Marcel !

19/12

Vous, j’sais pas, mais moi les dadais,
je les chope avec des chips et du Brouilly !

18/12

Chez Hachette, c’est les grandes manœuvres

Moi, j’suis rock & scroll’

“Il faut que les endroits faibles d’un livre soient mieux écrits que les autres”, Flaubert. J’suis bien d’accord Tatave, l’idéal étant donc que l’ensemble du livre soit faible. Ça peut se tenter.

16/12

La terre ne ment pas

15/12

Très honoré !

Go Gus ! Go !

Lipstick traces

Et encore une qui a un petit air !

14/12

Les p’tits papiers (de brouillon)

Etre épaté par une “écriture” comme on l’est par un mouvement de mèche.

L’écrivain, s’il n’est pas introduit,
il faut l’introduire.

C’est bien le moins qu’on lui doive.

13/12

JEU CONCOURS

Une phrase d’Edmond Jabès et une autre de Philippe Forest sont dissimulées dans cet entretien. 
Les trois premières personnes à les découvrir recevront un exemplaire PAPIER de Lève ton gauche suivi de P.-S. (Gallimard, 1995).
Adressez vos réponses aux Editions ¡ Anda ! 14, rue Alexander-Taylor, 64000 Pau

12/12

Les touristes qui se prennent pour des explorateurs.

Les éditeurs courageux avec les auteurs morts.

Festina lente

11/12

C’est pas la plage, c’est dimanche…

alors, surtout, qu’il ne se passe rien.

Tranquille Emile !

10/12

Bon ! Annie Ernaux, ce n’est, peut-être, pas formidable, mais J.M.G Le Clézio et Patrick Modiano, c’était pas terrible non plus. Depuis Sully Prud’homme, la France ne brille pas chez les Nobel’s.

Comme

le livre papier ne mourra jamais,

on remet ça bientôt

09/12

Il y a les artistes pour artistes, les écrivains pour écrivains, personnellement, je suis artiste pour écrivains et écrivain pour artistes.

Et puis, il y a Anne Sexton* sur la plage

* à l’usage de ceux qui croient savoir qu’il n’y a que
les femmes avec des nichons qui m’intéressent

08/12

Abandon est la première entrée du Livre des Mille et une reprises, j’y posais une question :

Pourquoi un boxeur n’abandonne pas alors qu’il a toute les raisons de le faire ? il n’a plus aucune chance de gagner, s’il tue le type en face, il fait match nul… et il continue ! J’ai toujours attendu que mon entraîneur jette l’éponge pour « abandonner », sans lui, je retournais me faire massacrer, sans beaucoup d’entrain, certes, mais j’y retournais. La bêtise y est pour une part, l’entêtement, l’orgueil mal placé (la vertu des abrutis), la honte de sembler lâche à ses yeux et à ceux de témoins, les cordes, peut-être, et le public, sans doute ; sûrement pas le courage que l’on se sent obligé de convoquer à ce propos. Aux grands mots, les grands sentiments ! mais comment peut-on imaginer qu’un type sonné puisse faire preuve de courage ?

Jean-Paul Mari qui n’a pas fait un seul combat, mais en a couvert beaucoup, a trouvé la réponse (in Oublier la nuit, Buchet-Chastel) : “Parce que renoncer n’est pas se préserver, mais se condamner à la relégation de soi.”
J’avoue que je n’y avais pas pensé… ni sur le moment ni après.

Et toujours rien à la télé

07/12

Anne SEXton

« All night, alone, I marry the bed »

Même les punks font des brouillons…

Stéphane, n’en parlons pas !

06/12

Je ne suis pas certain que l’on lisait beaucoup Marcel Moreau de son vivant, je suis à peu près certain que l’on ne le lit plus du tout. C’est dommage, Le chant des paroxysmes, par exemple, ça vaut largement les œuvres complètes de Michel Onfray et de Michel Houellebecq réuni(e)s.

Faut dire, au premier abord,
ça fait un peu brouillon !

Et toujours rien à la télé !

05/12

Siloé de Paul Gadenne… interminable !

C’est une opinion comme une autre…

03/12

Hans Magnus Enzensberger est mort, son Bref été de l’anarchie m’avait servi de point d’appui pour Alias Ali, je crois bien que, comme personne ne s’en est aperçu, je n’ai pas eu besoin de m’en expliquer.

02/12

« N’ayez pas peur d’échouer »

(Michelle Obama)

01/12

Cet hiver, Manuel Carcassonne
en aurait chopé une comack !

Le livre papier est immortel…
ses lecteurs, c’est moins sûr.

30/11

Brigitte Giraud se remet*
de son Goncourt

* difficilement

29/11

“Il pensait à d’autres êtres, à ceux qui semblaient avoir été créés, eux, non pour la gloire et pour la grâce, mais pour la disgrâce et la damnation, et qui dès à présent vivaient leur damnation. Il pensait à ces êtres dévorés d’envie, incapables de grandeur, aveugles à toute beauté, éternellement tournés vers la laideur du monde, la vivant, la créant – en dépit d’eux-mêmes –, à  ces êtres frustrés dans le divin partage et que la vie entraînait en ce moment même tous près de lui vers leur destin sans lumière […] Les êtres qui avilissent tout ce qu’ils touchent. Ceux qui nient, par désespoir, tout ce qu’ils ne comprennent pas. Ceux qui insultent à tout ce qui ne leur est pas donné. Ceux qui cherchent leur joies « à ras de terre […] Ceux à qui le désir d’une femme voile le reste de l’univers. Ceux qui se jouent des passions qu’ils soulèvent et pour qui les autres êtres ne comptent qu’en fonction d’eux-mêmes… Ceux qui étaient faits pour aimer et que trahissent les imperfections de leur corps…”

Paul GadenneSiloé

Et puis tous ceux qui ne se rendent pas compte
puisqu’ils ignorent tout et qu’ils ne savent rien…

28/11

« Finalement, j’ai su trouver mes propres limites »

(Michelle Obama, Cette lumière en nous, Flammarion)

24/11

On jauge la camelote au nombre d’adjectifs.

23/11

Un autre plaisir perdu : les courriers des éditeurs, les pantoufles de l’intelligence entravées dans la carpette de l’incohérence.

Je vous y verrais, vous !

J’sais pas quoi dire,
mais faut que je le dise !

22/11

“Les médiocres sont très utiles,
pourvu qu’ils sachent se tenir dans l’ombre”
Paul Masson

21/11

“Poitiers, le cul de sac universel”, Pierre Michon.

Ma grand-mère disait la même chose,
mais elle était persuadée d’avoir mauvais goût
(ce en quoi, elle n’avait pas tort)

Je me souvenais de la voix insupportable de François Chalais et de ses questions désagréables*, mais alors Les chocolats de l’entracte (Stock, 1972), c’est le bouquet !

* c’était peut-être l’inverse…

20/11

Des fois, je me dis… j’ai du pot,
on vit une époque formidable !

19/11

C’est ma devise !

18/11

Plus d’aphorismes, des punchlines.

Yves Ravey repart à Besançon
(enfin, c’est, peut-être, Grégoire Bouillier)

Antoine Gallimard fait ses comptes
(Karina Hocine les vérifiera ensuite)

17/11

L’homme n’est qu’un Roubaud […]
mais c’est un Roubaud pensif.

Long time ago…

Le Figaro littéraire du 28 août 2003, premiers romanciers de la rentrée : Xavier Bazot, Mathieu Belezi, Laurent Buisson, Marc Durin-Valois, Dominique Dussidour, Christian Ganachaud, Martine Mairal, Renaud Meyer, Alain Monnier, Thibault de Montaigu, Cyril Montana, Zaghioul Morsy, Caroline Pascal, Thomas Pavel, Eric Pelsy, Robert Perz, François Prunier, Virginie Reisz, Didier Romagny, Thierry Séchan, Yasmina Traboulsi, Jean-Félix de La Ville, Diane Meur, Sébastien Ortiz, Cédrick Potiron, Philippe Poudroux, Elisabeth Quin, Ludovic Roudaubi, Philippe Ségur, Raphaëlle Vidaling et sans doute quelques autres (je crois que j’ai perdu une page).
Cette année-là, Jacques Pierre Amette (critique littéraire au Point) remportait le Goncourt pour La Maîtresse de Brecht (Albin-Michel)… je répète : Jacques Pierre Amette… La Maîtresse de Brecht (Albin-Michel). Faites comme vous l’entendez, vous ne risquez plus grand-chose, désormais, c’est 1 euro chez n’importe quel bouquiniste ou gratuit dans une boîte à livres..

Mais où sont les peignes d’antan ?

16/11

L’inconvénient d’avoir mis ma carrière littéraire en stand-by est de ne plus recevoir des courriers « anonymes » de ce genre.

Reconnaître une bienfaitrice que l’on ne connaît pas
présente quelques difficultés, mais sait-on jamais…
cette lettre “anonyme” est bien signée.

Editeur harmonisant les “thèmes” de la rentrée

15/11

Manuscrit

Le ravissement de Lol V Stein
Marguerite Duras

14/11

“Ce roman par lequel j’ai pris conscience pour la première fois de ce que signifiait le mot style. Lu à 17 ans, je ne m’en suis jamais remis.” Nicolas Mathieu à propos du Voyage au bout de la nuit in Télérama (5 au 11/11/2022).
Sur Instagram, Nicolas Mathieu joue un autre air.

Et c’est là qu’il y a problème et c’est là que le problème renvoie non seulement à Nicolas Mathieu, à sa génération, mais aussi à Instagram.
Il semblerait que Nicolas Mathieu, suivant l’endroit “d’où il parle”, tienne deux discours, l’un purement admiratif destiné aux lecteurs de Télérama et l’autre critique à destination de ceux qui le suivent et l’admirent sans retenue sur Instagram.
Double discours = légère incohérence.
Mettons !
Sur Instagram donc, Nicolas Mathieu revient sur son jugement téléramesque en émettant quelques réserves sur ses premières impressions ; ce qui est tout à fait logique, on ne lit pas de la même manière à 17 ans et plus tard. Je le comprends d’autant mieux qu’à peu près au même âge, moi aussi, j’ai été “ébloui” par le Voyage avant de m’apercevoir au fur et à mesure de mes (re)lectures que ce livre n’était pas, “techniquement” parlant, une rupture absolue avec le roman conventionnel (la vraie rupture se produira à partir de Mort à crédit) et que le style du Céline débutant n’était pas dépourvu de quelques facilités ni de quelques complaisances qui, d’ailleurs, iront en s’accentuant tout au long de sa carrière jusqu’à devenir non seulement voyantes, mais aussi, quelquefois, gênantes.
Le problème c’est que ce “révisionnisme” est, pour l’essentiel, d’ordre moral. Comment peut-on admirer un auteur en sachant ce que l’on sait de lui et de ses prises de position ultérieures ? Ignobles forcément ignobles. Il n’y a pas trente-six solutions, soit on passe outre, quelquefois en adoptant même l’idéologie qui s’y traîne, soit on freine des quatre fers et l’on refuse son admiration à celui qui la réclame avec avidité et l’obtenait auparavant sans discussion possible. On adhère ou l’on n’adhère pas, en faisant, à chaque fois, l’impasse sur l’adret ou sur l’ubac des textes. Le plus souvent violemment à la mesure de l’admiration que l’on a porté à son auteur. Dans cette mesure, on peut dénoncer la “petitesse”, la “mesquinerie”, “l’orgueil enfantin” de celui dont on admirait le génie visionnaire devenu – soudain – “un gavroche véhément et saccageur” nous infligeant son “emphase”, sa “fausse “modestie”, sa mauvaise foi” (c’est mal ?). On oublie un peu vite que Céline sauvait de l’ordure les innocents et les danseuses et que, surtout, sa vision du monde avait été, à la manière du visage des gueules cassées, définitivement défigurée par l’Histoire qu’il avait traversée (18 millions de morts pour la der des der’ ; 60 à 70 pour la suivante… “la vie réduite à un pet”, c’est là qu’elle se trouve et dans les manuels d’histoire). Grande histoire difficile à imaginer pour des générations dont le sang n’a pas coulé et n’ayant connu qu’un monde plus ou moins pacifié d’où l’Histoire s’est évaporée (bien que pas finie pour autant).
C’est ce que j’ai essayé de faire comprendre (trop violemment, sans doute, ils sont chochottes les jeunes !) à Nicolas Mathieu et à son fan-club sur un réseau social presque entièrement dévolu au narcissisme adolescent. Réaction du sujet : blocage ! Tout comme l’aurait fait un “petit garçon colérique”.

13/11

Le 13/11, on y voit mieux que le 06/10

12/11

D’après Simon Liberati himself, cette fois, c’est son livre et non lui-même (ou bien son éditeur) qui a eu le prix Renaudot.
A 61 ans, tant de fraîcheur encourage l’absorption régulière de toxiques et ce dès le plus jeune âge.

10/11

En cherchant autre chose, je suis tombé là-dessus : Au jour le jour, 29/05/2014 !

Stade du Heysel
(29/05/1985)

Ma position a toujours été contre le boycott.
Je pense qu’il vaut mieux que les sportifs se rendent sur place et expriment leur sentiment.

Michel Platini in Les Inrockuptibles à propos de la Coupe du monde au Brésil

09/11

Jazz à l’âme, William Melvin Kelley (10/18, 2020), très bien traduit par Eric Moreau, bizarrement, ça ne m’a pas vraiment intéressé.

08/11

Des fois, on se prend à regretter Françoise Verny

07/11

Au Fémina, on ne plaisante pas
avec la limite d’âge !

Repéré dans Le cœur ne cède pas une contrepèterie, page 325,  : “L’abîme qui les habite”. Il doit y en avoir d’autres.

Comme Clarice Lispector est, à mon goût, l’une des plus belles femmes du monde, j’avais toujours – par une appréhension assez stupide – évité de la lire. Avant-hier, j’ai acheté (un euro) à Saint-Jean-de-Luz La femme qui tuait les poissons (Ramsay – de Cortanze, 1990) dans un vide-grenier. Annoncé comme un “roman”, c’est un livre pour enfants (pas formidable, d’ailleurs) ! A refaire…

Cécile Guilbert peut aller se remaquiller !

06/11

Je radote parce que personne m’écoute.
Vivre vite
 de Brigitte Giraud avait été tiré à 25 000 exemplaires (Mazette ! De l’audace ! toujours de l’audace ! Chez Flammarion, on avait mis le pacson) ; avant le prix Goncourt, il s’en était vendu 7 661, ce qui est bien, mais pas exceptionnel non plus*. Cela signifiait, à coup sûr, que si le livre n’obtenait pas le Goncourt, Flammarion s’en prendrait à peu près 10 000 exemplaires dans les mandibules. En revanche, Goncourt in the pocket, Flammarion a réimprimé à… 400 000 exemplaires avec une bonne chance de recommencer en cours de route.

* pour donner un ordre d’idée, c’est à peu près le niveau des ventes de L’Hiver indien qui avait été mis en place à beaucoup moins.
Ce qui m’avait valu une conversation édifiante avec Olivier Nora qui, après m’avoir expliqué que, mis en place en deçà de 5 000 exemplaires,
un livre était invisible, m’avait informé que le mien (en lequel il croyait énormément) l’avait été à 3 500…
Muni d’un sourire satisfait (c’est l’une de ses expressions préférées), il avait quêté mon approbation … “Pas mal, non ?”
Dans ce genre de circonstances, je voudrais vous y voir ! Coup de boule ou coup de blues ?

L’Hiver indien c’était
– pourtant –du cousu-main…
du tout-cuit…
du sur-mesure !

05/11

Tous ensemble ! Tous ensemble !

Allez ! un petit coup d’œil en arrière ne fait jamais de mal…
on peut toujours apercevoir – dans l’angle mort –
quelques enculés d’envergure.

04/11

L’Histoire n’est plus, depuis longtemps, l’affaire des Français (Dacia – plancha – Cora), alors ses “élites” (qui ont déserté depuis presque un siècle) les confortent dans ce choix de l’intime rebattu trente et six fois, si en plus cela leur permet de rester entre eux (Brigitte Giraud, nommée au Wepler, Goncourt de la nouvelle, prix Jean Giono a été – auparavant – libraire avant d’être… éditrice), bien au chaud, de continuer la sieste après un déjeuner à rallonge, c’est parfait !
C’était hier l’occasion de vérifier la différence entre Annie Ernaux et Svetlana Alexievitch.

Le problème, c’est quand la pyramide de Ponzi va vraiment se casser la gueule, processus largement entamé soigneusement dissimulé : Performance de Liberati (Flore – Fémina) culminait à 1 793 exemplaires avant le Renaudot, Guillaume Durand avait vendu moins de mille exemplaires de son Déjeunons sur l’herbe ;évidemment la récompense va donner un sursaut aux batraciens, mais ce ne sera pas toujours le cas (l’Interallié ne rapporte déjà plus grand chose), peut-être même pas longtemps et ce jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un seul prix (au hasard, le Goncourt  gérant sa position dominante à la perfection) qui soit prescripteur. De toutes les manières, les Français lisent-ils plus d’un livre par an ? alors pourquoi en achèteraient-ils trois ou quatre ? L’inflation des titres et le système des offices permet de faire charger la cavalerie, la multiplication des hochets permet de rapetasser la solidarité du milieu, mais masque le phénomène de fond… toutes ces conneries n’intéressent pas le public.
Je l’ai expérimenté moi-même il y a déjà un bon moment… franchement, qu’est ce que des lecteurs de Télérama, des auditeurs de France Culture en ont à branler d’une biographie de Muhammad Ali ?
RIEN.
Qu’est-ce que vous voulez qu’ils en aient à branler de Manet ou des vapeurs d’un boomer décati ?
RIEN.

Et quand y en a plus y en a encore !

Dans trois mois, les mêmes arrivent

03/11

Hachette & Madrigall
ont fait le plein

Monica Sabolo
rentre aux stands

Les masses ont le goût du marché, non pas l’inverse.

Me too

02/11

Marie Darrieusecq & Arnaud Viviant, écrivains
ET
“psychanalystes”,
prient pour que leurs clients ne portent pas plainte

D’après ce qu’il cite de sa poésie, Norman Rosten semble être un poète épouvantable, mais son livre sur Marilyn Monroe : Marilyn, An Untold Story, en français : Marilyn, Ombre et lumière, traduit par François Guérif (Seghers, 2022), est juste, charmant et délicat.

01/11

Et moi, je me demande si Panisse coupe à cœur !

31/10

Waitin’ for the money

Les dirigeants de Madrigall et ceux de Hachette
attendent sereinement le résultat des prix.

30/10

La semaine dernière le Service comptabilité auteurs des établissements Gallimard m’a envoyé mon relevé de droits pour Lève ton gauche ! Publié en 1995, ce livre n’est plus à leur catalogue depuis longtemps, j’ai récupéré mes droits depuis perpète, il a même été réédité par l’Arbre vengeur en 2020. Cerise sur le gâteau, il est libellé comme si les francs étaient des euros, je suis donc censé leur devoir beaucoup plus d’argent que je ne leur en dois réellement (pas mal quand même).

La nouvelle comptable s’initie
au nouveau logiciel comptable

En arrière-plan, l’auteur et son éditrice
vérifient l’exactitude des retenues

29/10

Pédophile avéré

The Killer is dead

Il n’y plus aucune excuse à faire l’impasse sur son extraordinaire biographie, Hellfire, Nick Tosches (Allia, 2001).

28/10

Il faut être absolument moderne

Alors, ça y est, vous ne vous sentez plus ! Une colonne dans Libération, un articulet dans ArtPress et c’est parti pour le chef-d’œuvre, vous ne savez plus quoi inventer pour vous rendre intéressant…

Vous avez raison, la célébrité m’est montée à la tête,  je ne peux plus sortir sans que l’on me harcèle, on me poursuit, on s’arrache mes chaussettes. Pour ce qui est du chef-d’œuvre, en revanche, visiblement, il faut que je vous explique mieux. Je ne considère pas Mille et une reprises comme un chef-d’œuvre du style Mort à créditAbsalon AbsalonDe sang-froid ou La défense Loujine, être un « grantécrivain » ne m’intéresse pas vraiment, comme le conseillait Jules Renard, je préfère en être un bon. Mille et une reprises est un chef-d’œuvre comme on le dit dans la PQR de la maquette de la cathédrale de Chartres construite en allumettes par le retraité au fond de son garage ou, plutôt, comme les Compagnons parlent de « chef-d’œuvre »… en ébénisterie ou en zinguerie. C’est le concentré de toutes les difficultés du métier exécutées comme il faut qu’elles le soient. Une épreuve de connaissance le plus virtuose possible, une démonstration de savoir-faire. Ce n’est pas plus que ça, mais pas moins… du bon boulot. Comme l’engin est aussi un brin brindezingue, la meilleure comparaison possible serait le Palais du facteur Cheval. C’est pas la Sixtine, mais Hauterives, ça existe et ça existe même drôlement… c’est impressionnant, mais ce n’est pas écrasant. C’est ce que je veux faire, je ne veux pas être admiré, je veux que l’on m’estime.

Admettons. Littérairement parlant, c’est quand même drôlement limité, on en revient au choix du sujet… la boxe, d’accord, mais rien que la boxe… c’est décourageant ! Ça intéresse qui ? la vérité, c’est que ça n’intéresse personne.

Je suis d’accord avec vous… presque d’accord. D’accord, je suis enfermé dans un genre qui n’existe même pas sous nos latitudes, sur un sport qui disparaît lentement, qui n’intéresse pas grand monde, une douzaine de fans, une autre d’anciens habitués de la salle Wagram pas loin de l’EHPAD. Presque d’accord seulement… il n’y a pas de sujet plus dangereux pour un auteur, tout le monde ou presque s’y casse les dents, il n’y pas de « motif » aussi riche, partant de là, de ce carré de lumière, on peut tout étudier, essayer de tout comprendre, appeler à son aide tous les genres : l’essai, l’histoire, la géographie, la sociologie, la fiction et même la poésie. C’est l’équivalent de la Sainte-Baume pour Cézanne, la montagne n’est pas son sujet ni les pommes, son sujet, c’est la peinture, moi, mon sujet, c’est la littérature. C’est pour cela, peut-être, que les « spécialistes » me regardent d’un sale œil, ils comprennent mieux que les autres que je ne parle pas de ce dont je suis censé parler. Je n’écris pas sur quelque chose, j’écris quelque chose… je l’ai déjà dit ailleurs, j’écris sur le monde et sur ses ombres et Tyson, pour ne citer que lui, est plus près des ombres et du chaos que n’importe lequel d’entre nous.

Entre autres paradoxes, vous n’aimez pas vraiment la boxe.

Mais, si ça se trouve, Manet était allergique aux asperges, Van Gogh ne supportait pas le soleil, Goya aurait bien étranglé la marmaille du duc d’Osuna. Je n’aime pas particulièrement la boxe, c’est un sport inepte, je n’aime pas non plus ceux qui l’aiment, leurs raisons, n’en parlons pas, elles sont inavouables et très souvent crétines, très éloignées en tous les cas des goûts terriblement chochottes qui sont les miens, j’aime les étoffes, la mode, la déco, le parfum, la gaieté, les seins des jeunes filles et leurs paupières, John Armleder, David Hammons, la poésie, les aphorismes, les mots d’esprit, Karl Kraus, Scutenaire, Calet, Bove, les excentriques, les petits maîtres, Tristram ShandyBardadrac, je déteste James Ellroy, Palahniuk et toute la bande des pénis à pattes, je me tiens le plus éloigné possible de la violence, la mienne comprise, mais c’est là que ça se juge, c’est là où ça se joue… à Kiev (Vitali Klitschko) comme au Madison Square Garden (les autres). Je n’y peux rien et vous non plus.

Et les boxeurs?

C’est un autre sujet, je ne partirais sûrement pas en vacances avec la plupart, nous n’aurions, d’ailleurs, pas grand-chose à nous raconter, mais il faut reconnaître qu’en dehors d’être des héros, ce sont des personnages hors du commun, bien alignés de A à Z, ils font une galerie de personnages majuscules avec des vies majuscules… on est loin de Michon et de ses vies miniatures.

Michon maintenant, mais vous vous prenez pour qui à la fin ?

Michon est un des écrivains les plus réactionnaires que je sache, il pousse la rengaine rance de la glaise, des croûtons aillés, de la binette… je déteste ça… je vis aujourd’hui, je fais pas le malin avec des phrases. Il faut être rigoureusement moderne. J’essaie.

Passons. Vous êtes injuste, c’est un de vos charmes, mais je dois bien reconnaître que vous tentez quelque chose, cette combinaison du son, de l’image et du texte…

Je tente, j’expérimente, c’est ce que j’ai toujours fait… depuis un demi-siècle et sans grande reconnaissance. Je crois être tout à fait lisible et par n’importe qui, mais ma famille c’est l’avant-garde, je trouve invraisemblable que les écrivains d’aujourd’hui écrivent comme avant-hier sans tenir compte de ce qui s’est passé hier. Pour boucler la boucle et revenir à votre première question, celle du « chef-d’œuvre », Mille et une reprises court, entre autres, en dehors de son sujet clivant, le risque d’être aussi illisible que les chefs-d’œuvre que personne ne lit, c’est un labyrinthe où l’on peut se perdre, l’inédit, le monstrueux, pour des lecteurs habitués à la soupe aux vermicelles, c’est pas facile à avaler.

Je ne suis pas certaine que cette déclaration ne soit pas teintée de fausse modestie.

Peut-être… sans doute… certainement.

Entretien réalisé par Dominique Castéran
pour les éditions ¡anda !
https://fredericroux.fr/anda/le-livre-des-mille-et-une-reprises/
Pau, octobre 2022

26/10

Rentrée littéraire de février

La critique travaille

Anne-Marie fait sa ménopause, elle retrouve une amie d’enfance dont le mari vient de décéder d’une encéphalopathie spongiforme*, elles prennent la route à la recherche de la fille d’Anne-Marie partie vendre de la drogue à Aurillac.
Coup de cœur !
Hélène s’est foulé la cheville en faisant du hula-hoop, elle contemple le jardin de son voisin en regardant la pluie tomber. Imaginez la suite !
Depuis quelque temps, son mari la trompe avec sa meilleure amie. Que passe-t-il page 150 ?

Coup de cœur !
Pierre est financier (professeur d’université, producteur dans l’audiovisuel), il habite dans le Val d’Oise. Un soir d’hiver, il découvre en travers de son paillasson le corps étendu de Nina, une jeune prostituée roumaine (serbe, croate). Imaginez des dialogues enjoués entre Pierre et Nina. L’irruption de Nina dans la vie de Pierre va-t-elle changer son existence de privilégié ?
Coup de cœur !
Au début des années 50, Jacques, frère de Paul, une figure de la résistance locale, a épousé Thérèse, une femme tondue à la Libération. Leur fille, Emma, part en vacances dans l’étrange manoir de son oncle, un soir de grève générale, elle découvrira qu’elle est la fille de Paul et que Thérèse a couché avec l’officier SS qui torturait Jacques pour lui faire avouer que Paul était juif.
Coup de cœur !
Les implants mammaires d’Irène ont éclaté, elle raconte la suite avec humour.
Bernard est anorexique, son calvaire va le persuader de passer son baccalauréat.
Karim va gravir une à une les marches qui mènent au pouvoir, il y perdra son âme.
Constance tombera amoureuse d’un vieillard alcoolique, ça finira mal.
Eliette se lamente en vers libres d’être plus niaise que son paternel pas bien malin pourtant.
Amanda fouille l’armoire aux souvenirs, elle découvre un sextoy sans les piles, quelle est sa réaction ?
Bertrand a perdu son épouse partie faire du trekking au Népal, la retrouvera-t-il ?
Sophie est victime d’une série de mini-hallucinations, sont-ce vraiment des hallucinations ?
Arnaud est un petit salopard, est-ce qu’il va changer ou devenir pire encore, une terrible crotte ?
Irène assiste à un dîner d’anniversaire qui va se terminer en pugilat.
Un détective amnésique est chargé par une mystérieuse sourde et muette d’enquêter sur la disparition de l’inconscient.
Le capitaine Lagorce, ancienne victime de la barbarie nazie, deviendra bourreau à son tour en torturant Loucif avec lequel il a grandi dan les faubourgs d’Oran.
Lors d’un séjour à la Villa Médicis, Eric surprend une SDF bulgare (ukrainienne, tamoule) en train de fouiller ses poubelles pour en tirer des installations surprenantes qui la mèneront jusqu’aux galeries branchées de New York.

aujourd’hui, du Covid.

Eloge du mauvais goût, éditions du Rocher, 2011 (épuisé)

25/10

Ce n’est pour l’instant qu’un friselis à la surface de l’étant, pas encore une tendance de fond, mais je remarque que Virginie Despentes crée sa maison d’édition, que Laurent Chalumeau publie Jolène, t’es gouine ? grâce à une plateforme de crowfunding et que, bien sûr, je publie Mille et une reprises sur Internet. Accessoirement, on peut noter que les auteurs en question (désormais éditeurs) étaient tous les trois plus ou moins protégés par Jean Claude Fasquelle, aujourd’hui décédé.
Une différence essentielle, pourtant, la légende vendra des livres papier, Jolène t’es gouine ? est un livre papier, Mille et une reprises est disponible sur le Net et, la maison ne reculant devant aucun sacrifice  en accès libre… en françois véhiculaire : gratos !

Une histoire de France, Joffrine Donnadieu (Gallimard, 2022), ahurissant !

24/10

Valérie Ton Cuong faisait partie de la “Nouvelle génération” publiée chez J’ai lu dans les années 2000, mais que sont devenus :  Renaud Ambite, Karin Bernfeld, Bessora, Valérie Clo, Florent Couao-Zotti, Dominique Cozette, Rochelle Fack, Emmanuel Fille, Tibor Fisher, Claire Frédéric, Denis Lachaud, Fouad Laroui, Pascal Ligari, Jean-Marc Ligny, Patricia Mélo, Francis Mizio, Hélène Monette, Maxime-Olivier Moutier, Corinne Rousset, Minna Sif, Alain Turgeon, Louis-Stéphane Ulysse, Cécile Vargaftig, Alain Wegschneider, etc. ?

Sujet pour un auteur de science-fiction : une Apocalypse survenant alors qu’il fait toujours beau (parce qu’il fait toujours beau) et que tout le monde en est satisfait.
Incipit : “Il faisait beau quand je me suis levé(e). Hier, il faisait déjà beau, inutile de consulter les sites météo, demain, il fera encore beau. Il fait toujours beau. Que ce soit ici ou bien ailleurs, il fait beau. Cela dure maintenant depuis des mois et tout le monde s’en réjouit.”

23/10

Le Goncourt des détenus, les Nuits de la lecture, le Livre sur la place, Agir pour le vivant, Partir en livre, Le Livrodrome, le Livromathon, Mon sac de livres, le Livre sur la vague, etc., etc., etc., toutes ces saletés.

Où je suis, Valérie Tong Cuong (J’ai lu, 2006)… effarant (de nullité) !

Torché Le cœur ne cède pas avant-hier, malgré quelques dégagements amusants sur tout et n’importe quoi (et Philippe Jaenada en guest-star), mon impression générale ne change pas : ce n’est pas seulement ennuyeux (ce n’est pas grave), c’est vain (et un peu creux). Dommage ! Je précise que D aime beaucoup, trouve ça très amusant (elle adore l’agence B More et Penny, l’assistante) et ne partage aucune de mes réserves… 55 ans de mariage ! Tant que nous sommes d’accord sur la cuisson de l’omelette, je n’en ferai pas un sujet de divorce.

Crétin Crétine

22/10

“On connaît l’“argument du singe” souvent avancé dans les débats autour de l’évolution. La probabilité pour qu’un singe, tapant sur le clavier d’une machine à écrire, produise un vers de Shakespeare est infiniment faible – mais non nulle ; la probabilité pour que soit ainsi produite toute une pièce, et a fortiori toute l’œuvre, de Shakespeare, est encore infiniment plus faible – mais toujours non nulle.” Thierry Hoquet, Les biotechnologies ou l’espérance de la mutation (Critique n° 709 – 710, juin – juillet 2006).
En survolant la production romanesque actuelle, toute occupée à produire du même, on peut en déduire que les chances du singe ont nettement augmenté.

Encore un peu de patience, et tout finira mal
                                                               (Catulle)


21/10

“J’ai l’habitude de regarder les choses en face”, Annie Ernaux, la Nobelle fait ce qu’elle veut, mais moi, je les regarde de travers.

Comme quoi…

chaque couillon a sa ruse

Je savais bien que l’intelligence artificielle était pas con


20/10

On pourrait également dire qu’avant “d’enrichir le palmarès”, Emmanuel Carrère s’est enrichi de 50 000 euros (ça tombe bien, il est fauché).

C’est Pinault qui paye…
Château Latour pour tout le monde !

Chez Flammarion

On procède aux derniers réglages du best-seller de Michelle O
avant de s’occuper de celui de Virginie Grimaldi

19/10

Je suis toujours navré lorsqu’un écrivain dont j’ai (beaucoup) aimé un livre (Le dossier M, tome 1) en écrit un moins bon.C’était déjà le cas du tome 2 du dossier M malgré d’excellents passages drôlatiques, mais Le cœur ne cède pas (Flammarion) m’ennuie terriblement (entamé il y a deux mois, j’en suis à la page 749 et je me demande tous les soirs quand ça va bien vouloir venir et s’il ne serait pas préférable que j’arrête les frais).L’effet “bout d’ficelle – selle de ch’val – ch’val de course…”  apparaît comme le moyen économique de tirer à la ligne, mais, surtout, Grégoire Bouillier n’est pas Philippe Jaenada, il a plus de talent(s) que ce dernier, mais il n’a pas son talent. Dommage ! Evidemment,  Bouillier ne semble pas mal placé dans la course aux prix, ce ne serait pas la première fois qu’un auteur se verrait récompensé pour son plus mauvais livre… c’est la vie des lettres qui veut ça, on peut le déplorermais, c’est la vie, si ça peut inciter le public à lire Le dossier M (Tome 1) tant mieux, mais je crois que ce ne sera malheureusement pas le cas.

10/10

Le 20/08, je citais Simon Liberati : “Vouloir du ressemblant c’est déjà abdiquer toute vérité”, avant-hier, j’apprends qu’il vient de publier Performance (Grasset), l’histoire d’un type de son âge (un peu alcoolo et les dents gâtées) parti avec son ex-belle-fille (mannequin anorexique) beaucoup plus jeune que lui… un peu son histoire, quoi !enfin, ça y ressemble drôlement, les protagonistes aussi ; la phrase, elle, est toujours exacte, elle peut servir à d’autres.

08/10

Le jeudi 15 septembre, Libération publiait Deux écrits à la pesée traitant de Voyage au pays des boxeurs de Loïc Wacquant (La Découverte) et de façon très surprenante de Mille et une reprises (éditions ¡anda!). J’avais pas choisi mon adversaire, si je l’avais choisi, je l’aurais choisi meilleur, mais Jake LaMotta m’a appris un truc : il y a des combats qu’il faut perdre si l’on veut gagner le suivant… sans Wacquant, pas de Roux, alors allons-y gaiement ! L’élève de Bourdieu a eu droit aux photos, à deux bons tiers de l’article, et alors ? je n’ai pas à me plaindre pour autant, Mille et une reprises obtient une visibilité à laquelle 90% des livres publiés cet automne n’ont pas eu droit, c’est, indéniablement, une reconnaissance étonnante, presque un exploit.

Je ne m’occupe même pas de savoir si le livre de Wacquant est bon ou mauvais, je m’en fous ! il boxe dans son coin devant son public… qu’il y reste ! je fais mon petit tour sous les lampadaires alors que j’aurais dû rester dans l’ombre.… Youpi !
Tout le monde est content ou plutôt… aurait dû être content.

Celles qui n’étaient pas contentes c’étaient les attachées de presse de La Découverte (ex-Maspéro), ce qu’elles auraient voulu c’est que Loïc Palooka ait droit aux deux pages entières (elles n’auraient pas vu d’un mauvais œil qu’il fasse la couv’), en tous les cas, elles ne voyaient pas très bien ce que je foutais dans le carré de lumière, j’étais qui ? un aptère ! j’étais quoi ? moins que rien ! Quantité négligeable… Est-ce que, au moins, j’étais de gauche ? Je ne sais pas si elles se sont renseignées bien loin et bien longtemps, en tous les cas, le résultat de leurs recherches, si recherches il y eut, ne leur est pas apparu bien conwacqant. En voiture Simone ! elles ont donc eu recours à la bonne vieille méthode stalinienne… la censure franche et loyale, le genre que l’on évite aujourd’hui … quand ça se voit trop, c’est pas bon pour l’image, pour peu que ça se sache, ça peut se retourner contre vous, mais à petite dose, ça se tente et puis, elles n’ont pas pu se retenir, la culture d’entreprise doit y être pour quelque chose ; dans les années gauchistes, “maspériser” désignait tout ce qui se rapportait à ce genre de manigances pas vraiment malhonnêtes, mais presque. Pour leur part, les attachées de presse de La Découverte se sont contentées de déposer le livre de Loïc Palooka sur ce qui, dans l’article, se rapportait à Mille et une reprises. C’est pas bien malin, c’est même un peu con, mais bon ! avec un peu de pot, dans un cercle si étroit, ça peut passer inaperçu, prises la main dans le sac, elles pourront même plaider l’inadvertance… “On l’a pas fait exprès ! c’est tombé comme ça !” Et puis, quand on veut gagner, la méthode importe peu.

Retour à l’envoyeur !
une espèce de “contre”

Comme je n’aime pas – toujours – perdre, j’ajouterai que, même question “reconnaissance symbolique”, Loïc  faisait pas le poids ! En réalité, il aurait même dû être content de servir de faire-valoir à Raoul.

A la pesée déjà…

y avait quand même une grosse différence.

Et tout ça va m’obliger à lire son livre.

07/10

“Un prix de français décerné par des Suédois, vous croyez que ça vaut le coup ?” Marcel Pagnol.

Bourdieu pour les nouilles
Mallarmé pour les autres

Ma mère, en  revanche, qui a quitté l’école à douze ans
pour fabriquer des parapluies à domicile,
a vraiment vengé sa race !
Et en dix lignes.

06/10

Le document est de mauvaise qualité, mais on peut, tout de même y reconnaître un type (mézigue) qui baille derrière un prix Nobel.

Eva Ionesco m’intéresse depuis très longtemps, j’aime beaucoup son compte Instagram, il est parfait dans le genre. En revanche, je viens de lire : Les Enfants de la nuit (Grasset)… épouvantable ! Le problème n’est pas tant que ce livre soit épouvantable, ils sont légion, c’est qu’Instagram soit un “genre” qui ne se transfère pas forcément tel quel et qu’aucun éditeur ne se soit rendu compte que, dans ce cas précis, c’était une fausse bonne idée.

Dossier du Libération d’hier : le monde du cinéma s’inquiète (plus personne va au cinoche ou alors, quatre fois par an, voir des blockbusters), il demande la tenue d’états généraux, je ne vois pas très bien à quoi ils pourraient servir ? A ramener les gens dans les salles ? S’ils sont partis, c’est pas pour revenir. La seule avancée imaginable : l’octroi de subventions ! C’est à dire, cataplasme sur une jambe de bois. Dans quelque temps, le monde du livre demandera la même chose… sans plus de résultats.

Chez Flammarion

On met la dernière main au blockbuster* de Michelle O

* le prochain pourrait être les mémoires du Prince Harry (20 millions de dollars d’à-valoir)

04/10

L’une des raisons pour lesquelles je ne m’aigris pas (maigrir, c’est autre chose), c’est lorsque je compare mon sort à celui que, par exemple, l’édition française réserve à Morley Callaghan. Cela fait des années maintenant que j’essaie de faire traduire That Summer in Paris* et je n’y arrive pas alors que le moindre salsifis Made in USA (le Montana ? Gallmeister ; Manhattan ? L’Olivier…) traduit par une machine a les honneurs des critiques les plus élogieuses. Les retours que j’ai eu sont “emblématiques” de la situation parisienne donc française, certains trouvent ça très bien, mais voudraient savoir si le reste l’est aussi (sic), d’autres ne l’ont visiblement pas lu (le pompon aux établissements Grasset dont le “lecteur” ne s’est pas rendu compte que je leur avais confié une édition universitaire et donc que le dossier pédagogique ne faisait pas partie de l’œuvre !) et ne sont pas décidés à le faire (“Et puis quoi aussi ?”). S’il fallait s’énerver à son propos plus qu’au mien, je conclurais de la sorte : “C’est tous des cons !et les inviterais à aller se faire enculer (c’est ce qu’ils font, mais entre eux) !
Ci-dessous, l’entrée Callaghan in Librairie, à paraître in Le Livre des Mille et une reprises.

* A mon avis, bien supérieur à Paris est une fête

Callaghan (Morley)

« Tant que Morley me fera mal,
je serai son ami. »
Ernest Hemingway

Plus connu pour avoir boxé avec Hemingway que pour ce a qu’il a écrit, Morley Callaghan est ignoré en France où il n’a pas été traduit, et sous-estimé au Canada où il est né ; Edmund Wilson qui le comparait à Tchekov et à Tourgueniev regrettait d’ailleurs le peu de considération dont il était l’objet.
. À la fin des années 20, Morley Callaghan a longtemps séjourné en France, fréquenté La Coupole, Francis Scott Fitzgerald, Le Select, Ernest Hemingway, Le Dôme, James Joyce et La Closerie des lilas. Il a tiré de ce séjour That Summer In Paris (Exile Editions, 1963), même époque, mêmes décors, mêmes personnages que Paris est une fête. Il y revient sur l’épisode qui lui vaut les honneurs de la petite histoire littéraire : il a envoyé Hemingway sur le cul en présence de Fitzgerald et il se montre navré qu’un tel enfantillage ait pu mettre fin à leur amitié.

God save the Roy

“Je suis peut-être une légende vivante,
mais je vous assure que cela
ne m’est d’aucune utilité
si je dois changer un pneu crevé.”

02/10

La critique est unanime

C’est un chef-d’œuvre !

ArtPress n° 503

01/10

Prix Goncourt 2022

Notre correspondant sur place nous informe :
“Ils peuvent tous aller se rhabiller !”

30/09

Mauvaise nouvelle pour Yves Harté, il ne figure pas sur la liste de l’Interallié !

Femme à lunettes, femme à…

C’est bizarre, mais moi je la trouve plutôt sexy Sandrine

un peu moins sans lunettes, mais quand même… sexy !

Ce n’est donc pas Jean-Luc Godard qui a fait la couv’ de l’Obs la semaine dernière (il ne pouvait décemment pas illustrer le “Spécial Immobilier”, l’une des meilleures ventes de l’hebdo). En revanche, il fait celle des Inrocks… l’honneur de la presse est sauf.

Michel Onfray ne sait plus
où il a foutu la dialectique

29/09

Même pas peur

D’après l’ExpressLa vie clandestine de Monica Sabolo aurait été tiré à 30 000 exemplaires, d’après Edistat, il en a été vendu un peu plus de 2 000 (malgré un passage à la Grande librairie… 500 000 spectateurs quand même, dont quelques-uns doivent être motivés). Où sont ceux qui manquent ? chez l’imprimeur ? sur les étagères des libraires ? dans les caves du distributeur ? dans les placards de Monica ? Mystère ! En tous les cas, y en a qui doivent se faire du souci (8 tonnes dans le cornet) et d’autres se frotter les menottes.

Les voies du succès sont impénétrables

28/09

En vue de la rentrée de janvier

Constance Debré a mis le turbo

Quant à moi, j’ai entamé
ma conversion bio

27/09

– C’est du Carrère…
– Ou peut-être du Rolin.
– En tous cas, c’est fade.
– Ça pourrait être de l’Echenoz.
– J’y avais pensé, figurez-vous.
– Pas de goût, c’est pas décisif, non plus.
– Faudrait poivrer.
– Saler aussi.
– En tous cas, c’est sûr, c’est pas très bon
– On peut pas dire ça, non plus… ça n’a pas de goût.
– C’est ça… c’est du Carolinoz !

26/09

Sachant que l’intelligence n’est pas renouvelable et la bêtise souvent bio, mais pas dégradable, combien de livres vont se ramasser à la pelle cet automne ?

TOUS

SAUF
Le Livre des Mille et une reprises

Seuls apparaissent dans les 200 meilleures ventes à ce jour (source Edistat), les livres de : Virginie Despentes (2), Amélie Nothomb (7), Emmanuel Carrère (48), Lola Lafon (70) et Monica Sabolo (126).
Sachant que Monica Sabolo a vendu 2 200 exemplaires depuis la parution de La vie clandestine (en lice pour le Goncourt et le Renaudot) et qu’elle figure aussi sur la liste du Médicis où elle devance d’un souffle Emmanuelle Bayamack Tan (2 187 exemplaires), mais où elle est distancée par Catherine Millet (2 317) et que, pour sa part, Blandine Rinkel a remporté, fin août, le premier prix littéraire de la saison, le Prix… Méduse ! et a – depuis – vendu 2 533 exemplaires de Vers la violence (Fayard), qui gagnera au tirage et qui perdra au grattage ?
Dans la même catégorie “on sait jamais, avec un peu de pot, ça peut claquer à la loterie”, les garçons accusent un certain retard, Grégoire Bouillier est pointé à 1 636, Yves Harté plafonne à moins de 1 000 exemplaires (un seul espoir… l’Interallié !) tandis qu’Anthony Passeron (THE révélation de la rentrée) crée la surprise avec 4 680 exemplaires au compteur et pointe son nez dans les classements.
Pour l’instant, tout ce cirque (Les enfants endormis exclu) ne rembourse pas les frais de (dé)placement… vivement les Prix !

24/09

23/09

Ceux qui ont du courage, mais une bonne assurance.
Les téméraires qui ont un plan B.
Les cons comme mézigue.

Et puis les filles avec des couilles !

21/09

La “déconstruction” serait l’œuvre “d’intellectruelles”… ça se tient.

Moins j’écris, plus c’est le bordel !

20/09

Evidemment !

On ne change pas une équipe qui a gagné
(cf ci-dessous)

19/09

Ah ! quand même…

En vue du prix Renaudot et de ses retombées marchandes, Monica Sabolo garde un œil sur Emma Becker.

On ne sait jamais !

Je ne sais plus où j’ai foutu cette punchline misogyne forcément misogyne : “Si les hommes accouchaient, l’avortement serait discipline olympique.”

Sans doute là…

ou dans le fond du disque dur*

en fait non, sous un autre nom et sur Instagram

18/09

A propos de “On se lève et on se casse !” (cf le 16/09), il suffirait qu’une seule “star” refuse de jouer au Qatar pour sauver l’honneur et, peut-être, fasse réfléchir la communauté des “fans” dont la conscience politique est proche de celle du pangolin.

Coca, no ! Qatar, si !

17/09

Dans le cadre de la collection Ma nuit au musée (Stock), Lola Lafon s’est volontairement enfermée dans l’Annexe, l’endroit (qui se visite !) où Anne Frank a vécu “enfermée” pour de bon. Tout le monde vante la sensibilité de Quand tu écouteras cette chanson, personne, à ma connaissance, n’a fait remarquer l’obscénité de ce choix ; il aurait, peut-être, fallu que Lola Lafon se fasse enfermer dans un baraquement de Bergen-Belsen où Anne Frank est morte pour que la sensibilité des critiques tique et que l’opinion tressaille.
Peut-être – aussi – que je suis un peu chochotte.

“Je n’aime ni admirer ni être admirée, je préfère la notion d’estime”, Irène Papas

Pas mieux !

Good night Irene

16/09

Le problème lorsque l’on est célèbre plus d’un quart d’heure, c’est que l’on vous demande votre avis sur tout et sur n’importe quoi (les incendies dans le Sud-Ouest, la hausse de l’immobilier à Mirande, la gestion du covid long en Lozère, l’arrêt de la carrière de Serge Lama, l’invasion des ronds-points, le kouign-amann allégé) et que vous avez tendance à savoir ou tout au moins à professer une “opinion” sur ces sujets auxquels vous ne connaissez pas beaucoup plus que les piliers de comptoir, c’est-à-dire que dalle !

Vive le beurre !

C’est ce qui arrive en ce moment à cette pauvre Virginie Despentes, interrogée par le magazine So Foot, elle se réjouit – certes – que la balle au pied soit davantage pratiquée que la main au panier, surtout par les “gouines”. J’approuve de la braguette, je la suivrai un peu moins sur son abasourdissante dénonciation de l’obscène Coupe du monde au Qatar dont elle semble ignorer (elle serait, sinon, décontenancée encore davantage) qu’il est le premier actionnaire du groupe Hachette (Grasset, Fayard, Stock, Lattès, Calmann-Lévy, le Livre de poche, etc) dont il paraîtrait qu’il vend beaucoup de ses livres.

Alors ?

On se lève et on se casse ?

Cette semaine, dans Le Point, interview exclusive de l’émir du Qatar : la couv’ + 10 pages.
Comme les deux journalistes (Luc de Barochez & Etienne Gernelle) qui l’interrogent sont du genre agressif, vers la fin de l’entretien,
ils interrompent Tamim bin Ahmad Al Thani pour lui demander ce qu’il en est de cette histoire de chantier mortifère.
Le type se dégonfle pas : tout va bien désormais (Tu m’étonnes John ! les travaux achevés, les cadavres enterrés),
il est maintenant interdit de faire subir des mauvais traitements aux ouvriers (les femmes de ménage, on verra plus tard).
Quant à ceux qui continuent à remettre le sujet sur le tapis volant,
ils font partie d’une seconde catégorie de critiques (la première étant composée de ceux qui ne le sont pas) :
“celles qui se poursuivent quoi que nous fassions. Ce sont des gens qui n’acceptent pas qu’un pays arabe musulman
comme le Qatar accueille la Coupe du Monde. Ceux-là trouveront n’importe quel prétexte (6 500 cadavres par exemple) pour nous dénigrer”.
Emballé c’est pesé ! Passez Muscade ! Circulez, il n’y a rien à voir ! Le syndicat d’initiative… L’attaché de presse… Les mille et une nuits…

15/09

Essayé, essayé vraiment de regarder (en différé) le premier numéro de La Grande Librairie, j’ai tenu dix minutes… mais qui sont ces gens ? et qui peut écouter ce qu’ils ont à dire sans casser le poste ou bien s’endormir ?

L’esclave libre de Robert Penn Warren, c’est un peu Angélique chez les Confédérés. Déception.

14/09

La mort de Godard, c’est la couv’ toute trouvée de l’Obs pour peu que Brigitte Bardot ne casse pas sa pipe !

13/09

Un ami m’a conseillé cet article paru dans le  dernier numéro de M, le magazine du Monde.
Très intéressant, lorsque je dis la même chose, on m’accuse d’être hystérique, en l’occurrence, je ne le suis pas vraiment, plutôt modéré même. Les chiffres sont effarants, la SODIS “récupère” 42 229 tonnes d’invendus par an auxquels il faut  ajouter ceux des autres distributeurs (la SODIS n’étant que la troisième entreprise du secteur).
Ce qui demanderait à être précisé, c’est la destination de tout ces rebuts, en effet, 5% seraient “réintégrés” dans le circuit (soldes, etc., je suppose) et 13,2% iraient au pilon. Quid des 81,8% restants ?
Plus intéressant encore si l’on fait un peu d’arithmétique de base, s’il faut 500 litres d’eau pour produire un kilo de papier, cela signifie que, rien que pour les bouquins récupérés par la SODIS (42 229 000 kilos), il a été dépensé 42 229 000 X 500 = 21.114.500.000 litres d’eau ! C’est à dire : 
21.114.500 mètres cube, pour donner une idée, un foyer français consommant environ 120 mètres cube/an, c’est l’équivalent du dixième de la consommation annuelle de Paris.
De quoi faire réfléchir à deux fois, je le suppose, tous les écologistes convaincus voulant publier, chez des éditeurs dont l’actionnaire principal est le Qatar où il pleut peu, des ouvrages dénonçant le gaspillage et appelant aux vertus de la décroissance…

Si l’on remonte vers l’amont, il est paru 500 livres à la rentrée dite “littéraire”, tirés à 2 000 exemplaires (à la louche) et pesant 350 grammes chacun (en moyenne), on obtient donc une masse de : 500 X 2 000 X 350 = 350.000.000 grammes… soit 350 tonnes de merde (ça fait peu comparé aux chiffres avancés par l’article… j’ai dû me planter dans les zéros) !
350 tonnes qu’il sera, de toutes les manières, difficile d’évacuer dans la mesure, où (exemple tiré au hasard) un livre comme La main sur le cœur d’Yves Harté (Le cherche-midi éditeur) ayant obtenu une plutôt bonne presse (l’Obsle Masque et la plumeLe MondeLireSud-Ouest-Dimanche, etc) s’est vendu à ce jour à 509 exemplaires !

12/09

En classant la “bibliothèque” de la grange, j’ai trouvé Eureka Street de McLiam Wilson (Christian Bourgois) que je n’avais pas lu, j’entendais dire partout que c’était un chef-d’œuvre… mouais ! C’est sympa, quelquefois drôle, mais c’est aussi très convenu, on sait ce qui va se passer 20 pages avant que ça se passe, les situations ne sont pas très crédibles, les personnages réduits à des silhouettes, les ficelles épaisses comme des cordes, politiquement, je ne peux pas juger si c’est très affuté ou plutôt épais comme du Bayrou (la violence, c’est mal ! si tous les gars du monde, etc. J’en parle à l’aise, j’ai jamais foutu les pieds à Belfast). Bon, bref, c’est pas un chef-d’œuvre, mais ça passe le temps agréablement, ce qui n’est déjà pas si mal.
Le type est joli garçon, il a l’air très sympa, ce qui ne peut pas nuire, j’ai failli choisir de titrer L’Hiver indien “Les Dépossédés” (mais je pensais à Fiodor D, pas à lui)… voilà !

11/09

TWIN POWER

10/09

Bobby Sands
(1954 – 1981)

En ces temps d’effarante queenmania, je tiens à clarifier mes positions à ce propos : la seule Windsor qui vaille considération à mes yeux (comme la Princesse Margaret, toxicomane et nymphomane, en son temps), c’est la Princesse Anne, la seule capable de chanter Flowers of Scotlandd’encourager les Écossais (putain, le galure et la redingote !), la seule à avoir des couilles (Charles, pédé ! les rejetons, tapettes !).

Des couilles, et en prime :

une sacrée paire de nichons !

09/09

Voir une palanquée de médiacrates s’indigner de se voir désignés comme les VRP de ce qu’ils sont en train de vendre (avec pas mal de retard d’ailleurs) est un spectacle grandiose.


Soupçonner ceux qui n’aiment pas la came qu’ils fourguent de ne pas l’avoir avalée voudrait-il dire qu’il est interdit d’être d’un avis différent, cela sans compter que ceux qui la vantent (vendent), ne l’ont, peut-être, même pas goûtée du bout des lèvres ?

Balmoral 06/09/2022

Les bibliothèques/médiathèques désherbent (comme ils disent)… bien ! Je demande à l’une des employées (je la dérange un brin, je compatis, elle a deux cagettes-plastique à transférer d’un point à un autre distant de trois mètres pour un salaire de merde) quels sont les critères de mise au rebut… ils ne sont pas/plus empruntés (pourquoi les avoir achetés ?), ils sont sales (pourquoi ne pas les nettoyer ?), y a plus de place (qu’ils en fassent !). Je ne vais pas me lancer dans un débat sans queue ni tête, mais je trouve assez absurde de mettre en vente des livres que personne n’emprunte gratos, pourquoi ne pas carrément les dispatcher dans les boîtes à livres où ils ne seront pas lus davantage, mais où ils auront au moins une chance de l’être.
C’est moins drôle, mais je déduis de tout ça que les bibliothèques ne sont plus que très vaguement patrimoniales (Gombrowicz et Nabokov, par exemple, sont introuvables dans l’établissement que je fréquente alors que l’écume des rentrées littéraires est assez bien représentée ; qu’elles fonctionnent comme des librairies… qu’elles ne se distinguent en rien des structures commerciales et – pire – de la logique culturelle marchande. Je ne me faisais pas trop d’illusions à leur sujet, mais je vérifie et je m’attriste.

Nabokov, ça commence par N, bourrique !

08/09

Secret de Polichinelle, la littérature ne se vend pas, Nelly Kaprielian (des Inrockuptibles) constate (in Les Inrockuptibles) que les livres qu’ils aiment (aux Inrockuptibles) sont de plus en plus souvent écrits par des femmes.
Ce qui est surprenant c’est que Nelly Kaprielian (des Inrockuptibles) ne voie pas le rapport.

MEN IN BLACK

Rien dans les mains.
Rien dans les poches.
La meuf au turbin !

Punk is not dead (PIND), groupe de recherche sur l’histoire du punk est financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR)

Je graffe sous sub’ !

03/09

Onze pleines pages de L’Obs + la couv’,
c’est, peut-être, un peu juste pour écrabouiller la concurrence*.

* Grégoire Bouillier, par exemple…

Et toujours rien à la télévision

C’est vrai que, une fois imprimé,
ça peut faire peur aux peureux

Combat de rentrée
(d’ordinaire facile)

Mille et une reprises (éditions ¡ anda !)
vs
Le Dictionnaire du corps (CNRS éditions)
149 auteurs, 500 pages, 200 articles, 12 €

Toujours rien à la télévision

On prend les mêmes et l’on recommence

Changeons la forme pour ne pas changer le fond

02/09

Earnie Shavers
(1944 – 2022)

RIP

« Si quelqu’un frappe plus fort que Shavers, je le flingue ! »
Tex Cobb
.
« Seul Dieu frappe plus que moi. »
Earnie Shavers

Reconnu à l’unanimité de ses adversaires comme le plus gros frappeur de tous les temps. « Il frappe si fort qu’il a renvoyé ma famille en Afrique ! » (Muhammad Ali) ; « Être frappé par Tyson, c’est être frappé par une Ferrari, être frappé par Shavers, c’est être frappé par un Mack (Larry Holmes) ; « Il frappe plus que Foreman ! » (Ron Lyle) ; « Il frappe si fort qu’il peut transformer de la pisse d’âne en kérosène » (James Tillis). Jerry Izenberg a résumé l’avis général :  « Shavers est le genre de type qui peut vous casser une cheville en vous serrant la main ».
.           « The Acorn » comptabilise 68 victoires avant la limite (dont 23 au premier round) sur les 74 qu’il a remportées. Il faudra que le public attende son quarantième combat pour voir l’un de ses adversaires (Vicente Rondon) terminer debout. Beaucoup d’entre eux ont arrêté les frais après avoir rencontré le « Black Destroyer » et Muhammad Ali aurait été bien inspiré de le faire.
            Shavers a disputé deux championnats du monde qu’il a perdus, le premier contre « The Greatest » qui, de l’avis de beaucoup, a été déclaré vainqueur ce soir-là parce qu’il s’appelait Muhammad Ali, le deuxième contre Larry Holmes, qu’il a perdu avant la limite non sans avoir expédié le champion au tapis sur une des droites les plus fantastiques de l’histoire (à se demander comment Holmes a pu se relever)…
.           « J’aimais beaucoup Earnie, il a travaillé dur pour y arriver, il a ramassé le coton, il a travaillé pour les chemins de fer, il a travaillé à la chaîne chez General Motors… au septième, j’ai vu qu’il était crevé. Franchement, ça servait à quoi de le laisser continuer… qu’on lui laisse prendre ses 300 000 dollars et qu’on le laisse rentrer à la maison ! Je lui dis : “Arrête les frais, Earnie… t’en prends trop !” et là, je vois un éclair… j’étais au tapis en train d’essayer de me relever ! »
            Sylvester Stallone voulait l’engager pour tenir le rôle de Clubber Lang dans Rocky 3. En guise d’audition, les deux hommes ont mis les gants, Earnie – sympa – y allait cool, Sly – crétin – l’encourageait à y aller pour de bon : « Vas-y, montre un peu ce que tu as dans les mains ! » Le « Black Destroyer » a fini par appuyer un peu… « Je lui en ai collé une là où les boxeurs ont le foie… je suppose que les acteurs l’ont au même endroit ». Sûrement… Sly est parti vomir tripes et boyaux (peut-être même un morceau de son foie) dans les toilettes. « Je suppose que c’était une audition et que je l’ai foirée », a conclu Shavers, philosophe.
            Il fera une brève réapparition au début des années 90, inspiré sans doute par le come-back réussi de George Foreman, mais surtout attiré par l’odeur de la montagne de dollars qu’il pourrait se faire si la rencontre avec Big George avait pu être organisée (« Alors, c’est qui qui frappe le plus ? »), avant de perdre son dernier combat contre Brian Yates par K.-O. à la deuxième reprise.
.           – Ils m’ont dit que c’était une chèvre, mais ils ont oublié de le prévenir.
            En vérité, Brian Yates était vraiment une chèvre, il perdra 70 des 78 combats qu’il disputera ensuite. « The Black Destroyer » souffrait de ce terrible défaut des puncheurs, il était fragile, tout cela sans compter qu’il avait cinquante ans, et qu’à cet âge on l’est davantage encore.
            « The Acorn », marié cinq fois, neuf enfants, douze petits-enfants, a tout perdu ou à peu près : son argent, sa Rolls-Royce, sa maison, son réseau de filles d’un soir, mais opéré assez tôt et avec succès d’un décollement de la rétine, Earnie Shavers est plutôt en bonne forme.
.           Il vit à Moreton, dans la banlieue de Liverpool où il est pasteur de l’église évangéliste du coin.

Cache-toi vieillard !

Crève salope !

Franchement, qu’est-ce que vous voulez faire contre ces Lola, Chloé, Séverine, Tanguy, Daphné, Vinciane, Delphine, Izé, Isolde, Oscar, Corentin, Basile, Emeline, Emilie, Jean-Emmanuel, Emmanuèle, Pacôme, François-Henri, Olivia, Tiphaine, Blandine, Jocelyn, Félicité, Colin, Julie, Oriane, Pauline, Mimosa, Hadrien, Bérangère, Joffrine, Tristan, Nicolas, Mathieu, Maylis, Lilyane, Alexandrine, Alexandra ?

Manuscrit James Joyce

Le problème, c’est quand même tous ces personnages qui parlent comme l’auteur.

Différents mais semblables

01/09

Être écrivain(e) aujourd’hui, c’est pas de la tarte, si l’on n’a pas été violé(e), au moins une fois, par un tonton saligaud (celui qui fume des cigarillos), c’est pas la peine de rêver, même si l’on est cousin(e) germain(e) d’un(e) directeur (trice) de collection. Et encore, il y a des degrés dans l’infamie prostitutionnelle, ainsi, moi-même (tous les défauts possibles & imaginables : 75 ans, blanc, de sexe masculin, hétérosexuel, j’en passe et des meilleures), si je déclarais que j’avais été violé par mon oncle Asperger, de comportement zoophile, accessoirement équipé d’un micro-kiki, je ne pense pas que je serais considéré comme écrivain pour autant.

31/08

Manuscrit Marguerite Duras

26/08

Sale type, fort avec les faibles, faible avec les forts, arbitre des élégances plouc, Nourissier de sous-préfecture, j’écrivais une littérature sans couilles et sans menton, perpétuellement flanqué d’un nain de cour, j’errais dans la fosse commune de l’oubli, il me fallait un tombeau. Qui suis-je ?

Le Callas & La Pasolini

25/08

Je déboise plus, mais je dégoise toujours autant.

Ce qui serait intéressant c’est d’adresser aux critiques les livres sans nom d’auteur, comme les dégustations de vins à l’aveugle, cela réserverait quelques jolies surprises.

À l’heure de la « rentrée », les critiques ont lu 5% de la production, si l’on y ajoute les 5% des « coups de cœur » des libraires (souvent les mêmes), cela détermine assez précisément le pourcentage d’ouvrages qui finiront au pilon.
Et si l’édition n’était qu’une branche (négligeable) de l’industrie de la pâte à papier derrière les emballages de biscuits secs et les posologies d’anti-dépresseurs ? Cela ramènerait tout ce bastringue à de plus justes proportions.

Manuscrit Pierre Guyotat

21/08

« Le chapitre réservé aux femmes nous a amenés, entre autres, à cette curieuse découverte sémantique que dire d’une femme « c’est une crétine » n’a pas, mystérieusement, la même signification globale et irrévocable que dire d’un homme « c’est un crétin ». C’est peut-être que les femmes bien plus intéressées aux histoires particulières qu’à l’Histoire avec majuscule, se sont moins laissées prendre au rythme abêtissant du Progrès », préface de La prédominance du crétin (Fruttero & Lucentini, arléa, 1988), toujours aussi amusant à la relecture, mais que le « progrès » a non seulement réalisé, mais aussi dépassé.

GO GIRL ! GO !

« Pour définir les imbéciles, qui n’étaient certainement pas plus rares en ces temps-là, les vieux Piémontais utilisaient un vivace assemblage de mots ; celui-ci, disaient-ils, c’est une fiera ciula, un fier connard. Ou « fier » signifiant « considérable », « exceptionnel », « admirable dans son genre », selon les définitions du dictionnaire de Tommaseo. Personne ne pouvait imaginer qu’avec le temps allait croître une variété de ciula, de connard, littéralement, impudiquement, désastreusement fier de l’être. » Fruttero & Lucentini toujours, toujours in La prédominance du crétin.

20/08

« Vouloir du ressemblant c’est déjà abdiquer toute vérité », Simon Liberati

« Quiconque travaillera autant que moi fera aussi bien », Jean-Sébastien Bach

Primo-romancière dans l’attente
de son quart-de-page de gloire

19/08

La fiabilité des algorithmes remise en cause…

en fait, les libraires pataugent

18/08

La rentrée, c’est déjà mort
et presque enterré

Les éditions ¡anda!
font chauffer la colle

17/08

Hier, c’était l’anniversaire de la mort d’Elvis Presley et celui de la naissance de Charles Bukowski ; aujourd’hui, Cher connard paraît, et je me demande quel éditeur courageux (Olivier Nora, peut-être…) consentirait à publier un livre intitulé : « Chère connasse » ?

Que l’on peut résumer ainsi :

connard, oui – connasse, non !

« Quant à la boxe, là c’est un monde dingue, superbe. 
Si en plus tu es quelqu’un qui écrit, tôt ou tard, tu y viens.« 
Alessandro Barrico

ENFIN !

Le livre des Mille et une reprises, mode d’emploi : cliquez sur les lettres : A – B ou C ainsi que sur les rubriques Bibliographie et/ou Cinoche

https://fredericroux.fr/anda/le-livre-des-mille-et-une-reprises/

Et n’oubliez pas !

« Roland Barthes a bien évoqué le plaisir de l’écriture en fragments, plaisir perpétuel, et que l’on espère contagieux, de multiplier les débuts et les fins, de commencer ici, de s’interrompre quelque part et de reprendre ailleurs, d’ouvrir et de fermer sans cesse les vannes de l’écriture, sans mesurer d’avance l’espace qu’on lui accorde et la respiration qu’elle impose. Par rapport à ce premier parti de fragmentation, le choix supplémentaire de l’ordre alphabétique comporte un inconvénient dont il m’est arrivé de souffrir : celui d’imposer une adresse, et donc un semblant de titre à un élément qui aurait préféré s’en passer. Mais, comme l’ont illustré entre autres Pierre Bayle, Voltaire ou les auteurs de l’Encyclopédie, l’avantage de la fragmentation en abécédaire d’un propos qui ne se soumet pas non plus à la finalité didactique du dictionnaire, c’est d’embarquer le lecteur dans un parcours en zigzag qui tient moins du sentier balisé que du labyrinthe, du jeu de piste à leurres et à pièges et du billard à trois ou quatre bandes. »

Gérard Genette (Bardadrac)

         © Steve Shapiro

15/08

Je crois que Bret Easton Ellis a beaucoup écouté Joan Didion écrire.

Relu Mauvais joueurs (Grasset, 2018) réédition de Marie avec et sans rien (Julliard, 1973/Robert Laffont, 2007) ; la traduction de Jean Rosenthal est plutôt bonne avec des détails curieux : « Cadillac l’Eldorado » au lieu de Cadillac Eldorado, « Les Sands », « César’s », « disques Capitol », ainsi de suite. À croire qu’en culture américaine, il n’y connaît que pouic.

Le personnel de Flammarion fête l’arrivée
de Sophie de Closets au Bourget

Alors que Karima Hocine s’est retrouvée
bloquée au détecteur de métaux

Depuis  sa mort, j’entends tellement de dithyrambes à propos d’Eric Holder qu’il me tarde de passer l’arme à gauche pour avoir droit aux mêmes.

Un ami m’a dit que j’étais le pire ennemi de ce que j’écrivais, je suis assez d’accord avec lui.

14/08

Le cycle vertueux est amorcé, rentrée littéraire d’automne : 490 titres annoncés, c’est à dire 450  au pilon direct et Virginie Despentes qui kidnappe la bourriche.

Nice job !

Je me souviens d’un ancien article de Bernard Pivot dans le Figaro littéraire, il se plaignait du déluge de livres publiés à l’automne… 150  ! C’était, il est vrai, il y a un demi-siècle. Comme, depuis, les lecteurs ont disparu, il est logique d’en publier trois fois plus à l’usage de celles qui s’acharnent (enseignantes à la retraite pour la plupart).

12/08

La boxe mode d’emploi

«Il y a un temps  pour réciter des poèmes et un temps pour boxer»

Roberto Bolaño

Résumé

Un peu las («Ça suffit, merde !») de publier, et contre sa volonté, les mêmes livres que ses collègues, Frédéric Roux a décidé de mettre en ligne (GRATOS) les livres dont il a les droits numériques (presque tous) publiés conventionnellement auparavant par des éditeurs conventionnels.

Les éditions !anda! (14, rue Alexander-Taylor, 64000 Pau) commencent par un inédit : Le livre des Mille et une reprises, un livre d’un bon millier de pages, commandité avant d’être refusé par les établissements Grasset. 
Ni un abécédaire, ni un dictionnaire (amoureux, mon cul !) ni une encyclopédie, peut-être même pas un livre… autre chose : du texte, du son, des images.

La «Bibliographie» (copieuse) est déjà en ligne, les trois premières lettres (A, d’«abandon» à «Memo Ayòn» ; B, de «Billy Backus» à «Chris Byrd» ; C, de «C’était mieux avant !» à «Cutting») + la rubrique «Cinoche» (de «Ali» à «Dominique Zardi») le seront dans les prochains jours.
La suite sera, comme tout feuilleton qui se respecte, mise en ligne mensuellement, par séries de trois lettres et ce jusqu’à Z (de «Zale» à «Zoo»).

Mode d’emploi

À partir du 16 août…

Cliquez sur : https://fredericroux.fr/
Cliquez sur : https://fredericroux.fr/anda/
Cliquez sur : https://fredericroux.fr/anda/le-livre-des-mille-et-une-reprises/
Scrollez !

Et, «Si ça vous plaît pas, n’en dégoûtez pas les autres !» comme disait ma bonne espagnole de grand-mère.

Frédéric Roux & les éditions ¡anda!

11/08

Quelques voix se font jour au sein du Fémina :
le temps des livres serait-il dépassé ?

Ce n’est pourtant pas la faute des nouvelles venues

Anne Akrich (Gallimard) a déclaré au Monde des livres : « C’est épuisant de passer trois ans, comme je l’ai fait pour Le Sexe des femmes, à se regarder*« .
Je la comprends, je viens de passer le double, essentiellement avec des brutes et des abrutis, et je me sens un brin courbatu.

* se regarder quoi ? C’est une autre question.

09/08

Editions ¡anda! : 14, rue Alexander-Taylor 64000 Pau/editions.anda@orange.fr

Le livre des 
Mille et une reprises

éditions ¡anda!

Et la corne… vous la voyez ?

Je ne serai pas celui que vous voulez que je sois
Mike Tyson

Les attachés de presse, les politiciennes le savent bien : ne jamais employer une formule négative lorsque l’on veut vendre quelque chose.

Et alors…

Alors… alors… Le livre des Mille et une reprises n’est pas un dictionnaire – Le livre des Mille et une reprises n’est pas une encyclopédie – Le livre des Mille et une reprises n’est, peut-être, même pas un livre !

C’est quoi, alors ?

Un capharnaüm, un bric-à-vrac, un OLNI, un labyrinthe et PIRE encore !

Une chose est sûre, Le livre des Mille et une reprises (qui n’est pas un livre… trop de son ! trop d’images ! trop de trop !) va vous changer de tous ceux qui vous proposent de :

◼︎ se chercher, se perdre, se retrouver dans les aléas d’une identité froissée et tout de même généreuse ; 
◼︎ raconter comment il est possible, par la charité et l’érotisme, de résister de l’intérieur au monde du calcul ;
◼︎ gratter nos névroses modernes jusqu’à l’os pour dire les pouvoirs thaumaturges de la fiction ;
◼︎ incarner la douloureuse expérience du rejet et de la perte d’identité ;
◼︎ suggérer la faille, scruter les dissonances et surtout les silences ;
◼︎ rappeler comment nos héritages nous façonnent entre chance et malédiction ;
◼︎ offrir une puissante et lente évocation de ce qui attend les femmes dans la grande aventure de leur corps et de leur identité ;
◼︎ guérir les blessures à coups de forêt, de lac, de feuilles, de feu, d’étoiles…

Et bla-bla-bla !

Le livre des Mille et une reprises parle de ceux qui se battent pour tuer sans « trouver un sens à ce chaos primaire » ; de ceux qui paient pour leurs rêves jusqu’à en mourir sans « explorer avec grâce l’infinie complexité des êtres, la question de la violence et la possibilité du pardon ».

Pour vous forcer à rire et vous briser le cœur, Frédéric Roux s’est fait historien, critique, géographe, essayiste, pamphlétaire, documentaliste, (auto)biographe, chercheur et quelquefois même… poète.

Soigneurs dehors !

Frédéric Roux & les éditions ¡anda!

08/08

« Le froid a lâché ses cheveux dans le vent », Sylvain Tesson.

« Grenoble, l’une des villes les plus saccagées depuis des décennies », Juan Asensio.

29/07

Extraordinaire effet Vache qui rit, le « biopic »  de Netflix sur la vie de Marilyn Monroe est écrit d’après Blonde de Joyce Carol Oates ! Blonde est un livre extraordinaire, le biopic semble d’un tarte achevé… ça ressemble comme on dit, ce qui n’a strictement aucun intérêt.

Certains me demandent à qui s’adresse Le livre des Mille et une reprises. La réponse ci-dessous.

Et ça fait du monde

28/07

« Ce serait une erreur considérable que de chercher dans ces pages un traité relatif aux pratiques du bouddhisme zen orthodoxe. »
Ne pas y chercher davantage « les éléments d’un ouvrage sérieusement documenté sur les motocyclettes. »

Robert M. Pirsig
à propos du Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes.

Incipit pour roman noir « woke » à destination d’une clientèle principalement (pour ne pas dire exclusivement) féminine : « On savait de suite que ce qu’elle savait le mieux faire, c’était tailler des pipes, ce n’est pas pour ça qu’elle aimait être abordée sans ménagement. »

Fuck You All !

27/07

¡ANDA!

Encore une critique littéraire foudroyée à la lecture du
Livre des Mille et une reprises

24/07

La suppression de la taxe (faussement) dite de la redevance sur l’audiovisuel me semble une victoire beaucoup plus importante des Bolloré & consorts que les chamailleries « éditoriales » tournant (pour l’instant) au désavantage médiatique du « milliardaire breton ».

22/07

On peut toujours mener un cheval à la rivière,
mais on ne peut pas l’obliger à admirer la vue.
                                                             Norman Rush

13/07

Feuilleté Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu (Actes Sud), c’est de la littérature jeunesse mise à la portée des adultes avec quelques fines notations behavioristes pour espanter les amateurs de poésie scolaire (niveau CE 1) : « un rire encombré », « une voix grumeleuse », des « seins involontaires », « un abcès de vent et d’éclairs », « des tressaillements circonflexes », « des gamines aérodynamiques », « une voix de basse inductive et ourlée » et des images fulgurantes : « Antony se sentait enfermé dehors » tandis que son « scooter émit une plainte nasale » et qu’avec ses potes « ils s’adonnèrent à de significatives poignées de main ».
Dans ces conditions, le Goncourt semblait inévitable.

02/07

S’est tenu récemment un « parc d’attractions » littéraire avec karaoké, voyant et même des livres, le journaliste (de France Culture) qui en rendait compte trouvait l’initiative « rassurante ».
« C’est son droit » comme disait ma grand-mère qui, pour une bonne espagnole n’ayant jamais été à l’école, était très démocrate.

Et toujours rien à la télé

01/07

On attend toujours que les éditions Hachette publient un livre sur la Coupe du monde de football 2022. Peut-être faut-il attendre que Bolloré, l’ennemi liberticide breton de la diversité, prenne le manche !

Pour se rincer la bouche et se changer les idées, les éditions ¡ anda ! mettront prochainement en ligne (gratos) P.-S. publié par les éditions Gallimard à la suite de Lèveton gauche ! (1995).

¡ Anda !

« Vite, c’est bien, juste, c’est mieux ! »
(Wyatt Earp)

Pour se laisser aller à l’autocélébration, la chronique consacrée par Antoine Faure aux deux livres ci-dessous sur son blog 130 livres.
En librairie, il faut les demander un peu comme l’on demandait du beurre à un épicier pendant la guerre, mais il n’est pas interdit de tenter le coup.

« C’est super Fréjus, 40° C, 10 000 moustiques et des nuées de réacs », Claro.

30/06

Il faudrait un réanimateur au chevet de la littérature, on lui propose d’aller chez le pharmacien ! Un peu comme si, pour soulager un cancer de la gorge, l’on proposait des pastilles Valda aux valétudinaires.
Le résultat peut faire penser aux éditions Derrière la salle de bains dans un emballage plus vulgaire, tout cela sans compter que Marie-Laure Dagoit publie de la littérature ; ni Sthers – ni Foenkinos – ni Beigbeder – ni Dombasle & Cie, mais Tosches – Dalton – Vaché – Crevel & (princes) consorts.

Comme soins palliatifs, on peut trouver mieux

29/06

Véronique Ovaldé a obtenu le Prix France Culture/Télérama 2009 pour Véra Candida (L’Olivier) en lieu et place de L’hiver indien (Grasset), elle donne, désormais, des cours en ligne sur l’édition

C’est normal Brigitte !

28/06

Curieux de constater que les nostalgiques du « livre-papier » ne  lisent quasiment plus que sur écran.

27/06

Si j’étais un auteur Minuit (ou POL ou Verticales), je proposerais à mon éditeur un livre intitulé L’îlot central.

Le feuilleton Bolloré/Hachette/Editis/deClosets/Sarkozy/Lagardère/Saporta est, certes, passionnant (un peu long peut-être), mais il a tendance à tourner en rond dans la casserole au risque d’attacher au fond, tout cela sans compter qu’il n’est qu’un leurre.
À qui va-t-on faire croire que le « milliardaire breton » va bouleverser le monde de l’édition ? Il va le droitiser comme TOUT se droitise, y faire régner l’ordre nouveau que la situation exige.
On ne peut pas dire que les « auteurs » qui fuient Fayard soient incompatibles avec Bolloré, le Quatar ou n’importe quel fonds de pension, serait-il bizarre (l’Université de Cornell n’est-elle pas actionnaire de Pornhub et de Youporn) ; Attali, Grimaldi sont compatibles avec TOUT, quant aux journalistes de soi-disant investigation (et leurs indics mieux raqués que la plupart des auteurs) fabriquant des best-sellers de 300 pages avec ce qui pourrait tenir en dix feuillets, ils iront où on leur offrira le plus gros à-valoir ; les managers et les DRH, pour leur part, négocieront des salaires plus élevés à l’occasion de chacun de leur transfert (chaises musicales – coussin péteur)… point-barre ! La reconfiguration terminée, tout repartira comme en 14.
L’édition comme négoce se cassera la gueule pour d’autres raisons que tout le monde se refuse d’examiner alors que chacun les connaît : aucun produit dont la demande s’amenuise ne peut survivre à une augmentation de l’offre, c’est la réalité du marché.
« Après nous le déluge ! Profiteroles à gogo ! Champomy pour tout le monde ! »

Les loups – sournois –
ne se mangent pas entre eux.

26/06

De retour de l’altitude partagée avec mes amies les vaches, je suis retombé – à peine la plaine atteinte – dans le casuel, dans le vulgaire… le tapioca !Terrible scandale : les candidats du baccalauréat français ont eu droit à un texte de Sylvie Germain, comme ils n’y ont rien compris, ils ont pourri l’auteur grâce à leur gidouille portable.
J’ai lu le texte, j’ai parcouru les messages touités, je les ai trouvés plutôt marrants, en tous les cas… vivants alors que le texte de Sylvie Germain parle d’un monde qui n’existe plus dans une langue morte.
Au fait, si les lycéens d’aujourd’hui ne peuvent pas comprendre un texte d’avant-hier, c’est la faute à qui ? à pas de chance ? (« Putain ! pas de pot, j’suis tombé sur Baudelaire ! » pouvait-on entendre il y a 50 ans, au sortir des épreuves de français) ; aux profs ? aux parents ? aux smartphones ? au con qui a choisi ce texte au lieu d’un chef d’œuvre signé Daniel Picouly ? aux conditions post-modernes de la représentation ?
Je crois, surtout, que les auteurs d’un soi-disant cyber-harcèlement ont choisi de faire les malins (ils le sont et la connerie peut être drôle) avant de se rabattre sur les autres sujets proposés… personnellement, c’est ce que j’aurais fait (en 1966).

Et nous, on nage !

16/06

Il n’y a pas si longtemps l’Académie française, c’était la honte (un peu comme la Légion d’honneur) et les académiciens considérés comme les occupants d’une espèce d’EHPAD grotesque, il semblerait que, désormais, ce soit la gloire et que les meilleurs (Ruffin, Makine, Lambron, Orsenna, Fernandez, Maalouf, Sallenave & compagnie)s’y bousculent. J’éviterai les glapissements hystériques (Cadavres ! Cadavres !) pour en rester aux définitions de l’adjectif académique : « Propre à une académie, Style académique, où l’art se fait trop sentir. Pose académique, prétentieuse », Petit Larousse Illustré (1906).

Ou bien sous-louer des friches désertes
Ou bien squatter des boulevards périphériques
Ou bien décorer des intelligences négligées,
des principautés ignorées,
la vacuité des no man’s land
Ou bien stationner sur des parkings délaissés

Ou bien épater des académistes veules
Ou bien… ou bien… ou bien…
Ou mal, peut-être !
Faire des phrases, surtout, comme les marins d’Audiard
(souvenons du sort que leur réservait Lino Ventura).

15/06

Parcouru Monument national de Julia Deck (Minuit, 2022), prix Jean Freustié, en fait, j’ai compris : ce n’est pas mal écrit (en fait, si et pas qu’un peu, on a quand même droit à un « sourire démantibulé », à une porte qui se ferme « avec un claquement décisif », aux fumées qui « s’élevaient en panaches bleus sur le sable de l’allée » tandis qu’au sol « prospéraient la poussière et les insectes morts »), c’est drôle ! mais de la drôlerie de Les Nuls, le genre de drôlerie que je ne trouve pas drôle.
Chacun son sale goût comme disait ma grand-mère.

80% des lecteurs sont des lectrices, 80% des salariés de l’édition sont des salariées, 20 livres = 80% des livres vendus (source Claro).
La pyramide tient sur la pointe.

Y a le feu au lac !

Karina Hocine abrège ses vacances.

14/06

J’ai feuilleté la publication ci-dessous au Carrefour de Saint-Lary, une queue considérable s’était formée derrière moi, ils étaient une palanquée d’indigènes pyrénéens piaffant d’impatience à l’idée d’enfin savoir comment il fallait procéder pour voir leur journal de confinement sous la neige publié. Je n’ai donc pas pu élaguer le marronnier à fond, mais j’ai parcouru une interview de Juliette Joste, employée des établissements Grasset (mais ça aurait pu être n’importe quel autre éditeur de n’importe quelle maison), avant de me faire lyncher par celles et ceux qui trépignaient. Lorsque Juliliette reçoit un manuscrit (par la Poste, évidemment, par la Poste presque toujours !), ce qui la captive d’entrée c’est la voix, la voix originale, celle d’Isabelle Carré par exemple ou bien celle d’Émilie Colombani à moins que ce soit celle de Clémentine Autain.
Ce qui est terrible ce n’est pas que Juliette Joste (n’importe qui travaillant n’importe où) raconte des conneries, celles que croient les benêts (même pas sûr d’ailleurs !), mais qu’elle renchérisse par ce qu’elle sait être un mensonge sur une supercherie générale falsifiant le langage à la base jusqu’à ce que les mots ne veuillent plus rien dire. La politique en est morte, l’édition en crève.

13/06

Le week-end dernier avait lieu à Paris le Festival Mot pour motsEntre autres initiatives, on pouvait passer un quart d’heure « avec son autrice ou auteur favori » (un coup vite fait entre deux portes) et Folio vous proposait « un conseil personnalisé en fonction de vos goûts de lecture avec un professionnel du livre. »

Dans un genre pas très éloigné, j’ai eu connaissance d’un Cyclo-Biblio Tour ! Cette initiative finlandaise est censée faire découvrir les bibliothèques et les bibliothécaires aux populations accourues au bord des routes (en shorts, Crocs et bobs) !

Ça s’enlise !

Je crois que je vais avoir du mal !

12/06

Chez Hachette, ça va catcher !

Bolloré a engagé de
nouveaux éditeurs

11/06

la concurrence fait rage

10/06

Ça fait longtemps que j’ai constaté que les « éditeurs » sont en réalité, les « écrivains » ; ça se confirme, d’après des lettres plus ou moins confidentielles, Sophie de Closets va publier chez Gallimard son « très vaste carnet d’adresses »… en plusieurs tomes, je suppose.

Sérieusement, ce qui sera intéressant à suivre, si elle a lieu, c’est la bagarre Closets vs Hocine. Les paris sont ouverts (enfin, pas encore, mais il me tarde).

09/06

Envoyé le texte ci-dessous à quelques critiques accompagné des versions PDF des « chapitres » A – B & C + la rubrique Cinoche.
Le vulgum pecus devra attendre fin août/début septembre pour avoir accès à la même chose.

BLOOD, SWEAT & TEARS

« Vite, c’est bien, juste, c’est mieux ! »
Wyatt Earp

“Je pense qu’il y aura des choses beaucoup plus intéressantes qui se passeront 
au carrefour du papier, de l’image, du texte et du son.”
Oliver Nora

Après avoir pris connaissance des précautions d’usage : “Ceci n’est pas un abécédaire*” et pour en rester aux textes (même survolés), on s’aperçoit que l’ensemble est (dé ?)construit comme le labyrinthe forain où s’égarer chichi en pogne, à moins que ce ne soit, de manière plus catholique, comme le mille-feuilles dominical dans sa jolie boîte avec le bolduc : une couche pour les érudits, une autre pour les sociologues, une pour les fans de roman noir, une autre pour les historiens, 
sans oublier le sucre glace pour les tenants de l’autofiction… and that ? ad infinitum !

On croise les grands classiques du genre : Ali (et son frère et sa fille), Marcel Cerdan (et son fils et son frère et son neveu), mais aussi les excentriques (Emmanuel Augustus), les fous furieux (Fabrice Bénichou), 
les comiques (Tex Cobb) et ceux qui peuvent vous briser le cœur (Shazzon Bradley). 
On découvre le destin tragique de beaucoup de boxeurs, dont celui de Billy Ray Collins Jr est l’emblème ; après avoir piqué un somme sur la banquette arrière de la Cadillac couleur café rêvée par Chuck Berry, il ne reste plus qu’à repérer les liens étranges de la boxe avec Patrick Balkany ou Joseph Beuys en regardant Laïla Ali danser le mambo et Régine Chopinot échouer à chorégraphier LE combat des années 80. 
Tout ceci sans compter qu’au passage vous serez ravi d’apprendre comment arranger un combat, qui est le vrai Cassius Clay, admirer ma mère (1 m 67) en faire une petite avec Primo Carnera (1 m 97) au casino d’Arcachon, tout en écoutant Warren Zevon pressé de rentrer chez lui (“Y’a Chacòn qui boxe à la téloche !”)… et ainsi de suite !

Bonbons ! 
Caramels ! 
Esquimaux ! 
Chocolat !

CINOCHE !

Où l’auteur devient critique, Raging Bull en fait les frais, il préfère Olli Mäki et, surtout, Fat City ; en fait, il semblerait qu’il préfère les films d’amour aux films de boxe.
Cerise sur le gâteau : Woody Allen boxant avec un kangourou.

Le 27 janvier 2004, un éditeur parisien déplorait qu’il n’y ait pas encore “les créateurs capables de mettre en résonance ces quatre univers-là […] dans un objet qui sera ni complètement un livre, ni complètement un disque, ni complètement un film, qui apportera plus que ces médias-là.” 
Tout vient à point à qui sait attendre, il semblerait que les temps soient venus. 
Plus vite que prévu… à Pau !

* ni un dictionnaire ni une encyclopédie.

Frédéric Roux & les éditions ¡anda!

Le livre des mille et une reprises (ABC + Cinoche) sera mis en ligne en accès libre à la rentrée littéraire de septembre et, ensuite, comme un feuilleton, à raison de trois lettres par mois.

La Bibliographie de l’ensemble peut être consultée sur le site : http://fredericroux.fr/wp-content/uploads/2023/06/Bibliographie.pdf

Si vous ne voulez plus recevoir d’informations à propos du Livre de mille et une reprises, ayez l’amabilité de le signaler.

07/06

Ecrire moins, c’est lire davantage avec quelquefois d’heureuses surprises, Robert Penn Warren bien sûr et puis tout récemment Accouplement de Norman Rush (malgré d’inévitables tunnels d’ennui et quelques embardées kitsch)… quant aux dernières pages, elles sont épouvantablement chiantes.

Jamais à l’abri

28/05

HAIKU DU WEEK-END

Le requin rôde

Andy aspire

Tout roule

27/05

Quelques lignes, quelquefois, suffisent à déclencher des réactions multiples et souvent croisées : toux, palpitations, essoufflement, tachycardie, transpiration excessive, céphalées, baisse de la libido, démangeaisons, rougeurs. Cela aurait pu être le cas de cette information passée trop inaperçue : « Patti Smith a été décorée de la Légion d’honneur », mais l’organisme post-moderne est habitué à ce genre de distribution diplomatique (les Américains sont de grands enfants, ils adorent les décorations et les régouins) ; il y a eu pire récipiendaire (Orlan ! Orlan !)… alors, whynot. En revanche, qu’un artiste s’en félicite et qualifie Patti Smith d’immenserimbaldienne, on en a les amygdales qui verdoient et les hémorroïdes qui poudroient !

Et bientôt… Lady Gaga, cette surréaliste de la première heure !

24/05

Back is back (24/02 au 09/05/2004) Mamco Genève

De Grasset à Grasset, j’en ai même fait une œuvre (cf le 20/05)

23/05

Only the lonely

Quelle coïncidence !

Il a fallu qu’ils s’y mettent à 149 pour aller d’abandon à zoo humain, mais enfin, ils y sont arrivés.

21/05

La littérature industrielle (surtout, le roman dit noir) a une vertu parégorique, me faisant ainsi regretter l’élixir du même nom (Putain de tox !).

Et toujours rien à la télé !

Les guerres ont toujours été la matrice des fantasmes des hommes, c’est en leur sein qu’ils se réalisent le mieux. Chaque civilisation produit la forme imaginaire et technologique de guerre qu’elle mérite.

Frédéric (« L’Enfonceur de portes ouvertes ») Roux
Le Désir de guerre (1999 – 2014)

20/05
Jean-Louis Comolli est mort, personne en parle, c’est dommage ! cela aurait pu être l’occasion de le lire.

Entendu Pierre Jourde se vanter d’être l’écrivain ayant essuyé le plus de refus en 23 ans… moi, ça fait 44 ans que j’en essuie et, sans doute, de bien plus nombreux que lui ; à ce jour, 69 éditeurs différents (dont certains plusieurs fois) et je dois en oublier.

Non, mais !

De quoi il se plaint, le gonze ?

S’il faut en croire le quatrième de couverture de Une littérature sans écrivains (Léon Scheer), Basile Panurgias se préoccupe de « ce que deviendront les écrivains dans un monde qui ne veut plus d’eux ». La réponse est facile : ils animeront des stages d’écriture (en entreprise comme en milieu carcéral), ils participeront à des tables rondes radiophoniques et à des colloques universitaires ayant pour sujet : « pourquoi l’édition va mal ? », ils animeront des ateliers d’écriture financés par un Conseil régional, ils signeront des livres en librairie à sept retraitées déménagées de l’Ehpad mitoyenne, ils répondront à ceux qui les suivent sur les réseaux sociaux, ils seront invités à expliquer, dans des collèges périphériques à des jeunes gens qui ne lisent pas pourquoi ils ont tort de ne pas essayer, ils « likeront » l’Instagram de leurs collègues, ils demanderont des subventions, ils prendront part à des « maraudes littéraires » avec le SAMU social, ils signeront des pétitions, ils obtiendront des bourses. En gros et en détail, ils continueront à faire ce qu’ils font aujourd’hui, sans avoir le souci d’écrire, ce qui est plutôt confortable.

19/05

Des guerres traditionnelles nous ne sommes pas à l’abri, le passé proche sur des terres voisines nous l’a bien montré. Ce ne sont, peut-être, que des ajustements locaux à la modernité nullement susceptibles de dégénérer en conflit généralisé, des abcès de fixation tels qu’il en suppure aux quatre coins du globe.
Tant mieux !

Le désir de guerre (première édition, le cherche-midi, 1999)

[…] le minable continue – il n’a pas beaucoup d’ambition le pauvre ! –
de rêver qu’on va l’autorise à être heureux, baiser sa femme lorsqu’il en a envie,
boire à sa soif, manger à sa faim et se réveiller lorsqu’il n’aura plus sommeil.
Lui foutre enfin  la paix !

Le désir de guerre (réédition, L’arbre vengeur, 2014)

18/05

Les chrétiens ont remis ça

J’en reviens toujours pas !

Trouvé dans une boîte à livres du Centre Leclerc de Pau, Oscar avait vingt ans de Gaspard Koenig (Grasset, 2004), un jour prochain, sans doute, Gaspard Koenig sera suffisamment intelligent pour se rendre compte du ridicule, mais, entre-temps, on aura beaucoup ri à ses dépens.

Annie Ernaux est à la littérature ce que Dacia est à l’automobile.

Il suffit qu’elle s’achète un soutif
pour que l’armature la gêne

17/05

Au secours, Ernaux revient !

16/05

« Je pense qu’il y aura des choses beaucoup plus intéressantes qui se passeront au carrefour du papier, de l’image, du texte et du son. Ce qui est frappant aujourd’hui, c’est que chaque fois que l’on voit des produits de ce type, ils ne recherchent que leurs propres prouesses technologiques, mais ils ne sont pas plus que la somme des technologies qui leur ont permis d’advenir. On n’a pas encore les créateurs* qui sont capables de mettre en résonance ces quatre univers là, images, images animées, son, texte, dans un objet qui sera ni complétement un livre, ni complétement un disque, ni complétement un film, qui apportera plus que ces médias là. Ça c’est très intéressant, ça va arriver et on est avide** de voir ça arriver. »
Autrement dit, c’est pas le moment de dire que l’on a fait des erreurs, c’est le moment de continuer à en faire.

* Ah, bon !
** « avide », vraiment ?

Il est où l’auteur ? Il est où ?

Olivier Nora

Conférence à l’Ecole alsacienne
27 janvier 2014

15/05

C’est bizarre, mais si je me souviens bien ni Fayard ni Flammarion n’ont de patron(ne) et ça continue à tournerma voiture, t’enlèves la batterie, elle démarre pas !

L’inflation ne passera pas !

14/05

« […] l’écrivain ne considère pas ses travaux comme un moyen. Ils sont des buts en soi, ils sont si peu un moyen pour-lui-même et pour les autres qu’il sacrifie au besoin son existence à leur existence », Karl Marx, repris par Jorge Semprun in la préface de Nous autres d’Evgueni Zamiatine : « L’œuvre n’est jamais un moyen, mais un but en soi. Elle ne peut pas être instrumentalisée ; elle ne peut être conçue comme un`moyen mis au service d’une cause ; elle ne peut donc pas être jugée en fonction de son adéquation ou inadéquation à la ligne dominante du développement politique et social. »
Etrange tout de même l’idéalisme de ces deux matérialistes ! A moins qu’ils ne considèrent  comme « écrivains » que les écrivains et non pas les employés de l’industrie culturelle.

13/05

Le sexe des femmes*, Anne Akrich (Gallimard), consternant !

* si j’avais su que c’était une telle poubelle et, accessoirement, un cendrier,
je n’aurais pas été y jeter un œil (et le reste)… c’est dire !

Et si, à l’occasion de la formation du nouveau gouvernement, on entendait reparler de Sophie de Closets ! Ça étonnerait qui ?En tous les cas, pas moi.

12/05
 
Ecrire comme j’écris, faut pas croire, ce n’est pas facile, même moi, quelquefois, j’ai du mal.

09/05

Julia Deck vient d’obtenir le Prix Jean Freustié présidé par mon ami Olivier Mony, pour Monument national (Minuit). Toutes mes félicitations à l’heureuse récipiendaire (Putain ! 25 000 euros dans le nourin, c’est pas rien). Il se trouve que j’étais en train de lire Propriété privée de la même aux mêmes éditions et que j’en avais tiré quelques réflexions pas vraiment favorables à son égard. Les éditions de Minuit ont toujours eu un « style », c’est indéniable, le plus souvent le style chiant qui se la pète, il y  une clientèle pour ça (travaillant souvent et cela de manière étonnante, dans le domaine du confort psychologique). Il serait injuste d’affirmer qu’il a toujours été le même depuis la joyeuse époque du « nouveau roman » ; sans bouger de ses fondamentaux : « chiant un jour/chiant toujours ! », le style pratiqué par les auteurs Minuit a notablement évolué. Julia Deck en est un bon exemple, sans doute influencée par Jean Echenoz qui a été l’un des premiers à pratiquer la növlangue désormais en usage rue Bernard Palissy.
Ce n’est pas tout à fait du français à moins que l’on considère que c’est un français particulier, une sorte de patois professionnel à l’usage des bibliothécaires anciennes et des libraires débutants (ceux qui sautent directement du manga à POL après une étape polar). Ce n’est pas toujours incorrect, mais ça l’est souvent, assez contraint, maladroit, le choix des mots précautionneux est un peu déplacé. Ce qui semble important c’est que ça boite !
Exemples* : « pendant que le percolateur glougloutait sur le gaz » (glougloutait ? un percolateur sur le gaz ?) ; « Ainsi pouvait-on croire que, moi aussi, je fomentais des apéritifs » (fomentait, c’est sûr ?) ; « un vent fourbe s’abattait sur la ville » (fourbe, vraiment ?) ; « […] « aux vitres scarifiées par des centaines d’ongles acharnés, suintant l’haleine de toutes les bouches qui s’étaient tendues en vain l’une vers l’autre pour ne rencontrer qu »un mur de glace » (on s’y croirait, c’est une parloir de prison) ; « une brise agitait les détritus au fond de la tranchée » (si c’est une brise et si les détritus sont au fond de la tranchée, ça ne semble pas trop évident) ; « Nul ne pouvait s’en délecter à moins d’être ivre ou animé d’une motivation ultérieure » (What ?) ; « je me rappelais aussi toutes les fois où les Lecoq avaient enfreint notre espace vital, miné notre territoire » (enfreint ? miné ?) ; « il semblait endurer le poulet basquaise comme on purge une peine carcérale » (Waf ! Waf !).
Tout est comme ça (laissons de côté l’intrigue façon « rompol » abandonnée en cours de route), aussi pénible que d’écouter un chanteur au timbre désagréable alignant de perpétuelles fausses notes, mais, visiblement, nous ne sommes pas beaucoup à être dérangés ni même à le remarquer… peut-être l’obtention d’une scolarité  conventionnelle ? la propriété d’une oreille fonctionnelle ?

* les exemples n’ont pas été choisis avec soin, il est trop facile de massacrer un livre
avec les deux ou trois faiblesses qui traînent, mais
il s’agit là de prélèvements aléatoires censés rendre compte de l’ensemble.

08/05

C’est déjà bizarre, mais alors chez un bouquiniste
d’Arcizan-Dessus (65400), c’est carrément inouï.

A l’usage d’un romancier genre Minuit… en cas de refus, on pourra toujours tenter Le Dilettante.
Comme titre, je suggère : La vie de plain-pied ou bien Pavillon mitoyen.
Les conditions sont à négocier.

« Je lui avais dit de ne pas en prendre un trop musclé. S’ils sont trop musclés, ils passent leur temps à pousser de la fonte devant une glace dans un local à dominante orange et pour repeindre les plinthes, il ne faut pas y compter, ils récupèrent. Evidemment, elle ne m’a pas cru et elle est revenue avec un colosse. Il s’est fait une entorse du genou en posant une étagère dans la salle de bains. »

07/05

Chez Hachette, côté Qatar, toujours rien !

06/05

Il n’y a vraiment qu’un américain (feuilletez ! feuilletez !) pour écrire aussi bien sur New York… enfin ! ce n’est pas pour me vanter, mais la traduction n’est pas mauvaise, même Olivier Cohen l’a reconnu : « Pastiche éblouissant de ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans la littérature américaine » (en évitant, évidemment, de la publier).
Si j’avais été moins paresseux, j’aurais traduit les deux suivantsl’un où les Muscle Cars occupent le devant de la scène et l’autre sur l’après-11 septembre.
Evidemment, que Jacques Binsztok lâche l’affaire m’a conforté dans le confort de l’inaction.

Only the lonely

USH ! USH !

05/05

D avait acheté L’Ombilic des limbes pour la photo d’Artaud en couverture, je me demande si je ne vais pas emprunter un livre d’Anne Sexton… pour voir !

John Prine est à la chanson ce qu’Henri Calet est au récit.

« Le théâtre n’est pas un instrument révolutionnaire comme les autres… Il faut bien, en effet, constater que le théâtre qui se présente d’emblée comme révolutionnaire, qui culbute l’ordre des mots et celui des idées reçues d’une façon directement provocatrice, échoue dans son projet, par le simple fait que le public le refuse. Et qui ne refuserait d’entrer en relation avec celui qui s’approche en manifestant une intention d’agression caractérisée ? Le théâtre qui se présente sous les espèces du scandale est un théâtre vain parce qu’il s’enlève le moyen de toucher. » Michel Vinaver

Pareil pour la littérature et les Laura Vasquez, Guillaume Basquin, B.S. Johnson, Rolf Dieter Bruckman & Cieleurs intentions sont excellentes, sauf que la réalisation est chiante à mourir.
Chiant à mourir aussi Les jours enfuis de Jay McInerney (L’Olivier, 2016), franchement, je ne vois pas bien la différence avec Guillaume Musso, Harlequin ou un navet de Woody Allen… guère plus de goût quand on le vomit que lorsqu’on l’avale… chromos sculptés à la cuillère à soupe dans les rillettes du Mans (industrielles) ! Ne parlons pas de La fille de son père d’Anne Berest (Le Seuil, 2010) qui n’existe carrément pas (mais alors, côté carte, elle en a les mains pleines et, ce qui ne gâche rien, elle est très jolie). Comme le polar me gonfle copieux, il ne me reste pas grand chose… écouter John Prine et encore, comme j’ai oublié à peu près tout mon anglais, il faut que je cherche les paroles sur le Net.

STRIKE !

03/05

Le savoir c’est le pouvoir

Le pouvoir est dans la rue
(ou, plutôt, à la rue)


01/05

Pour ce jour anniversaire de la Fête du Travail où personne travaille, j’offre deux débuts de romans pouvant obtenir un certain succès si ce n’est un succès certain pour peu que ce ne soit pas moi qui les continue (ce à quoi je m’engage solennellement). N’importe qui peut s’en servir pour soutirer un à-valoir à un éditeur sans que je ne lui réclame  rien… un geste étant, tout de même, le bienvenu.

Nature writing

    – Je crois que les sangliers sont passés cette nuit.
    Elle n’a pas répondu. Le dos tourné, elle regardait le café passer.
    – Près du sapin, je sais pas pourquoi, ils aiment cet endroit.
    Il faut croire que les sangliers étaient casaniers comme eux-même l’étaient.
    – Je vais aller voir.
    Elle n’a rien dit. Il a mis ses bottes et il est sorti. Les dégâts n’étaient pas énormes. Il avait encore une bonne vue, quelquefois une ombre noire passait sur le côté de son œil gauche avant de disparaître, mais il pensait que c’était dû à une ancienne blessure. Quand il est rentré, elle faisait une réussite sur la table de la cuisine. Ensuite seulement, elle s’habillerait. Il s’est versé un bol de café, elle n’avait jamais su le faire, mais elle ne supportait pas qu’il touche à ses affaires et la cafetière en faisait partie. Quand il avait envie d’un bon café, il allait au bar où il n’était pas fameux non plus. Il avait pensé se mettre au thé, mais il n’aimait vraiment pas ça et il aurait fallu qu’il lui explique pourquoi il arrêtait de boire du café alors que ça faisait plus de vingt ans qu’il en buvait.

Secret de famille

La première fois que mon père m’a enfilé, j’avais huit ans. C’était rude. En orthographe, en revanche, je touchais ma bille. Tout à l’instinct. Les règles, je ne les connaissais pas vraiment ou alors très vaguement, mais l’orthographe, je maîtrisais à la perfection.

Les deux faisant la paire

La paire, y’en a pas deux

Comme seul le projet compte, pour une somme modique, je suis à la disposition de tout un chacun désirant publier pour fournir les accessoires nécessaires et suffisants : titre, sujet, plan, premières pages, etc…

29/04

En fait, ce prix France-Culture-Télérama, je ne le sentais pas, quand Elisabeth Samama (mon éditrice chez Fayard… virée depuis) m’a téléphoné pour m’annoncer que j’avais décroché le cocotier, j’ai répondu : « Merde » ! Seulement, vous savez ce que c’est… l’appât du gain… valet tournant, ça se refuse pas. Je me suis rendu compte plus tard que les 5 000 euros, c’était pour solde de tout compte ; le reste : les discours, le champagne, c’était la canne à pêche et le vélo électrique que l’on offre au type qui part à la retraite.

L’ambiance aurait dû me mettre la puce à l’oreille

Pour Mailer, je savais pas, mais bon…

28/04

Tout est relatif ! Comme on dit…

3,12 millions de dollars

un peu moins.

Et bien…

Voilà ! Voilà !

27/04

Enfin !

J’y cours ! J’y vole ! J’y bondis !

22/04

Et voilà !

L’une des deux maisons d’édition chez qui
j’aurais été fier de publier ferme l’ombrelle !

21/04

Nous sommes bien d’accord,

mais la disparition de la langue dans laquelle
Gilles Deleuze s’exprime, c’est le signe de quoi ?

Pensez avant de parler/Lisez avant de penser (Pauvert) de Fran Lebowitz, c’est aussi drôle que les sketches de Blanche Gardin, je doute cependant que les textes de Blanche Gardin soient, un jour ou l’autre, publiés aux Etats Unis.

20/04

La devise des éditions ¡Anda!
« Vite, c’est bien, juste, c’est mieux. »
(Wyatt Earp)

15/04

Des fois, quand même, on se dit
qu’il y en a qui en prennent de la bonne

14/04

A quoi rêvent les jeunes filles ?

Auteurs = clochards

Les éditions ¡Anda!

DIRECT
du producteur au consommateur

11/04

Tout ça pour ça !

Jusqu’il y a peu, la part de l’auteur était égale à 10% du prix HT, il semblerait que ce ne soit, désormais, plus le cas. Curieux de constater que ceux qui créent la richesse sont ceux qui prennent 20% dans les gencives (sans sourciller) !

10/04

Caïn ! Caïn !

J’ai l’algorythme dans la peau

Il n’y a plus de secrétaires de rédaction dans la presse, plus de correcteurs dans l’édition, les traducteurs utilisent des logiciels de traduction automatique ; c’est pas la peine de faire les malins, les machines ont gagné, nul doute qu’un jour, avec l’aide de Wikipédia, elles pourront écrire un livre de la première à la dernière ligne sans que les éditeurs aient besoin d’avoir recours à des auteurs en chair et en os. Dès à présent, ces derniers semblent avoir été clonés (ils ont souvent fait les mêmes études et sont presque toujours issus de la même classe sociale), sans surprise, ils produisent des livres qui se ressemblent comme deux boites de Campbell Soup.
Je me suis dernièrement obligé à finir Le voyant d’Etampes (Les éditions de l’Observatoire) que j’avais laissé tomber à sa parution et ce dès les premières pages (déjà lu cent fois… merde !). Ce livre a obtenu un succès notable, il a remporté le Prix de Flore et celui de la Maison rouge (cela semble naturel dans la mesure où les membres de ces deux institutions que l’on peut physiquement assez mal distinguer de leurs lauréats sont parfaitement interchangeables intellectuellement), il me semble l’exemple même de l’artefact reproductible sans beaucoup de difficultés par une machine. L’Houellebecq et son usage des adverbes ne doit pas être trop difficile à mettre en abscisses et en ordonnées, pour le sujet, les unes des hebdomadaires polychromes suffisent amplement et les clichés journalistiques à propos de ce qui a occupé l’opinion quelques semaines pourront être reproduits après que l’on ait étudié à quelle catégorie de population le produit est censé s’adresser. Comme les hebdomadaires à destination des touaregs d’open-space ne sont pas très éloignés ni dans leur style ni dans les opinions qu’ils véhiculent, le logiciel pourra alterner les quelques différences qui subsistent comme le tartre au fond du beaujo’-bio afin d’intéresser aussi bien le prof de fac à l’approche de la retraite (Mélenchon) que le coach d’entreprise débutant (Macron). A chaque « changement » de direction du texte, on se reportera aux pages de Wikipédia adéquates en essayant de les recopier soigneusement et en les parsemant des quelques phares et balises à la Easton Ellis censés capturer l’esprit de l’époque.
Comme Abel Quentin n’est pas aussi parfait qu’un réplicant et qu’il n’a pas été relu attentivement par un logiciel haut-de-gamme, il lui arrive de faire quelques erreurs (John Lydon, le chanteur de Sex Pistols n’est pas mort, c’est Sid Vicious, le bassiste qui a passé l’arme à gauche), quelques approximations (James Baldwin a certes été approché par Elijah Muhammad, mais il n’a jamais été membre de la Nation of Islam, il s’en est expliqué dans un très long article paru dans le New Yorker du 9 novembre 1962 :  Letter from a region in my mind ; il faudrait vérifier que Malcom X a personnellement « invité » des membres du parti nazi américain à l’un de ses meetings), quelques inexactitudes (« Red Hot Chilly Peppers »), quelques négligences (« la petite Twingo », « la consommation de viandes carnées »), mais il n’empêche  qu’il est sur la bonne voie, même si l’intrigue est faible (à peu près du niveau des Paul Kenny de chez Emmaüs), c’est de peu d’importance puisque l’absence d’originalité de sa narration est tout à fait assurée et qu’il montre déjà une qualité essentielle : il parle la même langue que ses collègues (comme il n’en parle pas d’autre, il fait parler à ses personnages le même espéranto émaillé de quelques tics censés être ceux de leur catégorie sociologique). En guise de bonus, son appartenance sociale (avocat d’affaires) a été adoubée par le milieu d’autant plus volontiers qu’il est l’époux de l’une des sœurs Berest, les rivales des Tuil et consorts.
Comme on dit, il coche toutes cases (ou pas loin).

MAIS

Et, c’est bien là où les athéniens s’atteignent et les croisés passent par la fenêtre, tous ces livres dérivés de la sociologie la plus crétine sont les surgeons actuels du bon vieux roman à thèse… du réalisme-capitaliste… de l’André Stil revisité ! Il suffit de remplacer la loco par l’IPad™, le charbon par l’éolienne, le docker par le manager, la grève par le woke, Staline par Obama et Fougeron par Kader Attia pour tomber sur le même feuilleton taillé pour le Reader’s Digest.

05/04

Retrouvé Bienvenue dans un monde inutile de Philippe Nassif (Denoël, 2002), c’est « daté » (forcément), mais ça se relit avec plaisir, ça vaut largement Pensez avant de parler Lisez avant de penser de Fran Lebowitz (Pauvert, 2022) dont on nous fait tout un foin.

02/04

Hier, j’ai envoyé ça aux « médias », je me demande si j’ai bien choisi la date.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Virginie Despentes, Joël Dicker, Kylian Mbappé, Riad Sattouf, Éric Zemmour ont créé leur maison d’édition.
Tout le monde veut éditer les mêmes livres que tout le monde alors qu’il n’y a plus d’édition possible ni guère de lecteurs. 
Et alors ?
Et alors, tout le monde se fout le doigt dans l’œil !

Sauf les éditions ¡Anda! qui publieront gratuitement un seul auteur : Frédéric Roux.

Entre succès relatifs : L’Hiver indien (Prix Carte noire, 2008), Alias Ali (Prix France Culture – Télérama, 2013) et flops tonitruants, Frédéric Roux a publié une vingtaine de livres chez une quinzaine d’éditeurs, il lui est arrivé d’être considéré comme “l’un des écrivains le plus injustement méconnu de sa génération” ou même comme “un grand écrivain tout court”.

Les éditions ¡Anda! publient à la rentrée littéraire 2022 Le livre des mille et une reprises, un monstre de plus de deux millions de signes. Cet abécédaire – qui n’en est pas un – s’ouvre sur “abandon” et finit par “zoo”. Dans la sarabande échevelée de ses mille et une entrées, on croise Mouammar Kadhafi et Karl Lagerfeld, Sir Arthur Conan Doyle et Frank Costello et même des boxeurs, les vedettes (Robinson, Ali, Tyson) comme les laissés-pour-compte (Shazzon Bradley, Candy Slim, le fils, le frère et le neveu de Marcel Cerdan).

Le livre des mille et une reprises est un objet POP débarrassé des conventions narratives ordinaires : un sujet, une intrigue, un début, une fin. Sans se priver des figures importées d’ailleurs (le collage et le montage), ce(s) texte(s) propose(nt) d’égarer le lecteur dans un labyrinthe où la sociologie fricote avec la critique littéraire (Hemingway, Carol Oates, mais aussi Bertolt Brecht et Lord Byron), cinématographique (Houston, Kubrick, Kuosmanen plus qu’Eastwood ou Scorcese), musicale (Miles Davis aussi bien que Warren Zevon) et où la poésie (Guillaume Apollinaire, Arthur Cravan, Laurent Tailhade) violente l’érudition.

Bientôt – à suivre – un entretien avec l’auteur.

Frédéric Roux & les éditions ¡Anda!

01/04

La marité étant trop belle…

La parité ne passera pas !

Pour une plus « large » audience…

écartez vos cuisses davantage.
(cf le 18/04/2021)

C’est la panique chez Editis

Chez ¡Anda!, c’est calme.

31/03

Merci pour les licencié(es), pour les découragé(e)s
et puis, surtout, merci de nous laisser dans la merde !

Je vais la leur mettre jusqu’à la garde

Yo también

30/03

Rentrée littéraire 2022

C’est parti !

Papa est mort, Maman a le cancer (du sein), le chômage menace, l’EHPAD approche, l’IPad est en carafe, l’analyste rôde, l’immigré s’infiltre, Chloé fait son coming-out et Bébert se drogue !

29/03

Chez Hachette, on panique !

Chez ¡Anda!

On reste calme

26/03

Et 10 de rab’

pour les immortels

25/03

Les édition ¡Anda!
Toujours à l’équilibre
(forcément, c’est gratuit)

Ce qui est difficile à faire comprendre aux gens pas très doués en arithmétique c’est qu’un best-seller peut faire perdre de l’argent à un éditeur (celui qui l’a payé trop cher par exemple).
C’est la formule que l’on apprend en CM 1 : PV – PA = B (ou P, c’est selon). PV, c’est le prix de vente, PA, le prix d’achat, B, c’est le bénéfice, P, les pertes.

Personnellement, j’m’en fous !
T’as vu le cul de ma meuf ?

Ceux qui croient écrire et qui sont écrits.

24/03

Rendez-vous en 2023

Cette année encore, ils ne (me) font pas vraiment envie…
je passe !

21/03

Philippe Nassif s’est donné la mort (comme si on pouvait se la prêter) vendredi. Il avait l’âge de mes enfants, il était même plus jeune que mon fils aîné, il faisait partie de cette génération (Allary, Braunstein, Pépin, Sebban) qui – fin du siècle dernier – cherchait des plans et a fini par trouver des combines en-deça de ses rêves. Il était très doux, un peu perché, il s’intéressait à des choses n’ayant aucun rapport les unes avec les autres en essayant de les faire tenir ensemble comme un enfant construit une tour en cubes… jusqu’à ce qu’elle s’écroule et que ça le fasse rire et battre des mains et recommencer, je l’avais croisé quelques fois lorsqu’il travaillait à Technikart, il avait défendu Ring face à Constance Chaillet et Jean-François Kervéan lors d’une émission de télévision sur Paris Première, c’était comme si on avait lâché un labrador en face de deux pit-bulls, il m’avait dit avoir regretté son manque d’agressivité, je lui avais dit qu’il ne fallait pas. C’est peu, mais sa mort me touche davantage.

D’autres ont trouvé le moyen de faire tenir leur
Tour de Babil droite… il n’est pas dit – pour autant –
qu’ils soient de bien meilleurs architectes

18/03

Propagande vs propagande, on verra qui vaincra, ce qui est sûr, c’est que Marina les a bien accrochées et que Frédéric Beigbeder est notre nouveau Jean-Paul Sartre (et ce n’est pas rassurant).

Kerouac sans le folklore et sa belle gueule, c’est vraiment pas grand-chose. Enfin… il est né à Lowell (Massachusetts) comme Micky Ward… alors, dans ces conditions, revenons à nos moutons !

Ward (Micky)

Micky Ward n’a jamais été un boxeur très brillant, c’était un Diesel, lent à démarrer, mais il était solide (comme un Diesel d’antan), vaillant au-delà de ce qui est permis, opiniâtre avec l’un des meilleurs crochets gauches au corps capable de stopper un 30 tonnes (Diesel) lancé à pleine vitesse.
            Sa carrière commence plutôt bien, il gagne ses quatorze premiers combats et puis la machine s’enraye (l’injecteur), sa carrière s’enlise (la vanne EGR), mais à force de volonté, motivé par son demi-frère, il repart à la guerre, il perd, il saigne, il gagne, il saigne. Il avance même sans donner de coups, mais il avance, de quoi décourager les esprits les plus faibles et pour les autres : crochet du gauche au corps !
            Archi-dominé par Zab Judah bien trop bon boxeur pour lui… « Mais pourquoi ce type veut pas se battre ? » Ward restera dans l’histoire pour les trois combats qui l’opposeront à son « double », Arturo Gatti… « J’ai toujours rêvé de boxer mon frère jumeau, je l’ai trouvé ! » dira de lui l’Italo-Canadien. Ward gagnera leur première rencontre après une féroce bataille qui les conduira directement à l’hôpital (consignés dans la même chambre, ils déconnent ensemble comme des mômes en colonie de vacances). D’après Emanuel Steward, le « round du siècle » pourrait bien être le 9e round de ce combat, Jim Lampley ira encore plus loin : « Ce combat peut prétendre être le combat de l’année*, mais je ne sais pas s’il ne peut pas prétendre être le combat du siècle ! » Arturo Gatti gagnera nettement les deux suivants aux points, le dernier sera lui aussi nommé combat de l’année par Ring Magazine ; Micky Ward sera donc le seul boxeur à l’affiche de trois combats de l’année de suite puisque sa rencontre avec Emanuel Augustus avait été distinguée en 2001.
            Micky Ward habite toujours à Lowell (la ville où est né Jack Kerouac) où il s’occupe d’un gymnase et d’une patinoire, il est toujours marié avec Charlene Fleming, son premier amour, ils ont un pékinois, un saint-bernard, un mastiff anglais et vivent avec Kasie, l’une de sœurs de Micky… Même le joint de culasse coulé, le Diesel n’a pas perdu son sens de l’humour : « J’veux bien faire don de mon cerveau à la science… il est tout neuf… j’m’en suis jamais servi ! »

* Il le sera et le 9e round sera le round de l’année.

Quoi ma gueule ?
Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?

17/03

On accole toujours « breton » à Vincent Bolloré (l’homme d’affaires breton, le capitaliste breton, le milliardaire breton) comme si son origine rendait « l’ogre Bolloré » plus menaçant encore alors que l’on se soucie peu de ce que le Qatar soit le premier actionnaire d’Hachette. Cela devrait pourtant inquiéter les fanatiques de la liberté d’expression, peu de chances, par exemple, de voir publier chez Marabout, Larousse, Armand Colin, Stock, Jean-Claude Lattès, Hatier, Grasset, Fayard, Dunod, Calmann-Lévy, Mille et une nuits, etc un livre « critique » sur la prochaine coupe du monde de football qui se jouera sur des pelouses enrichies de cadavres.

Ni breton
Ni qatari

15/03

Au bout du tunnel, la lumière !

14/03

Pour se rincer la bouche, on relit Artaud (Antonin) : « Toute l’écriture est de la cochonnerie. Les gens qui sortent du vague pour essayer de préciser quoi que ce soit de ce qui se passe dans leurs pensées sont des cochons. Toute la gent littéraire est cochonne, et spécialement celle de ce temps-ci » (Le Pèse-Nerfs, 1925).

Il ne connaissait pas celle de ce temps-là

12/03

Hier, je me faisais une joie d’assister à la présentation du dernier livre* de Frédéric Beigbeder à l’espace Cultura de Pau. Un type qui se prend pour Mallarmé depuis qu’il a découvert le double interlignage et le retour à la ligne et compare Benoît Bartherotte (quelques milliers de type au chômage après sa reprise des chantiers de La Ciotat et 15 ans d’interdiction de gérer une entreprise) à Marc Aurèle m’intéresse énormément, surtout s’il a publié entre temps une formidable tribune (Adresse à mes amis oligarques russes) à propos du conflit russo-ukrainien (en gros, c’était quand même plus sympa quand on pouvait se taper des putes tous ensemble) dans La Règle du Jeu dont j’ai toujours aimé l’élégance.
A peine installé, je ne me sens pas très bien, mal au ventre, sueurs froides, je suis obligé de sortir et je m’en vais vomir (ça faisait bien un demi-siècle que je n’avais pas vomi) dans une poubelle du centre commercial. Je suis rentré chez moi en marchant comme un vieillard tout en regrettant d’avoir, encore, raté un geste qui m’aurait rendu semi-célèbre : vomir sur les genoux de Frédéric Beigbeder.
Evidemment ni Beigbeder ni la littérature ne sont la cause de ce malaise (peut-être une coquille Saint-Jacques pas fraîche), mais j’ai tendance à y voir comme un signe.

Un barrage contre l’Atlantique (Grasset), celui dressé à la pointe du Cap Ferret
par Benoît Bartherotte pour défendre ses cabanes louées 10 000 euros la semaine,
Beigbeder, qui n’en rate pas une, compare son domaine à un « camp de réfugiés politiques ».

Y’a un truc qui passe pas !

Mieux que l’Imodium
 les éditions ¡ Anda !
suppriment instantanément
nausées  & diarrhées

11/03

Depuis longtemps, je me demande quelle lâcheté a bien pu commettre Régis Debray pour réclamer à ceux qui ont encore la patience de l’écouter l’exercice du courage qu’il s’attribue.

Le fils Bolloré a décidé de ratisser large

mais il n’aura pas les éditions ¡ Anda !

10/03

L’intellectuel a tendance à mettre la main sur le ballon
[Bourdieu (Pierre) – Roux (Frédéric)]
sans qu’on ne lui ait rien demandé

09/03

Au lieu de se laisser bercer (berner) par les uns et par les autres, il serait sans doute temps de relire La fin de l’homme rouge de Svetlana Alexievitch (Actes Sud), ne serait-ce que pour comprendre qu’il y a des fins qui ne sont pas LA fin.

Bientôt sur vos écrans
les éditions ¡ ANDA !

08/03

Je me souviens avoir été « l’invité-surprise » de Ça balance pas mal à Paris pour La classe et les vertus, Christophe Bourseiller avait intelligemment parlé à ce propos de L’éclat et la blancheur de Walter Lewino (coupé au montage) ; Arnaud Viviant avait prudemment fermé sa gueule ; Géraldine Maillet, aussi (elle ne l’avait, soi-disant, pas lu) ; Gaël Tchakaloff était chargée du dézinguage. Quelque chose me fascinait en elle : sa ressemblance avec Marion Maréchal-Le Pen (j’ai une tendance à trouver des ressemblances que personne trouve évidentes). A la fin de la séquence, je l’ai longuement prise dans mes bras, elle m’a laissé faire (à ce que j’ai pu en juger, elle n’avait pas l’air contre), j’avais décidé de lui rouler une pelle, mais je me suis dégonflé.

A la prochaine…

07/03

Bientôt sur vos écrans
les éditions ¡ ANDA !


06/03

J’ai, récemment, appris la mort de Serge Lentz, c’est à dire tardivement, visiblement un peu comme tout le monde. Je le connaissais vaguement, il m’avait écrit une lettre d’admiration après que j’ai publié Lève ton gauche ! D’après lui, j’étais un écrivain (et des meilleurs) alors qu’il n’était qu’un raconteur d’histoires. « Raconteur d’histoires », je veux bien le croire, « écrivain »… comparé aux collègues, c’est sûr, considéré, on verra ! Nous nous sommes vus plusieurs fois ensuite, mais je crois que ma désinvolture le décevait, je ne comprenais pas vraiment l’intérêt qu’il me portait, chacun ennuyait l’autre. J’ai déjeuné chez lui, l’avocat était congelé, la crevette comme un arrière-goût, Il est venu dîner rue Saint Charles, il faisait un froid de canard dans l’atelier, pour un natif de l’Est, il semblait frileux ; j’ai fait l’effort de lui téléphoner lorsque je me suis retrouvé sur la liste de l’Interallié, il ne m’a pas semblé très décidé à m’appuyer et je n’étais pas persuadé que cela changerait quoi que ce soit à la décision du jury qui devait déjà être acquise. Le tour suivant, j’avais disparu et – maintenant – lui aussi.

05/03

Ego sum qui sum

Je me souviens avoir dédié Ring (Grasset, 2004)
AuxModern Lovers, aux femâles et à Stéphanie de Monaco.

Impavidum ferient ruinæ

04/03

Reçu par la Poste…

c’est vite dit !

03/03

LE SIGNAL

J’ai écrit le texte ci-dessous sous le pseudonyme de Smokin’ « Red » Napoléon à l’occasion d’une exposition de Présence Panchounette à Sète, il a été publié en octobre 1989 dans un numéro spécial du Supplément culturel d’un journal qui n’existe pas (éditions Galerie de Paris)

RESTE*

• La plus faible partie par rapport à un tout
• La plus grande partie à l’exclusion d’une petite quantité
• Ce qui est en surplus
• Ce qui subsiste

Le moi est haïssable… mais il s’agit de celui des autres.
Paul Valér

Lorsque l’on a fait faillite, quand sa femme est morte, on déménage. Ça n’est pas un déménagement ordinaire comme lorsque l’on quitte un appartement pour en prendre un autre, c’est le dernier. On part en maison de retraite ou chez ses enfants qui habitent à Grenoble.
On vide tout, soigneusement, il faut laisser la place nette et tout emporter ou tout vendre. Les meubles et la vaisselle emballés, jusqu’au blaireau qui perd ses poils et au produit vaisselle entamé, on trie les papiers, les bulletins de salaire du temps où l’on était en usine, les avis de l’URSSAF, les quittances. Le ferrailleur est passé, pour deux cents francs il a emporté un vieux buffet dont la belle-fille n’avait pas l’utilité, un édredon avec des marques de cigarette, une horloge, une collection complète de Science et Vie, un lampadaire avec un abat-jour en parchemin que l’on avait acheté au marché aux puces, des bouteilles vides, les unes avec étoiles, les autres sans, et un sèche-bouteilles.
Dans le fond du tiroir d’une commode il y a sous des bouts de ficelle et un écheveau de fil de pêche les photos dans une boîte de petits-beurre nantais. On les laisse tomber comme les cartes que l’on compte, la grand-tante avec les bœufs et le joug, le jour où l’on avait pris une daurade comack, une première communion, un mariage, ceux qui vous ont quitté, ceux que l’on a perdus de vue, Henri qui faisait le malin avec une moustache en varech. Le couvercle de la boîte joint mal. Il faut fermer le compteur et revenir demain faire le ménage pour la jeune fille de l’agence qui l’a demandé. On vous attend dans la voiture, le coffre est plein de saloperies et il y a juste la place à vos pieds pour la boîte en fer.
Il reste dans le désert ce dont personne n’a voulu, des éclats de bois, de la poussière et les étiquettes en plastique des cigarettes, les Balto, les Week-End, les Marigny, les Parisiennes, les Viceroy qui ne se vendaient pas et toutes les autres avec les prix imprimés grenat sur jaune qu’il fallait changer en permanence.

On ne reviendra pas demain, pour ne pas voir les voisins, pour éviter les questions et les sous-entendus ou parce que l’on a la flemme et il restera ces quelques ruines terribles dont personne n’a voulu car on ne pouvait pas même en tirer vingt ronds, ce sont des ordures propres, des choses sans intérêt. Ou bien si l’on revient pour dire au-revoir à la voisine que l’on regardait il y a quarante ans en combinaison en se disant qu’elle devait avoir une sacrée paire de nichons et qui n’a plus que deux bosses juste au-dessus des poches de son tablier, on contemple le résultat, ce qui reste de soi. Tout ce que l’on a emporté, à peu de choses près, la qualité, la quantité, d’autres auraient pu l’emporter, ça n’est rien.
Ce que l’on ne peut pas emporter est là, prisonnier entre un panneau d’Isorel, du papier peint qui fout le camp, et deux étagères déglinguées. C’est de l’air, des souvenirs et des débris minuscules le long des plinthes, la crasse des choses, l’air que l’on ne respirait que là, les relents de la cour compris. On a tout pu emporter et tout reste, l’endroit où l’on mettait sa chaise que deux marques dans le lino signalent, celui des cartons de gauloises qui, à force, à plié les liteaux de l’échafaudage de fortune.
Ce qui est de trop dans cet endroit c’est son squelette, ses mains ouvertes sur le pantalon et son air ahuri à découvrir ce cagibi si vaste. Le balai on le laisse, l’agence s’arrangera, on part crever dans le Nord, raconter à des types sur des bancs la sardine et le turbot.
Ce qui restera, c’est trois fois rien, le voisin à qui manque le tireur pour les boules, qui par réflexe pousse la porte pour acheter les Malabar au neveu. « Merde ! ça doit lui faire un drôle d’effet la montagne, lui qui pouvait pas monter la rue », « Il ne s’habituera pas ». Des propos comme ça.
Les décombres de sa vie partiront après lui, avec les gravats, le sel des murs et l’évier.
Ce qui ferait une bonne chute à l’histoire c’est que des gens de Grenoble viennent passer leurs vacances la première année et que ça leur plaise le studio équipé, bien que ça soit un peu éloigné des commerces et que les prix… d’accord ! Le chien, lui, aboie. Il crèvera aussi.

02/03


Bientôt sur vos écrans
les éditions ¡ ANDA !

¡ Adelante !


23/02

Ça n’a rien à foutre là, c’était enfoui jusqu’à présent dans la rubrique Inédits, mais je ne résiste pas au plaisir de ressortir du placard ce texte écrit il y a vingt ans.

LES DESCHIENS SONT LACHES, IL FAUT LES BOIRE !

En tant que membre de la lumpen intelligentsia et donc à la lisière de la reconnaissance (artiste dilettante, auteur incertain, journaliste à temps perdu, anciennement licencié sans cause réelle ni sérieuse par un hebdomadaire de gauche et récemment licencié par un conseil d’administration socialiste), je ne peux qu’être tenté de joindre mon filet de voix au concert tonitruant donné par les vingt millions d’analystes politiques dont nous avons hérité au soir du 21 avril.
J’admets volontiers que ceux qui se sont le plus lourdement trompés hier sont qualifiés d’office pour être les plus écoutés aujourd’hui, et je n’ignore pas que la rengaine que l’on veut entendre est la plus mélodieuse ; j’essaierai donc, en toute modestie, de prendre le risque de la plus extrême modération et même celui du bon sens, ce qui sera, en cette période où l’intelligence critique est aussi troublée que ses repères, pris pour une grinçante cacophonie.
La plus grande tentation de la démocratie est de ne pas l’être (démocratique) ; des effets fort peu démocratiques peuvent survenir d’une consultation démocratique ; sont-ce des raisons suffisantes pour vouloir dissoudre le peuple chaque fois que son vote déplaît aux élites qui le consultent ?
Culpabiliser tous ceux qui se sont abstenus, tous ceux qui ont voté Atchoum, Grincheux, Simplette, Dur de mèche ou Buste à pattes est coupable ; suivant le stupide principe démocratique  qu’il faut de tout pour faire un monde, que chacun a ses raisons que la raison ne connaît pas, et que tous les goûts sont dans la nature, il y aura toujours des nostalgiques de la schlague, de Staline (surtout les Trotskistes) et de l’encre violette, des fervents du Mandarom et des amateurs de boniments pour ne pas voter comme il faut. Il faut sinon revenir au candidat unique.
Avoir honte de la France ne veut pas dire grand-chose (Qui c’est la France ?).
S’imaginer que deux personnes que l’on croise sur dix ont voté Front national est stupide : deux dixièmes de chaque électeur ont voté Front national, exceptionnellement moins pour certains qui ont pourtant voté Front national et souvent davantage pour d’autres qui n’ont pas voté Front national.
Se laver les mains dans l’ignominie supposée des autres pour oublier la sienne est ignoble ; l’emploi de vocables grandiloquents, grotesque, et la convocation de situations passées douloureuses, indécente.
Il n’y a pas très longtemps encore, il était d’usage de penser chez des gens fort instruits que Mitterrand était socialiste, Bernard Tapie plutôt honnête, que Chirac allait réduire la fracture sociale, Christian Blanc sauver l’emploi des cadres moyens et même que Jack Lang, secondé par Patrick Bouchain, allait apprendre à lire aux enfants en leur faisant construire des cabanes dans les cours de récréation, pourquoi donc reprocherait-on aux ignorants de voter pour un démagogue qui va faire augmenter le prix de la barrette et du pack de douze ?
Les gens qui ont voté Le Pen n’ont pas voté Le Pen pour ne pas voter Le Pen ; ils ont juste voté Le Pen.
Jean Marie Le Pen est le seul homme public qui parle politiquement de la réalité telle que le vulgaire peut l’appréhender vulgairement, mais aussi telle qu’elle existe réellement, et qui lui promette un avenir qui lui semble envisageable.
Jean Marie Le Pen n’a jamais été invité par Ardisson, Drucker et consorts pour communiquer au peuple son avis sur la fellation et la sodomie (on peut juste supposer qu’il est pour sa pratique en privé, mais qu’il s’y déclarerait opposé en public), il ne communique donc que du politique, contrairement à d’autres qui ne communiquent que de la communication. On peut comparer l’efficacité des deux méthodes.
Que ceux qui ne sont pas imposables voient comme une mesure positive la suppression de l’impôt sur le revenu en dit long sur la rationalité de leur vote, qu’on ne leur explique pas que cela les appauvrira automatiquement en dit long sur la confiance que l’on place en leur raison.
Jean Marie Le Pen a fait une très bonne campagne au premier tour.
On peut perdre par KO, aux points, mais aussi par abandon, Jacques Chirac a donc perdu son débat contre Jean Marie Le Pen par abandon.
Les médias font monter la cote de Jean Marie Le Pen à proportion des efforts qu’ils déploient pour la faire baisser.
Les médias font de gros efforts pour faire baisser la cote de Jean Marie Le Pen, jusqu’à diffuser des sondages qu’ils savent faux.
Bien que n’étant pas un candidat de second tour, Jean Marie Le Pen fera un bien meilleur score que ceux dont il est crédité par les sondages. Ça fera une «grosse surprise » pour le soir du second tour, et bicher tous ceux dont le phantasme est qu’il arrive en tête.
Jane Birkin agrippée à une pancarte agace le métallo qui n’arrive pas non plus à croire que Mazarine Pingeot et Pierre Bergé veulent son bien.
Il ne faudrait pas en déduire que le métallo est nécessairement limité intellectuellement.
Le mépris pour ceux qui ne maîtrisent pas la dernière version de Word, qui ne savent pas ce que veut dire « start-up », qui n’ont pas les mêmes goûts littéraires qu’Arnaud Viviant, ne se chaussent pas chez Prada et n’en ont pas l’intention même s’ils gagnent au Loto, dont les enfants ont les dents en mauvais état et de la cellulite à l’intérieur des cuisses, dont la voiture ne démarre pas le matin, qui ne comprennent pas pourquoi Guillaume Dustan porte sa perruque de traviole, qui ne savent pas à quoi ressemble agnès b., c’est la haine de classe.
Les pauvres, on les hait parce qu’ils sont laids.
Les racistes qui ont un Arabe comme voisin de palier sont moins racistes que les anti-racistes.
Le prolétariat, rendu invisible aux pas très bien voyants par ceux qui avaient quelque intérêt à dissimuler sa présence, a refait son apparition… chez les contre-révolutionnaires ! Ça lui est déjà arrivé, et ça ne lui a pas porté bonheur, pas plus d’ailleurs que de pencher de l’autre bord, mais comme le prolétariat est joueur, il veut jouer encore.
Pour tout cela, et parce que placer Chirac, qui n’en a pas l’envergure, en position gaullienne est un problème d’importance, que la classe politique n’a toujours rien compris, contrairement à ce que voudrait faire croire son hypocrite contrition publique, puisque les abonnés de la gamelle, qui préféreront toujours leur intérêt à leur honneur, se frottent déjà les menottes à l’idée des futures triangulaires, après m’être abstenu au premier tour, je voterai Christiane Taubira au second tour.
Tous les citoyens responsables en feront autant.

TROP DE BOLLORE
PAS ASSEZ DE PAPIER

Les manars d’Emmaüs sont plus au fait
de la réalité que les Bolloré & consorts

14/01

De gauche à droite
Fabienne Pascaud (Télérama)
MOI
Sandrine Treiner (France-Culture)
Olivier Nora (Grasset Fayard)

En juillet 2018, France Culture consacrait une Grande Traversée à Muhammad Ali. Quelques années auparavant Sandrine Treiner m’avait remis le Prix France Culture/Télérama pour Alias Ali (comme son nom ne l’indique pas, une biographie de Muhammad Ali) ; il n’a pas semblé bon à la directrice de France Culture de m’informer de ses intentions (elle n’était pas obligée de le faire), elle a préféré s’adresser à Judith Perrignon qui, a priori, n’y connaissait que dalle, en l’occurrence, son ignorance la rendait parfaitement légitime et mes connaissances totalement rédhibitoires.
Why not ?

Un peu vexé sans doute, j’ai écrit un petit texte (cf ci-dessous Mycologie) sur cette Grande Traversée, par ailleurs sans grand intérêt. Il m’a semblé avoir pris l’affaire avec le sourire (certains ont trouvé que ce n’était pas le cas), toujours est-il que je n’avais rien à reprocher à cette brave Judith Perrignon : je ne vois pas au nom de quoi cette journaliste aurait refusé le chantier dont elle s’était sortie comme elle avait pu (mal) ; si j’avais eu des reproches à adresser, cela aurait plutôt été à Sandrine Treiner qui en avait eu l’idée, et l’idée de le lui proposer, mais peut-être un jour décrochera-t-elle son téléphone pour me proposer un sujet sur la guerre du Liban, la déforestation en Amazonie ou le recul des glaciers dans les Alpes, alors… prudence !
Toujours est-il que cette Grande Traversée a semblé si formidable à Christophe Bataille (qui s’y connaît en boxe comme moi en Khmer rouge) qu’il a proposé à Judith Perrignon (la drôlesse a le cul bordé de médailles et sa sœur travaille chez… Grasset !) d’en faire un livre chez… Grasset : L’Insoumis. Là encore, personne n’a trouvé utile de m’informer.
Why not ?
Personne n’est obligé d’être poli et c’est un type élevé par un berger allemand de la Wehrmacht qui vous le dit.
Signé chez Grasset, Alias Ali avait été publié chez Fayard (cf le 10/01), on aurait – pourtant – pu penser que… eh bien, non !
Si L’Insoumis (paru fin 2019) n’est pas beaucoup plus intéressant que la Grande Traversée, il m’intéressait, tout de même, au premier chef : j’avais écrit un livre sur le même sujet.
Le livre de Judith Perrignon est plutôt médiocre, il reprend tous les clichés possibles et imaginables sur Ali, ce qui a suffi à déclencher l’admiration des admirateurs automatiques, ce n’est pas très grave, ce qui l’est davantage, c’est la suite ; que Judith Perrignon ne soit pas un très bon écrivain… on ne le lui demande pas, elle n’écrit pas, elle tape à la machine comme aurait dit l’autre ; qu’elle ne soit pas une bonne journaliste, c’est ennuyeux lorsque l’on en fait office. Pour faire ce travail (historien, un peu, documentaliste, davantage) correctement, il suffit de respecter quelques principes de base : croiser les infos par exemple et ne pas croire ceux que l’on rencontre et qui ont tout intérêt à mentir.
La bibliographie de L’Insoumis compte six ouvrages (la bibliographie de La boxe mode d’emploi compte 300 entrées) dont un ouvrage de propagande de la Nation de l’Islam (sic), et c’est là où le bât blesse : L’Insoumis entérine plus ou moins la version de l’assassinat de Malcom X racontée par les assassins de Malcom X. Voir publiée par Grasset une version révisionniste de l’affaire par des anti-sémites notoires est plutôt croquignolet, surtout si l’on pense que cela aurait pu être évité en se référant à un livre publié quelques années plus tôt par une maison dirigée par la même personne, en l’occurrence, Olivier Nora, très choqué que mon épouse traite Judith Perrignon de « connasse » dans Mycologie, mais pas tellement qu’on lui fourgue un texte pour le moins discutable…

Et Moix !
Et Moix !
Et Moix !

En cadeau Bonux, pour changer un peu du reportage à la guimauve tiède diffusé par Arte ces derniers jours, j’ai joint l’article publié par l’Equipe Magazine à la mort de Muhammad Ali. Il a été publié intégralement, exception faite de la citation de Joyce Carol Oates… on se demande bien pourquoi.

Mycologie

« Expédiez-le au tapis autant de fois que vous voulez,
il se relèvera, chaque fois, avec cette lueur dans les yeux
qui signifie que le combat vient juste de commencer. »

Norman Mailer

Cet été-là, il avait beaucoup plu, Macho Man a planté sa Jaguar dans un tas de gravier guère plus haut qu’un château de sable et Judith Perrignon a réalisé pour France Culture cinq émissions de deux heures sur Muhammad Ali.

Quelques années auparavant, Macho Man avait écrit un gros livre sur le « Greatest », il s’en sentait, depuis, sinon le propriétaire, du moins le spécialiste in-con-tour-nable, comme dans ces eaux-là, la concurrence n’était pas pléthorique, s’il y avait un domaine – il n’y en avait pas tant – où il pouvait se sentir légitime, c’était bien celui-là. À la mort d’Ali, le rédacteur en chef de l’Équipe Magazine l’avait poursuivi trois jours durant pour qu’il écrive douze feuillets dans son journal… « Deux ou trois choses que je n’ai pas dites sur Ali », un papier dont sa vanité* avait été satisfaite. Quand il avait appris que ce n’était pas lui qui se chargerait dix heures durant de « brosser un portrait (subtil et fascinant) du boxeur star aussi adulé que détesté », il l’avait pris comme un affront, une bonne droite sur le côté du crâne, du genre qui vexe d’abord (il aurait pu faire gaffe !) et dont on a du mal à se remettre ensuite. Pour tout arranger, l’autre était UNE autre, pas vraiment connue comme spécialiste du « noble art », il avait donc pris la droite d’un amateur, en l’occurrence d’UNE amatrice, lui qui se targuait d’être UN professionnel. Tout cela sans compter que ses proches ne manquaient pas de lui rappeler qu’il s’était fait baiser la gueule et qu’il n’aimait pas ça, il n’aimait pas non plus l’idée de s’être fait subtiliser ce qu’il imaginait être une fortune… son côté « Maître Folace » sans doute.

  Au début de sa carrière, Macho Man avait été considéré comme doté d’une jolie frappe, quarante ans plus tard, il s’était rendu compte qu’il était surtout doué pour encaisser, les encaisseurs sont têtus et il l’était, peut-être même au point d’être stupide comme le sont les encaisseurs qui ne comprennent pas, alors le lendemain, habitué à prendre des coups comme il était, il n’avait même pas mal à la tête. Avant de s’endormir (très tard), il s’était souvenu de la rencontre entre Budd Schulberg et Ernest Hemingway et de « Papa », l’ombilic belliqueux en train d’entonner sa rengaine favorite : « Pour l’amour du Ciel, qu’est-ce que vous pouvez bien connaître à la boxe ! » qui pouvait s’énoncer aussi, suivant l’interlocuteur auquel il s’adressait : « Pour l’amour du Ciel, qu’est-ce que vous pouvez bien connaître à la corrida ! au Bloody Mary ! à la pêche au gros ! à Cuba ! à la chasse ! à la libération de Paris ! à l’Afrique ! à la guerre ! à l’hémochromatose ! » Macho Man avait toujours trouvé ce genre de simagrées ridicules et il ne se voyait pas défier à grands coups de nombril une jeune fille qui ne connaissait rien au sujet, qui n’avait peut-être même jamais vu un combat de boxe de sa vie en lui demandant : « Pour l’amour du Ciel, qu’est-ce que vous pouvez bien connaître à Muhammad Ali ? »
.          Contre foudroyant…
.          « Et vous alors, elle aurait pu lui répondre… qu’est-ce que vous connaissez vraiment ? »
.          K.-O. !
.          Pour bien plus que le compte.
.          « Ferme ta gueule vieux con ! »
.          Fred avait fait un peu de boxe quand il était jeune, il était d’accord avec Norman, il n’y avait pas de sport où l’on risque autant l’humiliation, il avait eu son compte sur le ring et en dehors et pas envie de recommencer par plaisir. Il avait perdu ce combat, il n’y avait pas à y revenir.
.          Depuis qu’il s’était installé dans le Sud avec Madame Roux, il passait de plus en plus de temps dans La tanière de l’ours, une grange à 1 200 mètres d’altitude, le village le plus proche (19 habitants/19 lampadaires) était à une demi-heure à pied, pas d’eau, pas d’électricité, Walden ! Pas de types avec des tatouages à la con à l’horizon, pas de filles avec des tatouages à la con non plus, Macho Man ne supportait ni les tatouages à la con (sauf ceux d’Amy Winehouse qui avait le droit de faire n’importe quoi) ni les téléphones intelligents. Le lendemain de leur arrivée, ils ont croisé Hélène, 74 ans et la masse graisseuse d’un isard anorexique, de temps en temps, elle accompagne des groupes en montagne et comme elle a du mal à ne pas les semer quand la pente devient plus difficile, elle marche à reculons en leur racontant des légendes locales. Madame a parlé de météo, de champignons et de leurs enfants avec Hélène et puis celle-ci s’est tournée vers Macho Man et elle lui a dit : « T’es au courant ? y a une fille sur France Culture qui s’occupe de ton boxeur… » Il lui a répondu : « Il m’appartient pas. »
             Depuis qu’il avait récupéré de sa déception, c’était sa seconde ligne de défense, il fallait qu’il recule en se couvrant et qu’il laisse passer l’orage, après tout si une jeune femmme pouvait parler dix heures durant de ce à quoi elle connaissait que dalle, il avait, par là même, le droit de parler à la place d’une femme alors qu’il n’avait jamais eu ses règles et qu’il était certain de ne les avoir jamais. Il n’aurait pas supporté qu’on lui interdise de parler à la place d’une femme quel que soit son âge, il ne s’était, d’ailleurs, pas privé de le faire dans son gros bouquin sur Ali dédicacé à Sonji Roi, la première épouse d’Ali qu’il adorait presque autant qu’Amy Winehouse. De toutes les manières, en idole virile, il n’était pas vraiment très crédible non plus, il s’était saoulé au mauvais riesling avant de conduire Madame se faire avorter par une faiseuse d’anges, il lui était arrivé de ne pas être très brillant la bite à la main et sa Jaguar, perchée sur un tas de gravier, avait pris un angle bizarre, autant donc se réserver le droit de faire le délicat pour émouvoir ses supposées lectrices ultérieures.
              Sur le chemin du retour, ils ont croisé Jeannot le Lapin, plus qu’octogénaire, l’œil vif et le mollet alerte, impossible de trouver un seul champignon dans le coin s’il avait ouvert sa grange, et il y vivait quasiment en permanence. « T’es au courant, il m’a dit, y a une fille à la radio qui parle d’Ali ».
             Dans la vallée, on capte deux stations : France culture et RFM… le meilleur de la musique ! Daniel Balavoine, Jean-Jacques Goldman, Céline Dion en boucle.
.          – Ouais, ouais, lui a dit le spécialiste, je l’écoute.
.          Et c’était vrai, il l’écoutait avec un stylo à la main, son sens critique aux aguets, sa mauvaise foi en éveil, pour guetter les erreurs, les inexactitudes, les pataquès, avant de se trouver stupide de le faire. En vérité, il n’y avait pas beaucoup d’erreurs, pas vraiment d’inexactitudes, c’était juste une émission sinistre où de vieilles personnes parlaient d’un mort qui, en réalité, n’intéresse plus grand monde. Beaucoup de gens de la culture et des médias ne se rendent pas compte que beaucoup de gens se sont aperçus que Marilyn Monroe était un boudin, qu’il n’y a plus grand monde pour s’enfiler le sirop Presley à la cuillère à café ou bien regarder 
À bout de souffle en noir et blanc, que Kennedy, Abraham Lincoln, Staline, Napoléon, Fidel Castro, les Chats sauvages, Bertrand Lavier, Jacques Anquetil, Bernard Tapie, l’Ange blanc, Joe Louis ou Louis XIV, c’est la même limonade… de la drouille qui trouverait pas preneur sur le Bon Coin, que, pour se lamenter de la disparition de l’histoire et en avoir quelque chose à branler, il n’y a plus que les historiens salariés + Régis Debray, trop fier de ses prix d’excellence d’antan et de son excellente mémoire morte.
            Macho Man se rendait compte que Judith Perrignon, hors de son élément, n’était pas à l’aise, dans une interview à 
Télérama, elle avouait ne pas « particulièrement » connaître Muhammad Ali, c’est-à-dire pas du tout, il comprenait ce qu’elle avait voulu faire pour réintégrer sa zone de confort : fuir l’insignifiant (Ali en boxeur !) ou ce qu’elle croyait tel, se réfugier dans le « signifiant » (Ali en symbole) qu’elle pensait savoir maîtriser à l’abri d’une bande-son 
arty et de l’énonciation régulière des rapports du FBI pour faire sérieux. Il voyait, surtout, qu’elle se faisait manipuler par ses interlocuteurs, les repentis retors… « On assassinait un brin, mais on a changé depuis ! on aurait pas dû, on recommencera pas ! »

Ali akhbar !

.      Joyce Carol Oates a écrit dans On Boxing que les femmes ont tendance à prendre le parti du boxeur blessé alors que les hommes se rangent du côté du vainqueur ; lorsqu’il avait lu ça, Macho Man s’était demandé s’il ne s’agissait pas de manichéisme à la truelle (homme = testostérone = violence aveugle) et à la tyrolienne (femme = œstrogènes = délicatesse et compassion) que l’on faisait semblant de ne pas remarquer sous prétexte que Carol Oates était une femme et qu’elle risquait un jour d’avoir le prix Nobel. À l’inverse des territoires désolés où les présupposés de Carol Oates auraient dû l’amener, Macho Man explorait des oasis plus charitables, il avait désormais tendance à plaindre Judith Perrignon et à en avoir même un peu pitié comme il avait pitié des boxeurs dépassés engagés dans des combats que leurs managers n’auraient jamais dû signer alors que Madame Roux lui demandait comment il pouvait bien faire pour écouter patiemment une connasse pareille. Monsieur Roux lui parlait de conscience professionnelle, mais il commençait à se lasser aussi, cette « Grande Traversée » n’en finissait pas d’être interminable, elle ressemblait de plus en plus aux reportages animaliers d’Arte où l’on se lamente de la disparition imminente des rhinocéros albinos ou de la complainte dite de Thalassa où les filets de pêche ne remontent plus que des calicobas à moitié crevés. Où était la gaité ? ou était l’énergie ? où était le rythm’ & blues ? où était la Soul ? Alors quand Madame lui a dit que jeudi matin, c’était marché, il s’est dit qu’il écouterait la rediffusion prévue dans la soirée.
.      Il a d’abord fallu qu’il dégage la XJ 8 du tas de gravier sur lequel il l’avait perchée, sa roue arrière gauche ne touchait pas le sol, il avait oublié que c’était une propulsion. Dans la pente, il a mis l’autoradio, la réception n’était pas excellente, Madame lui a demandé si le type qui n’arrêtait pas de rigoler y connaissait vraiment quelque chose.
.      – Il a pas l’air, si ?
.      – C’est le père de Tony Yoka… au moins, il se marre, ça change des autres croque-morts ! il lui a répondu.
.      En bas du col, les gendarmes les attendaient, ils lui ont fait signe de s’arrêter, cela devait faire vingt ans qu’il ne s’était pas fait arrêter, et il n’avait pas ses papiers. Celui qui avait les Ray Ban au bout du nez et la main sur l’ordinateur n’a pas réussi à trouver trace de lui dans son bidule informatique, mais il les a laissés repartir avec un grand sourire sans que Madame soit obligée de lui faire du charme. Deux vieillards dans une Sovereign sur le chemin du marché, ce n’était pas l’idée qu’il se faisait du terrorisme et des terroristes.
.      – T’as vu s’il était beau ? a demandé Madame.
.      – Et les dents qu’il avait ce con !
.      – Aussi beau que mon pompier.
.      Elle avait une référence esthétique absolue, hormis Alain Delon jeune, le pompier qui l’avait ramassée alors qu’elle venait de se prendre un K.-O. place Clichy, il y avait de cela vingt ans.
.      – Plus beau encore… celui-là fait pas pédé !
.      – Mon pompier, non plus.
.      – Tu plaisantes ?
.      – Ce que je crois, c’est qu’ils nous ont arrêtés pour regarder la voiture.
.      – Sans doute…
.      – Ce qui est marrant, c’est que tu sois pas dans leur ordi, non ?
.      – J’ai beaucoup de talent pour disparaître.
.      – C’est vrai que tu perds tout.
.      – Et qu’on m’oublie…
.      Chez le bouquiniste du marché, Macho Man a acheté un vieil exemplaire des 
Neiges du Kilimandjaro au Livre de poche (n° 301), il s’est dit que, tant qu’à faire, il préférait boxer avec Papa qu’avec Judith Perrignon, la rencontre serait plus équilibrée.
        Le soir, il n’a pas allumé la radio, il s’est couché, il a ouvert les 
Neiges du Kilimandjaro au hasard, il est tombé sur « Trois jours de tourmente » et il a lu : « Il mit les chaussettes, s’affala en arrière dans le fauteuil et posa ses pieds nus sur la grille devant le feu. » Macho Man s’est dit qu’en français Papa boxait avec des gros gants, des 18 onces au moins, ceux avec lesquels Tommy Hearns avait brisé la mâchoire de Marlon Starling, des gants comme des oreillers et qu’il ne risquait pas grand-chose à faire quelques rounds avec lui.
.      C’est le moment que Madame a choisi pour lui dire : « En fait… je sais pas comment j’ai fait pour me souvenir de toi », et elle lui a souhaité bonne nuit !
.      Le lendemain, elle était toujours à côté de lui.
.      Il faisait beau.
.      Jeannot le Lapin avait fermé sa grange.
.      Si la vie avait été bien faite, il y aurait eu des girolles.
.      Et des cèpes.

* Qui n’était pas petite, il se croyait tout à fait capable de plier
en deux phrases la plupart des « contenders » de la scène littéraire.

Deux ou trois choses que je n’avais pas dites sur Ali

« Pour la femme, l’homme est insaisissable. L’homme est l’autre, à domestiquer ; la femme est domestication.
Joyce Carol Oates

En ces temps-là, où les images avaient triomphé sur toute l’étendue de la terre, le visage de Muhammad Ali était familier aux Bambaras comme aux Tchétchènes, aux Farsis comme aux Yoras.
.          A peu près à cette époque les Beatles avaient déclenché un scandale en déclarant qu’ils étaient plus célèbres que le Christ.
.          Ali était encore plus célèbre que les Beatles.
.          Il était donc naturel de les faire se rencontrer.
           En février 1965, Ali s’appelait encore Cassius Clay (plus pour très longtemps), il préparait son premier championnat du monde contre Sonny Liston, et les Beatles entamaient leur première tournée aux USA. La séance photo, dirigée par Harry Benson, aura lieu à Miami dans le gymnase d’Angelo Dundee où Cassius s’entraînait. Il ne pouvait pas y avoir deux soleils à ses yeux, il était encore moins question qu’il partage sa gloire naissante avec quatre Anglais taillés comme des ablettes et coiffés comme des bobtails, alors le futur Muhammad Ali se frappera la poitrine comme King Kong, poursuivra les Beatles aux quatre coins du ring, les fera s’agenouiller, se rouler par terre et brandir des pancartes à sa gloire.
.          Dix minutes après que les Fab’ Four aient mis les voiles, alors qu’il avait été traité de « cinquième Beatles, la niaiserie en prime » par Jimmy Cannon (du New York Post), Ali passera un coup de fil à Robert Lipsyte (du New York Times) pour lui demander qui étaient ces « tafioles » ?
.          Ali préférait Sam Cooke.  
.          John Lennon se rendra compte le premier que Clay les avait fait tourner en bourrique ; en guise de représailles, les Beatles n’adresseront plus la parole au photographe qui avait été chargé d’immortaliser la scène.
.          Plutôt qu’avec ce jeune nègre hystérique, les Beatles auraient préféré poser avec le champion du monde en titre sur la victoire duquel ils avaient parié, comme tout le monde. Hormis le pari qu’ils auraient perdu, comme presque tout le monde, cela aurait, sans doute, été une plus mauvaise idée encore. Quelques jours plus tôt, quand les Beatles ont commencé à chanter lors du Ed Sullivan Show où il était lui-même invité, Liston avait demandé à Harold Conrad (le promoteur du combat) : « C’est pour ces quatre connards qu’ils gueulent comme des veaux ? » avant de conclure : « Mon chien joue mieux de la batterie que le type avec le gros pif ! »
.          Sonny n’était pas une tafiole, il n’aimait que le rythm and blues, et sauter à la corde sur Night Train.
.          Trois ans plus tôt, Steve Schapiro avait réalisé une série de photos sur Cassius Clay, Verona Way (Louisville), là où vivaient ses parents et où le jeune homme revenait souvent.
.          Il reste encore aujourd’hui à Louisville quelques souvenirs du temps où la limonade était servie sur la pelouse sous le saule pleureur par des domestiques noirs, du temps où tous les Noirs étaient domestiques et où personne de sensé n’aurait seulement pu imaginer qu’un métis serait élu président.
.          Si Ali n’en était pas le sujet, les photographies de Schapiro pourraient faire partie d’un reportage sur la classe moyenne noire des années 60 : les rues bordées d’arbres pas trop grands où chaque maison de bois a son perron de briques rouges surmonté d’un toit en auvent et son morne jardin de la surface d’un court de tennis. Un peu partout, sur les poteaux de téléphone, des affichettes écrites à la main décrivant des chats et des chiens perdus et, devant les garages, les vaisseaux V 8 de la General Motors passés au polish jusqu’à ce que l’on puisse se repeigner dans le reflet de leurs ailerons aussi bien que dans celui du chrome de leurs pare-chocs.
.          Derrière les rideaux de nylon, on aperçoit, rutilante, la table basse en faux acajou, le poste de télévision de la taille d’un buffet, les abat-jour recouverts de papier cristal, les napperons, le canapé où l’on ne s’assoit pas pour ne pas le salir… et au mur, les tableaux où des chevaux courent sous un ciel d’orage et les portraits de clowns.
.          Tout est clair, convenable, d’une propreté méticuleuse, les femmes noires sont des as de la lessive et du ménage, ce sont des professionnelles, et ce depuis l’époque de l’esclavage. La race dont on craint que la saleté déteigne, on l’emploie – évidemment – pour blanchir ce qui doit l’être.
.          Odessa Clay, la mère de Cassius Marcellus Jr et de son frère, Rudolph Arnette (dit Rudolph Valentino), faisait ça pour les familles blanches d’Indian Hill et de Mockinbird Valley, les quartiers chics de Louisville.
.          Pour quatre dollars par jour.
.          — Odessa est tellement chou… depuis le temps, elle fait vraiment partie de la famille ! 
.          Les hommes noirs, c’est une autre paire de manches, ils boivent comme des trous, ils jouent aux dés, ils fument, ils se battent comme des chiens et ils ne pensent qu’à baiser la femme de leur voisin. Cassius Marcellus Clay Sr était comme ça. Les flics avaient l’habitude de l’arrêter quand il zigzaguait trop et trop vite pour rentrer au bercail, le plastron de sa chemise éclaboussé de sang, à moins qu’ils ne le ramassent rond comme une queue de pelle s’il avait perdu les clés de sa bagnole.
.          Ali et son frère sont nés pas très loin, 3302, Grand Avenue.
.          Ces trois jours-là, Ali a posé avec ses parents dans son polo bien repassé et ses chaussures bien cirées ; il a boxé dans le vide entre la table basse et le poste de télévision ; il s’est mis torse nu et puis, surtout, il a joué avec les gosses parce que c’était ce qu’il préférait. Les gamins avaient tous le même âge que lui, huit, neuf, dix ans. Pas davantage. Il leur a fait des grimaces, montré ses muscles, il a fait du vélo avec eux dans les allées (et l’on se rend compte que, depuis qu’on lui avait piqué le sien, il avait oublié d’en faire).
.          Il fait beau, ils s’amusent. Ali arbore une chemisette blanche à manches courtes et un nœud papillon saugrenu, le même – déjà – que celui des membres de la Nation of Islam.
.          Et puis…
.          Et puis, il s’est assis sur les marches qui mènent au perron. Les vélos sont renversés dans l’herbe, les sept gamins sont autour de lui. Ils ont les mêmes cheveux que lui et à peu près la même coupe, ils gesticulent, ils rigolent… entre eux. Ils ont compris que leur tour est passé, qu’Ali, désormais, ne s’intéresse plus à eux, mais à une petite fille de cinq ans et demi.
.          Elle est petite, plus petite que le plus petit des garçons, et pourtant c’est elle le centre de l’image.
.          Et pas seulement de l’image.
.          Le centre de l’attention d’Ali.
.          L’une des raisons, la plus surprenante peut-être (mais pas tant que cela, Ali lui-même n’est pas si noir que ça, sa mère encore moins, et il a toujours été plus proche des Blancs qu’il ne le laissait entendre), c’est que la petite fille est claire de peau… presque blanche. Si blanche qu’elle a des taches de rousseur comme il arrive parfois aux Afro-Américains lorsque le blanc est à fleur de leur peau. Ses cheveux ne sont pas lisses, mais ils ne sont pas crépus pour autant, ils bouclent.
.          Elle s’appelle Yolanda Williams, tout le monde l’appelle Lonnie, sa mère est l’une des meilleures amies d’Odessa Clay. Lonnie a d’abord pleuré quand Ali lui a demandé d’approcher : il a beau lui sourire, il est plutôt impressionnant, ne serait-ce que par sa taille (un mètre 91) et son âge (vingt ans). Elle n’a pas encore six ans, elle porte l’uniforme de son école (une jupe avec des bretelles, un chemisier blanc), mais son geste, les deux bras levés, est celui d’une femme et le regard qu’elle pose sur Ali est – aussi – celui d’une femme, mieux encore, celui de Salomé.
.          Yolanda Williams dit qu’elle est tombée amoureuse d’Ali à dix-sept ans, mais depuis ce jour où, en face de ce grand jeune homme bientôt champion du monde, elle se tortille en minaudant, elle aura l’œil sur lui. Avant de l’épouser et qu’elle soit sa veuve, il se mariera trois fois. Avec Sonji Roi, la femme pop (celle que je préfère et à qui Alias Ali est dédié), Belinda Boyd, la femme-jumelle dont la ressemblance finit par vous être un reproche, Veronica Porsche, la femme-trophée plus narcissique encore que vous ne l’êtes.
.          La quatrième sera la « bonne », la femme d’intérieur idéale qui a déclaré un jour : « Maintenant, Muhammad Ali, c’est moi ».
.          Toute la dernière partie de sa vie, Muhammad Ali a donc été une bourgeoise afro-américaine, diplômée de l’UCLA, religieuse, mais plutôt tolérante, patriote, mais assez libérale sur certains sujets (l’égalité), mais pas tellement sur quantité d’autres (la famille).
.          Du temps où il était vivant, Ali faisait tout ce qu’il ne fallait pas faire ; du temps où il a été muet, Lonnie lui fera dire tout ce qu’il faut dire.
.          Il faut que les champions meurent en public au moins une fois (lors de leur dernier combat, souvent une défaite) ; lorsque ce sont de grands champions, on leur permet de mourir une fois supplémentaire (des types avec la gueule cabossée et la cloison nasale de traviole portent le cercueil) ; lorsque ce sont des champions exceptionnels, ils meurent chaque fois qu’on leur demande de le faire. Ainsi a-t-on pu voir Ali, hébété par la maladie de Parkinson, allumer en tremblant la flamme des Jeux olympiques d’Atlanta et de Coca Cola réunis ; le même genre de traîtrise qu’Elvis Presley, raide défoncé, serrant la main de Richard Nixon dans le bureau ovale après lui avoir proposé de lutter contre la drogue et les drogués.
.          Deux parjures par fidélité à une cause qui les dépasse… les anneaux olympiques, la bannière étoilée !
.          Deux parjures murés dans leur pyramide.
.          Le Graceland de Muhammad Ali est situé pas très loin des rives de l’Ohio et de l’Interstate 64.
            Le Muhammad Ali Museum a coûté plusieurs millions de dollars financés entre autres par Microsoft, Coca Cola, Lennox Lewis, Delta Airlines, Angelina Jolie, Kodak, la Chase Foundation, la Princesse Haya Bint Al Hussein, General Electric et Adidas… jusqu’à ce que s’élève, 144 North Sixième Rue entre River Road et Main Street, le genre de bâtiment d’un modernisme de bon aloi susceptible d’être détruit sans que personne ne s’en aperçoive. En prévision des foules prévues, l’entrée est de la taille d’un hall d’aéroport. Le guichet d’entrée jouxte la boutique où se vendent les produits dérivés capables de vous transformer en homme-sandwich à des prix défiant toute concurrence.
.          C’est un musée d’un genre ordinaire aujourd’hui où les musées sont consacrés à tout ce qui est susceptible de se définir comme « culturel » : activités surannées, objets désormais sans emploi, événements historiques oubliés, mais aussi personnages hors du commun dont Muhammad Ali fait, indéniablement, partie.
.          Une fois sa place payée, il n’y a guère moyen d’échapper au sens obligatoire du parcours. Première station : une employée du musée vous fait prendre la pose devant un fond prévu à cet effet. Si vous restez interloqué, elle mime la pose que vous devez prendre : celle des vieux boxeurs sonnés, celle qu’Ali prenait automatiquement. Le temps de développer le cliché, votre photographie réapparaîtra l’étage au-dessus et l’on vous proposera de l’acheter en différents formats.
.          Comme chez Walt Disney !
.          Puisqu’il s’agit avant tout de célébrer un culte et de donner une image d’Ali d’où toute violence est exclue, les informations sont toutes données (en Amérique, on ne ment pas), en glissant sur certaines et en insistant sur les plus édifiantes. L’accent (grave) est mis sur le parcours de celui qui est devenu la figure d’un culte New Age crétin, pour ce faire, les bons sentiments interactifs sont filmés comme un soap opera… flous.
.          L’intention est affichée sans détours : « promouvoir les valeurs profondes véhiculées par Ali : la paix, l’engagement social, le respect et le développement personnel », et célébrer son influence universelle. Le but avéré étant de communiquer ces valeurs au public.
.          Au quatrième étage, on vous propose de trouver votre voie comme Ali a trouvé la sienne (« Lighting the Way »), de découvrir vos forces personnelles (« Walk with Ali »), et l’on termine par un Mur de l’espoir et du rêve (« Global Voices ») : 5 000 dessins d’enfants de 141 pays.
.          Au cinquième, vous pouvez lire quelques poésies d’Ali, prendre connaissance des idéaux qui resteront comme son héritage : « respect, confiance en soi, conviction, générosité et spiritualité ».
.          Il manque à tout cela l’électricité, la foule, le bruit, l’odeur, la passion, l’excès.
.          Le grand absent, c’est Ali lui-même.
.          Avoir un musée de son vivant, c’est mourir un peu, le risque encouru : y être enterré de son vivant.
.          Ce qui ne manque pas.
.          Pour écrire sa « biographie » (il n’a même pas lu celle écrite en son nom par Richard Durham), j’ai passé pas mal de temps avec Ali, j’ai lu à peu près tout ce qui a été écrit sur lui, j’ai longtemps craint qu’il meure lorsque j’aurais fini de l’écrire, et retardé d’autant sa publication. Cela ne me confère aucune légitimité, mais lorsqu’il a fallu choisir, j’ai choisi de ne rien écrire sur les années où il n’allait faire que survivre. Sa fin, qui allait durer plus de trente ans, j’ai décidé de l’ignorer.
.          Souffrant, pourtant, Ali aurait pu m’intéresser. Qu’il n’ait pu presque plus parler, que son corps glorieux n’ait plus été qu’un lointain souvenir, que sa parole si vive ait été désormais empêchée, que son regard ne se soit plus éclairé que rarement, que ce qui lui est arrivé soit en réalité si tragique qu’il est possible, sans beaucoup d’effets, de tirer au lecteur des torrents de larmes…

Cry me a river
Cry me a river
I cried a river
Over you

.          Que ce qui lui est arrivé : mourir au ralenti devant nous tous, soit si humain que cela nous concerne tous et devrait tous nous intéresser.
.          Certes, mais…
.          Si Ali prisonnier de Parkinson m’intéresse et m’émeut, Ali n’était pas seulement prisonnier de Parkinson.
.          Ali était essentiellement prisonnier de Lonnie.
.          La prison parfois protège, la prison parfois épargne.
.          Lonnie a protégé Ali de tout ce qui pouvait lui arriver de mal, elle lui a épargné le reste, comme une mère interdit les mauvaises fréquentations à ses enfants… alors ses copains (les sales types et les dingues) ont disparu et les filles ont cessé d’attendre sagement leur tour dans les couloirs des motels.
.          Les comptes ont été tenus à jour, il n’a plus été question de balancer l’argent par les fenêtres, mais de faire prospérer une image noyée dans les bons sentiments et le politiquement correct. D’un has been un peu sonné qui répondait présent chaque fois qu’un producteur télé lui proposait de venir faire le pitre, elle a fait un Bouddah bienveillant.
.          C’est un chef-d’œuvre, mais c’est un chef-d’œuvre commercial.    
.          Adieu la jeunesse ! Adieu la folie ! Adieu la vie !
.          Les derniers temps, Ali regardait toute la journée les vidéos de ses anciens combats. Il regardait donc défiler sa vie toute la journée et, de temps en temps, il se tournait vers Lonnie (la seule à le comprendre encore) qui ne le quittait pas des yeux et il lui demandait : « J’étais dingue, non ? », elle lui répondait : « Oui ».
.          Et maintenant ?
.          Maintenant, Muhammad Ali n’est plus fou, il est MORT.
.          Comme presque tous ses adversaires et l’idée qu’un autre monde est possible.

13/01

Fuck l’édition et les éditeurs !

Allez ! demain : quelques lignes sur Alias Ali, une nouvelle inédite (à propos de l’Insoumis de Judith Perrignon) et j’arrête un peu cet agenda.

Ça va pas être triste !

Depuis l’année dernière, Olivier Mony ne tarit pas d’éloges sur les livres publiés rue des Saints-Pères (qui paie ses dettes s’enrichit) ; il est également assez dithyrambique sur la production des éditions Jean-Claude Lattès (Adnane Tragha, Florence Adler, Isabelle Sorente, Diadie Dembele et, à plusieurs reprises, Jacques Ravenne). Cela semble être un investissement judicieux puisque les établissements Lattès, sans doute encouragés par le succès de son roman précédent, publient le 13 avril Séjour Villa Chagrinà bisto de nas, un roman basco-moudianesque.

Ce que l’on ne sait pas
Ce que l’on ne voit pas

Ce qui explique tout (hélas !), c’est la réalité !

12/01

Et mon cul, c’est du poulet ?

Maigres ou gras
même combat !

« Gabrielle Léditrice, écrivain chez Gallimard »
déplore la situation actuelle
non sans faire remarquer
le parfait professionnalisme
de son employeur
(dont je ne doute pas une seconde)


11/01

C’est sûr Vincent Bolloré doit préférer Pascal Quignol à Marcel Pagnard, mais moi aussi… alors !

Si j’ai bien compris le dernier livre de Houellebecq, c’est comme dîner dans un resto où le potage serait infect, les hors-d’œuvre médiocres, le plat dégueulasse, les fromages immangeables, mais où les desserts seraient super. Autant se taper – direct – un Opéra de chez Picard… non ?

Toujours à propos du chef-d’œuvre, Flammarion nous a fait tout un foin de la couverture rigide, Monsieur Toussaint Louverture a fait de même pour Tu ne désireras pas* de Jonathan Miles et ce n’est pas le seul ; la référence à l’album blanc des Beatles ne tient pas debout… l’album des Beatles était… blanc sur blanc ; Houellebecq a tenu à ce que la capitale du titre (en rouge comme son nom et celui de l’éditeur) soit abaissée, depuis tous les critiques l’écrivent Anéantir.

* entre parenthèses : (je me demande qui peut se taper une daube pareille)

10/01

ALIAS ALI
LA STORY

LES ACTEURS

LE SCENARIO

Remise du manuscrit d’Alias Ali à Olivier Nora (Grasset)
Lecture du manuscrit par Jeanne Garcin (Grasset)
Lecture des observations de l’éditrice par l’auteur
Courriel de l’auteur à Olivier Nora (voir ci-dessous)
Réponse d’Olivier Nora à l’auteur (voir ci-dessous)
L’auteur propose de confier le manuscrit à Elisabeth Samama (Fayard)
Elisabeth Samama le trouve « génial »
Publication d’Alias Ali (Fayard)

Le 16 août 2012 à 21:18, Frederic Roux <freddomroux@orange.fr> a écrit :

O.N,


En fait, je ne comprends toujours pas comment un texte ni revu par mes soins ni corrigé par mon épouse, qui était donc uniquement destiné à vous rendre compte de son avancement, peut se retrouver comme un document de travail entre les mains de l’une de vos employées.
Comme je ne suis pas l’ennemi des jeunes filles et que l’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, j’ai donc pris connaissance des « corrections » de Jeanne Garcin. Je dois avouer que j’en suis sorti légèrement perplexe, je me suis demandé tout d’abord si ce n’était pas une plaisanterie (mais je n’ai pas réussi à repérer la caméra cachée) ou alors un châtiment du genre que l’on inflige aux taureaux (je suis né le 25 avril) pour leur faire baisser la tête (mais je n’ai senti aucun élancement au niveau du morillo). 
Une certaine distraction ?  Un bref instant d’égarement ? Le manque de personnel qualifié ? Que sais-je et peu m’importe.
Tout y est.
L’invraisemblable aplomb de son âge (« J’ai bon goût ! »), l’arrogance de sa caste (notre Gordon Lish en jupons propose de sabrer une soixantaine de pages sur 400… « Pas mal pour un cheval ! » dirait Daddy) ; la pénétration psychologique inouïe (d’après elle, Ali est… autiste !) ; l’étonnement que le nègre illettré fasse un usage fautif du subjonctif ; la chasse maniaque à la répétition (il est vrai que les propriétaires de 300 mots de vocabulaire se répètent peu, que le blues est connu pour la richesse de son vocabulaire et que le prêcheur ne scande pas) ;  la ponctuation réduite au point et à la virgule (elle veut « discipliner » la discipline), d’après notre Vaugelas miniature, l’exclamative employée de manière « abusive » (c’est-à-dire dans les phrases exclamatives) n’a plus « aucune valeur » (il faudrait aussi, si l’on suit son raisonnement, supprimer le point d’interrogation à la fin des interrogatives) ; l’emploi à tort (souvent) et en travers du mot « redondant » (ce qui introduit une information nouvelle ne peut pas être qualifié de redondant)…  j’en passe et des meilleures ! 
Le bouquet étant, tout de même : « marques trop insistantes d’oralité qui ne passent pas la barrière écrite » ! à propos d’un texte où l’oralité est omniprésente et d’un auteur à qui on reconnaît à l’unanimité moins quelques voix un « sens du dialogue » rare sous nos latitudes et dont le souci, pour être plus modeste, est de « faire passer à l’écrit l’émotion du langage parlé ». 
Je compte pour du beurre : « beaucoup de noms qui peuvent s’avérer étrangers » (« Tu m’étonnes, John ! »), qui me semble d’une rare pénétration et d’un sens de l’observation hors-norme.
Peu importe. 
C’est son problème et le vôtre, pas le mien.
Ce n’est pas à moi de valider son stage.
C’est à vous de lui expliquer qu’elle n’est pas encore à la hauteur de la tâche. 
Je vous fais confiance, vous ferez ça très bien.
Pour ma part, je m’engage à terminer ce texte, ce qui ne saurait tarder, à le revoir entièrement et à vous le livrer à la fin du mois d’octobre (je vous rappelle que je suis absent de France de la mi-septembre à la mi-octobre). Il suffira de le soumettre ensuite à un correcteur (celui de Ring était excellent) ou, pourquoi pas, à une collaboration extérieure (Elsa G ?).
Suivant les décisions que vous prendrez, l’éventail des possibilités va du pire (on arrête les frais et je rembourse) au meilleur dont je suis persuadé que vous me réservez la surprise.

Bien à vous.

King of the Apes

PS : il faut que je vous l’avoue, j’ai aussi beaucoup ri en la lisant.

Evidemment, ces différents épisodes auront quelques conséquences en dehors de la publication avec le succès que l’on sait d’Alias Ali chez Fayard ; ce livre sera particulièrement soigné à L’Obs (RIEN) où Jérôme Garcin dirige le service culturel (une fois que le livre aura obtenu le prix France Culture/Télérama, il en sera tout de même question dans Bibliobs) ; quelque temps plus tard, Olivier Nora se passera des services de la fille du producteur du Masque et la plume. Jeanne Garcin se reconvertira dans la vente de chapeaux.
La suite sera pire… c’est aujourd’hui.

09/01

Sur l’Instagram de Lou Doillon, 13 445 personnes « likent » son hommage à Joan Didion… ça fait beaucoup, non ?

Quand Lamartine mourra, les compteurs vont péter !

« Un récit autobiographique sensible et émouvant » de Frédéric Beigbeder (Un barrage au Cap-Ferret, un bouchon à Claouey, Grasset), s’il faut en croire Olivier Mony (Grasset).

Allez ! demain, pour changer de sujet, je raconte la genèse d’Alias Ali, signé chez Grasset, publié chez Fayard.

Ce qui nous promet…

08/01

Si mettons… Harry Crews est un génie ou Hughes Pagan « un immense écrivain », Witold Gombrowicz, c’est quoi ?

07/01

A peine avais-je attribué à Virginia Woolf : « Aucun d’entre nous n’est complet en lui seul » que je (re)lisais (dans) Pourquoi être heureux quand on peut être normal (« Fucking Book ! ») : « Nul homme n’est une île complète en elle-même » que Jeanette Winterson attribue à John Donne (1572 – 1631).

Il y a peu, la dénommée Jeanette Winterson (« Fucking Writer ! ») a été mêlée à une polémique style contemporain : elle a brûlé SES livres et publié la vidéo sur Internet.

Elle avait ses raisons, elle les a expliquées, sous la pression de l’opinion, elle a été obligée de revenir en arrière, de faire amende honorable et même de donner toutes les preuves de la bien-pensance-bio à l’ordre du jour, ce qui me déçoit un peu, elle m’avait semblé beaucoup plus couillue que ça, en tous les cas pas du genre à s’écraser, à s’excuser ni à se conformer.

Ce qui m’a le plus intéressé, ce n’est pas la polémique, c’est la reproduction : la mère (adoptive) de Jeanette Winterson avait brûlé, en son temps, les livres que sa fille cachait sous son matelas :

    « Un soir en entrant dans ma chambre, elle a vu le coin d’un livre qui dépassait de sous le matelas. Elle l’a extirpé de sa cachette et l’a examiné avec sa lampe de poche. Mauvaise pioche : D.H. Lawrence, Femmes amoureuses.
    Mrs Winterson, pour qui Lawrence était un sataniste doublée d’un pornographe, a jeté le livre par la fenêtre, puis s’est mise à fouiller et fourrager tant et si bien que j’en suis tombée du lit alors qu’elle envoyait livre après livre dans l’arrière-cour. J’attrapais ce que je pouvais, tentais de le cacher, la chienne courrait après les livres, et mon père assistait à ce spectacle en pyjama, impuissant.
    Quand elle a eu terminé, elle a pris le petit réchaud dont on se servait pour chauffer la salle  de bains, est sortie dans le jardin, a versé le pétrole sur les livres et y a mis le feu.
    Je les ai regardés flamber et flamber et je me souviens de la chaleur qu’ils dégageaient, de la lumière vive sur la nuit de janvier saturnienne et glaciale. Pour moi, les livres ont toujours représenté la lumière et la chaleur. »

06/01

On s’en branle !

05/01

Dans l’Equipe Mag, Jean-Christophe Rufin nous apprend qu’il se serait fracturé le col du fémur en écrivant son premier livre, en revanche, pas une seule pensée pour ceux à qui il a cassé les couilles.

04/01

C’est la rentrée ! Dans Livres Hebdo, Olivier Mony (Grasset) recommande chaudement un « récit d’initiation doux-amer et parcouru de la lumière pâle de la nostalgie », La vie plus douce (Grasset) de Fabrice Gaignault qui, en son temps (il y a longtemps), m’avait qualifié de « grand écrivain* » (rien que ça !) pour Lève ton gauche !.

* « A quoi reconnaît-on un grand écrivain ?
A sa façon de boxer seul dans sa catégorie, avec son style bien à lui,
une vision de l’existence et un univers immédiatement identifiables,
et des dialogues qui claquent comme des gauches bien envoyés. »

03/01

Pour le prix, c’est donné !
(moins cher que le stationnement à Biarritz)

L’annonce est écrite dans un français hésitant : « une progression réelle et dans la durée » ?
Sauf que, « sous la direction d’un des auteurs les plus doués de sa génération », les résultats ne se feront pas attendre.

02/01

Olivier Nora a mis fin à la collection « blanche » de Grasset, personnellement, je lui conseillerai de mettre fin à la collection « Le Courage ».

On n’est jamais assez prudent

01/01/2022

Ne pleurniche pas,
ne te plains jamais,
travaille davantage,
passe plus de temps seul.

Yes, Madam !

MON AGENDA DE LA PLEIADE
(2021)

31/12

L’un de mes plaisirs du vendredi était de lire les Petits papiers de Jacques Drillon publiés dans la République des livres. Ensuite j’en discutais avec Didier P, de temps en temps, nous regrettions qu’ils soient teintés de ce que Terry Eagleton reproche au T.W Adorno de Minima Moralia : « un bizarre mélange d’intuitions profondes et de ronchonnements patriciens » (The Ideology of the Æsthetic), mais j’avais été déçu de leur arrêt. Aujourd’hui, je peux mieux comprendre sa décision :

. Chers tous,

. Pardonnez ma brutalité : j’ai une sale tumeur au cerveau. Autant vous dire que mon avenir, même proche, n’est pas brillant. Nous allons essayer de ne pas le rendre trop lamentable. Plus grand chose ne marche, et tout va s’arrêter prochainement. La pensée d’abord, puis la vie.

. Prenez de mes nouvelles auprès de ma femme.

. Je vous embrasse,

. Jacques

Jacques Drillon est mort le jour de Noël.
Nous correspondions de temps à autre, il aurait voulu me voler mes photos (volées pour la plupart), il admirait quelques lignes de ma main, on se donnait des nouvelles lorsqu’il nous tombait un œil. Nous avions débuté notre correspondance à propos de la mort des pères ; j’étais préoccupé d’atteindre l’âge où le mien était mort, il m’avait parlé du sien qui était mort jeune (64 ans), il n’a pas tenu beaucoup plus longtemps (3 ans)
Le Traité de la ponctuation est un des livres de chevet de D.
Je le regrette(rai).
Il me manque(ra).

Franchement…
je serais tanqué

comme Caroline de Mulder,

j’écrirais des livres

et les critiques seraient bonnes.

30/12

Faut croire que ses souvenirs ne sont pas secs, que les lettres sont des pinces à linge et que la prose essore… ça fait beaucoup, mais ça se tente.

29/12

Encore heureux, pour me consoler de mon sort, j’ai, quelquefois, connaissance de perles du genre ci-dessous. Lorsque l’on reçoit des missives de ce style, si l’on est sensible, on est en droit de se suicider, encore heureux, avec un peu de chance, on peut mourir avant de la recevoir.

Madame George Brun a été engagée
sur la recommandation de son graphologue

28/12

Consulté le dernier opus de notre écrivain national sur l’un des sites le proposant en accès libre, je dois avouer que je n’en reviens pas vraiment (mon étonnement est à son comble !), c’est, purement et simplement, illisible, à tel point que je me suis demandé s’il avait été correctement scanné ou si l’on n’avait pas substitué un autre texte à celui de Michel Houellebecq (anéantir, Flammarion, 2022).

Michel a forci,
il va cartonner

27/12

Bye-Bye Sting Ray

Si tous ceux qui la pleurent avaient acheté
UN SEUL
de ses livres, elle aurait été best-seller

Pas sûr que, si Eve Babitz* avait été plate comme une limande,
elle aurait tant plu aux critiques.

* Quaaludes, Percodan, Harrison Ford (neuf fois par nuit), LSD, Demerol, Annie Leibovitz,
champignons, Dexamyl, Warren Beatty (six fois par nuit), Mogadon, mescaline, Fioranol…

26/12

A mon sens,Olivier Gallmeister est l’une des pires calamités de l’édition contemporaine. Il y a quelques années, je l’avais croisé au Festival des Etonnants voyageurs de Saint Malo, il m’avait parlé avec une assurance proche de la suffisance du soin qu’il apportait à ses traductions (cf interview ci-dessous) alors que j’avais, déjà, remarqué qu’elles étaient lamentables (cf calendrier de l’Avent) et que je voulais lui en toucher deux mots. Je n’avais pas voulu lancer une quelconque polémique et j’avais donc fermé ma gueule, mais j’ai continué à m’intéresser aux barbarismes alignés par à peu près tous les traducteurs de chez Gallmeister.
En approfondissant un peu la chose, je me suis rendu compte que l’une des traductrices les plus catastrophiques (Sophie Aslanides) employée par Gallmeister avait débuté ses méfaits en s’occupant de traduction « automatique ». Ainsi donc, ce que l’on nous vante (vend) comme une traduction de qualité est en réalité bricolé par une machine et l’on on sait à quel point celles-ci sont peu suspectes de commettre un « crime de lèse-majesté », en revanche elles ne peuvent éviter les effets comiques involontaires forcément involontaires.
Evidemment, l’un des aspects les plus épouvantables de l’affaire est la contamination de la langue (la nôtre) par des manœuvres de ce style caractérisées par le déni perpétuel en usage dans le milieu de l’édition où le faux est érigé en principe de vérité.

« Il se frotta le front pour lutter contre la vieille douleur verte
qui se mettait à flamboyer et à caviter derrière ses yeux »

« Il avait  de la mort dans le visage. »

24/12

Calendrier de l’Avent

Le diable en personne, Peter Farris, traduction Anatole Pons
(Gallmeister, 2017)

Le clair de lune illuminait la topographie de son corps sous la couverture.

23/12

Calendrier de l’Avent

Exécutions à Victory, S. Craig Zahler, traduction Sophie Aslanides
(Gallmeister, 2015)

L’homme d’affaires fourra sa tête dans la corbeille à papier et le contenu mousseux de ses entrailles se déversa au fond du récipient. Son tube digestif était agité de convulsions similaires à des orgasmes.

22/12

Calendrier de l’Avent

Délivrance, James Dickey, traduction Jacques Mailhos
(Gallmeister, 2013)

En passant sous l’ombre d’un gros arbre, je sentis la bière remonter, pas dans ma gorge mais vers mes yeux. Le jour étincelait douloureusement, comme s’il s’agitait autour d’une sorte d’axe, et à travers cela une feuille chut, ses bords ourlés d’une teinte étrange.

21/12

Calendrier de l’Avent

Soleil rouge, Matthew Mc Bride, traduction Laurent Bury
(Gallmeister, 2017)

Il lança son mégot par la vitre et exhala, puis il ranima ce souffle épuisé avec une nouvelle dose de méth qui transperça sa réalité comme une balle à pointe creuse.

20/12

Calendrier de l’Avent

Le gang de la clef à molette, Edward Abbey, traduction Pierre Guillaumin
(Gallmeister, 2013)

Il médita un moment sur l’océanique unité des choses.

19/12

Calendrier de l’Avent

Le retour du gang de la clé à molette, Edward Abbey, traduction Jacques Mailhos
(Gallmeister, 2007)

Tous deux souffrent, comme on dit de nos jours, d’un excès pondéral rendant difficile, mais non impossible, la stabilisation d’une interface de connexion charnelle opératoire.

Calendrier de l’Avent

La femme qui avait perdu son âme, Bob Shacochis, traduction François Happe
(Gallmeister, 2016)

Eville leva la tête, les yeux rougis par la brûlure de la trahison.

17/12

Calendrier de l’Avent

L’Indien blanc, Craig Johnson, traduction Sophie Aslanides
(Gallmeister, 2013)

Il resta silencieux tandis qu’il me regardait patauger dans la culpabilité de mes émotions mal placées comme un animal blessé.

16/12

Calendrier de l’Avent

Meurtres sur la Madison, Keith McCafferty, traduction Janique Jouin-de-Laurens
(Gallmeister, 2018)

Elle détourna les yeux du lac sépulcral…

15/12

Calendrier de l’Avent

Ce qui gît dans ses entrailles, Jennifer Haigh, traduction Janique Jouin-de-Laurens
(Gallmeister, 2017)

Un été d’évènements extraordinaires, un complot rare de l’altitude et du temps ; d’apparitions totémiques.

14/12

Calendrier de l’Avent

L’ange gardien, Christa Faust, traduction Christophe Cuq.
Gallmeister, 2018

Le pauvre vieux pick-up appréciait peu notre choix d’itinéraire et le faisait savoir à coups de crachats de fumées et de toussotements, expectorant dans l’habitacle une odeur terminale de métal brûlé.

13/12

Calendrier de l’Avent

La femme qui avait perdu son âme, Bob Shacochis, traduction François Happe
Gallmeister (2016)

On part maintenant, dit-elle, regardant en arrière, vers son mari sans tête et tandis qu’elle poussait son fils sur le seuil de la porte, quittant une fois encore la ville où elle était née pour le péril d’un futur qui n’était inscrit que dans le passé.

12/12

EDITION SPECIALE

Dans Livres Hebdo du 3 décembre, Olivier Mony (Grasset) rend compte du livre de Manuel CarcassonneLe Retournement (Grasset), à paraître le 5 janvier 2022 ; pour changer, il en dit beaucoup de bien ainsi que de son auteur. Avant de prendre la tête de Stock, Manuel Carcassonne était « éditeur » chez Grasset. Il se trouve qu’il a été l’éditeur de trois de mes livres ; je crois que sa seule intervention sur un seul d’entre eux (Mike Tyson, un cauchemar américain, 1999) a été la rédaction du quatrième de couverture où il fait naître Iron Mike dans le Bronx (il est né à Brooklyn) ; en revanche, très tôt, il s’est répandu dans le tout-Paris littéraire pour l’informer que j’étais, certes, un « bon » écrivain (dans la mesure où j’étais protégé par son patron, Jean-Claude Fasquelle, il ne pouvait pas dire le contraire), mais qu’il était « impossible de travailler » avec moi. De la part de quelqu’un qui, pour ce qui me concerne, n’en a jamais foutu une rame*, c’était – évidemment – parfaitement crédible puisque parfaitement invérifiable, évidemment (bis), ça m’a beaucoup aidé pour la suite.
Ça continue…

* c’était Elsa Gribinski qui se tapait le taf, sans trop de difficulté, je crois.

Les huit mercenaires du sixième arrondissement

recevant un manuscrit de Frédéric Roux

Calendrier de l’Avent

Animaux solitaires, Bruce Holbert, traduction Jean-Paul Gratias
(Gallmeister, 2013)

Trois d’entre eux tentaient de s’appuyer sur une patte cassée, stupéfaits qu’une chose aussi indéniable qu’un os pût être aussi vite remise en cause. Plus tard, dans le clos d’équarrissage, on les achèverait pour que leur viande nourrisse les porcs.

11/12

Calendrier de l’Avent

Le camp des morts, Craig Johnson, traduction Sophie Aslanides
(Gallmeister, 2010)

Lucian, je n’ai pas particulièrement envie de remuer d’anciens couteaux dans les plaies.

10/12

Calendrier de l’Avent

Cry Father, Benjamin Whitmer, traduction Jacques Mailhos
(Gallmeister, 2015)

Un courant lugubre et mauvais coule sous sa chape d’épuisement, et il sait parfaitement que ce n’est pas en dormant qu’il pourra s’en défaire.

09/12

Calendrier de l’Avent

Le signal, Ron Carlson, traduction Sophie Aslanides
(Gallmeister, 2011)

Ce soir, il y avait les ténèbres granuleuses du temps des rêves.

08/12

Calendrier de l’Avent

Tous les démons sont ici, Craig Johnson, traduction Sophie Aslanides
(Gallmeister, 2011)

Je pris une bouchée de mon festin nomade.

07/12

Calendrier de l’Avent

L’heure de plomb, Bruce Holbert, traduction François Happe
(Gallmeister, 2016)

Elle vit l’horizon se tuméfier en une boursouflure violacée et palpiter comme du sang qui giclerait d’une veine sectionnée, imprégnant le ciel tout entier.

06/12

Calendrier de l’Avent

Little America, Henry Bromell, traduction Janique Jocin-de-Laurens
(Gallmeister, 2017)

Lui aussi alluma une cigarette, et durant la bouffée passagère de cette accalmie narcotique illusoire, examina la situation.

05/12

Calendrier de l’Avent

Seuls sont les indomptés, Edward Abbey, traduction Laure Derajinski & Jacques Mailhos
(Gallmeister, 2016)

Un souffle s’expulsa du sourire du cavalier.

04/12

Calendrier de l’Avent

Le diable en personne, Peter Farris, traduction Anatole Pons
(Gallmeister, 2017)

Il fumait deux paquets par jour et avait la déontologie d’un urinoir dans les toilettes de femmes.

03/12

Calendrier de l’Avent

Exécutions à Victory, S. Craig Zahler, traduction Sophie Aslanides
(Gallmeister, 2015)

A hauteur de son épaule gauche se tenait un Asiatique très mince dont le visage grêlé semblait ne pas être doté des muscles nécessaires à la production d’un sourire.

02/12

Calendrier de l’Avent

Délivrance, James Dickey, trad. Jacques Mailhos
(Gallmeister, 2013)

Son long visage lupin était rouge et il souriait.

01/12

Calendrier de l’Avent

Enfants de poussière, Craig Johnson, traduction, Sophie Aslanides
(Gallmeister, 2012)

Dans notre minuscule famille, les histoires se bâtissaient sur des choix créatifs, des négociations mêlant l’esthétique de la révélation et la dynamique de l’émotion…

30/11

Calendrier de l’Avent

Soleil rouge, Matthew McBride, traduction, Laurent Bury
(Gallmeister, 2017)

Le soleil descendait derrière le mobile home comme une explosion de jaune d’œuf qui giclait du ciel et consumait les arbres.

29/11

Calendrier de l’Avent

Le Gang de la clef à molette, Edward Abbey, traduction, Pierre Guillaumin
(Gallmeister, 2013)

Au-dehors, un coq infatigable, perché sur le toit d’un poulailler, lançait son chant éjaculatoire précoce à la lune déclinante.

28/11

Calendrier de l’Avent

Les Arpenteurs, Kim Zupan, traduction, Laura Derajinski
(Gallmeister, 2016)

Peut-être avait-elle scruté d’un air interdit les étoiles naissantes, leur lueur laiteuse en superposition sur l’ordre implacable au-dessus de sa tête baignant la carte qui semblait contenir sa vie dans ses lignes et ses courbes obtuses.

25/11

Dans Livres-Hebdo, Olivier Mony (Grasset) recommande le Journal de Pomary 1941-1943 de Kazimierz Sakwicz publié où ? je vous le donne en mille Emile… chez Grasset.

Quand y en a plus, y en a encore

23/11

Des fois, Instagram me fait rêver
avant de me laisser songeur

22/11

Le fan-club de Walter Benjamin négocie 
le montant des charges de l’EHPAD

Et la vie de « Naty » Revuelta, quel beau roman !
(que je n’écrirai pas)

21/11

Bientôt et en exclusivité sur ce site, les traducteurs des éditions Gallmeister vous offrent leur calendrier de l’Avent.

Dans Livres-Hebdo, Olivier Mony (Grasset) trouve que La société du peloton de Guillaume Martin (Grasset) est une « réflexion brillante sur les mécanismes ambigus de la vie en société ». Pourvu qu’il ne vienne jamais à l’idée de Guillaume Martin de s’intéresser aux mécanismes rudimentaires de la vie littéraire.

16/11

Demain, le prix Interallié sera décerné (au troisième tour) à Victor Hugo pour Choses vues (1838).

Je ne suis pas trop « autopromotion » (j’espère que mes lecteurs y sont sensibles), mais là… quand-même… un site chrétien renvoyant ad vitam æternamà des ouvrage de théologie en anglais… c’est, pour le moins… insolite !

Ite missa est

Deo gratias

14/11

« un chantier brasse des temporalités multiples, du présent, du passé, du futur »… comme la purée de pommes de terre (de chez Robuchon), la mayonnaise ou les blancs en neige ! « et il a immédiatement à voir avec la mémoire »… comme la purée de pommes de terre (de chez Robuchon), la mayonnaise ou les blancs en neige !

A votre service

Mousline de Kérangal

13/11

Tout est dit Arditi.

12/11

Yannick Bolloré (fils de, copain de Pierre Ménès) parle de « plateformisation du monde » à la Foire de Brive devant un public conquis d’avance ; je suis bien d’accord… qu’en des termes galants ces choses-là sont dites, mais je n’applaudis pas (c’est bien le moins).

11/11

« Cette façon de se mouvoir », c’est vrai, personne ne remue, personne ne bouge, tout le monde se meut.

Vous n’êtes pas sans savoir que je n’ignore pas que les fenêtres du véhicule sont les vitres de la bagnole.

La vie fantôme de Danièle Sallenave (P.O.L, 1986), c’est vrai plus personne ne lit ce genre de livres (on dirait du Delly morne), mais est-ce qu’il y avait des gens qui lisaient ce genre de livres du temps où ils étaient publiés ? On pourrait croire l’autrice tombée dans l’oubli comme Zénaïde Fleuriot, mais si l’on se renseigne un peu (pas trop)on se rend compte qu’elle est encore vivante alors qu’elle écrit comme une morte-vivante de la littérature morte, qu’elle a droit à tous les colifichets possibles et imaginables, qu’elle a un avis sur tout et n’importe quoi et qu’elle a même traduit Pasolini ! Chapeau Mamie !

Si c’était vrai, j’arrêterais de boire

10/11

Ben, mon Coulon !

D’abord, on se désespère 
et puis on regarde la gueule des désespérés, 
on ne veut pas en être non plus… 
Aigres, la tronche de traviole.
Murayne ! Matznèfles !
Alors en route ! 
les deux pieds dans le même sabot
prenons le nôtre au milieu 
des cratères éteints

des critères absents.
Porter la parole au cœur du défi à nul autre pareil,
se transporter là où Cécile proclame ses désirs,
MAIS
que rêver de mieux
à Clermont-Ferrand 
ex-capitale du pneu.

Madame Coulon
vérifie la pression

09/11

Ça ferait, sans doute, un plus beau livre que toutes les rengaines petites-bourgeoises dont on nous accable, mais comptez-pas sur moi pour l’écrire. Quant à celui qui l’écrira, sans nul doute, il la saccagera. Restons-en donc à l’histoire* de Sidi Kaba… si belle, si triste.

* surtout qu’elle n’est, sans doute, pas aussi simple qu’on la raconte…

Sidi Kaba

R.I.P.

08/11

Sauerkraut for ever !

Pas d’impatience, aucune inquiétude,
la rentrée de janvier est au saloir…
elle promet son lot de surprises
et son quota de chefs-d’œuvre.

07/11

« […] l’esprit plein d’un moment qu’il était inutile de faire durer tant il était saturé d’infini », Jean-Christophe Rufin (de l’Académie française), Les flammes de pierre (Gallimard).
Là où l’on atteint des sommets, on tutoie l’infini, mais, parfois, l’oxygène manque et l’œdème cérébral guette.

L’infini
(côté mer)

06/11

Ceux qui ne changent pas
Ceux qui s’acharnent

Ceux qui ne changent pas
Ceux qui s’acharnent
Ceux qui ne changent pas
Ceux qui s’acharnent
etc.
etc.
etc.

04/11

Des fois, on a un peu honte
d’avoir honte à leur place

Je sais, c’est con et je ne dois pas être le premier à la faire, mais ça me fait rire.

Ce soir, Sarr dîne en boîte

Avec le pognon du Renaudot,
Amélie est partie en safari avec son velu.

03/11

Et maintenant…
les affaires sérieuses peuvent commencer !

02/11

Jusqu’à présent, chez Drouant, tout roule !

01/11

Abel Quentin (Albéric de Gayardon), en lice pour le Renaudot, c’est – soi-disant – vachement bien, tout comme Anne Berest, la sœur de la copine d’Abel Quentin, Claire Berest  (compagne de Grégoire Chertok, banquier d’affaires, ex-mari d’Elisabeth de Castex, ancienne attachée de presse d’Edouard Balladur) en lice pour… le Renaudot.

D’autres, davantage… mais de naissance !

31/10

Dans le Béarn, comme dans le Montana, le catalogue de VPC finissait au fond du jardin, on pouvait s’astiquer peinard si les pages des gaines et des soutiens-gorge n’avaient pas disparu

« Les chiottes qui fermaient mal avec un crochet ou pas du tout
et le papier journal qui râpait et laissait le trou du cul merdeux. »

Le désir de guerre (L’Arbre vengeur, 2014)

29/10

Le 27 septembre, Olivier Mony (Grasset) trouvait que le livre de Katharina Wolkner (Grasset) était « explosif » ; le 15 octobre, il trouvait que Léonor de Récondo (publiée par « la grande maison Grasset ») était bien logée : « deux sublimes corps de bâtiment […] vaste terrasse qui s’étage au-dessus d’un coude de la Garonne » (quatre pleines pages in Le Mag, le supplément way of life de Sud-Ouest)

Dans le Sud des Etats-Unis, il y avait les nègres de maison, dans le Sud-Ouest de la France, on a les critiques de maison.

Reçu aujourd’hui de Gallimard le relevé de mes droits d’auteur pour Lève ton gauche ! (qui n’est plus à leur catalogue), je n’en avais reçu aucun auparavant. La comptabilité des éditeurs est mystérieuse.

Et puis, après (si on a le temps), on apprendra la table de multiplication

27/10

Exemple ci-dessous

Billy & The Blonde

Budd Schulberg a vu des centaines et des centaines de combats, mais quand on lui demandait quel était le plus beau auquel il avait assisté, il répondait : le premier combat entre Joe Louis et Billy Conn au Polo Grounds. Mike Tyson est du même avis que lui : le plus grand match de boxe de tous les temps ? celui qui a vu s’affronter Joe Louis et Billy Conn le 18 juin 1941, et l’on peut faire confiance à Iron Mike, à l’heure actuelle l’un des meilleurs connaisseurs de l’histoire de la boxe que l’on puisse consulter.
……..Pendant 12 rounds, Billy Conn domine Joe Louis qui pesait au moins dix kilos de plus que lui. Billy mène aux points et de loin. Pendant la minute de repos à la fin du 12e (qu’il a dominé de la tête et des épaules), son manager lui donne la marche à suivre : « C’est bon, t’as gagné ! Boxe de loin, accroche-toi ! » et Conn lui répond : « Non, je vais flanquer ce fils de pute en l’air ! » Au 13e, il fait comme il a dit, mais c’est Joe qui le fout en l’air (il faut toujours se méfier du frappeur en difficulté)… pour le compte ! De retour dans les vestiaires, Johnny Ray demande à Conn : « Mais putain ! Billy, je te l’avais dit… pourquoi t’as pas boxé de loin ? pourquoi tu t’es pas accroché ? » et Billy lui répond en clignant de l’œil : « À quoi ça sert d’être irlandais si on peut pas être con ? »
……..Johnny Ray (138 combats au compteur) en tirera la conclusion suivante : « S’il avait été juif, Conn aurait gagné, manque de pot, il était irlandais ! »
……..Dans les vestiaires toujours, mais un peu plus tard, Billy demande au « Brown Bomber », qui deviendra l’un de ses meilleurs amis : « Pourquoi tu m’as pas laissé être champion du monde six mois ? », ce à quoi Joe lui répond : « Tu l’as été douze rounds et t’as même pas été foutu de le rester ! »
……..Comme Gene Kelly, Billy Conn est né et a grandi à Pittsburgh à une époque où l’air y était si noir des fumées des aciéries que les employés de banque étaient obligés de changer de chemise après déjeuner. Tout le monde toussait, tout le monde éternuait, tout le monde mouchait de la suie et du sang et les ouvriers des fonderies buvaient comme des trous pour supporter… un whiskey et une bière…
……..– Un Iron et une Imp !
……..Le père de Billy travaillait chez Westinghouse, un jour il avait amené son fils à l’usine et en lui montrant le poste qu’il occuperait quarante ans, il lui avait dit : « C’est là que tu travailleras ! »
……..– Ça m’a flanqué la trouille ! » se souvient Billy Conn. Quand je lui ai dit que je voulais être boxeur, mon vieux m’a dit : « T’es dingue ! » Il avait raison, fallait être dingue pour vouloir boxer, mais fallait être encore plus dingue pour travailler à l’usine !
……..À Pittsburgh, se battre était une activité culturelle comme boire (au grand dam de sa femme, le vieux Conn brassait sa bière dans la baignoire de leur appartement) et danser, c’était aussi une manière de représenter son quartier et défendre le coin d’où l’on venait. Pour faire tourner ses usines, monsieur Carnegie engageait tous les immigrants possibles et imaginables (à l’époque, le Capitalisme n’était pas bégueule) : juifs, polonais, italiens et irlandais surtout ; les affrontements dans les bars se prolongeaient sur le ring et de nouveau dans les bars quand on commentait les combats entre Juifs, Polonais, Italiens et Irlandais que les promoteurs mettaient sur pied pour remplir les salles à craquer.
……..T’es pas d’ici ! Dagoe ! Ta sœur la pute ! Chink ! Tu pues ! Wop ! Ton père l’ivrogne ! Hunky ! Ta mère la pute ! Yid ! Tu pues ! Sheeny ! Rentre chez toi !
……..Comme tout bon Irlandais (« C’est pas qu’on soit bagarreur, mais on est bourré plus souvent et plus longtemps ! »), Billy Conn Sr adorait danser, boire et se battre. À près de 50 ans, il sera arrêté par la police quelques semaines avant que son fils dispute le championnat du monde. Jackie, le petit frère de Billy, était le meilleur bagarreur de tout Pittsburgh, sa réputation dépassait les frontières de la Pennsylvanie, à tel point que Jimmy Cannon avait écrit que, si les rencontres avaient lieu au fond d’une impasse, Jacky serait champion du monde.
……..Les bagarres duraient quatre ou cinq minutes, pas davantage… comme au cinoche !  Pas d’armes… pas beaucoup plus de coups interdits qu’au Madison Square Garden. Quand c’était fini, le vainqueur et le vaincu allaient s’en jeter un.
……..– Un Iron et une Imp !
……..– Et remettez-nous ça !
……..Le sang coulait sur le zinc, les deux types reniflaient (le sang par les narines) et finissaient par pleurer dans les bras l’un de l’autre… à moins que, pour une réflexion de travers, une tournée refusée, ils ne recommencent.
……..Sur le ring, Jacky était nul et Billy nul dans la rue, alors Jacky se bagarre et Billy boxe. Comme son manager, Johnny Ray (« Un sacré fils de pute de Juif ! »), trouve qu’une carrière amateur est une perte de temps, Billy passe pro directement. Il a seize ans, il est poids moyen avec une belle gueule d’Irlandais et les yeux bleus. Des fois, il gagne, des fois, il perd, assez souvent d’ailleurs, sur ses quatorze premiers combats, il compte six défaites, et puis il apprend, il perd de moins en moins, il bat Fritzie Civic, « Le type le plus vicieux que j’aie jamais rencontré ! » et Babe Risko. Dans les vestiaires du Dusquene Gardens de Pittsburgh, il s’excuse d’avoir perdu contre Oscar Rankins… sauf qu’il a gagné aux points après avoir passé huit rounds dans le brouillard.
……..– Quand Johnny me l’a dit, je l’ai pas cru, je l’ai cru le lendemain quand je l’ai vu écrit sur le journal !
……..Des années plus tard, lorsque Joe Louis apprendra que Conn a rencontré Rankins, il s’en étonnera : « Ton manager t’aime pas beaucoup, le mien a jamais voulu que je rencontre ce fils de pute ! »
……..Billy s’étoffe, il passe en mi-lourd, quelquefois il est déclaré gagnant alors qu’il n’a pas réellement gagné (contre Teddy Yarosz), mais il bat Erich Seelig aux points ; il rencontre deux fois Freddie Apostoli, il gagne les deux fois et les deux fois leur combat tourne au bain de sang. Sa photographie après le combat revanche fait le tour des rédactions avec comme légende : « Si c’est le vainqueur, alors à quoi peut bien ressembler le vaincu ? »
……..Sur le cliché, Billy ressemble à l’Homme invisible.
……..Ça le fait rire.
……..De retour d’un combat, son père se bagarre avec Johnny Ray. Nez cassé pour l’un, une dent en moins pour l’autre. Match nul !
……..Ça les fait rire.
……..Avant son combat contre Melio Bettina, Billy se bagarre avec son frère qui lui a « emprunté » sa Cadillac noire flambant neuve… ce qui les fait rire, c’est le sang dont ils sont recouverts.
……..Billy couvre sa famille de cadeaux, sa mère, Maggie, aime le champagne… champagne !
……..La belle vie !
……..Et puis Billy Conn est amoureux.
……..Billy Conn est amoureux de la plus jolie fille du monde.
……..Mary Louise Greenfield.
……..LA blonde.
……..La première fois qu’il la rencontre, elle a quinze ans. Deux heures après, il la demande en mariage, la jolie blonde lui répond qu’il est fou et elle tombe amoureuse de lui parce qu’il est fou. Greenfield Jimmy Smith, le père de Mary Louise, était une personnalité de Pittsburgh, ancien joueur des Giant’s, propriétaire du Bachelor’s Club, le speakeasy le mieux fréquenté de la ville, un Irlandais haut comme trois pommes bagarreur comme pas deux pour ne pas faire mentir la légende. Jimmy aime beaucoup Billy, mais il aime sa fille aînée encore davantage et il n’a aucunement envie qu’elle sorte avec un boxeur. Il inscrit Mary Louise dans un collège chic de Philadelphie et demande à la Mère supérieure de ne pas laisser les types du genre de Billy Conn approcher de Mary Louise.
……..Billy dépérit, la fille dont il est amoureux fréquente les types de la haute, le combat contre Joe Louis approche et sa mère est tombée malade.
……..Il apporte du champagne à Maggie, il la tient entre ses bras des après-midi entières, il lui offre un bracelet en diamants.
……..– La prochaine fois qu’on se voit, je serai champion du monde !
……..– La prochaine fois qu’on se verra, Billy, c’est au Paradis…
……..Et au paradis, au Polo Grounds, la nuit du 18 juin 1941, Billy Conn peut s’y croire.
……..– Ce soir, c’est un combat pour de bon, Joe !
……..– Je sais…
……..Jusqu’à ce qu’il veuille finir à l’irlandaise ce qu’il a si bien commencé douze rounds durant.
……..– Je le tiens Johnny, je finis ce fils de pute maintenant !
……..– Non, Billy, non… gauche et retrait… gauche et retrait…
……..Dans l’autre coin, on est d’accord sur la marche à suivre.
……..– Tu perds, Joe, faut que tu le files en l’air, Joe !
……..– Je sais…
……..Et deux minutes plus tard, Billy est couché sur le côté droit, son cerveau irlandais essayant de commander à ses jambes irlandaises… « Debout ! Debout, connard ! Debout ! », mais Billy reste couché.
……..La veille, il se poursuivait avec son frère dans le hall de l’hôtel… en caleçon !
……..Pour rigoler.
……..Quelques jours après le combat, Maggie est morte, le lendemain de son enterrement, Billy épouse Mary Louise à Philadelphie.
……..Contre l’avis de son père.
……..Elle a dix-huit ans.
……..– Le prêtre en avait rien à foutre du père de Mary Louise, il a juste vu deux jeunes gens amoureux. 
……..Cinquante ans après, la blonde et le boxeur étaient toujours amoureux.
……..Mary Louise tombe très vite enceinte, elle accouche de leur premier enfant, Timmy. Pour son baptême, tout le monde pense que c’est le moment d’enterrer la hache de guerre et de fumer le calumet de la paix, au lieu de cela… balade irlandaise… bagarre générale ! Billy se brise la main sur le crâne de son beau-père qui tente de l’étrangler, Milton Jaffe, le conseiller financier de Billy, se casse la cheville, Mary Louise est couverte de bleus. Quand la bagarre s’achève, Billy, presqu’un mètre 90, a le visage marqué comme au sortir d’un combat difficile, Greenfield Jimmy, pas beaucoup plus d’un mètre 60 ? pas une seule égratignure ! Chaque fois que Joe Louis croisera Billy Conn, et ils se croiseront souvent, Joe lui demandera si son beau-père lui colle toujours des roustes ! Peut-être pas, mais Joe se chargera de lui en coller une d’anthologie lors de leur combat retour le 19 juin 1945 au Yankee Stadium.
K.-O. au 8e…
Le flop de l’année d’après l’Associated Press.
……..Billy est fini !
……..Il disputera ses deux derniers combats contre des pas grand-chose : Jackie Swanson, un poids moyen et Bill Roberts, un poids lourd, il gagnera les deux avant la limite. Histoire de finir sur une note aussi gaie que Billy Conn, le type qui ne voulait pas seulement être celui qui avait battu Joe Louis, mais celui qui avait battu Joe Louis par K.-O.

A paraître,

mais c’est vrai que je me demande qui ça pourrait bien intéresser…

26/10

Christine Angot, prix Médicis. Comme dit mon copain Didier Paquignon : « Tout va bien, tout est normal ! » ; j’ajouterai : « Tout ce qui doit arriver arrive ». Sans compter que, face à Ecrire (Gallimard, 1993) de Marguerite Duras, côté déconographie à la vinasse cinq étoiles, Christine tient pas la berteille.

« Une boiterie indélébile », Eric Fottorino (Marina A, Gallimard), face à des stylistes de cette envergure, comment voulez-vous lutter ?

Ne jamais oublier que, pour un éditeur, l’écrivain, c’est du papier que l’on peut changer

24/10

Ah ! Olivier Mony (Grasset) apprécie Double aveugle d’Edward StAubyn (Grasset).

17/10

Tiens ! Olivier Mony (Grasset) fait une recension de La Grande aventure de Victor Pouchet (Grasset).Sébastien Lapaque, prix Jean Freustié (présidé par Anthony Palou), 25 000 euros dans le nourin ! Il s’en allait temps, depuis la rentrée, Lapaque dépérissait.

16/10

Depuis quelque temps, je me demandais ce qu’était devenue Jennifer Kouassi, à une époque la personnalité la plus importante du paysage littéraire français puisqu’elle décidait qui passerait à Nulle part ailleurs (souvenirs ! souvenirs !) sur Canal + (nostalgie ! nostalgie !), eh bien, après deux livres publiés chez Grasset, elle n’est rien devenue du tout… elle s’est, sans doute, mariée.

Si c’est Harry qui le dit

15/10

Independance de Richard Ford (L’Olivier, 1996), 576 pages d’incessants bavardages sans intérêt avant qu’un drame mineur n’advienne page 462, mais qu’est-ce qu’on peut s’en foutre !
« Et dès lors le reste est  allé de soi : l’inévitable, non sans protection sanitaire », ça veut dire qu’il a fini par (la) baiser (c’est pas trop tôt), mais avec capote ; c’est tout à fait ça, il écrit avec une capote, il faudrait que quelqu’un lui dise que, par écrit, il ne risque pas grand-chose.

07/10

Des fois, ça me tente

J’emmènerai mes copains avec moi

05/10

Je te tiens, tu me tiens par la barbichette

Françoise Nyssen a été ministre de la culture en 2017 et 2018, je n’avais jamais remarqué qu’Actes Sud avait remporté les Goncourt 2017 et 2018… sans doute une coïncidence.

Franchement, apprendre que Muhammad Ali
participait avec les « frères » à quelques gumbo-parties
(un peu de tous dans beaucoup de toutes à la sauce piquante),
c’est comme apprendre que Gabriel Matzneff était pédophile.

Une langue commençant par […] utilisée
par des petits c et des grands C

De ne pouvoir l’écouter,
j’en ferme pas l’œil de la nuit

30/09

Il viendra bien un moment où les agents littéraires seront l’équivalent en librairie des commissaires d’exposition au musée.

« Un entrelacement perpétuel de leitmotive » (Tolstoï sur Wagner)… peut s’appliquer à tous les écrivains n’ayant ni le sens du rythme ni celui de la mélodie (ils sont légion).

Gabriel Matzneff a remis ça

29/09

Tiens ! Olivier Mony (Grasset) fait une recension de Jewish cock  (Grasset).


Retrouvé ce mail envoyé à Magali Langlade (à l’époque, directrice de Folio) à propos des couvertures proposées pour La classe et les vertus, cf ci-dessous l’une d’entre elles (27/09/2021, mais aussi le 25/01/2017) particulièrement tartignolle et sur laquelle (entre parenthèses) on dirait que « Sugar » (1 mètre 78) mesure quinze centimètres de plus que « Marvelous » (1 mètre 75) !

J’avais essayé d’expliquer (en vain) les dangers de la littéralité aux différents employés de Folio en leur joignant l’image ci-dessous… Je croyais bêtement que même d’autoproclamés « spécialistes » de l’image pourraient comprendre (c’est pas difficile)… macache bono ! ce sont pour l’essentiel de terribles bourrins qui seraient collés au concours d’entrée aux Beaux-Arts de Saint-André-de-Cubzac, mais malheureusement nés avec Photoshop dans la totoche, ce qui les rend invraisemblablement suffisants et suffit à épater les boomers (« T’as vu ça… y’a pas à chier, ils sont agiles du pouce ! »).

Ils n’ont rien écouté (« Il se prend pour qui, ce con ? »), n’ont pas hésité à sucrer la photographie de Marcel Pigou qui ouvre le livre sans me prévenir (« Il nous fait  déjà chier avec ses deux abrutis, pas la peine d’en coller un troisième d’entrée ! »), envoyé le BAT la veille, peut-être même le lendemain (« On va pas s’emmerder non plus ! ») du départ à l’imprimerie (« Tu vas voir qu’il va se calmer le vioque ! »).
Je ne me suis pas calmé du tout, je me suis même énervé, ils ont préféré arrêter les frais, je ne le regrette toujours pas.

Folio continue d’aligner les couvertures les plus laides du paysage éditorial français (pourtant redoutablement remarquable).
Magali Langlade est, aujourd’hui, responsable de la fiction française aux éditions Belfond.
Marcel Pigou est mort.
A Saint-Germain (où je fous peu les pieds), je traîne la réputation d’un terrible emmerdeur (franchement, on se demande… un écrivain qui se soucie de ce qu’il écrit, et puis quoi aussi !).

Y a pas photo !

A gauche, Magali Langlade / A droite, Marcel Pigou

28/09

Bille en tête, Alexandre Jardin (Gallimard, 1986), Fanfan cul-cul !

27/09

Reçu d’un libraire breton !

A paraître, mon cul !
(Putain ! la couv’…)

Hermès – Serge Lutens – Diptyque
orthodontiste & détartrage récent

Une classe au sein d’un genre

Suffisait d’y penser…

aujourd’hui, les femmes écrivent pour tout le monde
puisqu’il n’y a que les femmes qui lisent

Adios las brujas !

Chez Mona (Chollet),
c’est cosy cool…

13/09

Chacun son tour

Tout l’un(e) ou tout l’autre

bis…

12/09

Marie Darrieusecq a des insomnies.

Gare de l’Est, 200 mètres de queue pour une soupe et un morceau de pain.

Rue Vaugelas (XVe arrondissement), on fait du camping à l’ombre.

11/09

Trouvé chez Delamain : Le chant des paroxysmes
de Marcel Moreau (Buchet/Chastel, 1967)

07/09

A propos du combat Hagler/Leonardil était du même avis que moi (ceux qui croient et ceux qui savent), mais ce n’est pas cela qui importe, ce qui importe c’est qu’il ait écrit cette lettre de sa main.

La classe et les vertus

La lettre de lecteur la plus émouvante que j’ai jamais reçue.

06/09

Son « sujet », c’est la traîtrise, il tourne autour depuis toujours, surtout la traîtrise des autres, celle dont il est victime et qui (le) rend héroïque, mais vous ne m’ôterez pas de l’idée qu’il a une tête de traître. Qui est-ce ?

Bien évidemment, ce n’est pas la raison principale du refus de La boxe mode d’emploi par les établissements Grasset, mais que les principaux protagonistes (et les plus attachants) soient des « laissés-pour-compte » (qui plus est, souvent noirs) n’y est pas pour rien…

Décidément

05/09

Jeannette Zacarias Zapata est morte, Marie Darrieusecq a des troubles du sommeil.

Une goutte d’amertume rend un océan de louanges imbuvable.

03/09

Pour.Copi.Conforme

02/09

Le père de Sorj (dont ce n’est pas le prénom) Chalandon qui mentait tout le temps me semble plus intéressant que son fils ; ce pauvre Georges (La G.P, Libé, 30 ans, formateur au CFJ et maintenant à presque 70 balais, Le Canardenchaîné pour compléter sa retraite) n’arrive pas à écrire un bon livre, mais ça ce n’est pas grave ! tant que les lecteurs le plébiscitent et que les libraires l’encouragent (« Coup de cœur ! »), aucune raison qu’il arrête (c’est ça le problème).

YES

01/09

Le Masque et la plume, spécial rentrée littéraire, tout est bien… bien ! Tout est bon… bon ! Et puis, Christine Angot qui est excellente. A son propos, les choses deviennent vite confuses, tout le monde en parle comme si elle avait été victime d’une hostilité unanime, d’une réprobation générale… faut pas déconner ! il me semble qu’elle a eu son lot de récompenses (Flore/Sade/France Culture/Décembre) et de reconnaissance (des pages entières de Madame Figaro dont une interview avec Johnny Hallyday quasiment aussi sidérale que celle de Platini par Marguerite Duras, une chronique régulière dans Libération, un passage sur le divan de Marc-Olivier Fogiel, un entretien croisé avec Youssoupha in Le Monde, etc) jusqu’à devenir une semi-star du PAF à l’égal de Yann Moix et dans le même rôle du méchant roquet (les chaussettes ! les mollets ! la rage ! le tétanos !). Le plus ennuyeux (à mon sens) est à suivre : elle serait devenue plus « lisible » depuis que Me Too/Vanessa Springora/Camille Kouchner sont passés par là, pire encore plus crédible. Nom d’une pipe ! pourquoi ? Et, surtout, que ce soit vrai, que ce soit faux, quelle importance (cf Marcel Proust, le 10/02 et Blaise Cendras et son transsibérien imaginaire, bien sûr) ?

Et, pendant ce temps, Jeannette Zacarias Zapata est dans le coma.

Aujourd’hui, sur les réseaux « sociaux »
« (presque) personne »,
ça n’existe pas ; dans la vie,
(presque) rien, si…

L’important étant de rester entre soi
et de se taper la cloche
aux frais de la princesse.

31/08

Pour Christophe Boltanski, cf Miscellanées 31/08, et puis s’intéresser à Christian B, ce qui serait la moindre des choses…

30/08

J’irai saloper vos tombes…

même mort, on n’est pas tranquille !

Evreux, ville où l’on est sûr de n’avoir aucun destin », Alexandre Jardin.

Au moins, c’est clair(o) !

29/08

En édition (comme partout, d’ailleurs, pourquoi ce secteur serait-il différent de l’agro-alimentaire dont il est de plus en plus proche ?), il y a les petites saletés d’arrière-cour et puis les arrangements feutrés du type : « Passe-moi l’infusion, je t’offrirai la tisane ». La période est fertile en coups de pied de l’âne (Low !) et renvois d’ascenseur (High !)… c’est la saison des prix qui veut ça, le rare moment où le pognon est sur la table et le public, soi-disant, aux aguets ; je ne sais d’ailleurs pas si le bas-populo ne va pas se lasser de se voir perpétuellement proposer (imposer ?) Le Père Noël est une ordure en alternance avec Rabbi Jacopour les fêtes de fin d’année, visiblement il n’y a cette année qu’Angot (Go !), Nothomb, Chalandon (qu’on lui colle le Goncourt et qu’il fasse plus chier !) et Amigorena (« Diop ! Diop ! Diop ! le voilà le shampoing Diop ! ») en magasin… c’est chiche !

Olivier Mony aurait quitté Instagram*, je le déplore, il est toujours actif sur Twitter où il retweete Sophie Avon qui publie Une femme remarquable** et qui, anecdotiquement, écrit dans Sud-Ouest Dimanche comme Olivier Mony qui écrit également dans Livres Hebdo où il donne une critique de Théories de théories (« Il fait avec cet ouvrage un retour fracassant dans le genre à la fois encyclopédique et musardant qui a valu à ses lecteurs quelques-uns de ses plus beaux livres ») de Charles Dantzig (« parmi les plus fins proustiens de ce temps »), éditeur (et auteur) chez Grasset où Olivier Mony a publié un livre en janvier dernier. Si Mony en reste là, ça fait cher l’article, mais Olivier Nora n’est pas regardant et les attachées de presse du VIe arrondissement espèrent bien qu’il y en aura d’autres.
Je me souviens de Nelly Kaprielian féroce d’ordinaire avec Grasset (souvent à juste titre) qui était devenue beaucoup plus indulgente (sinon plus) après avoir publié deux livres rue des Saints-Pères… c’est humain et le public est censé n’y voir que du feu (sauf qu’il a quand même des soupçons… il se doute qu’on ne lui dit pas tout).

* en fait, il m’a bloqué, pourtant j’avais le même goût que lui pour la grande peinture,
celle de Nathalie Imbert, par exemple… peut-être que je ne me suis pas montré suffisamment enthousiaste.

** Swoosh aurait pu s’appeler Une femme idéale… les grands esprits se rencontrent.

Il y a trois ans, Alexandre Fillon qui écrit dans… Sud-Ouest Dimanche avait été « impressionné par le tour de force » constitué par La petite famille de Sophie Avon (qui vit avec le rédacteur en chef de… Sud-Ouest Dimanche). Au cas où l’on n’aurait pas compris que c’était un chef-d’œuvre, Mony avait doublé dans… Sud-Ouest Dimanche !
J’imagine que Jérôme Garcin, pilier de L’Obs (dont la rédactrice en chef est la sœur d’Olivier Nora, PDG de… Grasset) aime aussi beaucoup les livres de Sophie Avon, publiée au Mercure de France (dont la directrice, administratrice de Gallimard et Flammarion est la sœur d’Antoine Gallimard), critique attitrée du Masque et la plume (section cinéma).

Dans la famille Gallimuche,
je réclame la fille (aînée),
celle d’Antoine

Beigbeder est dans le coup

Schneck est dans le coup !

Et c’est là que c’est emmerdant, si ça se trouve les livres de Sophie Avon sont excellents ou, tout simplement, pas trop mauvais, sauf qu’on peut ne pas avoir envie de le vérifier par crainte de se faire baiser la gueule ; je me souviens tout de même en avoir lu un qui était plutôt tarte (ce qui ne veut pas dire qu’ils le sont tous).

Je dis ça, hein ! je dis ça parce que j’habite chez les rois de la garbure, je serais natif du pays de la choucroute, ce serait les mêmes saucisses avec des noms différents.

Je lui trouve un faux air de Vanessa Springora,
je lui souhaite le même succès,
sans les menus inconvénients l’ayant occasionné.

28/08

Les éditions de Minuit, finalement, c’est économique, de la page 97 à la page 155 de Viviane Elisabeth Fauville, j’en ai eu pour deux siestes supplémentaires.

Parité ! Parité !

Rentrée 2021
Primo-romanciers posant
sur les marches de l’Opéra comique

(entrée avec billets)
Tout est dit

Pas d’argent – des garants… la bohême !

Brouillon des Frères Karamazov

On sent le type qui n’est pas passé par un atelier d’écriture
(mais qui aurait – peut-être – pu faire les Beaux-Arts)

23/08

Viviane Elisabeth Fauville de Julia Deck (Minuit, 2012), le fameux effet Minuit, n’a pas manqué de produire ses effets, je me suis endormi, page 96, le livre comptant 155 pages, je le reprendrai ce soir.

UN vagin, UNE verge*… allez expliquer ça !

* marche aussi avec bite.

A propos de Cécile Coulon : « […] l’écriture, tour à tour sèche comme une trique ou gorgée de sève », Le Monde des livres… on voit tout de suite de quoi il s’agit.

Ta race Booba !

22/08

Moi, j’étais pour
(cf le 07/06)

Osez, osez Joséphine !

Ça fait cher, mais ça s’amortit au premier livre publié
(cf Leïla Slimani chez Gallimuche)

21/08

Tous ensemble ! Tous ensemble !

Les concombres masqués
plébiscitent le livre-papier

Retrouvé dans un petit carnet retrouvé :

– Tout ça, c’est bien joli, mon vieux, mais votre Dame aux camélias… à la fin, elle meurt !
– Oui… et ?
– Ça c’est trop noir. Le public d’aujourd’hui va pas supporter le choc ! Faut me changer ça… vite fait ! on va sinon droit à la cata… la prod’ va sabrer le budget.
– C’est juste que Marguerite Gautier…
– Marguerite qui ?
– Gautier… Marguerite Gautier… la Dame aux camélias si vous préférez.
– Oui, ben quoi… la Dame aux camélias, j’ai compris.
– Ben… c’est juste qu’à la fin… Marguerite… je veux dire la Dame aux camélias… ben, elle meurt.
– Putain ! mais vous comprenez rien à rien… vous êtes neu-neu… bouché à l’émeri, je vous ai dit que c’est pas possible, elle peut pas mourir.
– Elle peut pas mourir ou elle doit pas mourir ?
– Les deux. Interdit. Mort pas bon ! Toi comprendre ?
– A mon avis, ça va pas être trop possible.
– Elle meurt pas, c’est tout. Vous allez pas me dire que vous en avez quelque chose à foutre ! Qu’elle meure ou pas, pour vous, c’est kif-kif bourricot, le chèque, c’est le même.
– C’est pas la question…
– Pas la question… vous en avez de bonnes… mettons que ce soit pas la question… revenons à nos moutons, qu’elle meure ou pas… c’est où la différence ? Quelle putain de différence ça peut bien faire ?
– Un petit peu quand même.
– Un petit peu quoi ?
– Si elle meurt pas, ça change tout.
– Ça change rien du tout.
– C’est quand même pas pareil. Voilà ! c’est pas pareil.
– Je sais bien que c’est pas pareil, je la vois bien la différence, me prenez pas pour un con non plus.
– Loin de moi…
– C’est même moi qui vous ai suggéré la différence, alors je sais bien qu’il y en a une.
– Alors, on fait comment ?
– Facile. Easy. Finger on the nose. Elle meurt pas. Point barre. Démerdez-vous.
– Elle est malade, je vous rappelle.
– Malade… malade… c’est pas grave au moins ?
– Elle tousse…
– Elle tousse… elle tousse, c’est pas bien grave de nos jours… elle a qu’à prendre du sirop.
– Je voudrais pas revenir au sujet, mais si elle tousse, c’est qu’elle est tuberculeuse.
– Et puis quoi aussi… pourquoi pas le Sida tant que vous y êtes ?
– C’est qu’à l’époque… le Sida…
– Quoi ? A l’époque ?
– C’est juste qu’à l’époque, le Sida, on en parlait pas trop…
– C’est un tort.
– Je voudrais pas être lourd, mais je crois même qu’il n’existait pas encore.
– Vous me prenez pour un con… c’est ça, vous me prenez pour un con ?
– Non, c’est pas ça… pas exactement, je vous réponds.
– Des conneries, vous me répondez des conneries…
– Ça va, hein ! Maintenant, ça suffit… ça va… vous me faites chier à la fin !
– Vous énervez pas.
– Marguerite, elle tousse parce qu’elle est tubarde et elle meurt parce que le BCG n’est pas inventé. Voilà ! l’histoire, c’est ça.
– Mais l’histoire, mon vieux… pas la peine de vous énerver… on s’en tamponne ! Je vous ai dit qu’elle meurt pas, point barre. je vous le dis, je vous le répète, elle meurt pas.
– OK, mettons ! mais elle est malade…
– Si vous voulez… je vous le concède, elle est malade, mais elle tousse pas.
– Elle tousse pas.
– Non. Tousser, c’est nul ! Le public supportera pas… avec ces histoires d’épidémie, il va croire que c’est contagieux… j’en sais rien, je les connais, ils sont craintifs… un rien les perturbe.
– Elle meurt pas. Elle tousse pas.
– Elle fume pas non plus.
– Ça va… j’ai compris… si elle fume, elle tousse… et comme elle ne tousse pas, c’est…
– Qu’elle fume pas. Exactement.
– Alors… qu’est-ce qu’elle peut bien avoir ?
– Qu’est-ce qu’elle a cette connasse ? J’en sais rien, mon vieux, c’est pas moi le scénariste.

Publié par Philippe Billé le 18 août sur son blog
Exemplaire des mésaventures d’un érudit honnête* victime des petites saletés de l’édition.

*excellent traducteur par ailleurs que j’ai plusieurs fois recommandé
auprès des éditeurs de ma connaissance… sans succès.

Auprintemps dernier j’ai eu l’occasion de prendre connaissance du savant ouvrage que Michaël Rabier a consacré à Nicolás Gómez Dávila, penseur de l’antimodernité, Vie, œuvre et philosophie. Ce livre issu d’une thèse et paru à L’Harmattan est le premier publié en français sur le penseur colombien. Bien qu’il soit agréablement écrit en langage normal et sans jargon, je dois avouer que la partie proprement philosophique m’est assez difficile d’accès, à la différence de celles portant sur la vie et l’œuvre. J’ai remarqué entre autres points d’intérêt que la question des épigraphes employées par Davila est traitée pages 65 sq (c’est un sujet d’article auquel j’avais songé, resté en plan, mais qui est là bien élucidé). L’auteur a l’amabilité de me citer quelques fois dans son livre et de rappeler le petit rôle que j’ai joué au début des années 2000 comme premier traducteur français de Gomez Davila. J’aimerais à ce propos apporter quelques précisions et évoquer la mésaventure de mes tentatives de faire publier cet écrivain en français. Les œuvres du Colombien ont d’abord été traduites en allemand, à commencer dès 1987 par une sélection de ses aphorismes, qu’il appelait des scolies, parus en 1975. Un lecteur enthousiaste, le dramaturge et essayiste Botho Strauss, en a cité une dizaine dans un texte de 1990, Der Aufstand gegen die sekundäre Welt, qui fut traduit en français en 1996 sous le titre Le soulèvement contre le monde secondaire, chez L’Arche Editeur. C’est dans cette retraduction à partir d’une version allemande, par Henri-Alexis Baatsch, qu’ont été publiés en français les quelques premiers aphorismes de Davila. Mon ami Baudouin, qui lisait le livre de Strauss en 99 ou en 2000, a attiré mon attention sur ce Gomez Davila, qui était singulièrement absent des bibliothèques et des bibliographies à ma disposition. En cherchant sur internet, j’ai découvert un gisement de ses pensées mis en ligne par je ne sais plus qui (Oscar Torres Duque, peut-être ?). Elles m’ont vivement intéressé, pour ne pas dire ébloui, et j’ai aussitôt voulu traduire celles que je préférais. J’en ai publié un petit choix de deux douzaines dans ma Lettre documentaire 332, en septembre 2000. La même année, mon ami colombien Juan Moreno, qui travaillait dans la même université que moi, m’a procuré peu à peu les quelques livres de Davila. J’ai alors traduit, en 2001, un choix plus important, une quarantaine de pages de ses Scolies, dont j’ai publié certaines dans le n° 20-21 de la revue La Polygraphe, de Chambéry, et la même année je me suis mis en quête d’un éditeur. A l’automne, ma proposition a d’abord été refusée par Pierre-Guillaume de Roux, qui travaillait alors aux éditions du Rocher, puis par Fata Morgana. Au printemps de 2002 je suis parvenu à éveiller l’intérêt des éditions de L’Arche, qui envisageaient sérieusement une publication en m’assurant que je serais leur traducteur. Hélas le projet a capoté quand il s’est avéré qu’une édition était déjà en préparation sous la direction de Samuel Brussel, lequel travaillait aux mêmes éditions du Rocher qui avaient pourtant refusé ma proposition l’année précédente. C’est ainsi qu’ont paru au Rocher, début 2003 et fin 2004, les deux premiers livres de Davila en français, une sélection des Escolios de 1975 (devenus Les horreurs de la démocratie) et une des Nuevos escolios de 1986 (Le réactionnaire authentique) traduits par Michel Bibard. Je fus bien déçu, d’abord de n’avoir pas été le traducteur de ces livres, comme on peut comprendre, mais aussi par la forme que l’on avait donnée à ces éditions françaises, notamment le choix discutable d’avoir doté les scolies d’une numérotation qui peut rendre service, mais qui ne correspond en rien à ce que serait la numérotation réelle d’une édition complète. Les traductions cependant étaient de bonne qualité, quoique pas exemptes de quelques faux-sens ou contresens, comme de traduire le verbe Creer par Créer au lieu de Croire (Horreurs, 785) ou de traduire Dependencia par son exact contraire Indépendance (Réac auth, 490). Mais passons, après tout je suis bien placé pour savoir qu’un traducteur n’est pas toujours infaillible. Entre ces deux dates, je me suis consolé en publiant à mes frais, à l’automne 2003, la livrette Studia daviliana, où je réunissais quelques documents, études et traductions. Elle a obtenu un bon succès. Mais il manquait encore à ma déconvenue le coup de pied de l’âne, qui arriva en 2009 quand les éditions de L’Arche, ayant oublié mon existence, confièrent à une danseuse de flamenco, qui d’ailleurs ne s’en est pas mal tirée, la traduction du troisième et dernier recueil de pensées de Davila (Carnets d’un vaincu). J’arrêterai ici la narration de cette drôle d’histoire, pour en revenir à mon propos initial en évoquant encore ce point. J’aurais pu m’en apercevoir plus tôt mais c’est en lisant les pages biographiques du bon ouvrage de M Rabier, que je réalise à quel point Davila avait longuement résidé en France dans sa jeunesse. Né en Colombie en 1913, il a vécu à Paris de 1919 à 1936, c’est à dire pas moins de dix-sept ans. Cela m’amène à songer qu’un autre de mes grands réacs préférés, Albert Caraco, né en Turquie en 1919, a de son côté habité Paris de 1929 à 1939. Pendant sept ans, de 1929 à 1936, ces deux esprits ont donc vécu non loin de l’autre, ont pu se croiser… Ils étaient encore bien jeunes et n’avaient pas commencé d’écrire, en tout cas de publier, mais l’idée de cette coexistence porte à la rêverie.

20/08

« Pas mal pour une femme… »
William Faulkner (Sudiste)

La Tresse de Lætitia Colombani  (Grasset, 2017), Dans le jardin de l’ogre de Leïla Slimani (Gallimard, 2014), Feux de Marguerite Yourcenar (Grasset, 1936), indéniablement tartes, mais difficiles à départager (peut-être un petit avantage à Slimani grâce au sujet : le sexe, toujours risqué à l’écrit… j’ai d’ailleurs beaucoup ri) ; Evelyn Scott, quant à elle, n’est pas traduite en français (et oubliée aux Etats-Unis)… on ne peut plus dire : « C’est le progrès ! » alors, on dit : « C’est la vie ! »

Ceux qui (dé)forment le goût : Michel Rolland pour le vin, François Busnel pour les livres et dont on n’imagine pas les dégâts produits chez les viticulteurs et les écrivains.

19/08

Pour l’édification des collégiens et des collégiennes, les éditions Hatier ont publié en 2012 : Le corps de mon père (extrait de « Le désir d’être volcan », Journal hédoniste, Tome 1″, Grasset, 1996) suivi d’Autobiographie de ma mère (extrait de « Les vertus de la foudre », Journal hédoniste, Tome 2, Grasset 1998) de Michel Onfray. Les deux textes sont épouvantables : « Le temps que les émotions fassent leur trajet (c’est long, elles respectent les limitations de vitesse), que sa peine infuse la mienne (et qu’on laisse refroidir le tout dans la théière) et que je retrouve l’usage de la parole (parle pas de malheur !) me parut long (tu m’étonnes John !), d’une insondable profondeur (inutile de le préciserla profondeur d’Onfray effraye). Le premier mot que j’ai retrouvé fut papa (Pas possible !), un papa viscéral (c’est drôlement chouette !), venu du ventre (viscéral en quelque sorte) et de plus loin que le ventre (c’est où ?pas très loin du trou du cul, je suppose). Un mot chargé du sang et du placenta de ma mère (Non ?là, Michou, tu déconnes !), un mot nourri de la parturition dont il fut le géniteur (Et à pleins tubes, encore !) »
Avant ? après? c’est le même potage, mais le plus abominable (hormis l’appareil critique et son moralisme imbécile) est l’idée même de faire étudier à des jeunes gens une semblable bouse.

11/08

No comment

Condition nécessaire (mais pas suffisante) du chef-d’œuvre : être chiant.

Ils ont voulu changer le monde, ils ont changé de montre et puis, ils n’en ont plus porté. Les montres sont oubliées au fond d’un tiroir, leurs aiguilles ne bougent plus, le monde continue de tourner à l’envers.

10/08

Tous ces penseurs qui empêchent de penser

et le lièvre pour les fuir

« Devant le mode de vie popularisé par l’industrie cinématographique, la France s’américanise, émerveillée comme une tribu affamée devant l’abondance. Quel est le passeur retors du modèle américain ? Qui répand le virus du shopping ? Quelle est la cellule hôte ? La femme » […] « S’il y a bien un mouvement que la séduisante gamine accompagne, c’est l’irruption dans la société marchande » […] « Au seuil d’une société aphrodisiaque, Brigitte Bardot est l’incarnation rêvée du stimulus déclencheur. » Marie-Dominique Lelièvre. Pas mal vu, non ?

Floride pour les blondes !

09/08

Certains mouvements d’humeur se font jour
au sein du fan-club de Frédéric Roux

08/08

La bonne étoile, Sophia Loren avec la collaboration de A.E. Hotchner (Le Seuil, 1979) ; Dans mes yeux, Johnny Hallyday & Amanda Sthers (Plon, 2013) ; Brigitte BardotPlein la vue, Marie-Dominique Lelièvre (Flammarion, 2012), autant les deux premiers sont effroyablement tartes (mention spéciale à Madame Sthers disant « Je » à la place de Jojo), autant Bardot vue par l’ex-portraitiste de Libération peut intéresser n’importe qui, fan ou pas.

Et, tu sais où tu peux te les foutre tes jugements, connard ?

07/08

Decoin (Henri)

Connu comme réalisateur (La vérité sur Bébé DongeRazzia sur la chnouf, La Chatte sort ses griffes), Henri Decoin a été un nageur et un joueur de water-polo de haut niveau (champion de France du 400 mètres nage libre, 1912) ; il a disputé trois ou quatre combats professionnels en 1914 avec des fortunes diverses. Après la Première Guerre mondiale qu’il finira chef d’escadrille (six fois cité, Légion d’honneur à titre militaire), il devient rédacteur-en-chef de La Boxe et les Boxeursavant de succéder à Théodore Vienne comme directeur du Wonderland et du Select Boxing Club.
……..Marié en troisième noces à Danielle Darrieux, Henri Decoin est le père de Didier Decoin, président de l’académie Goncourt.
……..Quatre ans avant de réaliser Battling Geo (1934) avec Georges Carpentier, l’histoire de la chute d’un boxeur (le film devait initialement s’appeler Toboggan), Henry a publié Quinze rounds, histoire d’un combat (Flammarion) dédié à une brochette de boxeurs d’époque : Albert Badoud, Raymond Vittent, Young Travet, Robert Diamant, Francis Charles, Paul Fritsch et André Routis, mais aussi à la mémoire de Fred Bretonnel et à « tous les pugilistes que le “Noble Art” a amoindris ». Ce livre aurait fait d’Henry Decoin le compagnon de route du dadaïsme, à la lecture, cette appellation est assez « surréaliste », il n’y a rien de Dada là-dedans, hormis, peut-être, quelques métaphores forcées dans les dernières pages. En revanche, le livre est tout entier construit comme un film tourné en caméra subjective. Le héros du livre raconte, à la première personne, souvent au présent, le combat l’opposant à Ralph Geiger, champion d’Allemagne. Un monologue intérieur de plus de 200 pages qui rebondit de l’euphorie des premières reprises au désespoir des suivantes. Tout ce qui est censé défiler dans la caboche de « Battling » résonne à la vitesse des coups donnés, des coups reçus et des retournements de situation. Tout le petit théâtre du boxeur, du manager et du public défile, allant de la raison au délire à la vitesse de 24 images par seconde. Les phrases épousent les trajectoires baroques des boxeurs enfermés entre 12 cordes jusqu’au twist final, un peu convenu, mais pas malvenu pour autant.
……..Quinze rounds, histoire d’un combat est certainement le meilleur livre jamais écrit (en français) sur le sujet. Personne ne le cite jamais.
……..Je suis fier d’être à l’origine de sa réédition à L’Arbre vengeur, comme je le serai de celle de That Summer in Paris, je ne sais où…

Frédéric Roux
La boxe mode d’emploi
(à paraître ?)

06/08

Crève boomer !

Thierry Ardisson (avec Philippe Kieffer), Confessions d’un baby-boomer (Flammarion, 2005), ça confirme ce qui devenu de notoriété publique : les baby-boomers sont des enculés ; c’est, aussi, plutôt intéressant, le plus intéressant étant que la forme de ce qui n’est tout de même qu’une bio grand-public est plus originale que la majorité des compositions françaises publiées aujourd’hui.

Trouvé sur le site de Philippe Billé : « Il est des écrivains que l’on connaissait mal, sur lesquels on se jette, et qui vous ensorcellent – et qui pendant un mois vous dispensent des autres. Ce sont ordinairement des écrivains de second ordre « , Sacha Guitry.

Rue de la Montagne Sainte-Geneviève
aujourd’hui (cf 29/07)

autant dire que le souvenir même
de la « dialectique » (y) a disparu.

05/08

« Tulle, la ville la plus laide et la plus sinistre de France »,
Léon-Marc Lévy.

« Dans la vie, il faut être boxeur et jouer de l’accordéon… on s’amuse et puis on se défend », propos de Louis-Ferdinand Céline rapportés par Lucette Almanzor (la classe absolue, entre nous).

Roman à suivre… best-seller assuré.
(je devrais être éditeur)

Je le suis déjà un peu.

04/08

Retrouvé ça

(Au jour le jour, deuxième trimestre 2013)

No comment

02/08

Sébastien Lapaque, Ce monde est tellement beau (Actes Sud, 2021), première partie : Houellebecq sans l’humour, ensuite, Bernanos sans les ombres, en définitive plus près de Gilbert Cesbron ou de Michel de Saint-Pierre qu’il ne le semble à ceux qui n’ont lu ni l’un ni l’autre.

Lorsque je travaillais à Sète de 1999 à 2001, il n’y avait aucun de mes livres à la Nouvelle librairie sétoise, aujourd’hui, si ; les propriétaires ont dû changer.

Des fois, j’oublie des évidences qui crèvent les yeux et les tympans : la littérature française est entièrement aux mains de la bourgeoisie, même pas la peine de la lire, il suffit d’aller sur Instagram et de voir ce qui s’y donne en spectacle, c’est Madame Figaro à fond la caisse : le lifestyle, le rosé piscine, brunch en biodynamie, ceviches twistées, bellota vintage ! vintage bellota ! « Ils sont du côté de la poésie, des orbes et des spirales, il ne leur advient donc que des choses poétiques et me trouveront, je le crains, sur ce terrain, bien trop lourd. Ils promènent autour d’eux la poésie, ses pompes et ses pampres, à tel point que le moindre de leurs actes, serait-il la plus ignoble lâcheté, en est comme transfiguré. Nimbé. Ce sont des auréoles montées sur des chaussures de bonne qualité, des âmes rares avec peu de muscles autour, juste ce qu’il faut pour aider à la locomotion prudente qu’obligent les semelles triple épaisseur, coutures norvégiennes. Le ciel au-dessus d’eux fait comme un dais de nuages pourpres, le sable sous leur pas, sculpte d’immobiles vaguelettes. », Mal de père (première édition, Flammarion, 1996 ; réédition L’Arbre vengeur, 2016).

J’ai l’air malin avec mes brutes nègres !

31/07

Edgar Morin, ça fait un bon moment qu’il nous emmerde, non ?

« Les encaisseurs s’assoient – seuls – devant leur café
dans l’attente que quelqu’un leur dise bonjour.
Ils sont plus humains que les autres. »
Freddy Brown

Je dois avouer que remiser 1 500 pages au fond de mon disque dur et, par la même occasion, m’asseoir sur cinq ans de travail, m’a – un certain temps – affecté. Des fois, je me sens un peu las, pas vraiment découragé, mais las de rencontrer toujours les mêmes obstacles imbéciles élevés par les mêmes médiocres quidams. Bien sûr, ça me rajeunit, tous mes livres ont été refusés un nombre invraisemblable de fois avant d’être publiés. Je pense avoir expérimenté à peu près toutes les figures auteur/éditeur : il m’est arrivé de publier contre mon éditeur (ce gros con de Patrick Raynal qui a enterré la réédition de Lève ton gauche ! chez Gallimard) ; de refuser de publier un livre (La classe et les vertus) inscrit au catalogue d’un éditeur (François Bourin) ; d’avoir été payé des clopinettes (L’Introduction de l’esthétique, L’Harmattan) ou bien une fortune (silence pudique). Le refus de La boxe mode d’emploi par les établissements Grasset est assez inédit dans la mesure où ils refusent in fine un texte qu’ils ont commandité et payé (cher)… faut-il qu’il soit mauvais (ce qu’il n’est pas, et je m’y connais), « admirable » même aux yeux d’Olivier Nora déguisé en éditeur (ça coûte pas cher et n’engage pas à grand-chose), mais malheureusement « agaçant » à sa myopie de manager. Je me retrouve donc à mon âge (respectable) envoyer (par la poste) un texte ne rentrant dans aucune case sur un sujet qui n’intéresse pas grand monde… du nanan !
Prochain objectif : être payé pour ne PAS écrire…

Il y a vingt ans, j’étais le seul (hommes et femmes confondus) à prendre le parti de Desiree Washington et celui de Samantha Gailey, aujourd’hui, tout le monde est « féministe » (surtout les mecs) et je suis trop nettement genré pour ne pas être considéré avec une certaine suspicion.

30/07

Moi, franchement, Michèle Benbunan, je lui fais confiance, je suis persuadé que, grâce à elle, la littérature vaincra !
Je mets mes couilles à couper qu’elle bouffera tous les mecs qui auront la mauvaise idée de se trouver sur sa route.
Quand les pieds-noirs aux implants blancs se pointent, les ashkénazes nazes ont du mauvais sang à se faire.

Surtout Michèle Benbunan

29/07

J’ai des doutes sur l’actualité d’une dialectique née sur ces hauteurs.

Rue de la Montagne Sainte-Geneviève et ailleurs…

« La nostalgie me casse les couilles ! Les nostalgiques avec. »

Frédéric RouxAssez ! (Sens & Tonka, 2000)

23/07

David Thomas, La patience des buffles sous la pluie (Livre de Poche, 2011) : franchement, est-ce bien nécessaire ?

Préface de Jean-Paul Dubois…

Une image, quelquefois, en dit plus qu’un long discours

Initials JR

Mon père qui se la pète en 300 SL
(cf le 03/01)

Revenons sur Ceux qui n’avaient pas trouvé place d’Olivier Mony (Grasset, 2011, sous la direction littéraire de Juliette Joste), soi-disant écrit en trois semaines : pour un livre sur la vitesse par un type voulant éditer depuis vingt ans, ça me semble largement suffisant.

Chloé Delaume a décidé de passer à la vitesse supérieure

21/07

Nemesis de Philip Roth (Gallimard, 2012), ne tirons pas sur les ambulances surtout quand le corbillard pointe son capot, mais il s’en allait temps que ça s’arrête.

Baiser ou faire des films de Chris Kraus (Belfond, 2021, titre original : « Femme d’été, femme d’hiver » !). En fait ce Kris Kraus-là n’est pas le Kris Kraus de I love Dick (cf 14/05), mais il est aussi foutraque et beaucoup plus drôle. Kris Kraus a, soi-disant, signé un chef d’œuvre sur les nazis et la Shoah (La Fabrique des salauds), celui-ci est trop léger pour rentrer dans la catégorie « chef-d’œuvre », mais il a suffi à mon bonheur. La vieille tante juive du narrateur (qui n’est pas sa tante) est inénarrable, « il a fait quelques âneries » dit-elle à propos du membre des Einsatzgruppen qui a eu quelques faiblesses pour elle pendant la guerre tout en exterminant des douzaines de ses proches ; sa copine allemande  est névrosée jusqu’au trognon ; sa copine américaine emprunte le cheval d’un flic dans Central Park ; Kraus disperse ce qui reste du milieu beat new-yorkais au bazooka, mais ne peut s’empêcher de céder au charme de Gena Rowlands.
« Epatant » comme dirait un chroniqueur littéraire de droite.  

20/07

Ça va être rock !

Vive la France !

Le désert croît

Pendant que l’on tend aux Français le miroir où ils se trouvent beaux (Alzheimer et le pâté de tête), pendant que les institutions de la principauté imaginent envahir les USA avec le genre d’écrivain(e)s dont une seule Université du fin fond du Wisconsin produit trois douzaines chaque semestre, Amazon devient la plus grande librairie mondiale (bientôt la seule). Quand la centrale de distribution référencera les seuls produits sur lesquels elle fera un bénéfice substantiel, les libraires iront tous à Lourdes embrasser le genou de la Vierge, comme les épiciers au début des années 60, priant qu’Edouard Leclerc périsse dans d’atroces souffrances. Si l’on pousse le bouchon un petit peu plus  loin, on peut imaginer qu’Amazon créera ses propres produits sans avoir recours aux intermédiaires (les éditeurs), les écrivains seront en stabulation, comme les vaches, quant aux lecteurs, ils n’y verront que du feu, ils se tapent du yaourt et du jambon blanc depuis belle lurette et ils en redemandent.

09/07

Dommage…

ça me fait trop cher !

« Les nuits sont longues, mais je trouve malgré tout que le temps passe vite. »
Frédéric Berthet via weekend poetry

08/07

Je suis en train de lire Postscript on Boxing de Brian Culkin (un Amerloque qui, à propos de boxe, cite Baudrillard, Coatalem, Deleuze, Malabou & Wacquant !), il est, peut-être, « impossible de travailler » avec moi (d’après Manuel Carcassonne avec lequel je n’ai jamais travaillé), mais je travaille* et même, dans ce cas, pour un livre qui a de fortes chances de ne jamais être publié. J’en profite pour constater que j’ai quasiment oublié mon anglais comme j’ai déjà oublié mon espagnol… ne me reste plus qu’à oublier mon français et je pourrai tirer l’échelle. J’en profite, aussi, pour faire la connaissance des frères Attardo de Lowell (Massachussetts), pour passer à la postérité, ils n’attendent plus que l’écrivain ou bien le cinéaste qui voudra s’en occuper.

* « Hélas ! rien n’annonce le génie, peut-être, l’opiniâtreté serait un signe », Stendhal, Vie de Henry Brulard.

07/07

Un homme un vrai de Tom Wolfe (Robert Laffont, 1999), ça ressemble aux derniers combats d’Ali, au bout de 300 pages, il ne s’est pas encore levé du tabouret, ça fait de la peine.

J’ai relu La femme à part de Vivian Gornick (Rivages, 2015), j’ai trouvé ça bien meilleur que la première fois, excellent même, et puis, une féministe qui taille une pipe à un type parce que c’est « le rêve de tout garçon du Bronx », on va pas faire le difficile non plus. 

06/07

Zelda Fitzgerald, c’était quand même un cageot, non ?

Peut-être que l’on reconnaît un mauvais écrivain à ce que les lecteurs sont toujours d’accord avec lui avant même de l’avoir lu. Attention, hein ! j’ai un exemple et il n’est pas à mon avantage : L’Insoumis de Judith Perrignon permettait au lecteur d’apprendre ce qu’il savait déjà du sujet, Alias Ali lui apprenait ce qu’il ne voulait pas savoir, d’où (c’est fastoche !), et il faut bien que je le reconnaisse, on peut aisément en déduire que L’Insoumis est bien meilleur qu’Alias Ali.

Si ma mère m’avait dit : « Au lieu de mentir, tu ferais mieux d’écrire des histoires », j’aurais gagné du temps. Seulement cette connasse n’y a pas pensé et moi, qui suis aussi con, non plus.

Virginie Despentes n’est pas chounarde : elle a appris le rock (discothèque) avec Philippe Manœuvre et la philo (bibliothèque) avec Paul B. Preciado.

21/06

Croire aux fauves de Nastassja Martin (Verticales, 2019) : l’auteur a embouti un ours qui lui a bouffé la tronche, depuis il y a de l’ours en elle et elle s’en réjouit ; j’espère qu’il n’y pas trop d’elle chez l’ours puisque, désormais, il semblerait qu’ils soient liés (encore heureux, c’était un ours et pas une Mobylette). Page 120, Nastassja Martin cite Pascal Quignard de Chardin : « Délivrer un peu le passé de sa répétition, voilà l’étrange tâche. Nous délivrer nous-mêmes – non de l’existence du passé – mais de son lien, voilà l’étrange et pauvre tâche. Dénouer un peu le lien de ce qui est passé, de ce qui s’est passé, de ce qui se passe, telle est la simple tâche. » Je vais y penser.

Chez Gallimard, les délais de réponse ont tendance à rallonger

20/06

Qui dira la poésie des tramways le dimanche, des gares désertes et des trottinettes abandonnées ?
Celle d’un temps où plus personne ne lisait et plus grand monde ne votait…
de celui où chacun d’entre nous avait le SMIC pour vivre et pour penser.

18/06

Le vieil homme et l’amer
(enfin… le Bassin)

Après que les établissements Grasset ont renoncé à publier
La boxe mode d’emploi (qu’ils avaient commandité),
Pépé (tel « Papa ») part à la pêche aux éditeurs
(pas sérieux s’abstenir)

17/06

Il y a quelques semaines, j’avais été plutôt étonné par une chronique de Frédéric Beigbeder sur Vertiges coquelicot (Herodios*) d’un dénommé Nicolas Espitalier dans le Figaro Magazine où le Basco-Béarnais natif de Neuilly-sur-Seine rend quelques menus services à ses différents employeurs. Comme il s’agit d’un recueil de « chroniques » (préfacé par Jean-Paul Dubois), Beigbeder évoque Alexandre Vialatte, on peut compter sur lui, il connaît les usages. Restait un mystère : qui pouvait être cet illustre inconnu publiant chez nos voisins helvètes ? J’ai poussé un soupir de soulagement en apprenant que Nicolas Espitalier est rédacteur en chef de Sud-Ouest le Mag où Frédéric Beigbeder tient une chronique régulière.

* l’éditeur suisse qui a publié l’année dernière, Ecrit la nuit (sous-titré Le livre interdit), un livre tout à fait formidable d’Ettore Sottsass.

Et c’est ainsi que les vaches sont bien gardées

16/06

Javier Cercas se ronge les ongles… et pas qu’un peu !

Une canaille et demie de Iain Levison (Liana Levi, 2006), c’est très sympa, mais ça ne tient pas debout.

Ainsi passe la gloire du monde de Robert Goolrick (Anne Carrière, 2019) et s’épuise une « trilogie » qui avait bien commencé.

La vérité du mensonge de Rupert Holmes (Rivages, 2008), franchement, c’est pas très bon, on s’étonne seulement de l’audace d’un livre qui prend pour objets aisément reconnaissables Jerry Lewis et Dean Martin pour les faire patauger 461 pages durant dans le glauque et faire naître ainsi à leur sujet de crapoteux soupçons… quant à la sexualité féminine décrite par un homme, c’est toujours aussi croquignolet (c’est fou ce qu’on arrive à faire ressentir aux créatures munies d’un vagin avec une simple bite) ! 

15/06

« Tout ce qui est bas et plat dans le genre bourgeois me rappelle Grenoble, tout ce qui me rappelle Grenoble me fait horreur, non, horreur est trop noble, mal au cœur« , Stendhal.

« Se suicider à Buffalo, c’est vraiment un pléonasme », Howard Arlen.

« Pittsburgh, bon endroit pour mourir, vous ne verrez même pas la différence », Mark Twain


08/06

Ceux qui rêvaient d’un autre avenir, mais qui vivent avec leur temps.

Chez Stock*, la parité n’est pas un vain mot

* aux éditions de l’Observatoire, 12 employés sur 14 sont des employées,
Buchet-Chastel publie 5 livres à la rentrée, tous écrits par des femmes.

La causette avance.

Saw it on the news, the TV news
in a black and white video
You know what blood looks like in a black and white video ?
Shadows, shadows
That what it looks like.

Lake Marie (John Prine)

07/06

Bang ! Bang !

Franchement, Joséphine au Panthéon, je suis pour.

L’Amérique derrière moi (Erwan Desplanques, L’Olivier, 2019), ils sont venus, ils sont tous là/il va mourir le Papa, j’ai déjà donné dans le genre alors je ne vais pas critiquer la banalité du sujet même si le balancement : mort du père/naissance du fils est un peu convenu*. Au début, ça va, mais au fur et à mesure, on a l’impression que ça ne va plus, c’est diffus et puis ça se précise, une expression maladroite, un mot pour un autre… jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que, même si le style n’est pas réellement incorrect, la prose d’Erwan Desplanques est lourde, empruntée, sans charme, disgracieuse ; au bout de quelques pages, ça finit par devenir carrément désagréable, comme écouter un chanteur ne faisant pas seulement un couac de temps en temps, mais chantant perpétuellement faux. Si l’éditeur avait fait son boulot, le livre – qui n’est pas bien épais (170 pages) – aurait dû n’en compter que 30, seulement il a fait son boulot : un livre de 30 pages, ça ne se publie pas.

* « Il ne m’échappait pas que ces deux horizons cohabitaient, se fondaient l’un dans l’autre,et qu’il me faudrait suivre deux croissances simultanées,celles d’une tumeur et d’un embryon qui aboutiraient aux résultats opposés,une mort et une naissance, deux réalités jumelles circonscrivant la totalité du spectre et qui,avec la célérité d’un tour de passe-passe, signeraient la disparition d’un père et l’apparition concomitante d’un fils. »

Tombeau d’Olivier (Alain Badiou, Fayard, 2020, Grand Prix SGDL de la non-fiction), c’est pas le père qui est trépassé, c’est le fils qui y est passé. Enfin, le fils, faut pas imaginer non plus l’affaire « classique » (Papa/Maman la bonne et moi, le pavillon et la plancha), c’est le fils adoptif (congolais, né d’une mère morte du Sida) de la compagne de l’auteur (atteinte d’un cancer). Le dénommé Lusamba Olivier Ntumba Winter Badiou (surnommé « Biggy « puis « Rudy » par ses potes de deal) ne sait pas trop comment il s’appelle, il cumule une pléiade de handicaps dont celui d’avoir des parents intellectuels blancs qui l’envoient en analyse chez un Lacanien pour s’en débarrasser (ce qui veut dire comprendre quelque chose qu’ils ne pigent pas) ne semble pas le moindre. Après avoir glandé jusqu’à presque trente ans, le jeune Congolais perdu finira gelé dans la nuit au milieu des Alpes. C’est triste, mais Alain Badiou, coincé du cul, empêtré dans sa culpabilité, ses analyses à la con, son discours convenu et ses références archaïques n’arrive même pas à rendre émouvant le tombeau de son fils. Horrible.

Quelques nouvelles de Jean-Christophe Rufin : « J’ai écrit des livres pour être heureux » ; « J’ai écrit Le collier rouge en quelques jours ; « Mon fils, Maurice, a dirigé l’Institut français de Bakou. »

06/06

Les sempiternels contes à dormir debout que l’on (se) raconte pour ne pas rêver.

05/06

Au fur et à mesure que se confirme le succès médiatique du livre d’Alice Pfeiffer (Le goût du moche, Flammarion), on ne cesse de me rappeler mon Eloge du mauvais goût* (Le Rocher, 2011) sur le mode de la déploration.

* Ce n’est pas pour dire, mais à moins de 2,48 euros, c’est une affaire.

Je crois que, franchement, il n’y a rien à regretter, Alice Pfeiffer est une bien meilleure cliente que je ne le suis, elle est jeune, tatouée, branchée mode, en gros et en détail inrockuptible, sans compter que son discours est beaucoup plus sommaire que le mien donc bien mieux adapté au succès possible (il faudra vérifier dans trois mois si le succès public a vraiment suivi celui qu’elle a emporté auprès de ses collègues).
Ce n’est pas la première fois que pareille mésaventure m’advient (en littérature comme en art), il en est tout un tas qu’à peu près tout le monde ignore ; exemple le plus récent : Laurent Chalumeau vient de publier Vice aux éditions Grasset, son livre comporte une « bande-son », lorsque j’avais proposé la même chose pour L’Hiver indien (il y a treize ans), je n’avais entendu que des glapissements tout au long des couloirs de la rue des Saints-Pères : « Les droits ! Les droits ! », leur niveau – soi-disant – difficilement supportable m’avait incité à ne pas insister. Visiblement, depuis, ils ont trouvé le pognon… à moins que miser sur Chalumeau soit moins risqué ou moins coûteux.
Je ne suis même pas certain que le vieux truc : « avant l’heure, c’est pas l’heure, après l’heure, c’est plus l’heure » puisse me servir d’excuse, je crois n’avoir jamais eu le sens du rythme et donc, j’ai une nette tendance à jouer à contretemps. C’est un défaut.

Pareil !

04/06

Pas mieux !

Je suis devenue poète notamment parce que je ne voulais pas raconter d’histoires. De mon point de vue, elles peuvent nous aider à vivre, mais elles nous piègent également et sont la source d’énormes souffrances. Dans leur hâte à donner un sens à des choses insensées, elles déforment, normalisent, accusent, agrandissent, minimisent, omettent, trahissent, mythifient et j’en passe. Et dès qu’un écrivain se met à parler de « besoin de récit » ou du « pouvoir archaïque de la narration », j’ai envie de me ruer hors l’auditoriumMaggie Nelson.
Si c’est elle qui le dit, peut-être comprendra-t-on mieux ce que je répète… je l’espère. En revanche, je doute que cela change, le moins du monde, les habitudes de lecture des fans du polar et du roman noir qui, justement, recherchent ce que Maggie Nelson dénonce : l’ignorance.

En fait, sa vie est bien plus simple
(beaucoup moins double)

qu’elle ne l’affirme…

Dans un article (« Chez Hachette Livre, on s’interroge », Le Monde du 9 avril), Manuel Carcassonne (directeur général de Stock) déclare : « Cela ne change pas notre travail au quotidien […] le patron d’Hachette était généralement un inconnu pour les auteurs, qui ne connaissent que leur éditeur ». C’est sûr ! Si les auteurs savaient que le principal actionnaire de l’entreprise dont ils sont les employés (qu’ils le veuillent ou non, qu’ils tutoient leur patron ou pas) est le Qatar, peut-être feraient-ils une brève grimace, avant d’aller déjeuner avec leur éditeur (souvent, une éditrice) et de se lamenter en chœur (au dessert) des intolérables discriminations dont sont victimes les « Asperger » non-genrés fluides tétraplégiques (séropositifs et mal-entendants).

Chez Hachette, tout est prêt pour la rentrée

03/06

C’est vrai, je le reconnais, Guillaume Musso (La vie secrète des écrivains, Calmann Levy, 2019), c’est pas très bon, c’est même franchement mauvais, peut-être même très mauvais (on peut aller jusqu’à « épouvantable », je ne protesterai pas), mais en suivant, j’ai lu La fascination du pire de Florian Zeller (Flammarion, 2004), eh bien, ce n’est pas bien meilleur, peut-être même un peu plus mauvais, s’il y avait compète, ça se tiendrait dans un mouchoir de poche… sauf que, Zeller, prix Interallié, Musso, best-seller ! Faut choisir son camp et compter ses alliés.

Le photographe est dans la cafetière

Le temps gagné de Raphaël Enthoven (L’Observatoire, 2020)… oui, bon, d’accord… et alors ? Avec toutes mes sympathies d’Olivia de Lamberterie (Stock, 2018), oui, bon, d’accord… et alors ? La littérature bourgeoise écrite par des bourgeois (a priori, ils sont bien placés pour le faire), d’accord, encore faut-il qu’ils soient un peu doués ; s’ils ne le sont pas, ça ne devrait pas sortir du cercle familial comme auparavant les journaux intimes des dépressives chroniques ne sortaient pas des tiroirs parfumés à la verveine et au laurier pascal de la commode Restauration (avec le chapelet noir et le Missel par dessus).

26/05

Grasset-Hat-Trick

Quand je pense qu’il n’y a pas si longtemps,
Judith Perrignon déclarait qu’en boxe elle n’y connaissait rien !

Elle a fait de drôles de progrès depuis…
jusqu’à devenir une spécialiste reconnue de la discipline.

C’est pas mariolle…

il suffit de faire pareil…

Bon ! on va se calmer…
respirer à fond
et aller faire un petit tour
en moyenne altitude

avec mes copines les vaches

et mon copain, le papillon.

Vole comme un papillon, rumine comme une vache !
(en quelque sorte).

23/05

Franchement… je ne sais plus où donner de la tête…

tout me fait envie… je ne sais pas par lequel commencer !

Je profite de l’occasion pour « pitcher » Quatrième de couv’, mon prochain livre publié par Gallimard à la rentrée prochaine : « Au milieu des égarés, Sabrina, une artiste contemporaine mais fragile, se frotte longuement sur Soizic, une bouquiniste sans perspectives. L’une et l’autre vont croiser, sur les quais de Seine, quatre personnes de retour de l’abbaye de Lérins, une escort, un colonel de cavalerie à la retraite, un étrange thérapeute à moitié chaman et un philosophe désabusé, avant d’aller ramasser les figues dans une grande maison au bord de la Méditerranée, mais lors de cet été secoué par la crise des gilets jaunes, la sensualité du décor attire Ibrahim, fiché S, un garçon hâbleur, drôle et violent dont la seule présence mettra au jour des blessures longtemps gardées secrètes, des secrets lancinants longtemps refoulés. Alors que tout semble les séparer, le jeune Belge d’origine marocaine, dans sa soif de désir et de beauté, entraînera les deux jeunes femmes à la course au lièvre au travers des champs. De retour à Paris, dans cette ville de cyniques et de projets artistiques un peu fumeux, lorsque le Covid l’emportera, leur couple se confrontera au passé qui s’est fait sans elles, avant de dessiner l’amour dans toutes ses dimensions et de partir à la recherche de leurs mères, l’une sur les quais, l’autre dans le Marais. »
En route pour les prix !

21/05

Tatiana de Rosnay s’explique à propos de la parution de Célestine du Bac (voir le 15/04)) inParis Match du 6 au 12 mai (Michel Sardou est en couverture) : pendant le confinement, elle aurait fait comme tout le monde… ranger ses merdes dans le but de les flanquer à la poubelle, et là, miracle ! elle découvre dans un carton un manuscrit portant la mention : « Ne pas publier si je meurs », le manuscrit aurait été refusé par son éditeur sous prétexte qu’il était « inclassable » (que Tatiana de Rosnay puisse être inclassable, j’avoue ne l’avoir jamais envisagé) ; on ne s’en rend pas réellement compte non plus en lisant les premières pages du chef-d’œuvre, mais les éditeurs sont réputés pour leur manque de vocabulaire.
Voilà donc un texte (inclassable) dont l’auteur(e) n’était pas particulièrement fière (c’est tout à son honneur, nous avons tous à la cave des textes dont nous ne sommes pas très fiers), qu’elle avait rangé (à la cave) et qui (miracle !) apparait en haut des classements. Les lecteurs le trouvent « poignant », la critique évoque La vie devant soi de Romain Gary.
Vaut mieux ricaner que se flanquer par la fenêtre.
En ce qui me concerne, je vais tout de même faire un tour à la cave… histoire de vérifier !

Il aurait aimé être moderne, mais se réjouissait in petto de ne l’être pas.

20/05

Bon, alors !

Lorsque l’on suit l’Instagram d’Eva Ionesco, on se rend compte qu’il y a là un roman contemporain bien plus intéressant que ce qui se publie d’ordinaire, édité de façon conventionnelle. On pourrait donc se poser la question (pas très rassurante pour l’édition traditionnelle) : les récits modernes ne s’écrivent-il pas ailleurs ? Dans un espace qui échappe à la « librairie » et à la lecture, excepté d’un cercle très étroit.

Il aurait été plus pertinent d’attribuer le Nobel à John Prine plutôt qu’à Bob Dylan.


19/05

Dans ces conditions…

Le grand « remplacement » (pas celui-là, l’autre) ne concerne pas que le milieu de l’édition (qui a choisi l’option  » Après-moi le déluge ! tant que Lipp et le Flore sont ouverts, rien à foutre, on s’empiffre gratos ! »), il concerne, aussi, le cinéma. Sans s’engager dans un débat sans queue ni tête où les silencieux péremptoires et les braillards tonitruants ne vont ni s’entendre ni même s’écouter, on peut juste constater que le public des salles vieillit inexorablement et que les « jeunes » qui ne vont en salle que quatre fois par an, trois fois pour voir un blockbuster (made in Disney qui les diffusera ultérieurement sur sa plateforme) et une autre fois pour voir « autre chose » (Les Tuche ?), ne suffiront pas à faire tourner la vieille machine. C’est le constat désabusé fait par Sylvie Pialat, bien sûr, on ne l’écoutera pas davantage que ceux qui constatent que les jeunes gens ne lisent pas ou plutôt qu’ils n’achètent pas de livres, ce qui n’est pas la même chose ; ce qui est la même chose, c’est le résultat : l’auteur (l’écrivain comme le scénariste ou le réalisateur) l’a dans le cul bien profond.

Tirs à trois points

Beaucoup de tentatives
Peu de réussites

18/05

Ecouté avec ravissement Alice Pfeiffer, invitée de la Grande Table de France Culture pour Le goût du moche (Flammarion), je ne me souviens pas avoir été invité pour Eloge du mauvais goût (Le Rocher) ni sur France Culture ni ailleurs, il est vrai que l’attachée de presse (stagiaire) qui m’avait été attribuée, quasi analphabète, fan de Gothic, était tatouée des pieds à la tête… à l’époque (2011), ça n’a pas dû aider !

En revanche, Alice Pfeiffer est tatouée
(piercée aussi).
¿ Que pasa ?

Vingt ans après

Dans un article ancien (29 octobre 2001) de Libération titré : « Un modèle social dépassé », sous-titré : « Notre vision de la société, basée sur une association d’individus construisant un avenir commun est étrangère aux jeunes des cités », Didier Gaulbert (alias Michaël Sebban), prof de philo dans le 9.3, écrivait : « Il faut des outils nouveaux pour penser un monde nouveau. Les intellectuels encore préoccupés par la vision politique du monde voudront à tout prix trouver des solutions. Ils font fausse route. Les défenseurs de l’ordre ancien peuvent bien être effrayés par la force obscure de la multitude. Cela ne résout rien. Il est nécessaire, avant toute chose, de s’interroger sur les significations de cette société agrégative qui est la nôtre. Il est capital d’analyser ce qu’elle est capable de produire. Des individus qui tirent des roquettes sur les commissariats ? Des antisémites d’un nouveau genre ? Des intellectuels d’un nouveau type ? Des croyants porteurs d’une nouvelle spiritualité ? Des artistes d’une nouvelle expression ? La jeunesse des banlieues est la France de demain. Elle porte en elle des valeurs originales et ce sont ces valeurs qu’il faut penser. Vraiment ».
Il semblerait qu’on ne l’ait pas écouté ou alors pas compris ce qu’il écrivait.

Et ma main sur la gueule, tu la comprends ?

17/05

Christian Thorel, directeur d’Ombres blanches (la « grande » librairie de Toulouse), affirme dans Bibliobs qu’en librairie « on vient trouver ce que l’on ne cherche pas », je crains fort que l’on vienne y chercher ce que l’on n’y trouve pas (en particulier, mes livres).

Amazon livre le dimanche !

D’après Céline Musseau (Sud-Ouest), Souleymane Diamanka est « un des plus passionnants poètes de ces vingt dernières années ». Il affirme pour sa part : « Globalement, je lis peu pour ne pas me laisser influencer »… un peu comme Stéphane Mallarmé qui ne lisait que Les Veillées des chaumières (dont D a renoncé à être la rédactrice-en-chef).

Je me souviens que Raphaël Sorin avait fait un malaise à Saint-Malo
et qu’avec D, nous avions été les seuls à nous en inquiéter.

Raphaël Sorin est mort.
Je m’étais douté qu’il était malade en voyant ses éditions rares en vente chez un libraire.
A la suite de cela, je lui avais écrit (qu’étymologiquement « sorin » veut dire… « roux »), sa femme m’avait appris qu’il était en soins palliatifs depuis un bon bout de temps.
Nous avons eu des rapports assez bizarres : il a toujours affirmé, lorsque j’ai eu certains succès, m’avoir « découvert » (ce qui n’est pas tout à fait exact, dans le gang Subjectif, ce serait, plutôt, Olivier Cohen qui pourrait s’en vanter… s’il y a de quoi !) ; il a toujours refusé les manuscrits que je lui ai proposés, il a même fait déprogrammer Assez ! dont le contrat avait été signé par François Bourin (éliminé par ses soins de la direction littéraire de Flammarion en trois coups de cuillère à pot) et l’à-valoir versé ; il m’a souvent invité à déjeuner, mais il a toujours trouvé des raisons de ne pas le faire ; formidable lecteur, feignant comme une couleuvre ; tacticien précautionneux, plus habile en manipulations mondaines que déterminé dans le travail des textes, il aurait prudemment évité de publier tous ceux dont il faisait l’éloge posthume (à leur place, il a publié une palanquée de médiocres*) ; en art, il ne jurait que par Wolf Vostell ; plus ou moins maoïste, il a fini chez Ring… en définitive : hormis son indéniable curiosité, un éditeur beaucoup plus conforme qu’il ne se le dit aujourd’hui (qu’il est mort).

* dont une dénommée Syrine (disparue depuis) pour : Quand la mer aura de ailes,
alors que je publiais Mal de père à la rentrée littéraire 1996 dans la même maison
(il avait donné comme instruction aux attachées de presse de « mettre le paquet »
sur Eric Holder qui publiaittoujours chez Flammarion, Mademoiselle Chambon).

Che fare ?

Le « machin » dont il ne savait que faire c’était

Le désir de guerre

Le type avait le nez fin.

16/05

http://fredericroux.fr/wp-content/uploads/2023/06/Repondeur-Verticales.avi

Ceux qui vous cherchent et regrettent de vous avoir trouvé.

15/05

Franchement, je me demande si Maria Soudaïeva ne vaut pas RupiKaur.
Franchement, je me demande si ce n’est pas mieux que Cécile Coulon …
Franchement.

Rainy Day King

14/05

De passage en moyenne altitude (1 200 mètres), j’ai lu I love Dick de Chris Kraus (Flammarion, 2016) en bas du « refuge » et Les vrais durs ne dansent pas de Norman Mailer (Robert Laffont, 1985) au dortoir. Franchement, le Mailer (très mal traduit par Jean-Pierre Carasso… soi-disant, par ailleurs, proche de Guy Debord) ne vaut pas tripette, une vingtaine de pages à sauver (celles, excellentes, où le père du héros apparaît pour la première fois). J’avais bien aimé la série tirée de I love Dick, le type qui l’a réalisée est fortiche, le bouquin est encore plus foutraque/arty si c’est possible ; plutôt bien traduit par Alice Zeniter. A part Sophie Calle, je doute que le lecteur moyen (re)connaisse la plupart des références artistiques (Hannah Wilke ! Miriam Schapiro !) balisant sa prose. La youpine (elle se présente comme telle) a la dent dure : « présentation pompeuse des Grandes Chattes de l’Histoire » à propos de The Dinner Party de Judy Chicago (c’est pas faux). L’auteur m’a l’air d’une insupportable féministe du genre névrosée casse-burnes, mais son livre est une sympathique prise de tête.

Il est où le macho de mes deux ?

Jean-Jacques Schuhl (Obsessions, Gallimard, 2014) : « On doit pouvoir écrire avec une paire de ciseaux et un tube de colle, et sans crayon même, juste avec ce qui a déjà été écrit par les autres »… sans blague !

Je ne sais pas pourquoi, mais il m’étonnerait beaucoup qu’une filiale d’Hachette publie un livre sur la coupe du monde de football au Qatar.

13/05

« La volonté d’écarter le voile de l’avenir est néanmoins à ce point vivace et enracinée que les gens s’abreuvent des mystérieuses phrases des pythies et des mages avec une anxiété, une opiniâtreté et une avidité qui ne se démentiront pas pendant des millénaires. »

Ryszard Kapuscinski, Mes voyages avec Hérodote

12/05

Louis-Ferdinand Cécile dite Guilbert (prix Médicis essai, prix Saint Simon, prix André Malraux) a récemment obtenu le prix de la critique décerné par l’Académie française pour Roue libre (Flammarion) ; il y a quelques jours elle a été cooptée pour être membre du prix Renaudot qualifié par ses soins de « rock’n’roll ».

Avec Christian Giudicelli aux claviers,
Jean-Noël Pancrazi à la batterie,
Georges-Olivier Chateaureynaud au sax
et les autres à la guitare,

ça va envoyer au Renaudot,
mais au Femina…

aussi !

« Depuis quand les mots appartiennent-ils à quelqu’un ? », Brion Gysin

Luce Irigaray pensait qu’il n’y a pas de « je » féminin dans le langage patriarcal, ce n’est, peut-être, pas faux, je ne peux pas en juger, mais ce dont je suis (presque) certain, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de place pour le « je » masculin dans le langage matriarcal.

Import/Export

On trimballe ce pauvre Mi-chèvre – Mi-chon
un peu partout autour du monde.
Ici, en Argentine, à la recherche de Joseph Mengele
avec Olivier Guez.
.

04/05

Quand on a lu un bon livre, on a du mal à reprendre le collier (pour ne pas être influencé), encore heureux, l’espoir renaît… « Zabou n’a pas le moral », imaginez la suite.

Citius – Altius – Fortius

03/05

Jane Fonda publie Que faire ? Patrick Buisson écrit in La Cause du peuple : « La République n’a plus rien à partager si ce n’est un vague règlement de co-propriété », Peter Sloterdijk constate que « l’Europe tient de l’association de consommateurs ». Qui a dit : « cacophonie des signes » ?

Je viens de me rendre compte (des fois, je retarde) que beaucoup de mes livres sont téléchargeables gratuitement en un clin d’œil, j’ai vraiment choisi un métier de merde.

Encore heureux, l’Interné offre des compensations formidables.

Oh, Gaby ! Gaby !
à quoi ça sert les frites si t’as pas les moules ?
à quoi ça sert le cochonnet si t’as pas les boules ?

Elvis Presley a rencontré Priscilla Beaulieu âgée de 14 ans,
à 15 ans, elle s’installait à Graceland
(avec la bénédiction de ses parents).

A 21 ans, elle se mariera avec le King.

01/05

Hello boomer !

J’avais cru repérer la possibilité de rabattre la langue de la production littéraire actuelle sur celle de l’horoscope avant d’apprendre que les horoscopes seraient, désormais, écrits automatiquement par des programmes informatiques (comme un con, j’imaginais de pauvres stagiaires Bac + 5 se torturant la banalité à longueur de journée… ce qui était le cas jusqu’il y a peu). Si le phénomène a le mérite de la clarté, il n’est pas particulièrement rassurant puisque les lecteurs (presque toujours des lectrices) ingurgitent, désormais, du X, du Y ou du Z comme du Bélier, de la Vierge ou du Cancer délivré par des éditeurs réduits à des algorithmes. Ce qui m’étonne c’est que des « écrivains » puissent encore se voir comme autre chose que des programmes.

30/04

Elle a déjà une drôle de gueule l’éditionde qualité, je vous dis pas celle qu’elle aura lorsque le Qatar en possédera plus de 20% (pour l’instant, ils en sont à 13).

« Il est néfaste pour celui qui veut écrire de penser à son sexe. »
(Virginia Woolf)

29/04

Il était là le livre que j’attendais depuis longtemps, celui qui allait me rincer la bouche au citron coupé à la mi-temps, me nettoyer les boyaux du scrotum au duodénum, me changer du tout au tout de l’imbuvable potage de la fiction contemporaine, qu’elle soit auto (fiction) ou automatique (et TOC), qui réconcilie avec l’édition, que j’aurais voulu avoir écrit, dont je peux être jaloux sans avoir honte ni m’en coller la rate au court-bouillon (j’aurais pu le faire, si je ne l’ai pas fait, c’est bien fait pour ma gueule et peut-être après tout que si je ne l’ai pas fait, c’est que je ne pouvais pas le faire et tant mieux si quelqu’un – qui n’est pas moi – s’en est chargé mieux que je n’aurais été – soi-disant – à mes propres yeux, capable de le faire) : Le dossier M de Grégoire Bouillier (Flammarion, 2017). Le paradoxe étant que ce livre a tout pour que je le déteste, j’ai bien failli, d’ailleurs, arrêter les frais après en avoir lu trente pages, ça commence lentement, ça se prive de ce que l’on demande d’ordinaire aux livres promis au succès : « d’entrée, captiver le lecteur, le mettre dans sa poche »… eh bien  non, le début est un peu contourné, un peu poussif… précautionneux et puis, petit à petit, l’oiseau fait son nid, un saxo qui couine, un trombone qui coulisse, les balais qui raclent la caisse claire et c’est parti l’impro… bout de ficelle/selle de ch’val ! free-jazz (j’aime pas trop le jazz ni, surtout, ceux aiment le jazz, ne parlons pas du free-jazz carrément brise-marteau et scie-l’enclume, mais j’aime bien la liberté (Freedom ! Aretha Franklin, Mister Freedom, William Klein). M m’a tout de suite fait penser à La M et la P et m’a mis dans le même état (une attention rêveuse, une rêverie attentive), s’il faut bien avouer (avantage au livre sur les images qui bougent) que c’est long (on peut sauter) et ennuyeux (on peut le poser avant de le reprendre), il faut bien reconnaître (que je reconnaisse) que c’est passionnant, enfin, moi, ça me passionne. C’est bavard à l’excès, pour l’intrigue, on peut se torcher, le suspens ? macache bono ! états d’âme sur états d’âme d’intellos à la con, radotages bobos de parisiens têtes de chien… et alors ? on s’en fout ! Depuis quand les personnages doivent être sympas… « Alexandre » Léaud, il est sympa ? pas plus que Hulk ou le Joker. Je ne suis pas sûr que Grégoire Bouillier soit sympathique lui-même, Mister G ne m’est même pas personnellement sympathique. J’ai participé à une émission de télé avec lui et Olivier Cadiot (je me souviens avoir passé une bonne partie de l’émission à indiquer au poète les bourdes commises par POL au sujet de l’art contemporain dont j’étais censé, évidemment, a priori ne rien connaître et ne rien comprendre), je ne me souviens pas s’il y avait un quatrième (en fait si, je m’en souvenais, mais je n’en étais pas sûr, c’était Régis Jauffret, Bouillier est resté copain avec lui assez longtemps, d’après ce qu’il rapporte, avec moi, l’idée ne lui en est pas venue, en revanche, au Bedford, il a souvent parlé avec un pote à moi… de rugby, un autre G, qui s’y connai(ssai)t mieux qu’il ne s’y connaîtrait jamais lui-même). J’avais bien aimé Rapport sur moi, enfin, plus exactement les soixante premières pages, après, je trouvais que le gonze patinait, tant qu’à faire, j’aimais autant Valérie Mréjen. Frédéric Ferney avait commencé par mézigue (j’étais censé être le plus expérimenté, Bouillier et Cadiot, la jeune classe, c’était leur première télé d’importance) et ce con de FF avait débuté en fanfare, me fixant au plus profond des yeux d’un air pénétré : « Frédéric Roux… tout de même… votre père… quel salaud ! » Je l’avais mal pris, qu’est-ce qu’il en savait ? il avait des preuves ? Et comment pouvait-on déduire semblable ineptie de la lecture de Fils de Sultan (Mille et une nuits, 2002), pour lequel j’avais été invité, alors que mon livre évite par principe tout jugement sur tous ceux qui y paraissent (berger allemand compris) ? À la fin de l’émission, Ferney m’avait traité de « paranoïaque », je l’avais traité en retour de service de « joueur de tennis » en lui caressant (énergiquement) les cheveux (en réalité, j’aurais voulu les mêmes, la mèche surtout). Et puis, faut pas pipeauter, depuis quand faudrait-il confondre les personnages avec des héros ? Droit au but de la littérature (captiver l’attention, épater le chaland-gogo, imposer l’émotion là où l’on a prévu de le faire, d’abord fixer et puis passer), Panenka ! crochet gauche, cadrage-débordement et Bim ! Bam ! Boum ! Bebel ! Cartouche ! L’homme de Rio ! Blanco ! Codorniou ! Cap sur les digressions, les biscouettes, les passes croisées, les chisteras, les chemins de traverse qui ne mènent nulle part ou à des culs-de sac, des impasses fertiles… analyses malines sur les années 80 à moins que ce ne soit les temps que nous vivons (avons toujours vécu ?) en se servant en guise d’hameçon de mots clés : « gérer », de semi-vedettes à demi-oubliés : JR, déduire la fin d’une civilisation de l’abandon du french flair, j’opine. Aller à l’essentiel avec un mot d’esprit plein fer ou capturer en spirale l’essence des filles moches et ramener dans ses rets les « jolies ».  On tourne les pages, mais pas comme celles de ces épouvantables page-turners (qu’aiment tant les jolies filles et les moches par la même occasion, elles se font toutes avoir – là-aussi – comme elles se font avoir par les bellâtres, par les types moins bien que vous ne l’êtes avant de s’en plaindre à longueur de livres à la con) dont on veut tant connaître la fin : il la baise ? elle le tue ? tous ces livres que l’on veut finir aussitôt qu’on les a commencés alors que les bons, on voudrait qu’ils ne finissent jamais et toujours y rester et toujours y revenir et toujours essayer de comprendre comment ils font et comment le type qui a fait ça a fait. On avance ici et là (plus vite dans les tunnels) juste par plaisir de voir comment G va faire, le reste, on le sait : Julien s’est pendu avec la ceinture de son pantalon, il aime M (I love Dick !) et va en prendre pour dix ans par sa faute… bien fait pour sa gueule ! il avait qu’à pas baiser Patricia une nuit entière ou alors, il aurait dû rester avec S, prendre soin d’elle comme elle prenait soin de lui.  Il est pas sympa d’ailleurs le dit G (DiJi ?) avec la dite S : il rompt avec elle à la manière lâche impec’ des mecs : c’est pas moi qui veux aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte et la chatte plus moite, c’est toi qui fais une affaire, c’est inattendu, c’est original ; sans oublier la flèche du Parthe : S, c’était pas vraiment une affaire au pieu, elle voulait même pas aller « voir ce qui se passait sous les draps ! » Pour aggraver mes soupçons (il est pas sympa Bouillier), je trouve qu’ils se ressemblent physiquement lui et S, j’aimerais pas trop découvrir qu’ils se ressemblent autrement… chacun dans son genre, chacun dans son domaine. S, c’est quand même une artiste pour ceux qui n’aiment pas l’art (et pour qui Paul Auster est le summum de l’auteur) et n’y connaissent que dalle, une grosse maline, son sourire talmudique cache quoi ? l’imposture, le plaisir de vous baiser la gueule comme Bouillier me baise (peut-être) la gueule avec son Rapport M comme on a baisé la gueule des explorateurs intra-vaginaux avec le fameux point G comme Grégoire. G le chouineur du Prix de Flore, le Calimero du boulevard Saint-Germain où je l’ai croisé un soir, il était pressé, il était attendu à la remise d’un Prix de Flore quelconque d’ailleurs (ni le sien qu’il avait gagné en 2002 ni le mien que j’avais foiré en 2005), et il avait l’air drôlement pressé (« J’suis en r’tard, j’suis en r’tard, j’ai pas le temps de vous dire bonsoir ! ») de rejoindre déguster les « pointes de respounchous sautées au gingembre » et les STARS qui s’en délectent dont il fait un portrait bien rêche en oubliant de se compter, lui qui fait si évidemment partie de la clique, sans déroger à ses principes glisse-t-il en douce… c’est ça, mon Loulou, s’il faut te croire, tu dois pas en avoir bézef de principes ! Les trucs t’arrivent comme ça, par l’opération du Saint-Esprit ? tu griffonnes un brin dans ton coin, Gérard Berreby passait justement par là et bingo ! te voilà édité, à peine édité, super-banco… le Flore, le genre réputé pour être l’inverse d’un Komintern d’enculés mondains, rien que des Savonaroles, des moines-soldats, des purs et durs, non ? S, passons, rencontrée devant la baraque à frites dans un camping de Palavas-les-Flots, une stagiaire se pointe… surprise, c’est Lady D… pourtant, avec la gent féminine, il a la scoumoune le natif de Tizi-Ouzou, il passe une nuit de rêve avec Patricia, deux jours plus tard, Julien se pend avec la ceinture de son pantalon, M lui dit, « Je vous aime », elle tombe dans les pommes (et même dans le COMA), mais socialement, il devrait jouer au LOTO, il a le cul bordé de médailles. Faut pas me la faire, les respounchous, les soucoupes de chips au fond des bars chics, il peut se les coller profond, mais j’en ai rien à faire ! Le type a écrit l’un des meilleurs livres de ces dernières années, l’un des plus ambitieux et des plus réussis, le reste, je m’en secoue le sushi-trottinette, je ne vais pas passer mes vacances avec l’auteur ni avec Cohen – ni avec Musil – ni avec Joyce. Je lis.

Don’t disturb

27/04

Balancé dans les cordes, Jérémie Guez (La Tengo Editions, 2012), encore et toujours l’enfilade de clichés sur la violence et la banlieue, la complaisance, la fascination fasciste de la violence ;  pas si loin que ça de ce qui était publié chez Sanguine ou au Poulpe et plus proche de SAS qu’on ne pourrait le penser (et encore, Gérard de Villiers avait plus d’humour). Assez bien écrit, à lire les yeux fermés.
Jérémie Guez était le scénariste de Sparring, un film sur la boxe, modeste, mais plutôt réussi.

Sparring

Sparring est un premier film français avec Matthieu Kassovitz dans le rôle principal, Olivia Merilhati, la chanteuse de The Do pour ses débuts à l’écran et Souleymane M’Baye en vedette américaine dans son rôle ou presque (l’ex-champion du monde s’appelle Tarek M’Bareck dans le film), autant dire qu’il y a de quoi s’inquiéter, sauf que c’est réussi. Évidemment tout repose sur une invraisemblance : jamais un champion préparant une rencontre importante ne s’embarrasserait d’un sparring pas très bon, donneur de leçons pour tout arranger ; on ne va pas chercher ses employés dans la salle d’à côté, mais on s’en fout ! pour une fois que l’on n’a pas droit à l’ascension ou à la chute du champion ou du has-been avec chemin de croix, rédemption, métaphores lourdingues, flous artistiques, ralentis et tout le tremblement sous l’autorité du vieil entraîneur bourru, de préférence borgne, soyons indulgents et ne boudons pas notre plaisir. Le héros n’est ni une star ni une épave, c’est un type ordinaire, sympa, pas très intelligent, mais pas con non plus, le genre faisant son métier. Consciencieusement. Comme Samuel Jouy, le réalisateur.
……..Sparring est un film simple et honnête comme le milieu qu’il décrit où l’on voudrait bien acheter un sèche-linge parce que c’est pratique et payer un piano à sa fille au cas où elle serait douée, on y rêve de Leroy-Merlin ET de la salle Pleyel. Les acteurs sont bons, Kassovitz plutôt crédible, Olivia Marilhati jolie comme un cœur et la petite fille bien plus touchante que la chipie cabotine de La Rage au ventre. Le réalisateur a dû voir Fat City plus d’une fois et réviser la filmographie complète de Ken Loach avant de se lancer.
……..Le problème du cinéma de genre français c’est l’effet télé-film, cinq minutes après que l